Le Ciel d'après l'enseignement des Saintes Écritures (Moody D. L.)



LE CIEL D'APRÈS L'ENSEIGNEMENT DES SAINTES ÉCRITURES (Moody)

PRÉFACE

 

La ville n'a besoin ni du soleil ni de la lune pour l'éclairer; car la gloire de Dieu l'éclaire et l'Agneau est son flambeau.   Apo 21:23

Je publie ce petit livre, qui traite d'un sujet que j'affectionne d'une manière toute particulière, dans l'espérance qu'il contribuera à relever le courage et la foi de plusieurs. Je désire qu'il fortifie les faibles, qu'il console les affligés et qu'il encourage ceux qui ont l'esprit abattu à regarder avec plus de confiance vers cette incomparable cité, cette meilleure patrie, qui est la demeure du Rédempteur et de ses rachetés.

D. L. Moody.

 

Troisième édition.

VEVEY

B. CAILLE, ÉDITEUR Rue du Torrent, 3.

Lausanne. - Imp. Georges Bridel.

 


LE CIEL  (Moody)

Chapitre 1

LE CIEL NOTRE ESPÉRANCE

 

Nous rendons grâces à Dieu qui est le Père de notre Seigneur Jésus-Christ... à cause de l'espérance qui nous est réservée dans les cieux. 1Co 1: 3, 5.

 

Bien des gens se figurent que tout ce qu'on peut dire du ciel n'est que pure spéculation. Ils en parlent comme s'il s'agissait des plaines éthérées. Cependant, si Dieu avait eu l'intention de laisser la race humaine dans l'ignorance sur ce sujet, il n'en aurait pas parlé aussi souvent dans sa Parole. Il nous est dit que « toute l'Ecriture est divinement inspirée, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l'homme de Dieu soit accompli et parfaitement propre pour toute bonne oeuvre » (2Ti  3:16, 17)

 

Ce que la Bible nous dit sur le ciel est tout aussi vrai que les autres doctrines qu'elle enseigne ; elle est inspirée, et il est évident que tout ce que nous savons du. paradis ne peut nous être révélé que par le moyen d'une inspiration divine. Dieu seul sait ce qui en est à cet égard, c'est pourquoi nous ne pouvons en rien connaître qu'en consultant sa Parole. Le Dr Hodge de Princeton dit que la meilleure preuve de la divine inspiration des Ecritures se trouve dans les Ecritures mêmes. Elles l'affirment de la même manière que le caractère du Christ y manifeste jusqu'à l'évidence la divinité de sa personne. Christ, par ce qu'il a fait, montre qu'il est plus qu'un homme; la Bible, par ce qu'elle dit, montre qu'elle est plus qu'un livre humain.

 

Si nous croyons à sa divine inspiration, ce n'est pourtant pas qu'elle soit écrite avec plus de génie littéraire que les livres des meilleurs auteurs, ni que sa connaissance du coeur et ses paroles éloquentes soient au-dessus de celles des hommes; nos appréciations diffèrent quant à la limite que l'art peut atteindre. La raison pour laquelle nous croyons à l'inspiration de l'Ecriture est si simple que le plus humble enfant de Dieu peut la comprendre; si notre motif ne se fondait que sur la sagesse qu'on trouve dans ce livre, les ignorants ne pourraient arriver à la foi. Mais nous croyons à sa divine origine, parce que nous ne trouvons rien en lui qui ne puisse venir de Dieu. Dieu est sage, et il est bon. Tout dans la Bible porte le sceau de la sagesse et de la bonté; si quelque chose en elle était opposé à la raison ou à notre sens moral, nous pourrions penser peut-être que ce livre est semblable à tous ceux que les hommes ont écrit. Les écrits des hommes contiennent, comme leur vie, bien des absurdités et bien des choses mauvaises. La vie du Christ seule a été parfaitement pure, divine et humaine comme elle était. Aucun des livres qui prétendent à une divine origine, comme le Coran, par exemple, ne porte le cachet du bon sens, tandis que dans la Bible tout est conforme au bon sens. Ce qu'elle nous raconte d'un déluge qui a détruit le monde et de Noé sauvé seul avec sa famille, n'est pas plus étrange que l'enseignement donné dans nos écoles qui affirment que tout est sorti d'un globe de feu. N'est-il pas plus facile de croire que l'homme a été créé à l'image de Dieu, que d'ajouter foi à l'idée qu'on essaie d'inculquer dans l'esprit de notre jeunesse, que nous provenons d'un singe ?

 

La Bible, comme toutes les oeuvres merveilleuses de Dieu, porte l'empreinte visible de son auteur; elle lui ressemble. L'homme sème, et Dieu fait épanouir des fleurs parfaitement belles comme lui. La main de l'homme a écrit la Bible, mais la Bible est l'oeuvre de Dieu. En général, les natures les plus cultivées sont celles qui aiment le plus les fleurs, et les meilleurs d'entre les hommes sont ceux qui aiment le plus la Bible. Le goût des fleurs élève le niveau moral, et l'amour pour la Bible rend meilleur. Tout ce que la Bible dit de Dieu, de l'homme, de la rédemption et de la vie future, s'accorde admirablement avec les idées que nous nous faisons de ce qui est juste, avec nos raisonnables appréhensions et avec notre expérience personnelle. Les événements historiques y sont racontés de manière à nous les montrer tels qu'on avait l'habitude de les considérer au moment où ils furent écrits. Ce que la Bible nous dit du ciel n'est pas la moitié aussi étrange que les descriptions que fait M. Proctor des myriades d'étoiles qui ne peuvent être aperçues par aucun de nos télescopes. Pourtant, l'opinion générale est que la science ne repose que sur des faits, tandis que la religion n'est que le pur effet de notre imagination. Combien de personnes qui admettent sans hésiter que Jupiter et d'autres planètes sont habitées, ne peuvent se résoudre à croire qu'au delà de cette terre, les âmes peuvent avoir une vie immortelle. Le vrai chrétien place la foi avant la raison et pense que celle-ci se trompe toujours quand elle répudie la foi. Si les hommes consentaient seulement à étudier davantage ce que la Bible dit du ciel, ils ne seraient pas aussi attachés au monde; leur coeur s'affectionnerait aux choses invisibles et aux biens célestes et impérissables.

 

Le péché existe sur la terre.

 

Il est très naturel de supposer que Dieu ait voulu nous donner quelque aperçu de l'avenir. Nous perdons successivement nos amis et, quand ils sont morts, la première pensée qui nous vient est celle-ci: Où sont-ils allés? Nous nous demandons avec anxiété si nous pourrons les revoir, dans quel lieu et à quel moment? Alors nous prenons notre Bible, car nul autre livre dans le monde ne peut nous donner la moindre consolation à ce sujet, aucun ne peut nous dire où nos bien-aimés sont allés.

 

Je rencontrai, il y a peu de temps, un de mes bons vieux amis. Je lui pris la main pour lui demander des nouvelles de sa famille, et je vis aussitôt des larmes couler le long de ses joues.

 

- Je n'ai maintenant plus de famille! me dit-il.

 

- Quoi ! votre femme est morte ?

 

- Oui, monsieur.

 

- Et tous vos enfants aussi?

 

- Oui, tous partis! et je suis resté seul avec ma douleur.

