Rev. Dr Murray Andrew
S. DELATTRE, EDITEUR PRIVAS (ARDÈCHE) 1933
Edition Numérique Yves
PETRAKIAN 2011
Diffusion
gratuite uniquement en indiquant la source : http://123-bible.com et http://456-bible.123-bible.com/
2.
Combien cette bénédiction est glorieuse
3.
C'est d'en haut qu'est venu le don du Saint-Esprit
4.
Combien peu jouissent de cette plénitude
6.
Comment on obtient cette grâce
7.
Comment conserver cette grâce
8.
Comment accroître encore notre trésor
9.
Comment cette grâce atteint son plein épanouissement
10.
Ne crains point, crois
seulement
11.
La bénédiction est pour
tous, sans exception
12.
Nécessité d'une
consécration sans réserve
Une étude approfondie de l'oeuvre
du Saint-Esprit, pour peu qu'on la fasse à un point de vue pratique, aboutira
toujours à la glorieuse promesse de Christ : « Celui qui croit en Moi, des
fleuves d'eau vive jailliront de son sein ».
En présence de cette parole magistrale, il ne
suffit pas de constater nos déficits, il s'agit de la prendre au sérieux, de la
croire réalisable, et de chercher quelles sont les conditions à remplir pour
que cette merveilleuse promesse ait en nous son plein accomplissement. C'est
lorsque Christ lui-même deviendra pour nous tout ce que Dieu veut qu'il soit
notre Rédempteur et notre Maître, notre Sacrificateur et notre Roi, que Son
Esprit, le Saint-Esprit, sera répandu à flots dans nos coeurs,
et nous communiquera Sa vie en abondance.
Mon attention ayant été attirée par un frère sur
l'Epitre aux Hébreux à ce propos, j'ai essayé de montrer dans mon ouvrage
intitulé Le Lieu Très Saint comment le Saint-Esprit nous dévoile le chemin du
Lieu très saint, tel que l'a frayé pour nous le Sang de Christ, et comment il
nous invite à faire, par la foi, de ce Lieu très saint notre résidence. Pour
que l'Esprit puisse prendre possession de nous, il faut que nos coeurs se laissent docilement conduire par Lui dans toute
la vérité au sujet de Christ. C'est en effet pour nous faire connaître Christ
que l'Esprit nous est donné, et c'est dans la mesure où, nous acceptons ce
qu'il nous révèle qu'il peut demeurer et agir en nous, et que s'accomplira pour
nous la promesse citée il y a un instant.
Que Dieu nous donne de croire simplement et
pleinement en Christ, notre Sacrificateur souverain et notre Roi, et nous amène
à posséder ainsi la plénitude du Saint-Esprit.
Andrew
MURRAY.
Le message de ce petit livre est simple, mais des
plus solennels. C'est que la seule chose nécessaire à l'Eglise, celle qu'il
faut chercher par-dessus tout d'un commun accord et partout, c'est d'être
rempli de l'Esprit de Dieu.
Afin d'attirer l'attention et les coeurs de mes lecteurs sur la bénédiction en question,
j'insiste particulièrement sur quelques points principaux, qu'on peut résumer
ainsi :
1. La volonté de Dieu est que chacun de ses
enfants vive entièrement et sans cesse sous la direction du Saint-Esprit.
2. Individuellement et collectivement, il est
absolument impossible de vivre et de travailler comme Dieu le désire sans être
rempli de l'Esprit.
3. Les preuves abondent, en tout et partout,
dans la vie et l'expérience des chrétiens, pour montrer que cette bénédiction
est rare dans l'Eglise, et qu'on n'y pense guère, malheureusement.
4. Elle est cependant à notre disposition et
Dieu désire nous l'accorder.
5. Le principal obstacle à cette bénédiction est
le fait que le MOI reste sur le trône, usurpant la place de Christ.
6. On ne peut être rempli de l’Esprit que si
l'on est prêt à se laisser amener par le Seigneur-Jésus à l'abandon et au
sacrifice de tout, pour avoir cette perle de grand prix.
Quoique je sente profondément les imperfections de
ce petit volume, j'espère néanmoins que le Seigneur daignera s'en servir pour
faire du bien à son peuple. Nous souffrons trop peu des déficits de l'Eglise,
aussi ne sera-ce qu'en y mettant le temps et la peine que nous arriverons à
prendre à coeur son état réel et ses besoins, et que
nous comprendrons la valeur de la promesse divine. Nous comprendrons alors
aussi, j'espère, que cette bénédiction est vraiment la seule chose
nécessaire, et qu'il vaut la peine de tout sacrifier pour l'obtenir.
J'invite en toute simplicité les chrétiens à lire et à relire soigneusement ce
petit livre. Ce n'est que peu à peu que ces vérités spirituelles nous
deviendront familières et s'empareront tout à fait de nos coeurs,
si nous nous en occupons constamment en nous exerçant au renoncement.
En relisant ce que j'ai écrit, j'ai l'impression de
n'avoir pas suffisamment insisté sur l'importune, de la prière persévérante à
propos de cette bénédiction. Qu'on ne s'imagine pas que ce petit livre ait été
écrit à titre de préparation à la fête de Pentecôte. Dans l'Eglise de Christ,
chaque jour doit être une fête de Pentecôte. Il est aussi impossible à un
chrétien de mener une vie conforme à la volonté de Dieu sans cette bénédiction
qu'à n'importe qui de se bien porter sans air pur. C'est donc d'un bout de
l'année à l'autre qu'il s'agit d'être rempli du Saint-Esprit, et cela en le
demandant avec foi.
En effet, il est facile de voir par le livre des
Actes des Apôtres que c'est toujours par la prière qu'on obtient d'être rempli
du Saint-Esprit et d'être conduit par Lui. Ainsi, c'est alors que les chrétiens
d'Antioche jeûnaient et priaient que le Saint-Esprit les jugea prêts à être les
initiateurs des missions lointaines et leur fit mettre à part Barnabas et Saul pour cette vaste entreprise (Actes 13 : 2,
3).
Il nous faut aussi, pour recevoir la puissance
d'En-Haut, « jeûner », nous affranchir autant que possible des
exigences même légitimes de la vie terrestre, pour vaquer sans distraction à la
prière. Unissons-nous donc, sans lassitude ni découragement. A ces « élus de
Dieu qui crient à Lui jour et nuit » pour que le Saint-Esprit reprenne en
nous-mêmes et dans l'Eglise la place à laquelle il a droit, qu'il soit honoré
par tous, et puisse révéler à tous les richesses de Christ. Nous ne prierons
pas en vain.
Il n'y a d'ailleurs rien de tel que la vraie prière
pour scruter et purifier le coeur. Elle nous oblige à
nous poser des questions telles que celles-ci : Est-ce que je désire vraiment
par-dessus tout ce que je demande? Suis-je prêt à tous les renoncements pour
faire place en mon coeur ou dans ma vie à ce que Dieu
me donnera? Est-ce que je reste en communion avec Dieu, m'attendant à Lui avec
une paisible confiance jusqu'à ce qu'Il m'accorde ce grand don surnaturel, Son
Esprit à Lui, et pour que son Esprit devienne mon esprit, l'esprit de ma vie
tout entière?
Oh! prions donc toujours,
ne nous relâchons point, soyons des intercesseurs fidèles. en
faveur de son Eglise, sûrs que nos prières parviendront à ses oreilles (Ps. 18
: 7). Sans doute, il est souvent « un Dieu qui se cache » (Esa. 45 : 15). Il
met à l'épreuve notre confiance. Il est souvent tout près de nous à notre insu.
Il a son heure à Lui. Mais s'il tarde, attends-le. Il viendra certainement; ne
tardera pas » (Hab. 2 8; Heb 10 : 17).
I. COMMENT IL FAUT L'ENSEIGNER
Paul arriva à Ephèse. Ayant rencontré quelques
disciples, il leur dit : Avez-vous reçu le Saint-Esprit depuis que vous avez
cru ? » (Actes 19: 1. 2)
C'était une vingtaine d'années après la première
Pentecôte. A son arrivée à Ephèse, Paul remarque certaines lacunes dans
l'expérience ou dans la foi de quelques disciples.
« Avez-vous reçu le Saint-Esprit depuis que
vous avez cru? » leur demande-t-il d'emblée. Non, ils n'avaient pas même
entendu parler du Saint-Esprit. C'étaient des disciples de Jean-Baptiste qui
les avaient baptisés du baptême de repentance en attendant Celui qui devait
venir; mais ils ignoraient tout du grand événement de l'effusion du
Saint-Esprit, ou tout au moins de sa signification.
Paul alors les instruit, leur parle du Sauveur
glorifié, et de l'Esprit qu'il a envoyé de la part du Père et qui est à la disposition
de tout croyant. Ils consentent aussitôt avec joie à être baptisés au nom de ce
Sauveur qui baptise du Saint-Esprit ; et dès que Paul a prié pour eux et leur a
imposé les mains, le Saint-Esprit descend sur eux avec puissance, « ils
parlaient en langues et prophétisaient ».
Je voudrais montrer dans ces pages qu'il y a deux
manières de comprendre la vie chrétienne. Tandis que les uns ne connaissent par
expérience que peu de chose de l'action du Saint-Esprit, à peu près ce qu'on en
pouvait connaître sous l'ancienne alliance, les autres le reçoivent comme
l'Hôte divin habitant personnellement dans leur coeur,
où il répand une vie puissante, une plénitude de joie et d'amour. L'Eglise ne
retrouvera pas sa puissance primitive d'expansion tant qu'elle n'aura pas saisi
l'importance de cette différence, et qu'elle n'aura pas compris que chaque
croyant doit, — c'est la volonté de; Dieu, — posséder cette vie débordante.
Examinons maintenant à ce point de vue les leçons
qui ressortent de l'incident d'Ephèse.
1. Il n'y a de vie chrétienne normale que si
l'on a pleinement conscience d'avoir reçu
Saint-Esprit à demeure. Sinon, à quoi bon la question de Paul?
Ces disciples étaient des croyants, reconnus comme tels. N'était-ce pas
suffisant ? Et ceux qui avaient joui de l’intimité du Seigneur Jésus pendant sa
vie. D'où vient qu'il leur ordonne de ne rien entreprendre avant d'avoir reçu
« la promesse du Père ? » Paul avait aussi vu le Seigneur dans sa gloire
céleste, et il avait été amené par cette vision à la conversion; il fallut
cependant, pour compléter l'oeuvre spirituelle, qu'Ananias vint lui imposer les
mains, et qu'il reçût le Saint-Esprit. Alors seulement il put servir de témoin
à Christ.
Tous ces faits montrent bien que le Saint-Esprit
agit en nous de deux manières. Dans une première opération préparatoire, il
agit sur nous, pour nous amener à la conversion, en nous inspirant l'horreur du
péché et la foi. Puis vient une seconde phase : nous le recevons alors comme un
don permanent, un Hôte divin, qui se charge de vivifier l'homme intérieur,
créant en nous le vouloir et le faire. C'est là la vie chrétienne normale dans
sa plénitude.
2. Il y a des disciples de Christ qui
connaissent à peine ou qui ignorent totalement cette présence constante de
l'Esprit. Aussi est-il de toute importance d'insister sur ce point. Plus
nous en serons convaincus, mieux nous pourrons reconnaître les besoins actuels
de l'Eglise, sans parler des nôtres.
Lorsque le diacre Philippe eut prêché l’Evangile à
Samarie, plusieurs crurent en Jésus et furent baptisés en Son nom. « Et il y
eut une grande joie dans cette ville ». A cette nouvelle, les apôtres
envoyèrent Pierre et Jean en Samarie, où ils prièrent pour les nouveaux
convertis, afin qu'ils reçussent le Saint-Esprit (Actes 8 : 16, 17). Il s'agit
ici d'un don tout différent de l'action du Saint-Esprit qui les avait amenés à
la conversion et à la joie du salut. Le Saint-Esprit descend du ciel maintenant
avec puissance, pour venir faire Sa demeure en eux et remplir leurs coeurs.
Même sans cette nouvelle grâce, les disciples
samaritains auraient bien été des chrétiens, mais des chrétiens faibles,
imparfaits, chancelants. Tels sont de nos jours bien des chrétiens qui ignorent
qu'ils doivent et peuvent être des temples du Saint-Esprit. Malgré ce qu'il y a
en eux de bon et d'aimable, avec tout leur zèle et leur dévouement, ils ont
trop souvent à se débattre contre la faiblesse de leur foi, les rechutes et les
déceptions, simplement pour n'avoir pas été mis en contact avec la puissance
d'En Haut.
3. Le ministère évangélique doit avoir pour
principal objectif de conduire les croyants au Saint-Esprit. N'était-ce pas
le but de toute l'éducation donnée par le Seigneur Jésus à ses disciples, de
les amener à attendre « la promesse du Père? » De même Pierre, le jour de
Oui, le besoin suprême du chrétien est de posséder
le Saint-Esprit, et cela de telle façon que toute la vie en soit imprégnée. Il
ne suffit pas que la prédication y fasse allusion de temps à autre, il faut que
le prédicateur s'efforce de faire comprendre à ses auditeurs qu'il n'y a de
vrai culte que là où le Saint-Esprit peut agir librement, souverainement, et
constamment.
4. Pour conduire les croyants au Saint-Esprit,
il importe de mettre le doigt sur ce qui leur manque. Tel était le but de
la question de Paul : « Avez-vous reçu le Saint-Esprit ? » On ne boit de l'eau
avidement que si l'on a soif ; on ne s'adresse au médecin que si l'on est
malade; de même on n'accueillera le message de la bénédiction de Pentecôte dans
sa plénitude que si l'on souffre de ses déficits spirituels. Inutile de prêcher
un plein salut à des chrétiens qui s'imaginent n'avoir besoin que d'un peu plus
de zèle, de persévérance dans la prière ou d'énergie spirituelle. Il faut
qu'ils découvrent que leur attitude à l'égard du Saint-Esprit n'est pas ce
qu'elle doit être, qu'ils n'en ont reçu que des arrhes et qu'ils ne le
connaissent et ne l'honorent pas comme l'Hôte divin de leur coeur.
Et cette découverte, ils ne la feront probablement que lorsqu'on leur posera
directement et individuellement la question : Avez-vous reçu le Saint-Esprit
depuis que vous avez cru? Lorsque la réponse sera un sincère et douloureux «
non », ce sera l'aube d'une vie nouvelle.
5. Pour s'emparer par la foi de cette
bénédiction, les croyants ont besoin d'aide. Les Actes des Apôtres
mentionnent fréquemment l'imposition des mains et la prière. Même un Paul, dont
la conversion fut amenée par une intervention directe du Seigneur, ne reçut
l'Esprit qu'après l'imposition des mains et la prière d'un Ananias.
Les ministres de l'Evangile, et les croyants, en général, devraient donc être
rendus capables par l'Esprit, de communiquer à d'autres du courage et de la
foi, et d'aider les faibles à s'emparer de la bénédiction; mais tout cela dans
une étroite dépendance de Dieu.
Il n'y a en effet que Dieu qui puisse donner le
Saint-Esprit, Aussi faut-il que celui dont Il se sert pour le communiquer,
comme celui qui désire le recevoir, soit, en communion intime avec Lui. Tout,
don parfait vient d'En Haut : c'est cette certitude qui nous permet de compter
avec une joyeuse assurance sur cette bénédiction dans sa plénitude.
6. La proclamation et l’appropriation de cette
bénédiction rendront à l’Eglise sa puissance spirituelle primitive. Soit à
Jérusalem, soit vingt ans plus tard à Ephèse, les dons du « parler en langues »
et de la prophétie furent les signes et les gages des autres glorieux dons de
l'Esprit. Si nous voulons avoir aussi cette vie débordante de l'Eglise
primitive, prêchons de même la possibilité d'être rempli du Saint-Esprit.
C'est surtout la puissance spirituelle qui fait
défaut à l'Eglise actuelle, on le reconnaît de plus en plus, aussi bien pour
triompher du péché que pour gagner les âmes. Puisse-t-on en souffrir assez pour
rechercher enfin sérieusement l'unique remède capable de rendre à l'Eglise ce
qui lui manque!
7. Le grand besoin de l'Eglise est de posséder
des hommes capables de donner leur témoignage en faveur de cette bénédiction,
que ce soient des docteurs comme Pierre et Paul, des diacres comme Philippe. ou de simples croyants comme Ananias.
Il faut que tous les témoins de Christ, à l'instar de Jean-Baptiste, sachent
montrer en Lui « Celui qui baptise du Saint-Esprit ». C'est à genoux, aujourd'hui
comme aux temps apostoliques, qu'on obtient cette bénédiction, tant pour soi
que pour les autres.
Que chaque lecteur se pose maintenant à lui-même la
question : « Ai-je reçu le Saint-Esprit depuis que j'ai cru? » La volonté
de Dieu à notre égard est que nous soyons remplis de l'Esprit. Qu'en est-il de
notre vie, examinée à la clarté de cette affirmation ? N'ayons pas peur de
confesser nos déficits devant Dieu. Qu'importe que nous ne soyons pas bien au
clair sur ce qu'est cette bénédiction. Les disciples ne l'étaient pas non plus,
ce qui ne les empêcha pas d'attendre dans la prière qu'elle leur fût accordée.
Nous l'obtiendrons certainement aussi, pourvu qu'il n'y ait aucune résistance
ni aucune incrédulité dans nos coeurs.
II. COMBIEN CETTE BÉNÉDICTION EST
GLORIEUSE
Ils
furent tous remplis du Saint-Esprit. (Actes 2 : 4.)
C'est toujours à
Ce qui rend doublement instructif le grand
événement de
1. La présence constante du Seigneur Jésus dans
le coeur, telle est la première et la grande
bénédiction apportée par le Saint-Esprit. Jusqu'alors tout ce que le Seigneur
avait fait pour l'éducation de ses disciples n'avait eu que peu de résultats.
C'est qu'Il n'avait pu être pour eux qu'un Christ extérieur, agissant sur eux
du dehors, par sa parole et son influence personnelle. Grâce au Saint-Esprit,
Il peut dorénavant habiter dans leur coeur, devenir,
au tréfonds de leur être, la vie même de leur vie. C'est ce qu'Il leur avait
promis : « Je ne vous laisserai point orphelins; Je viendrai à vous. En ce
jour-là vous saurez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et que je
suis en vous» (Jean 14 : 18, 20). De cette bénédiction-là découlent toutes les
autres.
2. Demeurant en eux, Christ leur est « fait
sanctification » (1Cor. 1: 30). Que de fois, par exemple, le Seigneur ne
les avait-il pas repris en vain pour leur orgueil, les exhortant à l'humilité!
Même à ce dernier repas pascal, ils s'étaient disputés pour savoir lequel était
le plus grand. Pour les arracher à la tyrannie du péché inhérent à leur nature,
il fallait un Sauveur qui habitât en eux. Tout changea lorsqu'ils Le reçurent
par l'Esprit dans son humilité céleste et sa soumission filiale à son Père,
comme dans son abnégation totale.
Il n'existe pas d'autre moyen d'arriver à une
réelle sanctification, à une vie de victoire sur le péché. Ce n'est qu'ainsi
que Christ « nous a été fait, de la part de Dieu, sanctification », parce que
ce n'est qu'ainsi qu'il peut exercer son action dans nos coeurs.
3. Le Saint-Esprit inonde le coeur
de l'amour de Dieu. Après l'orgueil, c'est l'égoïsme, ou le manque d'amour,
que le Seigneur avait eu souvent à blâmer chez ses disciples. Ces deux péchés
ont une même racine : la recherche de soi, l'amour du MOI. Aussi Jésus
donne-t-il aux siens un « commandement nouveau » qui doit devenir comme leur
drapeau : « Aimez-vous les uns les autres ». Dans quelle mesure frappante
l'amour divin fut répandu dans leur coeur à
C'est ainsi que, dans sa prière en faveur des
Ephésiens. Paul demande qu'ils soient puissamment fortifiés par l'Esprit, en
sorte que Christ habite dans leur coeur. Puis ajoute
: « Afin qu'enracinés et fondés dans l'amour, vous puissiez connaître l'amour
qui surpasse toute connaissance » (Eph. 3 : 16-19).
La vie communiquée par l'Esprit de cette façon plonge ses racines dans l'amour,
où elle puise sa joie et sa puissance triomphante, par le fait que Christ est
amour lui-même. Ah! si nous étions tous remplis de l'Esprit, comme le monde
serait obligé de reconnaître qu'il y a dans l'Eglise quelque chose de divin!
4. Sous l'action de l'Esprit, la faiblesse et la
lâcheté firent place au courage et à la puissance. Malgré leur amour
sincère pour leur Maître et leurs bonnes résolutions, les disciples l'avaient
tous abandonné, et Pierre l'avait renié. Chacun d'eux aurait pu dire
« J'ai la volonté, non le pouvoir de faire le bien » (Rom. 7 : 18). A
partir de
5. Le Saint-Esprit donne à
Et il en sera de même pour nous. Pénétrons-nous
bien de ce fait que, sans « l'Esprit de vérité »,
6. C'est la bénédiction de
7. C'est la grâce de
Mais quelle bénédiction quand l'Eglise, dans son
ensemble, comprendra que sa vocation est d'être remplie de l'Esprit et de
révéler au monde la vie et la puissance du Seigneur, et même Sa présence!
Disons-nous bien que nous ne jouirons pleinement de cette bénédiction de
Pentecôte individuellement que lorsque le corps de Christ tout entier en sera
pénétré. Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui » (1 Cor. 12
: 26). Il est donc extrêmement important de ne pas penser seulement à nous,
mais à ce qui résultera pour le monde entier du fait que toute l'Eglise voudra
être remplie de l’Esprit.
Au jour de
Que ne pourra pas faire l'Eglise en nos jours,
quand elle sera, elle aussi, remplie du Saint- Esprit?
Chrétiens, mes frères bien-aimés, ceci s'adresse à
vous : « Une seule chose est nécessaire » : il s'agit d'être remplis
de l'Esprit. Ne croyez pas devoir attendre, pour le demander et l'obtenir, de
le comprendre parfaitement. Pour ceux qui s'attendent à Lui, Dieu fera même des
choses qui ne sont point encore montées au coeur de
l'homme. Si seulement vous désirez goûter le vrai bonheur, savourer
l'inexprimable félicité d'avoir Jésus dans le coeur,
et son Esprit de sainteté et d'humilité, d'amour et d'abnégation, de hardiesse
et de puissance, aussi naturellement et constamment présent que si c'était
votre propre esprit; si vous désirez pouvoir vous nourrir vous-mêmes et nourrir
les autres de
III. C'EST D'EN HAUT QU'EST VENU LE
DON DU SAINT-ESPRIT
Si vous m'aimez, gardez mes commandements. Et moi,
je prierai le Père, et il vous donnera un autre Consolateur, afin qu'il demeure
éternellement avec vous, l'Esprit de vérité. (Jean 14 :15, 16)
La nature d'un arbre ou de n'importe quel être
vivant correspond nécessairement à celle de la semence qui l'a produit ; elle
ne saurait changer. Ainsi l'Eglise de Christ doit toujours en revenir à ce don
de l'Esprit qu'elle a reçu le jour de sa naissance, comme étant la norme de sa
vie et de sa croissance. Il nous faut considérer les premiers disciples comme
nos précurseurs et nos modèles.
Or, qu'est-ce qui les rendait capables de servir
comme de récipients de ces dons célestes ou de temples du Dieu trois fois
saint? La réponse à cette question ne nous aidera pas peu à savoir ce que nous
avons à faire nous-mêmes pour être remplis du Saint-Esprit.
1. Avant tout, ils étaient profondément attachés
au Seigneur Jésus.
Le Fils de Dieu est venu dans le monde établir une
synthèse entre la nature divine et la nature humaine, de façon à permettre à la
vie divine de pénétrer la vie humaine. Lorsqu'il eut accompli cette oeuvre dans sa propre personne par son obéissance, par sa
mort et par sa résurrection, il fut élevé jusqu'au trône de Dieu, afin de
pouvoir de là communiquer à ses disciples et à son Eglise sa puissance
spirituelle, en les faisant jouir de la présence souveraine de Dieu venant
demeurer en eux. Il est écrit que « l'Esprit n'était pas encore, parce que
Jésus n'avait pas encore été glorifié » (Jean 7 : 39). Ce ne fut qu'après Sa
glorification que le Saint-Esprit, en tant que l'Esprit divin uni à l'humanité,
put être donné aux hommes. Ainsi à
Il va sans dire que, puisque c'est en Jésus qu'habite
la plénitude de l'Esprit, la première condition pour y avoir part est une
communion personnelle avec notre Sauveur. C'est à cela que tendaient les
étroites relations de Jésus avec ses disciples pendant tout son ministère
ici-bas. Il voulait les amener à se sentir un avec lui, à s'identifier autant
que possible avec lui.
Il se dégage de là une leçon bien simple, mais
importante. On voit des croyants pleins de zèle, ardemment désireux d'être
saints, se consumer en vains efforts. Ils semblent n'avoir pas compris la
promesse du Père. Ce qui leur manque, c'est cette communion intime avec Jésus,
l'Ami suprême, le Maître bien-aimé, qui était si frappante chez les premiers
disciples. On ne peut espérer la plénitude de l'Esprit tant que le coeur n'est pas occupé tout entier du Seigneur Jésus.
2. Ils avaient tout quitté pour Jésus.
« Rien pour rien » Vérité profonde : un cadeau qui
m'oblige envers celui qui me l'a donné me coûte peut-être plus même qu'il ne
vaut. Les paraboles de la perle de grand prix et du trésor caché nous
enseignent que nous ne pouvons entrer en possession du royaume de Dieu qu'au
prix de tout ce que nous avons. Et Jésus revient constamment sur cette
nécessité de renoncer à tout pour le suivre. Les deux mondes entre lesquels
nous nous mouvons sont si opposés l'un à l'autre, et celui dans lequel nous
devons vivre, du fait de notre nature, exerce sur nous une telle influence
qu'il est souvent nécessaire de nous en retirer par un sacrifice total. C'est
ainsi que Jésus apprenait à ses disciples à désirer de tout leur coeur le don céleste promis.
Pour nous détacher du monde, le Seigneur n'a rien
précisé concernant ce à quoi il faut renoncer; il dit à tout sans entrer dans
des détails. Il s'est borné à dire et à redire qu'on ne peut réellement
progresser sans sacrifice, sans séparation et abandon décidés du monde. Nous
sommes tellement imprégnés de l'esprit de ce monde que nous ne nous en
apercevons même pas, oubliant ou ignorant que nous ne pouvons être remplis de
l'Esprit tant que nous nous cherchons nous-mêmes. Apprenons des premiers
disciples qu'on ne peut être rempli de l'Esprit céleste qu'à la condition de
rompre avec les enfants du monde et avec les chrétiens mondains. Il nous faut
être disposés à adopter un genre de vie différent de
celui de tout le monde, comme représentants du ciel, puisque nous avons reçu
l'Esprit du Roi des cieux.
3. Ils en avaient fini avec toute confiance en
eux-mêmes ou en l'homme.
Nous avons deux grands ennemis par lesquels le
diable nous tente, le monde et notre MOI; et ce dernier est le plus dangereux,
et de beaucoup. On peut être bien avancé dans le détachement du monde alors
qu'on vit encore entièrement de sa vie propre. Ainsi, au moment où Pierre, par
exemple, pouvait dire : « Nous avons tout quitté pour te suivre », combien
il était encore plein de lui-même.
Dès leur vocation, le Seigneur avait demandé à ses
disciples d'abandonner leurs biens terrestres pour le suivre. Mais il ne tarda
pas à leur apprendre aussi qu'ils ne seront dignes de recevoir Sa vie que s'ils
perdent la leur et se renient eux-mêmes; qu'ils doivent même agir comme s'ils
haïssaient père et mère, et jusqu'à leur propre vie, si c'est nécessaire.
L'amour du MOI était un obstacle plus difficile à vaincre que l'amour du monde
ou que les affections de la famille. La vie propre est la vie naturelle du
pécheur. Il n'y échappe que par la mort, la mort à soi-même, première condition
de la vie nouvelle qui émane de Dieu.
Tandis que le renoncement au monde commença pour
les disciples dès leur vocation, ce n'est qu'à la croix qu'eut lieu leur mort à
eux-mêmes, lorsqu'ils virent s'effondrer toutes leurs espérances terrestres,
avec toute leur confiance en eux-mêmes. Cet effondrement même, en brisant leur coeur, allait être le point de départ, de leur mort à eux-mêmes,
nécessaire pour qu'ils pussent recevoir une chose toute nouvelle, une vie
divine implantée dans le tréfonds de leur âme par l'Esprit de Jésus glorifié.
Ah! si nous comprenions
mieux que rien ne nous entrave comme de chercher en nous ou autour de nous
quelque point d'appui secourable! Tandis que, pour nous amener à une entière
consécration et pour nous mettre en possession du don céleste, il n'y a pas de
chemin plus sûr que celui qui passe par l'absolue désespérance de nous-mêmes et
de tout appui humain.
4. Ils reçurent et serrèrent dans leurs coeurs la promesse que le Seigneur Jésus leur donnerait
l'Esprit.
On se rappelle cette promesse solennelle de la
dernière soirée dans la chambre haute: le Consolateur qu'Il leur enverrait du
ciel leur vaudrait mieux encore que la présence corporelle de leur Maître. Ce
serait le plein accomplissement de la rédemption qu'Il voulait opérer, puisque
ainsi
Sans doute, les disciples n'avaient qu'une idée
bien vague de ce qu'elle signifiait. Mais ils ne s'y cramponnaient pas moins;
ou plutôt la promesse les étreignait, et ils ne pouvaient s’en défaire. Ils
n'avaient plus qu'une pensée : quelque chose nous a été promis par le Seigneur,
quelque chose qui nous rendra participants de Sa puissance céleste et de Sa
gloire ; et nous sommes sûrs de n'être pas déçus. Ce que ce serait et ce qu'ils
éprouveraient, ils n'auraient su le dire. Il leur suffisait d'avoir la parole
du Maître : à Lui d'en faire une réalité bénie en eux.
Voilà précisément les dispositions qu'il nous faut
avoir. La promesse est pour nous comme pour eux : « Celui qui croit en Moi, des
fleuves d'eau vive jailliront de son sein. » Nous n'avons comme eux qu'à nous
en emparer, prêts à tout, pour en obtenir l'accomplissement.