 

Qui voudrait enlever à cette homme l'espoir de rejoindre un jour ceux qu'il a tant aimés? Qui oserait lui persuader qu'il ne les reverra plus jamais? Non! il n'est nullement nécessaire d'oublier les êtres chers qui nous ont devancés; bien au  contraire, nous pouvons saisir fermement l'espérance qu'un jour viendra où nous nous retrouverons, libres de toute chaîne et bienheureux dans les lieux célestes où brille une éternelle lumière et où les âmes s'abreuvent à cette source de l'amour suprême qui sort du trône de Dieu.

 

Dans le fond de nos âmes, nous nous sommes tous demandé s'il y a une vie à venir :

 

Parle de lui, de réelle espérance,

Dis à mon coeur, dis s'il existe un lieu

Où le péché, la mort et la souffrance

Ne pourront plus me séparer de Dieu.

 

Existe-t-il une heureuse patrie,

Où des mortels pourront être reçus,

Où de ses maux l'âme sera guérie,

Où le repos attend les coeurs déçus?

 

Oui, c'est la foi, l'amour et l'espérance,

Ces biens si doux que Dieu nous a donnés,

Qui rompent seuls ce douloureux silence,

Pour dire : A toi les cieux sont destinés!

 

Vous rencontrez des personnes qui prétendent qu'il n'y a point de ciel. Un homme me soutenait un jour que rien ne pouvait nous démontrer qu'il existait un autre paradis que celui que nous pouvons nous créer sur la terre. Si nous n'en avons pas un meilleur, il faut avouer que ce monde, si rempli de souffrances et de péchés, est un étrange ciel! Je plains du fond de mon coeur celui qui a une pareille idée.

 

Ce monde, que quelques-uns prennent pour un ciel, est le lieu où le péché habite, où toutes les douleurs ont leur rendez-vous, où rien ne peut satisfaire les besoins de nos âmes. Les hommes le parcourent en tous sens, ils désirent même aller au delà; mais plus ils connaissent ce qui s'y passe, plus dégoûtés ils en sont. On est bientôt lassé des plaisirs les plus attrayants qu'il offre; il ressemble à une mer orageuse, a-t-on dit, dont chaque vague porte les restes de ceux qui y ont péri. Toutes les fois que notre poitrine respire, quelqu'un sur la terre a cessé de vivre. Nous savons tous que notre existence ici-bas sera courte; elle n'est qu'une vapeur qui s'évanouit, une ombre qui passe.

 

Quelqu'un a dit : « On se rencontre, on se salue, on passe son chemin et l'on disparaît. La vie n'a qu'un pouce de durée; puis les siècles reprennent leur cours. » Il est donc parfaitement raisonnable d'étudier notre Bible pour savoir où nous allons et où sont nos amis partis avant nous. La vie la plus longue comparée à l'éternité, n'est qu'une goutte dans l'océan des âges.

 

Les villes de l'antiquité.

 

Que sont-elles devenues? Où est Babylone la grande? On dit qu'elle fut fondée par la reine Sémiramis qui, durant des années, employa deux millions d'hommes pour la bâtir.

 

Il y a mille ans environ, un historien écrivait que les ruines du palais de Nébucadnetzar étaient encore debout, mais que nul n'osait s'en approcher à cause de la quantité de scorpions et de serpents qui y faisaient leur gîte. Il ne reste plus d'elle aujourd'hui aucun vestige. Ninive aussi a disparu. Ses tours et ses bastions se sont écroulés. Le voyageur ne trouve que peu de restes de Carthage. Corinthe, où florissaient autrefois les arts et tant de luxe, n'est plus qu'une masse informe. Ephèse, qui fut si longtemps la métropole de l'Asie, le Paris des temps modernes, dont les édifices étaient aussi élevés que le Capitole à Washington, ne ressemble plus guère qu'à un cimetière abandonné. La ville de Grenade, si élégante avec ses douze portes, ses tours et son palais de l'Alhambra, est maintenant toute délabrée. On vend comme des reliques, les petites pièces de monnaie des grandes villes d'Herculanum et de Pompéi. Jérusalem, qui fut la joie de toute la terre; n'est plus que l'ombre d'elle-même. Thèbes, qui, jusqu'à la venue du Christ, fut la plus grande et la plus riche cité du monde, n'est qu'un tas de décombres. Ce qui reste encore debout de l'ancienne Athènes et de tant d'autres orgueilleuses villes de l'antiquité, suffit à peine pour nous dire l'histoire de leur décadence. Dieu a fait passer sur elles sa charrue et les a bouleversées comme la surface d'un champ. « Voici, dit Esaïe, les nations sont comme une goutte d'un seau; elles sont comme de la poussière sur une balance; voici, les îles sont comme une menue poussière qui s'envole... Toutes les nations sont devant lui comme un rien; elles ne sont pour lui que néant et vanité. » (Esa 49:15-17.)

 

Voyez jusqu'à quel point est tombée Antioche Quand Paul y prêcha, c'était une superbe métropole traversée par une rue de cinq kilomètres, ornée de colonnades et de galeries couvertes. A chaque coin, on voyait les statues de ses grands hommes dont on ne parle plus; tandis que le pauvre artisan prédicateur qui a passé sous ses magnifiques portiques, est resté debout comme le plus grand personnage de l'histoire. L'art grec avait fourni aux autels des temples d'Antioche ses plus belles décorations; aujourd'hui encore, rien ne peut être comparé à ses bains et à ses aqueducs. Les hommes d'alors, comme nos contemporains, recherchaient la fortune, la renommée, et gravaient leurs noms et leur souvenir sur de l'argile périssable. Dans l'enceinte de ses murs, se trouvaient des collines de plus de sept cents pieds, des précipices rocheux et de profonds ravins, ce qui donnait à cette cité un caractère pittoresque et sauvage qui ne se rencontre dans aucune de nos villes modernes. Ces collines étaient admirablement fortifiées, ce qui leur dominait un aspect sévère et redoutable. L'immense population de cette brillante cité était adonnée au plaisir tout autant que le sont celles de nos capitales ; l'art de la savante Grèce se rencontrait là avec la légèreté et l'amour du luxe de la superstitieuse Asie. Les citoyens jouissaient des spectacles, des jeux, des courses et des danses; ils avaient leurs sorciers, leurs acrobates, leurs bouffons et leurs prestidigitateurs ; ils cherchaient tous ainsi à exciter et à satisfaire les désirs les plus corrompus de la nature humaine. C'est justement ce que font les masses populaires encore aujourd'hui dans nos grandes villes. Antioche était descendue plus bas qu'Athènes, car les passions les plus grossières étaient alimentées même par son culte idolâtre.

 

C'est là que Paul vint prêcher la bonne nouvelle de l'Evangile, c'est là que les disciples furent pour la première fois appelés chrétiens; auparavant ils se nommaient saints ou frères. On dit que c'est d'Antioche que la source du christianisme a jailli comme un puissant fleuve qui a arrosé le monde. Astarté, la reine des cieux, adorée dans cette ville, Diane, Apollon, les pharisiens et les saducéens ne sont plus; mais les chrétiens tant méprisés subsistent encore. Elle est tombée cette cité païenne qui n'a pas voulu s'attacher au christianisme et le retenir dans son sein! Toutes les villes qui n'ont pas été placées sous son austère et pure influence d'une manière complète, n'ont pas eu de gloire durable; à la lumière des siècles, on les a vues s'éteindre peu à peu. Un petit nombre de nos villes d'Amérique ont à peine cent années d'existence, tandis qu'Antioche, qui a prospéré près d'un millier d'années est tombée.

 

Sur le point d'émigrer.