5. Ils attendirent, en comptant sur le Père, que
la promesse s'accomplit, jusqu'à ce qu'ils fussent remplis du Saint-Esprit.
Les dix jours d'attente se passèrent «
continuellement dans le temple », où ils « louaient et bénissaient Dieu », «
persévérant d'un commun accord dans la prière ». Ce n'est point assez d'essayer
de renforcer notre désir et de ne pas laisser faiblir notre confiance.
L'important est de nous maintenir en étroite communion avec Dieu, puisque c'est
de Lui que doit nous venir le don attendu, produit
merveilleux de Sa toute-puissance et de Son amour. Ce que nous attendons, ce
n'est pas moins que la présence personnelle et constante en nous de Dieu le
Saint-Esprit. C'est à Dieu Lui-même de nous l'accorder. Quand un homme donne à
quelqu'un un morceau de pain ou une pièce de monnaie, il n'a plus à s'en
occuper après. Il n'en est pas de même du don de l'Esprit : Dieu est dans
l'Esprit, comme il était en Christ. La communication de l'Esprit est l'acte le
plus personnel de
Plus nous nous pénétrerons de cette vérité, plus
nous sentirons vivement le néant de nos propres efforts pour obtenir cette
bénédiction. Ils ne peuvent aboutir qu'à l'aveu le plus confus de notre
impuissance absolue. Il ne nous restera que la pure grâce de Dieu et Sa
toute-puissance pour nous conférer cette faveur suprême. Gardons seulement la
paisible assurance que le Père est désireux de nous l'accorder, qu'il ne nous
fera pas attendre un instant de plus que ce ne sera nécessaire, et que jamais
une âme qui persévère à attendre dans une attitude d'humble dépendance et de
renoncement à soi ne sera déçue dans son espoir d'être remplie de la gloire de
Dieu.
IV. COMBIEN PEU JOUISSENT DE CETTE
PLÉNITUDE
Ma
parole et ma prédication n'ont pas consisté dans les discours persuasifs de la
sagesse, mais dans une démonstration d'Esprit et de puissance: afin que votre foi
fût fondée, non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu. (1
Cor. 2: 4, 5.
Ainsi
il y a deux sortes de prédications, produisant chacune une foi distincte. Tel
l'esprit du prédicateur, telle la foi de l'assemblée. Il faut la « démonstration
d'Esprit et de puissance » pour que la prédication produise une foi vraiment
solide. C'est donc à la prédication et à la foi qui en est le fruit que l'on
peut reconnaître dans quelle mesure une Eglise a reçu la plénitude de la
bénédiction de
Mais
où sont-elles, ces Eglises? Où n'entend-on pas des plaintes et des
lamentations? Presque uniquement là où, par indifférence ou insouciance, on a
pris son parti de végéter. Allons au fond des choses, et nous ne pourrons
échapper à la conviction que l'Eglise dans son ensemble souffre d'impuissance,
et que l'unique remède est un retour à la plénitude de la bénédiction de
1. Remarquons,
par exemple, combien peu d'enfants de Dieu sont habituellement vainqueurs du
péché.
L'Esprit
de
La
vie chrétienne normale est une vie de victoire; mais elle n'est pas exempte de
tentations extérieures ou mêmes intérieures. L'inclination au mal n'est pas
nécessairement déracinée absolument. Mais il y a victoire dans ce sens que la présence
du Sauveur demeurant en nous par l'Esprit maintient le péché subjugué, comme la
lumière tient à distance les ténèbres.
Qu'en
est-il à ce point de vue dans l'Eglise de Christ? Ne constate-t-on pas trop
souvent, même parmi les chrétiens vivants, des lacunes en fait de véracité, ou
d'humilité, ou d'amour? Retrouve-t-on fréquemment les traits caractéristiques
de la physionomie de Jésus : l'obéissance, la douceur, l'amour, l'entière
consécration à la volonté de Dieu? On s'est si bien habitué à se reconnaître
enclin au péché et incapable de faire le bien, qu'on n'en éprouve plus même de
la honte. Ah! mes frères, « sentez vos misères, soyez
dans le deuil et dans les larmes!... » Que tous nos manquements, les
nôtres et ceux des autres, ne servent qu'à nous pousser à réclamer plus
instamment, pour toute l'Eglise de Christ, la plénitude de l'Esprit!
2. Et
combien la séparation entre les chrétiens et le monde est rare et incomplète!
En
parlant du Consolateur, Jésus disait « Lui que le monde ne peut
recevoir ». L'esprit de ce monde, attaché au visible, ne pourra jamais se
concilier avec l'Esprit de Jésus, qui est du ciel, où la volonté de Dieu fait
règle. Le monde a rejeté le Seigneur Jésus, et il est resté le même, en dépit
du nom de chrétien dont il s'affuble. Aussi Jésus disait-il : « Ils ne
sont pas du monde, comme je ne suis pas du monde ». Et Paul : « Nous
n'avons pas reçu l'esprit de ce monde, mais l'Esprit qui vient de Dieu »
(1 Cor. 2 :12). Il y a lutte à mort entre ces deux esprits.
De
là vient que Dieu appelle constamment les siens à se séparer du monde et à
vivre ici- bas en pèlerins dont le trésor et le coeur
sont au ciel. Mais en est-il vraiment ainsi parmi les chrétiens? Qui oserait
l'affirmer? Bien des chrétiens croient pouvoir jouir du monde comme tout le
monde, pourvu que leur conduite soit suffisamment irrépréhensible et qu'ils
aient l'assurance du salut. Leur conversation et leur manière de se comporter
ne se distinguent guère de celles du monde. Ce qui leur manque, c'est cette
plénitude de l'Esprit qui peut seule chasser l'esprit mondain, comme la lumière
chasse les ténèbres. Celui qui ne se laisse pas remplir tout entier de l'Esprit
d'En Haut retombe nécessairement sous le pouvoir de l'esprit du monde.
N'entendez-vous pas le cri suppliant de l'Eglise de Christ ; « Qui nous
délivrera de cette tyrannie? » Rien ni personne que l'Esprit de Dieu. Il faut
que je sois rempli de l'Esprit.
3. Combien
rares sont les croyants qui vont de progrès en progrès!
Combien
souvent, au contraire, on entend déplorer l'inconstance ou le recul de ceux
mêmes sur qui l'on avait cru pouvoir compter! Il a suffi de quelque influence
réfrigérante, ou de la prospérité, ou de quelque autre tentation pour arrêter
leur élan, qui a fini par se transformer en relâchement. Et d'où cela
provient-il? Peut-être simplement de ce que la prédication consiste plutôt dans
« les discours persuasifs de la sagesse » que dans « la démonstration
d'Esprit et de puissance », de sorte que leur foi est « fondée sur la sagesse
des hommes » plutôt que « sur la puissance de Dieu ». On se maintient tant
qu'on bénéficie d'une prédication zélée et instructive ; mais pour reculer dès
qu'on en est privé. C'est le contact avec le Dieu vivant qui a manqué. Au lieu
de pousser les âmes vers Dieu,
Que
cette constatation ne nous laisse pas indifférents, mais éveille en nos coeurs le soupir vibrant : « Esprit de Dieu, viens, souffle
des quatre vents, souffle sur ces cadavres, afin qu'ils revivent ! » (Ezéch. 37 ; 9).
4. Combien
peu fructueuse est l'évangélisation!
Quel immense effort pour évangéliser nos
pays chrétiens! Que d'ouvriers divers ! Quelle variété dans les moyens
employés ! Mais quels maigres résultats ! Quelles multitudes
échappent à tous les filets des pécheurs d'hommes! Et combien qui, sans être
précisément indifférents, restent sur les confins du royaume des cieux, sans
jamais se décider à faire le pas compromettant qui les séparerait du monde!
N'est-ce pas la preuve que la prédication manque de la puissance de l'Esprit?
Est-ce
la faute des prédicateurs ou celle des congrégations? Des uns et des autres, à
mon avis. Issus des congrégations, les prédicateurs ne peuvent que leur
ressembler. En se montrant satisfaite de la prédication d'un jeune ministre,
parce qu'elle est suffisamment intéressante et instructive, l'Eglise
l'encourage à s'en contenter aussi, tandis que les membres plus expérimentés et
plus spirituels de l'Eglise devraient l'aider à chercher de tout son coeur à obtenir la « démonstration d'Esprit et de
puissance ». Le pasteur qui ne met pas à profit toutes les occasions pour
amener son Eglise à tout attendre de l'Esprit de Dieu s'expose à la tentation
subtile de se confier dans la sagesse humaine ou dans l'effort humain, et
d'entraîner son Eglise dans la même erreur. Au lieu de nous lamenter sur la mondanisation de l'Eglise, pénétrons-nous de cette
certitude, que le grand remède à tous les déficits de l'Eglise est le don du
Saint-Esprit puis sa plénitude.
5. Combien
rare aussi l'esprit de sacrifice en faveur de l’extension du royaume de
Dieu !
En
quittant ses disciples, Jésus leur promit le Saint-Esprit comme la puissance
qui devait les rendre capables de travailler pour Lui! « Vous recevrez la
puissance du Saint-Esprit… et vous serez mes témoins » (Actes 1: 8).
On
entend dire que l'esprit missionnaire va progressant de nos jours. Combien peu
cependant nous dépensons en faveur des missions en regard de ce que nous
prodiguons pour nos intérêts personnels! Nous demandons-nous sérieusement quel
sacrifice nous pourrions faire encore pour Celui qui nous a aimés et qui s'est
offert LUI-même en sacrifice pour nous? Serait-ce
trop de nous offrir aussi nous-mêmes, sans réserve, pour Lui et pour Son oeuvre? Il mesure la valeur de nos dons, on l'a dit avec
raison, non à ce que nous donnons, mais à ce que nous gardons. Debout près du
trésor, Il en voit qui donnent tout, comme la veuve. Mais combien qui, tout en
donnant leurs écus ou leurs billets de cinquante ou de cent, ne se débarrassent
que de leur superflu! Ah! comme l'Esprit de
A
voir l'état spirituel de l'Eglise en général et peut-être de votre coeur, mon frère, n'est-il pas exact de dire que la
bénédiction de
Pensons-y
constamment, parlons-en, faisons-en le sujet de nos ardentes prières, jusqu'à
ce que cela devienne pour nous vraiment « la seule chose nécessaire »,
celle qui remplira nos coeurs. Si la réponse tarde,
ne nous décourageons pas : il fallut plusieurs années à Jésus pour préparer ses
disciples à
V. OU EST L'OBSTACLE?
Jésus dit à ses disciples : Si quelqu'un veut venir
après moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge de sa croix, et qu'il me
suive. Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui aura perdu
sa vie à cause de moi la trouvera. (Mat 16 : 24, 25)
Il en est cependant qui depuis longtemps cherchent
sincèrement la bénédiction promise sans l'obtenir. Comment cela se fait-il? On
pourrait donner plusieurs réponses, mettre peut-être le doigt sur tel ou tel
péché encore toléré : mondanité, manque d'amour ou d'humilité, ignorance de ce
qu'est la vie victorieuse, et autre chose encore. Il peut arriver cependant
qu'on ait vainement confessé et délaissé ces manquements. C'est qu'alors il
reste encore le principal obstacle, celui qui est la racine de tous les autres,
le MOI la vitalité cachée du MOI, se manifestant sous des formes diverses :
recherche de soi, confiance en soi-même, amour des aises, bonne opinion de soi.
Qu'on cherche sincèrement obtenir la grande bénédiction, et l'on finira bien
par découvrir que c'est là le grand obstacle, que l'on n'a pas de pire ennemi
que soi, et qu'il s'agit d'en finir avec la vie propre pour pouvoir être rempli
de la vie divine.
C'est ce que Jésus donne à entendre à Pierre, après
sa belle confession de foi, lorsqu'il se regimbe contre la perspective de la
croix. Non seulement le Maître doit passer par la mort, mais chacun des
disciples est appelé aussi à se charger de sa croix et à faire le sacrifice de
sa vie.
Ainsi Pierre, qui avait appris du Père à
reconnaître en Jésus le Christ, le Fils de Dieu, avait encore à apprendre à le
connaître comme le Crucifié. Il ne savait rien encore de la nécessité absolue
de la croix. Il en est parfois ainsi de tel chrétien, qui connaît le Seigneur
Jésus comme son Sauveur et désire le connaître de mieux en mieux, mais qui ne
comprend pas qu'il lui faut mourir lui-même à lui-même, haïr sa vie propre,
consentir à la crucifixion de son MOI, avant de pouvoir être rempli de la vie
divine.
Pourquoi cette redoutable exigence? Tout simplement
parce que notre vie propre est si complètement sous le pouvoir du péché et de
la mort qu'il n'y a rien d'autre à faire qu'à la renier et à la sacrifier
entièrement, afin de faire place à la vie de Dieu.
N'est-il pas évident que deux choses opposées ne
sauraient occuper en même temps la même place? Notre coeur
ne saurait être rempli à la fois de la vie divine et de la nôtre :
celle-ci fait obstacle à celle de Dieu, Jésus ne sera tout pour moi que lorsque
j'aurai cessé d'être moi-même quelque chose. Que ma vie propre prenne fin, et
l'Esprit de Jésus m'inondera.
Ce point est si important qu'il vaut la peine
d'étudier de plus près les principales leçons renfermées dans les paroles du
Seigneur sur ce sujet.
1. Notre vie naturelle, notre personnalité, est
entièrement au pouvoir du péché.
En créant les anges et l'homme, Dieu leur a donné à
chacun une personnalité capable de disposer d'elle-même afin qu'elle pût
s'offrir librement à Lui, pour qu'à son tour il pût la remplir de Sa vie et de
Sa gloire, ce qui eût été, pour la créature libre, le bonheur suprême : être
remplie de la vie et de la perfection de Dieu. Pour les anges comme pour les
hommes, la chute ne fut qu'une perversion de leur volonté, de leur vie, de leur
personnalité, détournée de Dieu, parce qu'ils ont voulu se complaire à eux-mêmes.
Cette exaltation de leur MOI a fait que des anges sont devenus des démons,
chassés du ciel et jetés en enfer. Ce même orgueil fut aussi l'infernal venin
instillé par le serpent dans le coeur d'Eve, L'homme
s'est détourné de Dieu pour trouver son plaisir en lui-même et dans le monde.
Sa vie même a été dès lors de se chercher lui-même. Voilà pourquoi il lui faut
maintenant haïr sa vie, la renier jusqu'en ses moindres détails, pour que la
vie vraie, la vie divine, puisse devenir son partage, pénétrer sa personnalité
tout entière.
Ce qui manque à bien des chrétiens, c'est cette
conviction profonde de la corruption si totale de notre nature, que, sans nous
en douter, tout en étant des croyants, nous nous cherchons encore nous-mêmes.
Ces chrétiens-là trouvent que nous exagérons quand nous affirmons que l'esprit
de renoncement doit s'étendre à tous les domaines de la vie et que le
Saint-Esprit doit pouvoir régler tous les mouvements de nos coeurs.
Jamais cependant, le Seigneur n'a retiré cette parole : « Quiconque d'entre
vous ne renonce pas à tout ce qu'il possède, ne peut être mon disciple » (Luc
14 : 33) ; il ne peut me suivre et me ressembler.
2. Notre vie propre doit être entièrement mise
de côté pour faire place à la vie de Dieu.
C'est ce qu'on ne comprend guère au moment de la
conversion. La semence de la vie nouvelle germe dans le coeur
tout débordant de vie naturelle. Nous l'avons vu à propos de Pierre, disciple
sincère, certes, mais combien novice et inachevé ! Quand son Maître va à la
mort, il Le renie, au lieu de se renier lui-même. Mais ce fut cette douloureuse
chute qui l'amena enfin à désespérer de lui-même, et qui le prépara ainsi, par
ses larmes amères, à lâcher entièrement sa vie propre, pour être tout rempli de
la vie de Jésus.
C'est là qu'il nous faut tous en venir. Tant qu'on
s'imagine avoir le droit de suivre ses propres impulsions à propos de ceci ou
de cela, du manger ou du boire, par exemple, de l'emploi du temps ou de
l'argent, de la façon de penser ou de parler des autres gens ; le droit de
vivre pour soi-même, et de garder sa vie propre, on ne saurait prétendre à la
plénitude de la bénédiction de
Mes bien-aimés, quelle chose inexprimablement
sainte et glorieuse qu'un homme puisse être rempli de l'Esprit de Dieu! Il est
évident que ce n'est possible que si le premier occupant du coeur,
son maître actuel, le MOI, en est expulsé, et que si absolument tout ce qui s'y
trouve est livré entre les mains de l'Hôte nouveau. Mais, cette condition
primordiale une fois remplie, l'Hôte nouveau reconnu comme notre Vie et comme
notre Maître, la joie et la capacité d’être inondé de l'Esprit viendront
aussitôt comme d’elles-mêmes.
3. Il est absolument impossible au chrétien
d'opérer lui-même cette transformation de son être.
C'est là surtout qu'apparaît dans toute sa
malignité le pouvoir trompeur et décevant de notre vie propre. Aussi nombreux
sont-ils ceux qui s'efforcent, par toutes sortes de moyens, d'obtenir la
bénédiction de
Ce n'est pas Pierre qui avait su se préparer en vue
de
4. C'est l'abandon à Jésus, abandon fait par la
foi, dans la communion de Son abaissement et de Sa mort, qui fraye la voie à la
parfaite bénédiction de
« Qui est suffisant pour ces choses? » direz-vous
sans doute. « Qui est capable de tout sacrifier et de donner sa vie comme
Jésus? » En effet, « quant aux hommes, c'est impossible mais avec Dieu toutes
choses sont possibles ». Vous ne pouvez, à la lettre, suivre Jésus jusque dans
le tombeau. Mais en Lui vous avez passé par la mort et vous avez été enseveli
la puissance de Son sacrifice volontaire opère en vous. Sans même comprendre
comment elle opère, croyez-le, et livrez-vous par la foi, en consentant à
perdre votre vie.
Qu'il soit d'abord bien entendu que l'oeuvre la plus urgente de chacune de vos journées, c'est le
renoncement à vous-même. Croyez-m'en, c'est
certainement la vie propre qui est le grand obstacle à la vie de
Mon frère, désirez-vous sincèrement être rempli du
Saint-Esprit et savoir ce qui vous empêche de l'être? Ecoutez de tout votre coeur la parole du Seigneur. Apprenez à penser exactement
comme Lui en tout et à vouloir comme Lui. C'est Lui qui baptise du
Saint-Esprit. Sacrifiez-Lui tout ce qui en vous tient, du MOI, regardez-le
comme une perte, rejetez-le pour que Jésus ait toute la place. Ayez seulement
pleine confiance en Lui, votre Sauveur, et laissez-Lui prendre en vous la place
ventrale occupée jusqu'ici par votre MOI, et les fleuves d'eau vive jailliront.
Amen.
VI. COMMENT ON OBTIENT CETTE GRACE
Ne vous enivrez pas de vin... mais soyez remplis de l'Esprit. (Eph. 5: 18)
L'ordre d'être remplis de l'Esprit est tout aussi
péremptoire que celui de ne pas s'enivrer de vin. Le même Dieu qui nous appelle
à vivre dans la sobriété nous demande également d'être remplis de l'Esprit. Cet
ordre équivaut à une promesse : c'est le gage certain qu'Il est prêt à nous
donner ce qu'il désire nous voir posséder. Ainsi demandons en toute simplicité
quelle est la voie à suivre pour vivre selon la volonté de Dieu quant à la
possession de l'Esprit. Voici quelques directions qui pourront aider ceux qui
désirent sincèrement obtenir cette bénédiction.
1. Elle est l'héritage promis à tous les enfants
de Dieu.
Tel est le premier principe à poser; car nombre
d'entre eux n'en sont pas pleinement persuadés. Ils considèrent
Serait-ce peut-être votre cas, à vous qui lisez ces
lignes? Mais pensez à la tâche immense de l'Eglise. Comment pourra-t-elle la
remplir, si tous ses membres ne possèdent pas cette plénitude de vie qui se
manifeste par des fruits de sainteté, de joie, de puissance, d'amour?... Croyez
de tout votre coeur à la réalité et à la possibilité
de cette vie, car Dieu veut la donner à tous ses enfants. Prenez le temps
nécessaire pour vous pénétrer de cette certitude, et bientôt, vous aussi, vous
voudrez y avoir part, et vous l'obtiendrez.
2. Je ne possède pas encore cette bénédiction.
C'est ici le deuxième pas, plus important qu'il ne
paraît à première vue.
Bien des chrétiens, en effet, croient avoir déjà le
Saint-Esprit, et n'avoir plus qu'à devenir plus fidèles et plus dociles à Sa
voix; ils iront ainsi, pensent-ils, de progrès en progrès. Et ils restent ce
qu'ils sont. Mais ce qu'il faut à ces âmes, au contraire, dans ma conviction,
c'est une guérison aussi divine et aussi radicale que celle des aveugles et des
boiteux guéris jadis par le Seigneur. Or, il n'y a pas de guérison possible
tant qu'on ne se croit pas malade. Il faut donc que ces âmes arrivent à sentir
ce qui leur manque.
Lorsqu'elles s'en rendront clairement compte, elles
comprendront aussi qu'elles doivent reconnaître la culpabilité de leur état.
Elles verront que, si elles n'ont pas obéi à l'ordre d'être remplies de
l'Esprit, c'est par paresse, par bonne opinion d'elles-mêmes, et par
incrédulité. Il faut qu'elles en viennent à avouer avec humiliation qu'elles
ont méprisé le don de Dieu. Alors elles le
rechercheront de tout leur coeur.
3. Il faut ensuite arriver à dire : « Cette
grâce est aussi pour moi ».
A côté de ceux qui pensent qu'elle n'était destinée
qu'à l'Eglise primitive, il en est qui la croient réservée à quelques chrétiens
éminents, à ceux qui disposent de beaucoup de loisir. Aussi s'estiment-ils en
bonne conscience dispensés de chercher à atteindre un idéal irréalisable pour
le commun des mortels. Dieu ne les y a pas destinés...
Ah! ne vous laissez pas
séduire par ces vues superficielles! Le corps ne peut être en santé que si tous
les membres, jusqu'au plus insignifiant d'entre eux, sont en bon état Or, pour
le Corps de Christ, la santé, c'est la plénitude de l'Esprit. Il n'y a pas de
membre, si chétif soit-il, qui ne puisse être rempli de l'Esprit. Dieu ne fait
point d'acception des personnes, ni de différences. Il y a des dons divers, des
circonstances diverses; mais, dans Son amour sans bornes, le Père désire voir
tous ses enfants jouir de la santé et de la plénitude de Son Esprit. Apprenez
donc à redire avec conviction: « Cette grâce est pour moi. Le Père désire me
posséder pour me remplir de Son Esprit. Je ne veux plus mépriser mon droit
filial ».
4. Ce n'est pas par mes propres forces que
je puis saisir cette bénédiction.
Quand on a résolu de l'obtenir, on commence
ordinairement par faire toute espèce d'efforts pour conquérir la foi,
l'obéissance, l'humilité, et la soumission. Et comme on n'aboutit pas, si l'on
ne cède pas au découragement, on redouble d'efforts. Non sans résultats,
d'ailleurs; mais des résultats différents de ceux qu'on attendait. Cette lutte
désespérée, comme celle de l'homme sous la loi, nous révèle notre impuissance
totale, et nous amène à donner à Dieu la place qui Lui est due, à attendre de
Lui seul la grâce désirée.
Elle est en effet un don surnaturel, un miracle
opéré par Dieu dans l'âme, tout, comme la vie manifestée en Jésus-Christ, dont
le germe fut déposé par le Saint-Esprit dans le sein de Marie ; ou comme cette
vie nouvelle qui fut communiquée à Son cadavre au matin de Pâques. De même que
Christ dut passer par une mort totale, en finir complètement avec la vie, avant
de recevoir une vie nouvelle, il faut aussi que le croyant abandonne toute
confiance en lui-même pour recevoir cette bénédiction comme un pur don de
5. A tout prix, il faut que j'obtienne cette
grâce.
Comme le marchand de la parabole ne put obtenir la
perle de grand prix qu'en vendant tout ce qu'il avait, il s'agit pour nous de
renoncer à tout, spécialement à toute volonté propre, à tout désir propre, à
toute recherche de nous-mêmes, à notre MOI tout entier, pour acquérir la
bénédiction de
Il y a souvent, sans doute, un pas difficile à
franchir entre le vouloir et le faire, même alors que Dieu a déjà opéré le
vouloir. Il sera franchi, si seulement on s'abandonne sans réserve à la volonté
de Dieu. Le prix du contrat peut n'être pas payé intégralement sur-le-champ,
L'acquéreur n'en devient pas moins possesseur dès que le contrat est signé et
l'acquittement assuré par une caution. Eh bien, Jésus Lui-même se porte caution
pour vous : c'est Lui qui vous rendra capable de tout donner, de tout lâcher.
Persévérez donc à affirmer avec confiance et devant
Dieu votre résolution d'acquérir la perle de grand prix, de l'acquérir coûte
que coûte, et votre ferme assurance de l'obtenir.
6. En croyant que Dieu accepte l'offrande
vivante de tout mon être, et qu'Il m'accorde cette bénédiction, je me
l'approprie.
Il y a une grande différence entre l'appropriation
par la foi d'une grâce et l'expérience qu'on en pourra faire. C'est pour ne
l'avoir pas compris que bien des chrétiens se sont découragés en constatant
qu'ils ne jouissaient pas aussitôt de ce qui leur avait été promis. Dès
l'instant où, en réponse à l'appel de Christ, vous avez fait l'abandon demandé,
votre devoir est de croire qu'Il accepte votre offrande et qu'Il répand sur
vous la plénitude de l'Esprit. Il se peut pourtant fort bien que vous
n'aperceviez aucun changement dans votre état spirituel. C'est néanmoins le
moment, de persévérer dans la foi, de croire, comme si vous le voyiez écrit
dans les cieux, que Dieu a accepté votre don de vous-même comme un fait
accompli. Regardez-vous comme quelqu'un qui a réellement tout donné pour
obtenir le trésor céleste. Croyez que Dieu a déversé sur vous la plénitude de
l'Esprit, et que vous ne tarderez pas à en jouir. Rendez grâces par la foi en
attendant ; vous ne serez pas déçu.
7. Je compte maintenant sur Dieu, m'attendant à
ce qu'Il manifeste en moi la bénédiction qu'Il m'a accordée.
Il s'agit d'entrer en jouissance de votre héritage.
Reposez-vous seulement sur Dieu avec la parfaite assurance qu'Il peut se faire
connaître à vous d'une manière vraiment divine. Soyez sans crainte : rien n'est
trop grand ni trop difficile pour Lui. Mieux vous vous rendrez compte de votre
néant et de la grandeur de Dieu et du don qu'Il vous accorde, plus il vous sera
évident qu'il vous faut un miracle de la grâce. S'il y a en vous, à votre insu,
des choses qui fassent obstacle à la bénédiction. Dieu s'est engagé à les faire
disparaître. Qu'elles soient consumées dans l'ardeur même de votre désir,
anéanties par la flamme de l'amour divin. Que votre attente reste ferme : Celui
qui dans le vase fragile d'une vierge a manifesté la vie divine dans la
personne de l'Enfant, et qui a ressuscité ce même Jésus pour la vie de gloire,
n'est pas moins puissant pour vous faire jouir aussi effectivement de la
présence de Son Esprit.
Vous qui me lisez, mon frère bien-aimé, ne laissez
pas sans réponse l'appel de Dieu, je vous en conjure. Il voudrait pouvoir
confier au Saint-Esprit la direction entière de votre nature et de votre vie,
et il vous demande si vous êtes bien d'accord. Répondez sans arrière-pensée : «
De tout mon coeur, Seigneur ». Que cette promesse
divine devienne votre grande préoccupation, votre pensée suprême. Ne vous
bornez pas à en faire un sujet de prière; qu'il y ait entre vous et Dieu un
pacte précis, sur lequel il n'y ait pas à revenir en arrière.
Faites cela aujourd'hui même, attendez avec une foi
inébranlable le miracle de
VII. COMMENT CONSERVER CETTE GRACE
Mais vous, bien-aimés, vous édifiant vous-mêmes sur
votre très sainte foi, et priant par le Saint-Esprit, maintenez-vous dans
l'amour de Dieu... Or, à Celui qui peut vous préserver de toute chute et vous
faire paraître devant sa gloire irrépréhensible et dans l'allégresse, à Dieu
seul, notre Sauveur, par Jésus-Christ notre Seigneur, soient gloire, majesté,
force et puissance, dés avant tous les temps et maintenant, et dans tous les siècles.
Amen. (Jude 1: 20-25)
Après avoir reçu la plénitude de la bénédiction de
Comment cela? Simplement en la confiant à la garde
du Seigneur. C'est ainsi que Paul écrit à Timothée « Il a la puissance de
garder mon dépôt » et : « Garde le bon dépôt, — par le Saint-Esprit qui habite
en nous » (2 Tim. 1: 12, 14). Et Jude de même: « Maintenez-vous dans l'amour de
Dieu », ajoutant la doxologie : « A Celui qui peut vous préserver »... (Jude
1 :21, 24). Il en est de cette bénédiction comme de la manne au désert
elle doit descendre du ciel toute fraîche chaque
matin. Comme la vie naturelle, la vie spirituelle a constamment besoin de l'air
pur, et vivifiant qui vient du dehors et d'En-Haut. Examinons comment peut se
maintenir ce contact perpétuel.
1. C'est Jésus qui nous a donné la bénédiction :
à Lui de nous la garder.
Il est « Celui qui garde Israël », et Il est fidèle
à Son nom. Comme Dieu garde et soutient le monde qu'Il a créé, Jésus maintient
aussi de moment, en moment la grâce donnée à
Faute de le comprendre, on redoute parfois d'entrer
en possession de la bénédiction promise, de peur de ne pouvoir persévérer.