 

Je ne crois pas que ce soit mal de penser au ciel ni d'en parler. Je suis bien aise de savoir où se trouve ce ciel et tout ce qui peut s'y rapporter, car j'espère l'habiter durant toute l'éternité. Si je devais faire ma résidence dans une ville étrangère, la première chose que je ferais, ce serait de m'informer de l'endroit où elle se trouve, de son climat, des personnes auprès desquelles je devrais vivre, en un mot, de tout ce qui la concerne. Si l'un d'entre nous était sur le point d'émigrer, ce serait justement là ce qu'il ferait.

 

Or, nous allons tous partir pour un pays fort éloigné, nous devons passer l'éternité dans un autre monde, le monde grand et glorieux où Dieu règne. N'est-il pas dès lors urgent pour nous de faire tous nos efforts pour savoir par qui il est habité, et par quel chemin on y arrive ?

 

Peu de temps après ma conversion, un incrédule me demanda pourquoi je levais les yeux en haut pendant que le priais; le ciel, pensait-il, est partout, pas mieux en haut qu'en bas. J'avoue que cette question me troubla profondément et que la première fois que je priai après cet entretien, il me semblait que mes paroles se perdaient dans les airs.

 

Depuis lors, j'ai beaucoup mieux étudié ma  Bible et je suis arrivé à cette conviction que le ciel est au-dessus de nous et non pas en bas. L'Esprit de Dieu est partout, mais Dieu est dans le ciel; n'importe quel point du globe nous habitons, le ciel est toujours au-dessus de nos têtes.

 

Dans Genèse 17, il est dit que Dieu s'éleva en quittant Abraham. Dans Jean 3, nous lisons que le Fils de l'homme est descendu du ciel, et dans les Actes, que Jésus fut élevé au ciel et qu'une nuée le déroba aux yeux des disciples. Le ciel est donc en haut. Le firmament lui-même, qui s'étend au-dessus de nos têtes, montre que le siège de la gloire de Dieu est au-dessus de nous. Job demandait que Dieu ne regardât pas d'en haut ; dans  De 30:12, nous lisons : « Qui montera pour nous au ciel ? » (Ps 113:5.) Toute l'Ecriture nous le représente comme se trouvant au-dessus du firmament. Le ciel étoilé est lui-même si vaste que celui où Dieu habite doit être un royaume d'une immense étendue; et pourquoi nous en étonner? Ce n'est pas à des êtres comme nous, dont la vue est bornée, à demander pour quel motif Dieu a fait le ciel tellement grand que les astres qui l'éclairent sont visibles de toutes les parties de notre petit globe ! « Il a créé le ciel par sa puissance, dit Jérémie Jer 51:15. Il a fondé le monde par sa sagesse, il a étendu les cieux par son intelligence. » Nous savons pourtant bien peu de chose sur cette puissance, cette sagesse et cette intelligence ! « Ce sont là les bords de ses voies ! s'écrie Job, Job 26:14 ; c'est le bruit léger qui nous en parvient ; mais qui entendra le tonnerre de sa puissance? » Esaïe 42:5, dit encore : « Ainsi parle Dieu, l'Eternel, qui a créé les cieux et qui les a déployés, qui a étendu la terre et ses productions, qui a donné la respiration à ceux qui la peuplent et le souffle à ceux qui y marchent.

 

Ce n'est pas toujours par le moyen des grandes choses qu'on discerne la puissance de Dieu et que les messages célestes nous sont envoyés. « Et devant l'Eternel il y eut un vent fort et violent qui déchirait les montagnes et brisait les rochers : l'Éternel n'était pas dans le vent. Et après le vent, ce fut un tremblement de terre : l'Éternel n'était pas dans le tremblement de terre. Et après le tremblement de terre, un feu : l'Éternel n'était pas dans le feu. Et après le feu, un murmure doux et léger. » (1Ro 19:11, 12.) C'est encore par un son doux et subtil que Dieu parle à ses enfants.

 

Il y a des gens qui cherchent à connaître à quelle distance exacte se trouve le ciel. Nous savons une chose, c'est qu'il n'est pas tellement éloigné que Dieu ne puisse de là entendre nos prières. Je ne crois pas que depuis la chute, une seule larme ait été versée sur un péché sans que le Seigneur en ait tenu compte. Notre Dieu n'est pas à une si grande distance de notre terre que nous ne puissions nous approcher de lui ; si, à cette heure, un soupir monte d'un coeur troublé, il entend ce soupir; si un cri sort d'un coeur brisé à cause de son péché, il entend ce cri. Il n'est pas loin de nous ! Son ciel n'est pas tellement élevé, que le plus petit enfant puisse en trouver le chemin inaccessible. Nous lisons dans 2Ch 7:14, « Si mon peuple sur qui est invoqué, mon nom, s'humilie, prie et cherche ma face et s'il se détourne de ses mauvaises voies, je l'exaucerai des cieux, je lui pardonnerai son péché et je guérirai son pays. »

 

Lorsque j'étais à Dublin, on me parla d'un homme qui venait de perdre son petit garçon. Cet homme ne s'était jamais occupé jusque-là de la vie à venir, absorbé qu'il était dans les affaires de ce monde. Mais quand son unique enfant mourut, son coeur de père fut brisé... Chaque soir, en rentrant, il s'enfermait dans sa chambre pour chercher ardemment dans sa Bible tout ce qu'il pouvait y trouver sur le ciel. Il voulait savoir où son enfant était allé, disait-il. Je trouve que c'était là un homme plein de sens. Je pense qu'il n'existe pas une seule personne qui n'ait vu mourir quelque parent ou de chers amis. Fermerons-nous cette Bible aujourd'hui, ou bien la consulterons-nous pour apprendre où ils sont allés ?

 

Je lisais dernièrement qu'un pasteur avait perdu l'un de ses enfants. Il avait accompagné bien des convois funèbres, il avait apporté à beaucoup d'affligés les consolations de l'Evangile ; mais cette fois le fer avait pénétré dans sa propre âme... Un de ses collègues était venu officier à sa place au convoi funèbre. Quand il eut fini de parler, le père se leva et se tint debout auprès du cercueil. Il dit que lorsqu'il était arrivé dans cette Eglise quelques années auparavant, il regardait l'autre bord de la rivière sans prendre aucun intérêt aux personnes qui y habitaient, car elles n'appartenaient pas à sa paroisse et n'étaient que des étrangères pour lui. Quelque temps après, sa fille, s'étant mariée, alla demeurer au delà de la rivière. Dès ce moment il s'était intéressé aux habitants de cette contrée et il regardait chaque matin en se levant la maison de sa fille qui était sur l'autre bord.

 

- Maintenant, ajouta-t-il, une autre enfant m'a été enlevée; elle a traversé une autre rivière, et le ciel me semble plus précieux et plus près de moi que jamais.

 

Mes amis ! croyons ce que nous dit ce bon vieux livre ; soyons convaincus que le ciel n'est pas un mythe, et préparons-nous à aller y rejoindre les bien-aimés qui nous ont devancés. C'est ainsi seulement que nous pourrons obtenir la consolation que nous cherchons.

 

A la recherche d'une meilleure patrie.

 

Quel a été et quel est encore l'un des plus ardents désirs du coeur de l'homme ? n'est-ce pas de trouver une place meilleure, un lieu plus agréable que celui où il vit ? Ce lieu il peut le rencontrer s'il le veut, en regardant, non en bas pour l'y chercher, mais en haut. A mesure que les hommes acquièrent plus de connaissances, ils rivalisent de luxe pour embellir de plus en plus leurs demeures; mais la plus élégante de ces demeures terrestres n'est qu'une grange vide en comparaison de celles qui nous sont réservées dans les cieux.