Comment se maintenir à un niveau si élevé: C'est avoir une bien pauvre idée de
la réalité. Si Jésus vient établir Sa demeure dans mon coeur,
c'est pour prendre toute ma vie intérieure sous Son contrôle et en faire
l'objet de Sa sollicitude. Sans doute, nous avons à veiller, mais sans anxiété,
et sans cesser d'être joyeux. C'est en Souverain que le Seigneur est entré dans
Son sanctuaire, et tout ce qu'Il demande, c'est que l'âme Le reconnaisse et
L'honore comme son fidèle Berger, son tout-puissant Gardien.
2. C'est par la foi que s'obtient la
bénédiction, et par la foi qu'elle se maintient.
A tous les degrés de la vie spirituelle règne la
même grande loi du Royaume : « vous soit fait selon votre foi ». Grain de
moutarde au début, la foi va grandissant sans cesse, s'emparant à chaque pas de
trésors nouveaux. « Je vis, non plus moi-même, mais Christ vit en moi, et ce
que je vis encore dans la chair, je le vis dans la foi »... (Gal. 2 : 20).
La foi de l'apôtre s'accroissait avec les besoins de sa vie et de son oeuvre, vaste et puissante en face des richesses
inépuisables de son Maître, Ce n'était plus lui qui vivait, il laissait Jésus
agir librement en lui.
La plénitude de l'Esprit n'est pas un don accordé
une fois pour toutes, une sorte de bloc de vie divine. Elle est plutôt
semblable à ce torrent d'eau de la vie qui jaillit de dessous le trône de Dieu
et de l'Agneau. C'est une communication incessante de la vie et de l'amour de
Jésus, qui n'est possible que dans une intime communion avec Lui. Il ne demande
qu'à poursuivre et à mener à bien l'oeuvre commencée,
pourvu qu'on se livre avec une joyeuse confiance à Son sceptre souverain.
3. Il faut donc demeurer dans la communion arec
Jésus pour qu'Il puisse nous conserver cette grâce.
Le but même de la bénédiction de
De même l'Esprit, glorifiera toujours Jésus en
nous, comme l'unique Seigneur de qui vient tout ce qui est glorieux. Une
étroite communion avec Dieu, une vie de sanctuaire, la recherche de Sa volonté
dans Sa Parole, le sacrifice de notre temps, de nos affaires, de nos rapports
de société, seront souvent indispensables pour ne pas perdre la bénédiction.
C'est celui qui met Sa communion au-dessus de tout qui sait ce que c'est que
d'être gardé.
4. C'est dans le sentier de l’obéissance que nous
serons gardés.
En promettant le Saint-Esprit, le Seigneur Jésus
réclama par trois fois l'obéissance. « Si vous M'aimez, gardez mes
commandements, et Je prierai le Père, et Il vous donnera un autre
Consolateur » (Jean 14 : 15-16; 14 :21,23). Pierre parle du
Saint-Esprit que Dieu a donné à ceux qui Lui obéissent (Actes 5 : 32). Du
Seigneur Lui-même il est écrit qu' « Il s'est rendu obéissant jusqu'à la
mort... C'est pourquoi aussi Dieu L'a souverainement élevé » (Phil. 2 : 8,
9). L'obéissance est ce que Dieu se doit d'exiger, comme étant le devoir et le
bonheur de la créature. Seule, elle relève les ruines accumulées par la chute.
Aussi Jésus est venu la rétablir : c'est Sa vie même.
Il y a deux sortes d'obéissance : l’une, très
défectueuse, bonne volonté impuissante, celle des disciples avant
L'exercice de cette obéissance affermit puissamment
notre confiance en Dieu, de sorte que nous en venons à pouvoir tout attendre de
Lui. Pour que la foi soit forte, il faut que la volonté soit forte, et il n'y a
rien de tel pour fortifier la volonté que l'obéissance, l'unique voie du
progrès indéfini.
5. C'est par la communion fraternelle que se
maintient la bénédiction reçue.
Au début, on ne pense guère qu'à soi ; même après
avoir reçu la plénitude de l'Esprit, on se préoccupe d'abord de ne pas la
perdre. Mais on ne tarde pas à apprendre sous la direction de l'Esprit qu'aucun
membre du corps ne saurait jouir d'une santé florissante en se tenant à l'écart
des autres. On commence à comprendre qu'il y a « un seul corps et un seul
Esprit », une seule sève vivifiante qui circule dans tout le corps.
De ce principe découlent des leçons de la plus
haute importance. Tout ce que nous avons reçu appartient aux autres et doit
s'employer à leur service. De même, tout ce qu'ont les autres nous appartient
aussi et nous est indispensable. Il faut que les membres du corps de Christ
agissent à l'unisson pour que l'Esprit puisse faire Son oeuvre.
Il nous faut déclarer ce que le Seigneur a fait pour nous, réclamer
l'intercession des autres, rechercher la communion avec eux, les aider selon
notre pouvoir avec ce que nous avons reçu, en prenant à coeur
l'état misérable de l'Eglise, non pas dans un esprit de jugement et de
récriminations, mais bien plutôt dans un esprit d'humilité et de prière, de
bienveillance et de douceur. Nous apprendrons à l'école de Jésus comment « la
plus grande de ces choses, c'est l'amour » (1 Cor. 13 : 13), et Il se
servira de notre dévouement à Sa cause pour faire abonder en nous l'action de
l'Esprit.
6. Mettons au service du Royaume toute grâce
reçue, et elle nous sera conservée.
Nous l'avons dit déjà, l'Esprit a été donné comme
un moyen d'action, une force pour servir. Le nom même de Jésus-Christ implique
une entière consécration à l'oeuvre de Dieu, un amour
des âmes allant jusqu'au sacrifice : Il n'a vécu ici-bas que pour cela, ne vit
au ciel que pour cela. Comment pourrait-on s'imaginer avoir l'Esprit de Christ
alors qu'on n'a pas l'amour des âmes? Il nous faut donc d'emblée rattacher
étroitement unies l'une à l'autre ces deux opérations de l'Esprit : Il n'agit
en nous qu'en vue de ce qu'Il veut faire par nous. Nous n'obtiendrons quelque
bénédiction réelle et durable que si nous nous mettons nous-mêmes au service de
l'Esprit pour accomplir Son oeuvre.
Cette bénédiction n'est pas toujours accordée avec
la même intensité, ni toujours tout entière à la fois. Il se peut qu'on ne
l'obtienne qu'à la suite d'expériences préparatoires, dont on perdrait le
bénéfice en voulant en jouir égoïstement. Qu'on se livre au contraire au
Seigneur pour se laisser utiliser par Lui comme Il le jugera bon, et l'on
constatera que, loin d'épuiser ou d'appauvrir le trésor reçu, le travail le
conserve et l'enrichit.
7. Relevons un dernier point. C'est en demeurant
Lui-même en nous que Jésus nous maintient en possession de la bénédiction de
Il peut sembler presque incroyable qu'étant sur la
terre, nous restions en communion ininterrompue avec le Seigneur du ciel.
Mais cela devient tout simple dès que l'Esprit nous
apprend à chercher Christ, non plus dans les profondeurs du ciel, mais dans
notre coeur, devenu Sa demeure, Son sanctuaire; et
cela de telle sorte qu'Il devient comme l'âme même de notre âme, qu'il façonne
à Son image, qu'Il inspire et qu'Il anime. Comme le soleil, du haut du
firmament, fait pénétrer sa chaleur jusque dans mes moelles, ainsi du haut du
ciel, le Seigneur agit en moi de telle façon par Son Esprit que ma nature même,
ma manière de vouloir, de penser et de sentir, en est transformée. Je ne suis
pas sous la protection d'un Gardien extérieur ; c'est du dedans que l'Esprit
communique à ma personnalité le caractère, la nature divine de mon Sauveur.
Que personne donc ne se laisse arrêter par la
crainte de ne pouvoir persévérer. C'est Jésus qui se charge de nous conserver
la grâce promise. Qu'on ne s'achoppe pas non plus au fait qu'on n'en saisit pas
bien le secret. Comme aux jours de Sa chair Jésus-Christ était constamment avec
Ses disciples, de même Il veut par Son Esprit être tous les jours et tout le
jour votre vie, vivre en vous Sa vie. Nul ne peut se rendre exactement compte
de la vue dont on jouit du sommet d'une montagne avant d'y avoir été lui-même.
Sans attendre de tout comprendre, croyez que le Seigneur Jésus n'a envoyé Son
Esprit que pour vous avoir et vous garder à Sa disposition. Rejetant donc toute
entrave, laissez-Le répandre en vous à flots et dans sa plénitude la
bénédiction de
VIII. COMMENT ACCROITRE ENCORE NOTRE
TRÉSOR
Celui
qui croit en Moi n'aura jamais soif. (Jean 6 : 35.)
Celui
qui croit en Moi, des fleuves d'eau vive jailliront de son sein. (Jean 7 : 38)
Peut-on remplir davantage ce qui est déjà plein?
Bien certainement : on peut le faire constamment déborder. Et c'est bien là la
caractéristique et la loi de cette bénédiction.
Les passages ci-dessus mentionnés renferment une
double promesse : d'abord l'apaisement de la soif, tous les besoins de l'âme
étant satisfaits; puis les fleuves d'eau vive, le pouvoir d'étancher la soif
des autres. Voilà la différence entre la vie pleine et la vie débordante.
Il en est des fleuves d'eau vive comme de certaines
sources. Elles ne coulent d'abord que faiblement. Mais plus on y puise, plus
l'eau arrive abondante. Cherchons dans quelle mesure cela se réalise dans le
domaine spirituel, et quelles sont les conditions à remplir pour que la
plénitude de l'Esprit aille toujours croissant et débordant.
1. Retenez ferme ce que vous avez.
Assurez-vous de la réalité de ce que vous avez
reçu. Ne vous forgez pas des notions fausses à ce sujet. Ne vous figurez pas
devoir nécessairement jouir aussitôt d'une surabondance de joie et de
puissance. Dans l'état de stagnation dont souffre actuellement l'Eglise, la
convalescence peut être lente. La vie nouvelle n'est d'abord qu'un grain de
semence dans lequel se cache un germe. Lorsqu'on s'est livré à Dieu pour
recevoir cette grande grâce, et qu'on poursuit sa route avec joie en se
répétant au fond du coeur :
« La plénitude de l'Esprit est pour moi », on
n'éprouve pas toujours exactement les sentiments que l'on attendait; ou, s'ils
viennent, ils ne durent pas. Alors on commence à se demander si l'on ne s'est
pas bercé d'une illusion; si l'on n'a pas pris une simple émotion pour la
grande bénédiction de
C'est, qu'on a manqué de foi. On n'est que trop
porté à marcher par la vue et par les impressions, à oublier qu'il s'agit d'une
grâce qui est du domaine de la foi. Même chez les chrétiens les plus avancés,
la foi ne repose pas sur ce qu'ils peuvent voir ou expérimenter de l'action de
Dieu en eux, mais sur Son action invisible, cachée, insaisissable. Donc, point
de découragement! Si vous, vous êtes donné à Dieu d'un coeur
entier, si d'autre part vous savez que Dieu se dispose de tout Son coeur à accomplir en vous Sa promesse, attendez
tranquillement, en vous tenant en Sa présence sans varier dans votre attitude
spirituelle. Quand même l'hiver avec ses frimas semble tout ensevelir dans son
linceul, redites avec Habacuc (Hab 3 : 17, 18) : « Le
figuier ne fleurira pas, la vigne ne produira rien… toutefois je veux me réjouir
en l'Eternel, je veux me réjouir dans le Dieu de mon salut. » Alors vous
apprendrez à connaître Dieu, et Dieu vous reconnaîtra comme Sien. Si vous êtes
sûr de vous être offert à Dieu comme un vase vide, mis à part et purifié pour
être rempli de l'Esprit, restez simplement dans les mêmes dispositions, et
attendez. Croyez que Dieu vous a accepté, — vase purifié par Jésus-Christ,
moyennant votre foi et votre consécration. — persévérez dans cette attitude,
et, soyez-en assuré, la bénédiction viendra abondante et surabondante. « Celui
qui croit ne sera pas confus ». (1 Pierre 2 : 6).
2. Persévérez dans une attitude d'entier
renoncement à vous-même et à toutes choses.
Plus un réservoir est vaste, plus il peut obtenir
d'eau, et plus aussi sera abondant le flot qui en jaillira quand on lui frayera
un passage.
C'est en toute droiture et loyauté que vous vous
êtes offert à Dieu en Lui demandant cette bénédiction; et votre consécration a
été agréée de Dieu. Mais vous rendiez-vous bien
compte de toute la portée de vos paroles? Le Seigneur a peut-être encore
beaucoup de choses à vous apprendre quant à ce qu'est votre MOI, quelles
racines profondes et corrompues il possède, quelle action il exerce encore sur
ce que vous dites et ce que vous faites. Renoncez constamment et totalement à
toute vie propre, à toute recherche de vous-même, et l'Esprit sera toujours
prêt à venir remplir tous les vides. Pour autant que vous vous connaissez, vous avez tout donné; mais laissez-vous éclairer
par l'Esprit, et Il vous mènera plus avant. La bénédiction ne sera répandue
dans sa plénitude sur l'Eglise que lorsqu'on prendra pour règle et modèle à
suivre l'immolation parfaite de Christ.
Il suffit, parfois de bien peu de chose pour couper
court aux progrès spirituels : un insignifiant désaccord entre amis, qui vient
mettre au jour leur manque de support et d'esprit de pardon ; un brin de
susceptibilité, ou de cet orgueil qui n'aime pas à passer au dernier rang; un
peu d'attachement aux biens terrestres, comme si nous en étions les propriétaires,
et non simplement les gérants: encore un peu trop de sollicitude pour la chair,
à propos du manger ou du boire; ou bien il y a relâchement dans le renoncement
à soi, à propos de plaisirs légitimes et innocents en eux-mêmes, mais qui ne
conviennent guère à qui fait profession d'être conduit par l'Esprit de Dieu et
de ressembler à Jésus ; ou enfin peut-être s'agit-il de choses sur lesquelles
les avis diffèrent, mais dans lesquelles on cède aisément aux convoitises
charnelles.
Si vous êtes sincère dans votre désir de posséder
la plénitude de la bénédiction de
3. Regardez-vous comme ne vivant que pour rendre
heureux les autres.
Dieu est amour. Pour Lui, vivre, c'est se donner
pour rendre la créature participante de Sa sainteté et de Sa félicité. Sa
gloire est de mettre tout ce qu'Il a à la disposition de ses créatures.
Jésus-Christ, le Fils de Son amour, en
est le Porteur et le Dispensateur. Il est venu le rendre visible ici-bas par Sa
vie et par Sa mort à la gloire du Père, montrant que Dieu n'a d'autre ambition
que de bénir les hommes et de les rendre heureux; et Il est venu nous apprendre
qu'il n'y a pas de plus grand honneur ni de plus grand bonheur que de donner et
de se donner.
Le Saint-Esprit, l'Esprit du Père et du Fils, est
venu nous rendre participants de cette nature divine, en répandant dans nos coeurs l'amour de Dieu, en faisant habiter Christ dans nos coeurs de telle manière qu'Il soit réellement formé en nous
et que notre « homme intérieur » porte Son empreinte et revête Son
caractère.
N'est-il donc pas évident qu'on ne peut jouir de la
plénitude de l'Esprit que si l'on est prêt à s'enrôler au service de l'amour?
L'Esprit vient chasser la recherche de nous-même. La
plénitude de l'Esprit implique la disposition à se consacrer au bonheur et au
service de tous, avec un dévouement toujours croissant. L'Esprit est l'effusion
de la vie de Dieu : livrons-nous à Lui, et Il sera ces fleuves d'eau vive qui
jaillissent des profondeurs du coeur.
Ainsi, pour accroître notre précieux trésor,
commençons par vivre comme n'ayant été laissés ici-bas que pour servir
d'instruments à l'amour divin. Tous ceux qui nous entourent, aimons-les de cet
amour divin répandu dans nos coeurs par le
Saint-Esprit.
Aimons cordialement les enfants de Dieu, même les
plus faibles et les moins aimables. Cherchons toutes les occasions de montrer
notre amour. Aimons ceux du dehors. Offrons-nous à l'Esprit avec amour, et
l'amour nous fera parler, agir, donner et prier. S'il ne s'ouvre pas de porte
pour travailler, ou si les forces nous manquent, il nous reste toujours la
porte de l'intercession. Etendons notre amour au monde entier, puisque Christ
appartient aussi aux païens. C'est l'Esprit qui est la puissance de Christ pour
leur rédemption. Comme le Père, comme le Fils, comme le Saint-Esprit, ne vivons
que pour bénir, et la bénédiction jaillira et débordera.
4. Que par votre foi, Jésus-Christ soit tout
pour vous.
Il est écrit, vous le savez : « Il a plu au
Père que toute plénitude habitât en Lui, afin qu'Il tînt le premier rang en
toutes choses » (Col. 1 : 18,19): et « Toutes les promesses de Dieu sont oui en
Lui et Amen en Lui, afin que Dieu soit glorifié par nous » (2 Cor.
1 : 20). La promesse des « fleuves d'eau vive », est rattachée par le
Seigneur à la foi en Lui « Celui qui croit en Moi, des fleuves d'eau vive
jailliront de son sein ». Ce mot « croit » bien compris devrait
suffire comme réponse à la question qui nous occupe.
Croire, c'est d'abord voir par l'Esprit en Jésus un
torrent d'amour divin; c'est voir que l'Esprit Lui-même jaillit toujours de
Christ, le Porteur de la vie produite par cet amour, et qui n'est qu'un torrent
d'amour. Croire, ensuite, c'est s'emparer de la promesse, c'est s'approprier la
bénédiction apportée par Christ, la regarder comme une réalité certaine, pour
laquelle on rend grâces d'avance. Croire, enfin, c'est tenir ouverte la porte
du coeur, de sorte que Christ puisse venir en prendre
possession et le remplir de Son Esprit. La foi devient ainsi le lien le plus
intime et le plus solide entre l'âme et son divin Roi, établi par l'Esprit sur
Son trône dans le coeur.
« Ne t'ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la
gloire de Dieu? » Voilà la leçon qu'il nous faut, apprendre. Que tous les
doutes, toutes les contrariétés nous trouvent pleins de confiance et de joie en
Jésus, sûrs qu'Il poursuit Son oeuvre en nous. Il y a
deux méthodes pour tenir tête au mal : ou bien résister par un effort
énergique, en puisant sa force dans
Il faut que de moment en moment Christ soit tout
pour nous. Tout comme nous avons besoin d'air de moment en moment pour vivre,
il faut aussi que Dieu renouvelle sans cesse en nous la vie divine et Il le
fait par notre communion avec Christ, puisque Christ n'est autre chose que la
plénitude de Dieu, Sa vie, Son amour mis à notre portée et à notre disposition.
Et l'Esprit est simplement la plénitude de Christ. Sa vie, Son amour, nous
enveloppant comme l'air enveloppe notre corps.
Oh! croyons que nous
sommes en Christ, qui nous enveloppe de Sa céleste puissance, ardemment
désireux de faire jaillir de nos coeurs les fleuves
d'eau vive! Gardons la joyeuse assurance que le Tout-Puissant tiendra
glorieusement parole et que notre suprême allégresse est de tout sacrifier pour
Lui. Nous ferons alors l'expérience que des fleuves d'eau vive jaillissent en
effet du sein de celui qui croit en Lui. Amen.
IX. COMMENT CETTE GRACE ATTEINT SON
PLEIN ÉPANOUISSEMENT
Je
fléchis les genoux devant le Père... afin qu'Il vous accorde d'être puissamment
fortifiés par Son Esprit dans l'homme intérieur
En
sorte que Christ habite dans vos coeurs par la foi
Afin
qu'enracinés et fondés dans l'amour, vous puissiez connaître l'amour de Christ,
qui surpasse toute connaissance ;
En
sorte que vous soyez remplis de toute la plénitude de Dieu. (Eph. 3 : 14-19)
Toute bénédiction divine, nous l'avons vu, est
comme un grain de semence renfermant un germe de vie impérissable. Il ne faut
donc pas s'imaginer qu'une fois rempli de l'Esprit, on ait atteint la
perfection. Ce serait commettre une grave erreur. C'est après avoir été rempli
de l'Esprit à Son baptême que le Seigneur Jésus dut aller au désert pour y être
encore perfectionné par les tentations et par l'apprentissage de l'obéissance.
Et si
Voilà pourquoi tout enfant de Dieu doit absolument
aspirer à cette grâce et cela d'autant plus qu'il s'en sent indigne. Aussi Paul
adresse-t-il à Dieu la prière ci-dessus mentionnée en faveur de tous les
croyants indistinctement. Il ne s'agit pas à ses yeux de quelque chose d'exceptionnel,
d'une sorte de luxe bon seulement pour des chrétiens éminents. Non, il prie
pour tous ceux qui ont reçu le Saint-Esprit à leur conversion, pour que, sous
une action toujours plus puissante de cet Esprit, Dieu les amène à l'état
normal, c'est-à-dire à être « remplis de toute la plénitude de Dieu ».
Chacun voit dans cette prière une des plus glorieuses descriptions de ce que
doit être la vie chrétienne. Il vaut la peine de l'étudier de près.
1. Que le Père nous accorde d'être puissamment
fortifiés par l'Esprit.
Les destinataires de l'Epître avaient reçu le
Saint-Esprit depuis qu'ils avaient cru (Eph.1 :13 ;
4 :30). Mais savent-ils tout ce que l'Esprit peut faire pour eux ?
Savent-ils que leur ignorance risque d'enrayer leurs progrès? Il fléchit donc
les genoux et prie sans cesse pour eux, afin que le Père les fortifie
puissamment par son Esprit dans l'homme intérieur, autrement dit, les remplisse
de l'Esprit, ce qui est la condition indispensable d'une vie féconde et prospère.
Ce que Paul demande, c'est quelque chose de nouveau
et de précis; il demande que Dieu l'accorde « selon les richesses de Sa gloire
». Il ne s'agit pas d'une bagatelle, mais bien plutôt d'un miracle venant du
ciel.
Ainsi notre vie dépend jour après jour de la
volonté de Dieu, de Sa grâce toute-puissante. Si Dieu n'agit pas, ne nous
fortifie pas de moment en moment par Son Esprit, nous ne saurions vivre de
manière à Lui être agréables. De même que toute créature périrait à l'instant
où Dieu cesserait de veiller sur sa vie naturelle, de même, en nous donnant Son
Saint-Esprit, Dieu s'engage à faire Lui-même en nous constamment, tout ce qui
est nécessaire. A nous d'apprendre à connaître et à aimer cette absolue
dépendance, et à nous attendre d'heure en heure à l'action puissante de
l'Esprit.
Si Paul écrit à ses lecteurs la teneur de sa
prière, c'est pour qu'ils sachent de quoi ils ont besoin et pour qu’ils le
demandent aussi eux-mêmes. Mettons la leçon à profit attendons aussi de Dieu, à
genoux, qu'Il déploie en notre faveur les richesses de Sa gloire et nous
fortifie puissamment par Son Esprit, par cet Esprit qui est en nous déjà, mais
comme une semence encore engourdie par le sommeil. Redisons-nous sans cesse
avec une ferme assurance : « Dieu veut me remplir de Son Esprit, me rendre
participant de Sa nature ».
2. En sorte que Christ habite dans vos coeurs par la foi.
Tel est le glorieux résultat de l'action de
l'Esprit dans l'homme intérieur. Manifester le Fils, voilà le dessein éternel
du Père. Ce n'est que dans le Fils que se réalise pleinement le bon plaisir du
Père; ce n'est que par Lui qu'Il peut avoir communion avec la créature. Il ne
trouve sa joie en nous que pour autant qu'Il peut y
voir Son Fils. Aussi son oeuvre principale, dans la
rédemption, est-elle de révéler en nous Son Fils, et d'obtenir ainsi qu’il
établisse Sa demeure en nous, tellement que notre vie devienne l'expression
visible de la vie de Jésus.
Si donc Il nous fortifie par Son Esprit, c'est pour
que Christ habite par la foi dans nos coeurs.
Lorsque quelqu'un habite une maison, il ne
s'identifie pas pourtant avec elle. Christ, au contraire, en prenant possession
de nos coeurs, les pénètre et les imprègne en quelque
sorte de Sa vie. L'Esprit inspire notre volonté et l'amène à un parfait accord
avec celle du Père, comme l'est celle de Jésus, en sorte que, prosternés comme
Lui devant le Père, nous nous abandonnons humblement à Lui, n'ayant plus
d'autre ambition que de Le glorifier. Notre coeur
devient ainsi le sanctuaire dans lequel l'Esprit nous apprend à chercher notre
Sauveur, devenu un avec nous.
C'est en vous, mon frère, que Dieu désire retrouver
Son Fils. Il ne demande qu'à agir puissamment en vous pour que Christ habite
dans votre coeur. Et Jésus Lui-même vous aime d'un
amour tel qu'Il ne se donnera pas de repos avant d'avoir fait de votre coeur Sa demeure. Telle est la bénédiction suprême que vous
apporte la plénitude de l'Esprit.
C'est « par la foi » qu'on reçoit le Saint-Esprit
et qu'on Le sait à l'oeuvre; c'est « par la foi »
qu'on ouvre son coeur à Jésus, et qu'on Le sait,
présent. Croyez seulement qu'Il est en vous, et que vous pouvez jouir de Sa
communion constante, mieux encore que Ses disciples aux jours de Sa chair,
parce que cette communion est plus intime. Priez donc le Père d'ouvrir votre coeur et de vous rendre capables de vous approprier
réellement cette plénitude de l'Esprit.
3. Afin qu'enracinés et fondés dans l'amour,
vous puissiez connaître l'amour de Christ, qui surpasse toute connaissance.
Tel est le fruit magnifique de l'habitation de
Christ dans un coeur l'amour de Dieu est répandu dans
ce coeur par le Saint-Esprit, l'amour même dont Dieu
aime Son Fils. Nous apprenons ainsi que, pour Dieu, vivre, c'est aimer; que la
vie de Christ en nous n'est qu'amour. Nous voilà ainsi enracinés et fondés dans
l'amour, dans un amour céleste, qui devient comme la sève dont nous vivons.
L'amour est l'élément suprême de notre vie spirituelle, le principal de ces
fleuves d'eau vive qui jaillissent de notre sein.
Nous comprenons alors mieux l'importance de
certaines vérités : l'amour est l'accomplissement de la loi; l'amour ne fait
point de mal au prochain (Rom. 13 : 10) l'amour ne cherche point son intérêt (1
Cor. 18 : 5) ; l'amour donne sa vie pour les autres (1 Jean 3 :16). Notre coeur va s'élargissant sans cesse. Amis et ennemis, enfants
de Dieu et enfants du monde, ceux qui sont aimables et ceux qui sont
haïssables, rachetés et perdus, tous, collectivement et individuellement, tous
sont enveloppés dans l'amour de Dieu. Nous découvrons que le bonheur se trouve
dans le sacrifice de notre amour-propre, de notre avantage et de nos aises, en
faveur des autres. L'amour sacrifie sans calculer : c'est son bonheur d'aimer
et de se dévouer; il ne peut faire autrement : c'est sa vie. C'est que le Père
agit puissamment en nous par Son Esprit; et que le Fils, l'Amour crucifié, Lui
« qui m'a aimé et qui s'est donné Lui-même pour moi », demeure en nous et
remplit notre coeur de Lui-même. Plongeant nos
racines dans l'amour, en Dieu, qui est amour, comment n'aurions-nous pas pour
fruit l'amour?
« Vous puissiez connaître l'amour qui surpasse
toute connaissance », pas seulement avec l'intelligence, mais avec le coeur débordant de bonheur à cause de la présence de Jésus;
connaître cet amour comme quelque chose d'inconnaissable pour le coeur réduit à ses propres lumières ; et le connaître de
telle façon que Dieu puisse vous remplir, vous submerger de Son amour, chétifs
vases de terre que vous êtes.
Rappelez-vous que « Dieu est Amour » Il a fait tout
ce qu'il fallait pour que vous puissiez connaître pleinement l'amour. Nous
allons donc nous mettre avec une ardeur nouvelle à demander au Père de nous
remplir de l'Esprit, de telle sorte que nous puissions connaître l'amour
insondable de Christ.
4. En sorte que vous soyez remplis de toute la
plénitude de Dieu.
Oh ! mystère insondable ! oh ! félicité divine! Qui
pourra jamais nous dire tout ce que renferment ces mots? Nous voyons cependant
dans la personne de Jésus un homme rempli de Dieu, rendu parfait par la
souffrance et par l'obéissance, un homme rempli de toute la plénitude de Dieu :
dans une existence humaine tout ordinaire, faite d'isolement et de pauvreté, Il
a montré ce que peut être ici-bas la vie des habitants du ciel, qui sont
remplis, eux, de toute la plénitude de Dieu. On pouvait aisément voir que Sa
vie était d'aimer et de glorifier Dieu, de Lui obéir et de Le servir : Dieu
était tout pour Lui.
Le monde a été créé pour manifester la sagesse, la
puissance et la bonté de Dieu. Et l'oeil du croyant
aperçoit en effet Dieu partout. « Toute la terre est pleine de Sa gloire »,
chantent les séraphins. Créé à l'image de Dieu, l'homme aurait dû n'être qu'un
reflet, un portrait vivant de Dieu, manifestant la gloire de Dieu par toute sa
vie. Dieu aurait dû être tout pour lui, et tout en lui; il aurait dû être tout
rempli de Dieu.
Mais la chute vint bouleverser ce plan divin au
lieu d'être rempli de Dieu, l'homme ne fut plein que de lui-même et du monde;
et nous sommes aveuglés par le péché à un tel point qu'il semble incroyable
qu'on puisse encore être rempli de Dieu. Que de chrétiens même, hélas! n'aperçoivent rien de désirable dans cet idéal! Et c'est
pourtant afin qu'il s'accomplisse en nous que Christ est venu nous racheter et
que Dieu désire agir puissamment en nous par Son Esprit.