 

Vers quoi tendent nos désirs quand notre vie arrive à son déclin? N'est-ce pas vers quelque doux abri bien tranquille, une maison où nous pourrons jouir, sinon d'un constant repos, du moins des avant-goûts du repos éternel? Qu'est-ce qui poussa Christophe Colomb à traverser les mers occidentales inexplorées sans savoir le sort qui l'attendait, si ce n'est l'espoir de découvrir un beau pays! Nos pères, chassés de leur terre natale par la persécution, osèrent affronter une côte sauvage hérissée de récifs, dans l'espoir de trouver au delà des terrains fertiles et une patrie libre où ils trouveraient le repos et adoreraient Dieu en paix.

 

Le chrétien a une espérance à peu près semblable ; seulement le ciel qu'il désire n'est pas pour lui un pays inexploré, ni qui possède rien de ce qui attire vers les choses de la terre. Peut-être la faiblesse seule de notre vue nous empêchent-elle de voir les portes des cieux toutes grandes ouvertes, et celle de nos oreilles, d'entendre les joyeuses volées des cloches célestes ? Que de sons autour de nous que nous ne pouvons saisir ! que de brillants soleils semés dans l'espace que nous n'avons jamais vus ! Nous connaissons peu du ciel radieux, et cependant, de temps à autre, quelque rayon de sa gloire arrive jusqu'à nous.

 

Je ne vis pas dans ses airs balsamiques,

Je n'ai pas vu de ses fleurs les beautés,

Ni tressailli de ses divins cantiques

Sur ses bords enchantés.

 

De sa cité, les tours étincelantes

N'ont ébloui jamais mes faibles yeux.

Muet gardien de ses portes brillantes,

La mort ferme les cieux.

 

Mais des rayons inondent l'étendue

Quand le soleil disparaît vers le soir ;

La main de Dieu semble du ciel tendue

Pour nous le laisser voir.

 

Parfois aussi, pour notre âme ravie,

 Les cieux dorés entr'ouvrent leurs trésors,

Et nous voyons de la douce patrie,

Un court instant les bords.

 

 

Les voyageurs qui font des ascensions sur Alpes, disent qu'ils peuvent apercevoir distinctement des villages très éloignés, et même compter les vitres des églises. La distance qui les sépare du lieu où ils se rendent, leur paraît raccourcie ; mais après des heures de marche, ils s'en trouvent encore fort loin. Cela tient à la pureté de l'atmosphère. Pourtant, à force de persévérance, le voyageur fatigué atteint le but et trouve enfin du repos. Parfois aussi, quand nous demeurons sur les sommets élevés de la grâce, le ciel nous semble très près de nous. Mais il est des heures dans notre vie où les brouillards et les nuages qu'amassent autour de nos âmes le péché et la souffrance, le dérobent à notre vue. Cependant, il est tout aussi près alors et nous sommes aussi sûrs d'y arriver, si toutefois nous ne quittons pas le sentier où Christ a marché lui-même.

 

Sur les rives de l'Adriatique, les femmes qui ont vu partir leurs maris pour aller pêcher au loin sur les eaux profondes, ont l'habitude de se réunir le soir sur le rivage pour chanter de leur voix la plus douce, le premier verset de quelque beau cantique. Puis, elle prêtent l'oreille jusqu'à ce que, porté sur les ailes des vents au-dessus des flots, le second verset chanté par les braves pêcheurs, leur arrive. Tous sont heureux alors... Peut-être qu'en écoutant mieux, nous pourrions saisir, nous aussi, au-dessus de la mer agitée de ce monde, quelques sons, quelque léger murmure lointain, qui nous dirait qu'un ciel existe, qu'une demeure céleste nous attend? Et quand nous entonnons des hymnes sur les rives de cette terre, peut-être que nous pourrions entendre quelques doux échos venant des cieux dont les accords, en traversant les plages éthérées, viendraient réjouir les coeurs de ceux qui sont encore ici-bas étrangers et voyageurs ? Oui, nous avons besoin de regarder vers le ciel et par delà cette basse terre, afin de vivre plus haut dans nos pensées et dans notre activité.

 

Vous savez que lorsqu'un homme se prépare à monter dans un ballon, il se munit de sable pour lui servir de lest. Quand il veut s'élever, il jette une partie du sable par-dessus bord ; il en jette encore lorsqu'il désire que son ballon monte plus haut ; plus il jette de sable, plus il monte. Ainsi, plus nous voulons nous approcher de Dieu, plus nous devons rejeter loin de nous les choses de ce monde. Laissons-les tomber ! ne plaçons pas en elles les affections de nos coeurs, mais « amassons-nous des trésors dans les cieux, » comme a dit le Maître.

 

On me parlait un jour d'une dame qui, depuis des années, était couchée sur un lit de douleur. C'était une de ces âmes sanctifiées que Dieu prépare pour son royaume céleste. Je crois qu'il y a dans ce monde un grand nombre de ces chrétiens dont nous n'entendons jamais parler, leurs noms ne sont point publiés, mais ils vivent très près du Seigneur et très près du ciel. Je suis convaincu qu'il faut une plus grande mesure de grâce pour se soumettre à la volonté de Dieu que pour l'accomplir ; si une personne, couchée sur un lit de maladie, souffre joyeusement, cela est tout aussi agréable à Dieu que si elle allait travailler dans son oeuvre.

 

Eh bien donc, cette dame était une de ces personnes excellentes. Elle racontait qu'elle avait souvent pris plaisir à observer un oiseau qui construisait son nid près de sa fenêtre. Une année, il le plaçait si bas, que la dame craignant que ses petits ne fussent exposés, ne cessait de lui dire - Petit oiseau, bâtis plus haut !

 

Elle prévoyait pour le pauvre animal des chagrins et des désappointements.... Enfin, le nid terminé, l'oiseau y déposa ses oeufs et les couva. Chaque matin la dame regardait le nid pour voir s'il était encore là ; elle prenait grand plaisir à observer la mère quand elle apportait la nourriture à ses petits. Mais un jour, elle ne vit plus que des plumes dispersées et se dit : « Ah ! le chat a dévoré la mère et la couvée ! »

 

C'eût été un acte de bonté de détruire ce nid de bonne heure. C'est là ce que Dieu fait très souvent pour nous ; il arrache nos biens avant qu'il soit trop tard.... Il faut dire aux chrétiens de profession qu'ils seront désappointés s'ils construisent pour ce monde. Dieu leur dit : « Bâtissez plus haut ! » Il vaut mieux vivre avec Christ en Dieu, que nulle part ailleurs. Je préférerais vivre ainsi avec Christ en Dieu que d'être en Eden comme Adam. Adam aurait pu subsister dans le paradis des milliers d'années et tomber ensuite ; mais si notre vie est cachée avec Christ, quelle parfaite sécurité pour nous !

 

 

Je veux savoir.

 

Depuis le jour où tu quittas la terre,

J'ignore si, par delà du tombeau,

 Les anges saints tout brillants de lumière,

T'ont accueilli dans un monde plus beau ?

 

Je veux savoir de quelles joies sublimes

Tu dois jouir auprès de ton Sauveur,

Car entre nous s'étendent des abîmes;

Ah! parle-moi de ton divin bonheur!

 

As-tu grandi sous les rayons célestes

Jusqu'à nous prendre en profonde pitié?

Sont-ils si beaux les parvis où tu restes

Que notre amour, tu l'aurais oublié?