« Remplis de toute la plénitude de Dieu ». Voilà
bien la raison d'être de
Ce serait faire injure à l'amour de Dieu que
d'alléguer votre indignité et de prétendre que cette expérience ne saurait être
pour vous, alors que, de fait, elle est la volonté de Dieu à votre égard : Il
l'a ordonnée et l'a promise. A Lui de la réaliser. En toute humilité donc, mais
avec la hardiesse de la foi, faites de ce mot : « rempli de toute la plénitude
de Dieu », la devise de votre vie. Vous verrez quel levier puissant ce
sera pour vous faire sortir de votre complaisante recherche de vous-même et
pour vous enraciner dans l'amour de Dieu, tellement que, recevant tout de Lui,
vous Lui rapporterez aussi tout. Vous comprendrez que seule la présence de
Christ dans votre coeur pourra maintenir en vous
cette plénitude d'amour divin, et que seule l'action de l'Esprit pourra vous
garder dans cette étroite communion avec votre Sauveur. Vous serez poussé à
prier sans cesse, à puiser dans « les richesses de Sa gloire », décidé à
obtenir ce bien suprême d'être « rempli de toute la plénitude de Dieu »,
puisque vous aurez compris que c'est à votre égard la volonté de Dieu.
En face de cette glorieuse perspective, redisons
avec l'apôtre : « A Celui qui, par la puissance qui agit surabondamment en nous
peut faire infiniment au delà que tout ce que nous demandons ou pensons à Lui
soit la gloire dans l'Eglise (donc dans chacun de nous) et en Jésus-Christ,
dans toutes les générations aux siècles des siècles » (Eph.
3 : 20, 21). Ne désirons rien de moins que ces richesses de la gloire de Dieu.
Commençons aujourd'hui à nous approprier cette plénitude de l'Esprit comme la
puissance capable de faire de nous des êtres remplis de toute la plénitude de
Dieu.
En disant à Abraham : « Je suis le Dieu
tout-puissant » (Gen. 17 : 1), Dieu voulait
l'amener à se confier en Sa toute-puissance pour l'accomplissement de Sa
promesse. En consentant à la croix, Jésus comptait sur la puissance de Dieu
pour Le faire sortir du tombeau. Cette même toute-puissance n'attend que notre
foi pour agir aussi en nous. Que nos coeurs redisent
donc : « A Celui qui, par la puissance qui agit en nous, peut faire infiniment,
surabondamment plus que tout ce que nous demandons ou pensons, à Lui soit la
gloire! » Amen.
X. NE CRAINS POINT, CROIS SEULEMENT
Si vous qui êtes mauvais savez donner de bonnes
choses à vos enfants, combien plus votre Père céleste donnera-t-il le
Saint-Esprit à ceux qui le Lui demandent? (Luc 11 : 13)
Comme Jaïrus était allé
implorer le secours du Seigneur Jésus en faveur de sa fille mourante, on vint
lui annoncer qu'elle était déjà morte. Mais Jésus lui dit : « Ne crains point,
crois seulement ». C'est quand l'homme est à bout de ressources, quand il ne
peut plus rien, que cette parole consolante acquiert toute sa valeur. Que de
fois elle a été la force des enfants de Dieu dans la plus grande détresse! Eh
bien, qu'elle soit aussi pour nous maintenant notre aide dans notre recherche
de cette grâce suprême, que nous nous sentons tellement impuissants à conquérir
par nos propres efforts. Seul un miracle de la toute-puissance divine peut nous
en mettre en possession. Mais faisons le silence dans nos coeurs,
et nous entendrons la voix du Seigneur nous dire : « Ne craignez point,
croyez seulement : c'est Dieu qui agira ».
« Combien plus »!... Il n'y aurait qu'un
père dénaturé qui refuserait du pain à son enfant; et Dieu nous refuserait Son
Saint-Esprit, plus nécessaire à notre âme que le pain au corps! Au milieu de
tous nos raisonnements et de toutes nos aspirations, gardons comme la base
fondamentale de notre vie spirituelle cette inébranlable confiance : le Père
donnera à Son enfant toute sa part d'héritage. Dans Son amour infini, Il désire
nous posséder entièrement comme Il est Esprit, Il ne le peut qu'en nous donnant
Son Esprit. Aussi vrai qu'Il est Dieu, Il nous remplira de Son Esprit. Voilà ce
qu'il nous faut croire pour obtenir cette grâce. Et cette assurance-là nous
donnera la victoire sur toutes nos difficultés. Ainsi, « ne crains point, crois
seulement »; « ne t'ai-je pas dit que si tu crois, tu verras la gloire de Dieu?
»
Nous avons là-dessus trois grandes leçons à
apprendre.
1. Sans pouvoir tout comprendre ni tout
expliquer, pourtant « crois seulement ».
On peut se poser plus d'une question dont la
solution risquerait de retarder indéfiniment la bénédiction, si l'on n'était
résolu à l’obtenir auparavant, Mentionnons-en deux.
Celle-ci d'abord : D'où doit venir la dite
bénédiction, du DEDANS ou d'EN HAUT? Du DEDANS, répondront sans hésiter
quelques-uns. Le Saint-Esprit est descendu sur la terre à
Non, répondront beaucoup d'autres, c'est d'EN HAUT
que doit venir la bénédiction. A
Ne perdez pas votre temps, mon frère, à chercher
qui a raison : Dieu peut bénir ainsi comme ainsi. Au déluge, « toutes les
sources du grand abîme jaillirent, et les écluses des cieux s'ouvrirent » :
l'eau vint à la fois d'en haut et d'en bas. Dieu veut que nous honorions
l'Esprit qui est déjà en nous; mais il veut aussi nous amener à nous attendre à
Lui dans une attitude de dépendance absolue, pour qu'Il nous donne une effusion
nouvelle de Son Esprit, comme Il nous donne notre pain quotidien.
Et voici la seconde question : Cette bénédiction
vient-elle peu à peu ou soudainement? Faut-il attendre une croissance
insensible et silencieuse de l'action de l'Esprit en nous, ou bien une onction
puissante? Qu'il me suffise de rappeler que Dieu a déjà agi de ces deux
manières, et qu'Il le fera sans doute encore. L'important, c'est la résolution
de placer sous la domination de l'Esprit notre vie tout entière, et c'est la
certitude, acquise par la foi, que Dieu a accepté cet acte de consécration. Tôt
ou tard, il faut en venir là. Après quoi, que l'exaucement vienne comme une submersion
soudaine ou comme un accroissement lent et continu, il s'agit de se maintenir
dans cette attitude de consécration en s'attendant à Dieu.
Ainsi l'essentiel est de nous reposer sur
2. Quelle que soit l'attitude peu encourageante
ou même hostile des autres, « crois seulement ».
Un des plus tristes symptômes du manque de
spiritualité de l'Eglise est l'indifférence avec laquelle, en général, nous
acceptons nos déficits sans avoir soif de quelque chose de mieux. On parle de
la pureté de la doctrine du zèle des prédicateurs, de la libéralité des
troupeaux, de l'intérêt qu'on porte aux questions d'éducation et de missions,
et l'on estime devoir plutôt rendre grâces pour ce qu'on peut constater de bon
dans l'Eglise actuelle. Tout en condamnant la façon de s'exprimer des Laodicéens (Apoc 3 : 17), on
n'est pas loin de partager leurs sentiments. On oublie l'injonction d'être
« remplis de l'Esprit ». Au lieu de prophétiser à l'Esprit « Viens des
quatre vents, souffle sur ces morts, et qu'ils revivent! » (Eze 37 : 9) on
décourage plutôt ceux qui en parlent. Sans doute, on croit au Saint-Esprit,
mais sans voir que ce dont l'Eglise a besoin, c'est de la plénitude de
l'Esprit.
D'autres seront peut-être d'accord avec vous quant
à ce besoin de l'Eglise sans en être plus encourageants, au contraire : ils y
ont souvent pensé, ils en ont même fait un sujet de prière, mais sans résultat
apparent. Il n'en a d'ailleurs jamais été autrement, même aux premiers temps de
l'Eglise. Tout ce que vous dites de l'impuissance des chrétiens et de la
grandeur des promesses divines est vrai; mais… qu'y faire ?.... Ces gens-là
descendent en ligne directe des dix espions qui s'opposèrent à Caleb et à Josué
: le pays est magnifique, mais les Cananéens sont trop forts pour nous. Faute
de consentir à un complet renoncement à eux-mêmes, ils n'ont pas eu la
hardiesse de dire : « Montons, emparons-nous du pays, nous y serons vainqueurs
» (Nom 13 : 80).
Ne vous laissez pas prendre aux filets de ces
raisonnements. « Crois seulement », Dieu est tout-puissant. S'il a pu
ressusciter Christ d'entre les morts, Il peut aussi manifester avec puissance
Sa vie divine dans votre coeur. Ecoutez-Le dire à
Abraham « Je suis le Dieu tout-puissant : marche devant ma face, et sois
intègre » (Gen. 17 :11). Tenez-vous-en à ce
que Dieu a promis, en vous reposant sur Sa toute puissance pour attendre
l'accomplissement de Sa promesse. Demandez au Père de vous « fortifier
puissamment par Son Esprit », et adorez « Celui qui peut faire infiniment plus
que tout ce que nous demandons et pensons ». Que la foi en la toute-puissance
de Dieu remplisse votre âme, et vous garderez la certitude que Dieu peut vous
remplir de Son Esprit, si difficile et improbable que cela paraisse. « Crois
seulement ».
3. Digne ou indigne, à la hauteur ou non, «
crois seulement ».
Les douloureux souvenirs d'un passé humiliant
viennent souvent décourager le croyant désireux d'obtenir la grande bénédiction
promise. Il se souvient de tant de vains efforts, de tant de prières inutiles:
puis il voit sa misère et son indignité actuelles, le peu de progrès qu'il a
faits : l'avenir vaudra-t-il mieux? En pensant à ce que doit être la vie d'un
homme rempli du Saint-Esprit ; il lui semble impossible qu'il en soit
jamais un…
Dans un cas de ce genre, il n'y a qu'une chose à
dire : « Crois seulement ». Jetez-vous dans les bras de Celui qui est
VOTRE PERE et comptez sur SON AMOUR. Ce n'est pas à vous d'amener Dieu à vous
bénir, à force de renoncements ou de consécration. C'est au contraire Dieu qui
ne demande qu’a accomplir Son oeuvre en vous. Il a pour
vous un amour paternel, et Il sait à quel point vous avez besoin de
Son Esprit pour être pleinement heureux. Il vous faut apprendre à jouir de cet
amour, dont Jésus, au prix de Son Sang, vous a garanti la réalité ; apprendre à
affirmer par la foi que cet amour vous enveloppe et resplendit sur vous comme
la clarté et la chaleur du soleil. Mettez-vous à vous confier en cet amour, à
croire qu'il aspire indiciblement à vous inonder de sa chaleur...
Et qu'est-ce que ce Père, votre Père, réclame de
vous? Tout simplement que vous vous abandonniez à Lui tel que vous êtes, dans
votre complète indignité, votre néant, votre impuissance, pour qu'Il puisse
faire son oeuvre en vous ; que vous Le laissiez agir,
vous façonner à Sa guise, vous fortifier puissamment dans votre homme
intérieur, d'une manière invisible mais sûre, jusqu'à vous rendre capable de
tout lâcher pour recueillir Son trésor. Il assumera volontiers la
responsabilité de votre avenir tout entier, et prendra soin que vous deveniez
capable de marcher d'une manière digne de la bénédiction reçue.
Ce n'est pas à vous de vous forger un idéal de ce
que doit être cette vie nouvelle ; ce sera à l'Esprit de vous l'enseigner quand
Il la créera en vous. Il ne s'agit pas d'un trésor que vous auriez à garder et
à porter, mais d'une puissance qui vous portera et vous gardera. Ainsi « crois
seulement » et reposez-vous sur l'amour de votre Père.
Remarquez que Jésus l'appelle « la promesse du Père
» (Luc 24 : 49), et qu'il est fait appel à la fidélité de Dieu : « Celui qui a
fait la promesse est fidèle » (Heb 10 : 23) ;
qu'il est question de la puissance de Dieu aussi bien que de Son amour (Actes
1: 8; Luc 11 : 13). Ainsi c'est de Dieu qu'il s'agit, de ce qu'Il peut seul
faire, Lui. Tenons-nous en silence à Ses pieds, dans l'adoration: Il veut faire
quelque chose pour nous, et est puissant pour le faire, pour faire bien plus
que nous ne saurions demander : « Crois seulement » Disons comme Marie : «
Voici la servante du Seigneur : qu'il me soit fait selon Ta parole » (Luc 1 :
38). « Celui qui vous a appelés est fidèle, et c'est Lui qui le
fera » (1 The 5 : 24).
XI.
Je répandrai sur vous des eaux pures, et vous serez
purifiés ; je vous purifierai de toutes vos souillures et de toutes vos idoles.
Je mettrai en vous Mon Esprit, et je ferai que vous marchiez dans mes statuts
et que vous gardiez mes ordonnances, pour les pratiquer. (Eze 36 : 25,
27.)
La bénédiction de
Jusqu'ici nous nous sommes adressés
particulièrement aux croyants déjà éclairés et plus ou moins familiers avec ce
sujet. Mais comme il se peut que tels de nos lecteurs n'en soient pas encore
là, nous voudrions leur exposer de la façon la plus simple ce qu'ils ont à
faire pour vivre une vie chrétienne normale. Dans le sentiment de tout ce qui
leur manque, il peut leur sembler qu'ils n'arriveront à être remplis de
l'Esprit qu'après de longs et pénibles efforts. Qu'ils prennent courage, se
rappelant la promesse divine : « Moi, l’Eternel, je hâterai ces choses en leur
temps » (Esa 60 : 22). Cherchons dans
1. Il faut d'abord comme une nouvelle révélation
de la présence du péché et de son caractère haïssable, de sorte qu'on en ait
horreur, qu'on le confesse et le délaisse.
Dans le passage d'Ezéchiel cité ci-dessus. Dieu
commence par promettre : « Je vous purifierai », avant d'ajouter : « Je mettrai
en vous Mon Esprit ». On nettoie un vase avant d'y verser un liquide
précieux. Vous avez sans doute, lors de votre conversion, tourné résolument le
dos au péché; mais d'une façon plutôt extérieure et superficielle : c'était
plutôt la crainte des conséquences du péché que la haine du péché lui-même. Vos
efforts pour en triompher se sont montrés impuissants; vous n’aviez pas des
notions précises à propos de la sanctification.
Pour vous débarrasser de tout vieux levain, il
s'agit d'abord de le découvrir. Ne prétendez pas en savoir assez sur votre état
spirituel: prenez le temps de vous recueillir, et n'avez pas peur de descendre
au fond de votre conscience. Est-ce qu'un coeur où
règnent l'orgueil, la recherche de soi, la mondanité, la volonté propre et
l'impureté pourrait recevoir la plénitude de l'Esprit ? Examinez votre vie de
famille : que pensent les autres de votre humeur? N'aperçoit-on chez vous ni
soucis, ni aigreur? N'entend-on rien qui froisse le coeur
et la conscience? Que vaut votre religion? Quels fruits porte-t-elle ? Votre
culte est-il en esprit et en vérité ? Que pensent de vous tous ceux qui ont affaire
avec vous? Votre piété leur fait-elle envie? Pensez à ce que Dieu est en droit
d'attendre de vous...
Si vous êtes obligé de reconnaître les déficits de
votre vie chrétienne, n'essayez pas d'en prendre votre parti en alléguant que
vous n'êtes pas pire que beaucoup d'autres. Dites-vous au contraire qu'une
transformation radicale est possible et nécessaire ; qu'il vous faut arriver à
être délivré de tous les péchés qui vous tiennent asservi.