 

As-tu trouvé nos amis dans ta gloire

Pour leur parler des peines du passé,

Et rappeler, sans doute, à leur mémoire

Mon grand chagrin quand ils m'ont tous laissé?

 

As-tu compris l'insondable problème

Que nos esprits voudraient chercher encor?

Et portes-tu le divin diadème,

La blanche robe et la couronne d'or?

 

Ne peux-tu donc, en soulevant les voiles,

Nous révéler les délices des cieux?

Nous envoyer d'au delà des étoiles,

Un mot d'amour qui nous rendrait joyeux?

 

Mais Dieu défend que mon coeur te questionne !

Il me suffit de savoir par la foi

Qu'au ciel Jésus me garde une couronne,

Qu'auprès de lui tu vivras avec moi.

 


LE CIEL (Moody)

Chapitre 2

LE CIEL ET SES HABITANTS

 

Aucun habitant ne dira : Je suis malade. Le peuple de Jérusalem reçoit le pardon de ses iniquités. (Esaïe 33:24.)

 

Ceux qui vivront dans le ciel formeront une société choisie ; l'Ecriture ne laisse aucun doute à cet égard. Ce monde a plusieurs genres d'aristocraties, mais là-haut il n'y aura que celle de la sainteté. Le plus humble sur la terre sera le plus élevé dans le paradis : « Ainsi parle le Très-Haut, dont la demeure est éternelle et dont le nom est saint : J'habite dans les lieux élevés et dans la sainteté, mais je suis avec l'homme contrit et humilié. » (Esa 47) Impossible de s'exprimer plus clairement ! Quiconque n'a pas un coeur contrit et humble, n'habitera jamais dans le lieu saint et élevé où Dieu demeure.

 

Ce qui doit rendre aux chrétiens le ciel désirable , c'est de savoir qu'ils y trouveront le Seigneur ainsi que tous leurs bien-aimés. Qu'est-ce qui rend la maison paternelle si attrayante? Est-ce parce qu'elle est belle? parce qu'elle est entourée de fraîches pelouses ou de beaux arbres ? parce qu'elle est ornée de superbes tableaux et meublée avec luxe ? Non ! ce qui la rend chère, c'est que nos bien-aimés y habitent.

 

Je me souviens, après une absence, d'être revenu chez moi pour voir ma vénérée mère. Je voulais lui faire une surprise et je me glissai furtivement dans la maison à son insu. Je parcourus toutes les chambres, mais je ne trouvai pas ma bien-aimée mère : Où est-elle? demandai-je à l'un des membres de la famille. On me répondit qu'elle était partie et, dès ce moment, ma vieille demeure n'eut plus de charme pour moi. C'était la présence de cette mère qui me la rendait si agréable ; c'est la présence de ceux que nous aimons qui embellit notre intérieur ; elle embellira aussi pour nous le ciel. Christ est dans le ciel, le Père y est aussi ; un grand, grand nombre de ceux qui nous ont été chers ici-bas y sont, et bientôt nous y serons avec eux.

 

Nous voyons dans Matthieu 18:10, que les anges s'y trouvent : « Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits ! est-il écrit, car je vous dis que leurs anges dans les cieux voient continuellement la face de mon Père qui est dans les cieux. »

 

« Leurs anges voient la face de mon Père ! »

 

Nous serons en bonne compagnie là-haut, non seulement avec ceux qui ont été rachetés, mais aussi avec ceux qui n'ont jamais été perdus, qui n'ont jamais connu le péché, qui ne savent ce qu'est la désobéissance et qui ont obéi depuis le jour de la création.

 

Dans Luc 1, nous lisons que Zacharie mit en doute la parole de l'ange Gabriel, descendu du ciel tout exprès pour lui dire que le précurseur du Messie naîtrait de lui. Alors l'ange répondit à ce doute par cette déclaration : « Je suis Gabriel qui me tiens en la présence de Dieu ! » C'est glorieux de pouvoir affirmer cela !

 

On a dit que trois choses nous surprendraient à notre entrée dans le ciel: d'abord d'y rencontrer bien des gens que nous ne nous attendions nullement à trouver là; en second lieu, de ne pas en voir d'autres que nous pensions y trouver ; et enfin, ce qui nous étonnera le plus, de nous y trouver nous-même.

 

Une pauvre femme disait un jour à Rowland Hill que le chemin qui conduit au ciel était court, simple et facile. Trois pas seulement : sortir de soi, être en Christ, entrer dans la gloire. Mais la route est plus courte encore : sortir de soi et être en Christ, c'est vivre déjà là-haut. De même qu'un homme mort ne pourrait hériter d'une propriété, aussi une âme morte ne saurait hériter du ciel ; il faut donc que nos âmes soient tout d'abord ressuscitées avec Christ.

 

Quant aux chrétiens que nous espérons rencontrer dans les cieux, nous voyons, d'après l'Ecriture, qu'ils seront de goûts et de caractères divers. Il n'y a pas là-haut une seule demeure, mais plusieurs demeures ; pas une seule porte, mais plusieurs : trois au nord, trois à l'est, trois à l'ouest et trois au midi. Les pèlerins lassés y entreront revenant de diverses écoles théologiques, ayant appartenu à des Eglises opposées, à des positions sociales différentes, ayant des caractères dissemblables, des manières diverses d'exprimer leur foi et leurs espérances, et convertis par des moyens variés, par différents textes des Ecritures. Ils se rencontreront tous ensemble , « non sans surprise, » sur les bords du fleuve de vie. Sur les rives de ce fleuve; ils trouveront un arbre portant douze fruits, non pas continuellement des fruits de même espèce, mais douze espèces de fruits appropriés aux- besoins de chacun; il y en aura pour ceux qui ont souffert avec patience, pour ceux qui ont activement travaillé, pour les esprits raisonneurs humbles et sanctifiés, pour ceux des justes arrivés enfin à la perfection. Les feuilles de cet arbre ne seront pas pour la guérison d'une seule Eglise et d'un seul peuple, mais de toutes les nations et pour ceux-là mêmes qui, parmi ces nations, ont le moins entendu parler du Seigneur, mais dont les coeurs affamés et altérés de justice, auront besoin d'être rassasiés.

 

Un de nos éminents théologiens contemporains raconte ce fait : « Lorsque j'étais un jeune garçon, je me représentais le ciel sous la forme d'une cité brillante entourée de murs, avec des dômes et des clochers, et qui n'avait pour habitants que des anges vêtus de blanc, de vrais étrangers pour moi. A cette époque je perdis un petit frère et, dès lors, je me figurais que le ciel était toujours la même grande ville avec des murs, des dômes et des clochers , où habitaient une multitude d'anges inconnus avec le cher petit camarade que je connaissais si bien. Puis, un autre de mes frères mourut; puis des amis dont le nombre s'accrut considérablement dans le ciel. Mais ce ne fut que lorsque j'eus envoyé un de mes propres enfants à Dieu, son Père céleste, que je compris un peu mieux ce qu'était ce séjour béni. Un second partit, ensuite un troisième, puis un quatrième et, dès lors, j'eus tant d'êtres chers là-haut , que je ne pensai plus aux murs, aux dômes ni aux clochers, mais à ceux qui habitaient la cité céleste. Et maintenant, un si grand nombre de mes bien-aimés y sont montés, qu'il me semble parfois que j'en ai plus là-haut que sur la terre. »

 

Notre vie sera éternelle.

 

Nous trouvons cette parole dans Luc 12:26 «Si quelqu'un me sert qu'il me suive, et là où je suis, là aussi sera mon serviteur. » Je ne puis penser, avec certaines personnes, que l'âme de saint Paul dort encore dans la tombe après dix-huit siècles. L'apôtre qui a tant aimé le Seigneur, dont le coeur a brûlé d'un zèle si ardent, ne peut être séparé de lui depuis lors et dans un état inconscient. « Père! je veux que là où je suis, ceux que tu m'as donnés soient aussi avec moi, afin qu'ils voient ma gloire, la gloire que tu m'as donnée. » (Jean 17:24.)

 

Telle est la prière de Christ.

 

Quand un homme croit en Jésus, il obtient une vie éternelle. Bien des gens sont dans l'erreur sur ce point : « Celui qui croit au Fils, a, - il a - la vie éternelle. » Il n'est pas dit qu'il l'aura quand il mourra; le verbe est au présent, ce qui m'assure que, si je crois, j'ai dès maintenant la vie éternelle. Elle est le « don de Dieu, » cela suffit! Vous ne pouvez enterrer ce don de Dieu, vous ne pouvez ensevelir la vie éternelle. Tous les fossoyeurs du monde ne pourraient creuser un sépulcre assez large et assez profond pour contenir la vie éternelle. Tous les faiseurs de cercueils ne pourraient fabriquer un cercueil assez large et assez profond pour renfermer la vie éternelle; elle est à moi! elle est à moi !

 

Lorsque Paul parlait d'être « absent du corps et présent avec le Seigneur, » il savait ce qu'il disait; il savait qu'il n'allait pas être séparé de Jésus pendant dix-huit cents ans; il savait que l'Esprit lui avait communiqué le jour de sa conversion une vie nouvelle, une nouvelle nature, que le sépulcre ne pourrait contenir et qui devait s'envoler vers son Créateur. Il se peut bien qu'il ne soit pas pleinement satisfait et qu'il ne puisse l'être jusqu'à la résurrection des corps, car Esaïe (Esa 53:11) dit du Christ : « Délivré des tourments de son âme, il rassasiera ses regards. » Le corps lui-même ressuscitera. « Il est semé corruptible, il ressuscitera incorruptible; il est semé méprisable, il ressuscitera glorieux; il est semé mortel, il revêtira l'immortalité. » C'est ici seulement une question de temps. La grande aurore luira bientôt sur notre monde. Les morts se relèveront, et entendront la voix de Celui qui est lui-même la résurrection et la vie. Paul dit aussi : « Nous savons que si cette tente où nous habitons sur la terre est détruite, nous avons dans le ciel un édifice qui est l'ouvrage de Dieu, une demeure éternelle qui n'a pas été faite de main d'homme. (2Co 5:1.) Il pouvait se dépouiller de sa tente d'argile et l'abandonner, car une meilleure demeure l'attendait. Il a dit encore : « Je suis pressé des deux côtés; j'ai le désir de m'en aller et d'être avec Christ, ce qui de beaucoup est le meilleur; mais à cause de vous il est plus nécessaire que je demeure dans la chair. » (Phi 1:23, 24) Cette pensée que la mort ne nous sépare pas du Seigneur, est douce pour moi. Un très grand nombre de personnes sont encore les esclaves de la crainte de la mort; mais la mort ne peut m'enlever la vie éternelle si je la possède! Elle peut toucher à la maison dans laquelle je vis, elle peut changer ma forme extérieure et envoyer mon corps dans la tombe; mais elle ne saurait atteindre la vie nouvelle que j'ai reçue de Dieu.

 

Je suis attristé par la pensée que tant de chrétiens de profession envisagent la mort comme ils le font. Je reçus, il y a quelque temps, d'un ami de Londres, une lettre que je voudrais montrer à bien des gens pour les engager à considérer la mort comme mon ami le faisait. Il avait perdu une mère bien-aimée. Il est d'usage en Angleterre d'envoyer des cartes en mémoire de ceux qui viennent de quitter ce monde; elles sont bordées de noir, quelquefois d'une bordure d'un quart de pouce. Mon ami avait mis, à celles qu'il envoya une bordure dorée sans aucune trace de deuil. Sa mère était allée dans la cité d'or, c'est pourquoi il avait orné ses cartes d'un filet d'or, ce qui valait bien mieux que du noir. Lorsque nos amis partent pour la gloire, je crois que nous devrions entourer les lettres de faire-part d'une bordure d'or au lien de les assombrir. Ce qu'ils ont trouvé, ce n'est point la mort mais la vie. Quelqu'un disait à un mourant :

 

- Eh bien ! vous êtes encore sur la terre des vivants ?

 

- Non, répondit-il. Je suis encore dans le pays des mourants, mais je m'achemine vers celui des vivants. Là, tous vivent et ne meurent plus

 

Ici-bas, c'est un monde de péché, de mort et de larmes ; là-haut nul ne peut plus mourir. C'est une vie éternelle, une joie qui n'a point de fin... « C'est glorieux de mourir! » disait Hannah More sur son lit de maladie; cependant sa vie avait été embellie par des amitiés de choix et l'âge n'avait pas affaibli sa mémoire au point de lui faire oublier les petits hameaux semés sur les falaises de sa terre natale, ni les écoles missionnaires qu'elle avait fondées avec persévérance et où elle allait être si vivement regrettée.

 

Nous nous reconnaîtrons.

 

Bien des personnes se demandent si elles reconnaîtront leurs amis dans le ciel : « Je vous déclare, est-il dit dans Mat 8:11, que plusieurs viendront de l'orient et de l'occident et seront à table avec Abraham, Isaac et Jacob dans le royaume des cieux. » Nous voyons ici qu'Abraham, Isaac et Jacob qui vivaient tant de siècles avant Jésus-Christ, avaient conservé leur complète identité; ils étaient connus par leurs noms. Et dans cette magnifique scène de la transfiguration. Moïse, qui avait vécu quinze cents ans auparavant, s'y trouvait. Pierre, Jacques et Jean le virent, lui Moïse, qui n'avait point perdu son nom. De celui qui vaincra Jésus a dit : « Je n'effacerai pas son nom du livre de vie. » Nos noms sont donc écrits dans les cieux; nous les porterons là-haut et on les y connaîtra.

 

Il est dit encore dans le Psaume 17:15 « Pour moi, dans mon innocence, je verrai ta face; dès le réveil je me rassasierai de ton image.» Cela nous suffit! Ici-bas, le mot besoin est écrit sur tout coeur d'homme, mais là-haut tous nos besoins sont satisfaits. Parcourez le monde d'un bout à l'autre, et vous ne trouverez pas un seul homme ni une seule femme parfaitement satisfait; mais au ciel, nous n'aurons plus besoin de rien. Dans 1 Jean 3: 2, 3, l'apôtre dit aux chrétiens : « Bien-aimés, nous sommes dès à présent enfants de Dieu, et ce que nous serons n'a pas encore été manifesté; mais nous savons que lorsque cela sera manifesté, nous lui serons faits semblables parce que nous le verrons tel qu'il est. Quiconque a cette espérance en lui se purifie comme lui-même est pur. »

 

Néanmoins, il paraît probable, - je crois voir cela enseigné clairement dans les Ecritures, - qu'un grand nombre de chrétiens peu sanctifiés entreront pourtant dans le ciel ; ils y entreront comme Lot s'enfuit de Sodome, sauvés à travers le feu, tout juste et à grand-peine, sans couronne de gloire ni de joie. Mais tout le monde n'y entrera pas facilement, des multitudes en seront bannies. Vous savez que bien des gens disent qu'ils iront au ciel, convertis ou non ; qu'ils sont sur le chemin, qu'ils y vont pour sûr et que tout le monde y va, bons, mauvais et indifférents. D'après eux, tous entreront dans le royaume des cieux sans distinction ; en un mot, s'il m'est permis de parler clairement, en ceci ils donnent un démenti à Dieu.