Ne dites pas que c'est impossible : apportez-les à
Dieu. Comme votre montre lorsqu'elle ne marche plus bien, remettez votre âme
malade entre les mains du divin Horloger : Celui qui a formé votre coeur (Ps. 33 :15) sait comment le remettre à neuf.
« Je vous purifierai de toutes vos souillures ». Il ne l'aurait pas
promis s'Il n'avait pas été certain de pouvoir le faire. Ce qu'il faut
absolument, c'est qu'entre vous et le Seigneur il y ait comme un pacte clair et
précis : confession sincère de votre péché, rupture définitive et abandon
complet de tout ce qui est douteux, et attente humble et confiante jusqu'à ce
que Dieu vous ait donné l'assurance qu'Il a pris en mains votre coeur et votre vie et qu'Il vous accorde pleinement la
victoire.
2. Vous aurez alors comme une nouvelle
révélation de ce que Christ est et de ce qu'Il veut être pour vous.
La foi en Jésus est aussi d'abord superficielle au
moment de la conversion. Il faut avoir fait l'humiliante expérience du pouvoir
tyrannique du péché pour être à même d'apprendre à connaître la puissance
victorieuse du Sauveur. C'est à ceux qui désirent de tout leur coeur être affranchis du péché que Dieu révèle le grand
Libérateur. Quand vous en serez là. Il vous montrera comment, bien que la chair
demeure toujours en vous avec ses inclinations mauvaises, le Seigneur Jésus,
par Sa seule présence, tiendra en échec le pouvoir dominateur de la chair, de
sorte que vous ne serez plus asservi par elle. Ainsi, par Jésus-Christ. Dieu
vous purifiera de toute iniquité, en sorte que vous pourrez marcher devant Lui
jour après jour avec un coeur pur.
Oui, Jésus-Christ est venu ôter le péché non
seulement la peine du péché, mais le péché lui-même. Il lui a arraché son
pouvoir dominateur; et, pourvu que vous laissiez Christ exercer en vous Sa
puissance rédemptrice et demeurer en vous, le péché n'aura aucun pouvoir sur
vous, aucun attrait pour vous. Vous saurez ce que c'est d'être « plus que
vainqueur par Celui qui vous a aimés » (Rom. 8 : 37)
Mais qu'avez-vous à faire pour en arriver là? Rien
qu'une chose, une chose qui peut se faire à l'instant même : Ouvrir la porte de
votre coeur à Jésus et L'accueillir comme votre
Seigneur et votre Roi. Qu'une maison ait été close durant vingt années, il
suffit d'en ouvrir portes et fenêtres pour que la lumière y pénètre aussitôt.
Il suffit de même d'un instant pour inonder de joyeuses et triomphantes clartés
un pauvre coeur enténébré depuis des années, parce
qu'il ignorait la puissance libératrice de Jésus, ou ne savait pas Lui
abandonner le soin de le rendre vainqueur.
Il s'agit d'un acte de foi, et d'une attitude de
foi persévérante. Quand la lumière entre à flots par les portes et fenêtres
enfin ouvertes, on s'aperçoit aussitôt à quel point la maison était pleine de
poussière et de toutes sortes d'impuretés. Tout n'est pas d'emblée parfait dans
un coeur qui reçoit Christ; mais la foi compte qu'Il
tiendra parole et achèvera Son oeuvre; au lieu de se
troubler et de s'agiter, elle se repose tranquillement sur Lui. Ce qui a été
commencé par la foi ne peut s'achever que par la foi. Il faut se dire : « Je
demeure en Jésus; Il demeure en moi, je le sais, et je sais qu'Il déploiera Sa
puissance en moi. » D'un mot Jésus avait guéri les lépreux; mais ce ne fut
qu'en chemin qu'ils s'aperçurent que leur guérison était réelle. Que rien
n'ébranle notre foi elle ne sera pas déçue.
3. Quand on remplit les conditions nécessaires,
Dieu ne manque pas d'accomplir Sa promesse.
Il avait dit d'abord : « Je vous purifierai »;
Il ajoute ensuite : « Je mettrai en vous Mon Esprit ». Il règne une guerre à mort entre
l'Esprit et le péché. Si l'Esprit déploie si peu de puissance dans l'Eglise,
c'est qu'on y tolère trop de péchés; on croit trop peu au pouvoir purificateur
de Christ. Mais partout où on Le laisse accomplir à fond Son oeuvre de purification. Il peut aussi remplir le coeur de Son Esprit de vie et de sainteté.
Mentionnons encore deux points qu'il ne faut pas
perdre de vue.
C'est d'abord que la plénitude de l'Esprit peut
être accordée sans aucun signe apparent qui rappelle
En second lieu, il importe de vous rappeler
pourquoi Dieu vous donne Son Esprit « Je mettrai en vous Mon Esprit, et Je
ferai que vous marchiez dans mes statuts et que vous gardiez mes ordonnances. »
C'est pour que vous puissiez plaire à Dieu, suivre de près le Seigneur Jésus,
dire comme Lui : « Voici je viens pour faire Ta volonté » (Heb. 10 : 7). Si tel est bien votre ardent désir, ayez
seulement confiance : la promesse s'accomplira.
Vous savez maintenant ce que vous avez à faire et
dans quelles dispositions vous devez le faire : faites-le, humblement,
sincèrement, simplement, comme un enfant.... et maintenant. — Amen.
XII. NÉCESSITÉ D'UNE CONSÉCRATION
SANS RÉSERVE
Alors le Fils lui-même sera soumis à
Celui qui lui a soumis toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous. (1 Cor.
15 : 28)
Quand on parle d'entière consécration, il y a des
personnes qui demandent en quoi précisément l'enseignement dit « de Keswick », qui date du « Mouvement d'Oxford », diffère de
la doctrine ordinaire de la sanctification. On pourrait répondre que toute la
différence se trouve dans le mot « entière ». C'est le mot qu'il faut
souligner, ce qu'on ne fait pas d'habitude: ce qui est cause qu'on ne jouit pas
de la plénitude de ce que Dieu tient en réserve pour les Siens. Qu'Il daigne
nous faire voir si clairement par Son Esprit l'importance de ce mot que nous en
arrivions tous à tout abandonner pour tout obtenir.
1. Dieu tout entier.
La nature même de Dieu l’exige : Son caractère est
l’absoluité. C'est de Lui, par Lui et pour Lui que sont toutes choses, de Lui
que procède toute vie. Tout ce qui existe n'existe que pour manifester Sa
bonté, Sa sagesse et Sa puissance.
Ce qui constitue le péché, c'est la volonté de
l'homme d'être quelque chose : il n'a pas voulu que Dieu fût tout. Et le but de
Il faut donc que la volonté de Dieu, Sa gloire, Sa
puissance, soient tout pour nous; que nos minutes et nos heures, que les
paroles de nos lèvres, que les mouvements de nos coeurs
aient pour mobile et pour règle la volonté de Dieu, Sa gloire, Sa puissance. «
Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, soit que vous fassiez quelque
autre chose, faites tout pour la gloire de Dieu » (1 Cor. 10 : 31). Telle est
la vie de quiconque est rempli de l'Esprit. Dieu, pour lui, n'est pas
seulement, quelque chose, pas seulement beaucoup, Dieu est littéralement TOUT.
2. Le péché tout entier.
Le péché, avons-nous vu, est le détrônement de Dieu
; c'est l'homme faisant sa propre volonté, cherchant sa propre gloire,
déployant sa propre force; c'est Dieu mis de côté. Aussi a-t-il pour
conséquence la misère et la mort.
Où le péché pénètre, il infecte tout. De même que
Dieu était tout pour l'homme avant la chute, le péché est devenu tout pour
l'homme tombé; il pénètre tout son être, il règne partout et corrompt tout, par
le fait que le MOI est désormais sur le trône.
Pour se convertir réellement, il faut bien en avoir
quelque idée; mais ce n'est ordinairement que peu à peu que les yeux s'ouvrent
à cet égard, et que l'on sent à quel point on a besoin d'être rempli de
l'Esprit et purifié de tout péché. On découvre alors que tout est comme
imprégné de péché : la volonté, les facultés, le coeur
; seule la toute-puissance de Dieu pourra, par le Saint-Esprit, remettre
l'ordre dans cette créature déchue, misérablement impuissante et incapable de
bien faire.
Une fois que les yeux se sont ouverts, on
s'aperçoit qu'en effet « le monde entier est sous la puissance du malin » (1
Jean 5 : 19). puisque le MOI est partout sur le trône.
Que Dieu soit tout, et le péché tout entier sera expulsé.
3. Christ tout entier.
Le Fils est la révélation du Père, de la plénitude
même de Dieu ; de sorte que les richesses de Christ sont aussi
inépuisables que celles de Dieu. C'est en Christ que Dieu est venu sur la terre
pour en finir avec le péché tout entier et pour reprendre dans le coeur de l'homme Sa place tout entière. De là la nécessité
de connaître le Christ tout entier.
Savoir que nous Lui devons l'expiation et le pardon
de nos péchés, c'est ne Le connaître encore que partiellement. Dieu nous a
donné en Lui tout ce dont nous avons besoin : la vie et toute grâce. C'est
précisément le secret de la vraie sanctification que de connaître Christ avec
toutes Ses richesses et avec Son désir d'être tout pour nous. Et c'est aussi la
condition de la plénitude de l'Esprit.
Proclamez avec une joyeuse assurance que Dieu vous
a tout donné en Christ, et qu'en conséquence vous Lui abandonnez votre être
tout entier et votre péché tout entier, sans aucune restriction. Qu'Il soit
tout et qu’Il ait tout, et qu'Il puisse vous remplir tout entier de Lui-même.
4. L'entier sacrifice de tout.
Tout quitter, tout vendre, renoncer à tout: ainsi
le voulait le Seigneur, qui n'a point changé.
S'il est tout, Il a le droit de tout avoir. C'est
le malheur d'une quantité de chrétiens de ne pas croire que Christ soit tout;
aussi n'ont-ils pas l'idée de tout Lui donner.
Mais il faut Lui donner tout parce que tout est
sous le pouvoir du péché, et qu'Il ne peut purifier que ce qu'on Lui a si bien
abandonné qu'Il peut en prendre pleinement possession et le remplir.
Même ce qui semble légitime ou innocent se trouve
entaché d'égoïsme dès que nous nous cherchons nous-mêmes en en usant. Ce ne
sera sanctifié qu'entre les mains de Christ.
Ce sont les lacunes dans la consécration de
beaucoup de chrétiens qui expliquent l'impuissance de leurs prières. Si l'on
n'abandonne pas tout, c'est qu'on ne connaît pas encore Christ tout entier.
Mais n'ayons pas peur de Lui livrer notre tout : nous apprendrons ainsi à Le
connaître, et Son grand amour se dévoilera à nos regards émerveillés.
5. L'Esprit tout entier.
Après Dieu tout entier et Christ tout entier vient
nécessairement l'Esprit tout entier. Il ne faut pas moins que la plénitude de
l'Esprit pour nous dévoiler la plénitude des richesses de Christ en nous.
S'il y a tant de lacunes dans la chrétienté
actuelle, c'est entre autres raisons, parce qu'on a perdu de vue les droits du
Dieu trois fois saint. Tout en faisant une profession de foi chrétienne, on se
cherche encore soi-même, trop souvent, tandis que Dieu passe au second rang. On
n'a pas compris que Dieu doit pouvoir disposer des moindres détails de la vie
de Ses enfants pour manifester Sa gloire, qu'il n'y a pas de plus grand bonheur
que de faire notre nourriture de la volonté de Dieu, sous l'inspiration de
l'Esprit filial de Christ lui-même, le Maître et l'Hôte divin du coeur. Le comprendre, c'est comprendre la nécessité d'être
rempli du Saint-Esprit.
6. La foi tout entière ou la plénitude de la
foi.
« Toutes choses sont possibles à celui qui croit »
— « Quoi que vous demandiez en priant, croyez que vous l'avez reçu, et vous le
verrez s'accomplir » (Marc 9 : 23; 11 :24). Dieu étant tout, l'homme
n'étant rien, et n'ayant plus rien de bon en lui que la faculté de recevoir
Dieu, il en résulte que la foi est son espoir et son trésor suprême : c'est par
la foi qu'il entre en possession de ce que Dieu tient en réserve pour lui en
permettant à Dieu d'agir en lui par Son Esprit.
Vérité élémentaire mais trop peu comprise : la
seule chose que j'aie à faire est de rester devant Dieu dans le silence, dans
le sentiment de mon néant, pour Le laisser agir librement en moi. N'avant autre
chose à faire que de prendre cette humble et parfaite soumission au bon plaisir
de Dieu, c'est bien la foi qui est la clef de tout.
Oui, pour jouir de la plénitude du Dieu trois fois
saint, pour triompher de la plénitude du péché et de sa terrible puissance,
pour que notre consécration soit pleine et entière, il nous faut aussi une
plénitude de foi, une foi illimitée en la puissance de Dieu et en Sa volonté de
nous sauver parfaitement. « Celui qui croit en Moi, des fleuves d'eau vive
jailliront de son sein ».
Le moment est venu de poser la plume. Mais, avant
de vous quitter, mon cher lecteur, permettez-moi de vous dire encore ceci : Il
y a une chose qui peut se faire aujourd'hui. Comme le dit le Saint-Esprit,
« aujourd'hui, si vous entendez Sa voix, n'endurcissez pas votre coeur » (Ps. 93 : 7, 8 ; Heb
3 : 13). Je ne vous promets pas une illumination soudaine, des transports
d'allégresse immédiats; je ne vous promets pas que vous vous sentirez
aussitôt très saint ou richement béni. Mais vous pouvez recevoir Christ
aujourd'hui comme Celui qui vous purifie, vous baptise, et vous remplit de
l'Esprit ; vous pouvez Lui abandonner aujourd'hui votre être entier pour qu'il
soit désormais sous la direction de l'Esprit; vous pouvez affirmer que dès
aujourd'hui l'Esprit dans Sa plénitude est votre bien, votre trésor; vous
pouvez commencer dès aujourd'hui une vie de foi en affirmant avec une plénitude
de conviction que Christ est en vous et y est à l'oeuvre
par l'Esprit. Voilà ce qu'il est en votre pouvoir de faire et ce que vous devez
faire. Faites-le, à genoux devant le trône de la grâce. Relisez le chapitre
précédent, puis livrez-vous sur-le-champ pour permettre à l'Esprit de vous
remplir et de prendre possession de vous. A l'heure qu'Il choisira, Dieu agira.
Mais dès aujourd'hui Il vous donnera l'assurance
qu'Il accepte votre offrande et que la plénitude de l'Esprit est bien à vous, «
selon votre foi ».
Et voici mes derniers mots. Sollicité à la fois par
la plénitude de Dieu, par celle de Christ, par celle de l'Esprit, comme par la
terrible puissance du péché, laissez-vous vaincre par l'amour de Dieu, et
conquérir par Son glorieux salut. Osez dire avec foi : « Même en
moi Dieu va être tout entier ». N'est-ce pas pour cela que Christ a donné
Sa vie? A vous de donner aussi la vôtre, et Dieu vous remplira aussi de Son
Esprit saint.
Amen.
Edition Numérique Yves
PETRAKIAN 2011 - France
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