 

« Nous croyons en la miséricorde de Dieu! » disent-ils. Et moi aussi, j'y crois! mais je crois aussi en sa justice. Le ciel serait pire que la terre si des créatures irrégénérées pouvaient en franchir les portes. Si un homme pouvait vivre dans le péché éternellement dans ce glorieux monde, que deviendrait ce monde-là? ne ressemblerait-il pas à l'enfer lui-même ? Prenez dans l'histoire de notre pays des hommes qui y aient vécu, et supposez qu'ils n'aient pu mourir jusqu'à présent tout en persévérant dans le péché et la révolte. Pouvez vous, penser que Dieu soit disposé à recevoir ces hommes-là, qui ont rejeté son Fils, rejeté ses offres de miséricorde et de salut, et foulé sous leurs pieds ses commandements et ses lois Pourra-t-il les faire entrer tout droit dans son ciel et les y laisser vivre à toujours? Nullement!

 

Point d'ivrognes dans le ciel.

 

Ne vous y trompez pas : ni les impudiques, ni les voleurs, ni les cupides, ni les ivrognes, ni les outrageux, ni les ravisseurs n'hériteront le royaume de Dieu. » (1Co 6:10.)

 

« Aucun ivrogne n'héritera le royaume de Dieu. » Que les mères dont les fils commencent à mener une vie dissipée, n'aient de repos, ni nuit, ni jour jusqu'à ce que leurs enfants soient convertis par la puissance de la grâce, parce qu'aucun ivrogne ne peut hériter le royaume des cieux. Un grand nombre de buveurs modérés deviendront de vrais ivrognes, car nul n'arrive jusqu'à ce point tout d'un coup. Ah ! comme le diable les aveugle ces buveurs modérés! Je ne connais aucun péché plus tyrannique que celui de l'intempérance. Il lie un homme pieds et mains avant qu'il s'en doute.

 

Je lisais dernièrement un fait à propos des adorateurs de serpents dans l'Inde. C'est horrible Une mère vit entrer un serpent dans sa maison ; le reptile s'enroula autour de son petit enfant âgé de six mois, mais elle pensait que cet animal était un objet trop sacré pour qu'elle dût le toucher. Elle le vit tuer son bébé; elle entend les pitoyables cris de celui-ci sans oser le défendre.... Mon âme se révoltait en lisant ce récit ! Je ne sais pourtant si nous n'avons pas, dans nos pays mêmes, des influences aussi pernicieuses que les reptiles de l'Inde. Elles pénètrent dans les familles chrétiennes, s'enroulent autour des fils et les enlacent pieds et mains, tandis que les pères et les mères ferment les yeux devant un pareil danger. Oh que le Saint-Esprit nous réveille : « Aucun ivrogne n'héritera le royaume de Dieu, ni aucun débitant de liqueurs, souvenez-vous-en! « Malheur à celui qui fait boire son prochain ! » (Hab 2:15.) Je plains tout chrétien de profession qui loue sa maison pour un débit de liqueurs ; je le plains du plus profond de mon âme ! S'il veut hériter un jour le royaume de Dieu, qu'il renonce à ce gain-là. Si vous ne pouvez louer pour un meilleur usage, il vaut mieux laisser votre maison inoccupée. L'idée que tout va bien et que tout le monde ira au ciel, qu'on se repente ou non, n'est enseignée nulle part dans l'Ecriture.

 

Il n'y aura pas de « ravisseurs » dans le royaume de Dieu, aucun de ceux qui profitent du malheur de leurs frères en détresse, quand la maladie fond sur leurs familles, pour s'emparer de leurs propriétés en faisant des saisies contre eux par un homme qui leur mettra la main sur la gorge afin d'obtenir un intérêt aussi élevé que possible ; celui-là est un ravisseur qui n'héritera pas le royaume des cieux. Je plains celui qui gagne de l'argent d'une manière déshonnête. Voyez comme il a de la peine à le conserver! Sa fortune se dissipera, soyez-en sûr ! Il ne pourra la garder, ni ses enfants non plus, vous pouvez observer ce fait partout. Un homme qui gagne un écu injustement fera mieux de le restituer tout de suite, sans quoi cet argent le brûlera dans sa poche.

 

Plusieurs n'entreront pas.

 

Nous lisons que Noé fut sauvé comme à travers le déluge, parce qu'il était alors le seul homme qui fût juste. Mais, d'après une certaine théorie, Dieu prit le reste des habitants de la terre, méchants et souillés comme ils l'étaient, - trop mauvais pour vivre, - et les jeta dans son ciel en ne laissant passer que Noé par l'épreuve de l'inondation générale. Ainsi : ivrognes, voleurs, vagabonds, tous s'en allèrent dans ce paradis. Quand on adopte une pareille idée, on peut se mettre à prêcher et dire : « Jurez tant que vous le voudrez, tuez tant qu'il vous plaira, tout finira bien pour vous. Dieu vous pardonnera ! Dieu est si miséricordieux! »

 

Supposez que le chef d'un Etat accorde une grâce absolue à tous les prisonniers condamnés par les tribunaux et renfermés dans les cachots ou les maisons centrales. Il leur donne la liberté parce qu'il a le coeur trop compatissant pour les punir. Je crois qu'après cela il ne restera par bien longtemps gouverneur ! Ceux-là mêmes qui pensent que par bonté Dieu va épargner tous les hommes et les recevoir dans le ciel sans distinction, seraient les premiers à déclarer que ce gouverneur mérite d'être mis en accusation et révoqué. L'Ecriture affirme qu'une certaine classe de personnes n'hériteront pas le royaume des cieux. Je ne veux plus vous citer que l'Ecriture ; il vaut mieux, dans un cas semblable, la laisser parler elle seule ; si vous n'êtes pas de son avis, c'est avec elle que vous discuterez et non plus avec moi. Qu'on ne m'accuse donc pas d'avoir dit : « Un tel ira au ciel et un tel autre n'ira pas : » Je laisse parler la Bible; elle a dit: « Ne savez-vous pas que les injustes n'hériteront pas le royaume de Dieu ? » (1Co 6: 9.) Mais les « injustes mêmes, les adultères, les fornicateurs, les voleurs, » peuvent hériter ce royaume si seulement ils délaissent leurs péchés. « Que le méchant abandonne sa voie et l'homme l'iniquité de ses pensées. » (Esa 55:7.) Cependant, si l'injuste dit : « Je ne me détournerai point du péché, je persisterai dans mon iniquité et, malgré cela, j'irai au ciel ! il se trompe. »

 

Celui qui me dérobe mon porte-monnaie, perd bien plus que moi. Que gagne-t-il ? quelques sous c'est peu. Mais voyez tout ce qu'il perd ! Il perd le ciel. Pensez à ceci : « Aucun voleur n'héritera le royaume de Dieu. » Je voudrais dire à tous ceux qui dérobent le bien d'autrui : « Ne faites plus cela ! » Que chacun demande à Dieu de lui pardonner, que chacun se repente et se retourne vers Celui qu'il a offensé. La vie éternelle vaut mieux que le monde tout entier. Quand bien même vous pourriez voler le monde tout entier, vous ne gagneriez pas grand'chose, après tout! Le monde tout entier ne sera pas d'une grande ressource pour vous, si vous n'avez pas la vie éternelle et le bonheur du ciel.

 

Est-ce mourir?

 

Est-ce mourir que de fermer des yeux,

Souvent, hélas! voilés par tant de larmes !

Est-ce mourir que s'éveiller aux cieux,

Dans le repos, à l'abri des alarmes?

 

Est-ce mourir que d'entendre la voix

 Du messager qui vient briser mes chaînes

Et libre enfin de déposer ma croix

Pour m'élancer jusqu'aux célestes plaines?

 

Est-ce mourir que de laisser tomber

Ce faible corps, ce lambeau de poussière ?

Et dans l'azur, vers les cieux remonter,

Pour revêtir un manteau de lumière?

 

Ouvrez-vous, cieux! Christ est mon Rédempteur,

Et recevez pour toujours ma pauvre âme!

Elle pourra fixer votre splendeur,

Et désormais briller comme une flamme.

 

Ouvre tes bras! car pour l'éternité,

Ô mon Sauveur! à l'abri sous ton aile,

Je veux jouir de ta félicité,

Et recevoir la couronne immortelle.

 

Ouvrez vos rangs, phalanges des élus!

Je viens m'asseoir au banquet de la gloire,

Dans les parvis où l'on ne pleure plus,

Où de Jésus l'on chante la victoire.


LE CIEL (Moody)

Chapitre 3

LE CIEL ET SA FÉLICITÉ

 

Ce sont des choses que l'oeil n'a point vues, que l'oreille n'a point entendues, et qui ne sont point montées au coeur de l'homme ; des choses que Dieu a préparés pour ceux qui l'aiment. (Esa 44:4 ; 1Co 11: 9.)

 

S'il existe un nom, qui mieux que tout autre, puisse ouvrir toutes grandes les portes éternelles, c'est certainement celui de Jésus. Ici-bas il ne manque pas de mots d'ordre et de convention, mais ce nom sera pour nous l'unique consigne pour pénétrer dans le ciel. Jésus en est lui-même la porte. Quiconque cherche à y entrer par un autre endroit, est un larron et un voleur. Mais nous éprouverons en y entrant une joie qui surpassera toutes nos autres joies, ce sera celle de voir Jésus lui-même et d'être constamment auprès de lui.

 

Esaïe donne à ceux qui sont sauvés par la foi cette promesse divine : « Tes yeux verront le Roi dans sa magnificence, ils contempleront le pays dans toute son étendue. » (Esa 33:17) Nous ne pouvons pas tous faire le tour du monde, ni même peut-être voir une contrée étrangère; mais tous les chrétiens verront cette terre éloignée, la véritable terre promise. John Milton dit des bienheureux qui y sont déjà, qu'ils marchent avec Dieu sur les plus hautes cimes du salut et de la félicité.

 

C'est une atmosphère bénie que celle du ciel. Ici-bas, on s'agite pour aller trouver des climats tempérés où l'on ne rencontrera ni peine ni douleur. Eh bien ! dans la sereine atmosphère du paradis, ni peine ni douleur ne saurait exister ; elles ne peuvent y entrer ; nous les laisserons derrière nous, et nous jouirons là-haut d'une santé éternelle inconnue sur cette terre.

 

Mais vous savez que nos faibles yeux ne pourraient contempler la gloire de notre céleste Roi dans les cieux : « Christ est le bienheureux et seul souverain, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs, qui seul possède l'immortalité, qui habite une lumière inaccessible que nul homme n'a vue ni ne peut voir, à qui appartiennent l'honneur et la puissance éternelles. » Nos regards éblouis seraient incapables de soutenir la vue d'une telle gloire pendant que nous sommes encore sur la terre.

 

Le prophète Ezéchiel eut une vision des choses célestes : « Tel l'aspect de l'arc qui est dans la nue en un jour de pluie, ainsi était l'aspect de cette lumière éclatante qui l'entourait. C'était une image de la gloire de l'Éternel. A cette vue, je tombai sur ma face. » (Eze 1:28.) Ici-bas bien des choses nous éblouissent; aucun de nous ne peut regarder le soleil en face. Mais, lorsque ce qui est corruptible aura revêtu l'incorruptibilité, ainsi que le dit Paul, nos facultés auront acquis une plus grande puissance, et nous pourrons contempler Christ dans sa gloire.

 

Nous le verrons tel qu'il est quand le soleil sera obscurci et que la lune ne donnera plus sa lumière. C'est là ce qui fera du ciel un séjour de pure félicité; mais nous savons tous qu'une telle félicité ne se trouve point sur cette terre. La raison, la Bible et une expérience de six mille années, tout nous l'assure; aucune créature ne peut nous procurer le bonheur. L'accomplissement du devoir ne le donne même pas entièrement, car le péché étant dans ce monde, les meilleurs des hommes ne peuvent y vivre parfaitement heureux. Pour être heureux, ils doivent attendre d'être dans le ciel ; parfois il peut leur sembler que ce ciel est si près d'eux, qu'ils peuvent déjà en apercevoir quelque avant-coureur, comme lorsque Colomb vit de magnifiques oiseaux voltiger autour des mâts de son navire, avant même d'avoir pu discerner les rivages de l'Amérique.

 

Toutes les joies que nous goûterons dans les cieux n'auront d'autre source que la présence de Dieu ; c'est l'idée dominante qui traverse les Écritures. La vie éternelle sans cette présence serait semblable à la vie terrestre sans la santé c'est cette présence qui sera la lumière et la vie même des rachetés. On a dit que ce mot pourrait se traduire ainsi : « Une vue qui rend heureux. » Cette vue nous remplira d'une joie pareille à celle que cause le retour vers sa mère d'un fils depuis longtemps perdu, ou le premier aperçu de notre demeure après un long temps d'absence. Plusieurs savent combien un rayon de soleil par une journée sombre, ou le visage bienveillant d'un ami au jour de l'épreuve, peut relever notre courage. Eh bien! notre bonheur sera encore mille fois plus grand, car nous verrons le Seigneur face à face et c'est ce qui nous le fera aimer d'autant plus.

 

Nous l'aimons ici-bas à proportion de la connaissance que nous avons de lui; aussi plusieurs auraient pour lui une bien plus grande affection s'ils le connaissaient plus intimement. Puisque déjà, sur cette terre, nous éprouvons tant de joie en pensant aux perfections de Christ, que sera-ce quand nous le verrons tel qu'il est!

 

Nous serons semblables à Christ.

 

On demandait à un chrétien ce qu'il pensait faire à son arrivée dans le ciel. Il répondit qu'il passerait les mille premières années à contempler son Sauveur et, qu'après cela, il chercherait à voir Pierre, puis Jacques, puis Jean, et emploierait joyeusement tout son temps à regarder ces grands personnages. Mais il me semble qu'un regard sur Jésus sera pour nous un dédommagement suffisant pour tous les sacrifices que nous aurons pu faire pour lui ; il nous suffira de le voir. Nous lui deviendrons semblables dès que nous le verrons, parce que nous serons remplis de son Esprit. Jésus, le Sauveur du monde, sera là dans le paradis, et nous le contemplerons face à face.

 

Les portes de perles, les murs de jaspe et les rues pavées d'or transparent comme du cristal, ne constitueront pas pour nous le ciel. Toutes ces glorieuses choses ne sauraient nous satisfaire, elles seules ne nous feraient pas désirer d'y vivre éternellement. Une petite fille, qui avait sa mère très malade, fut emmenée par une voisine qui la prit en attendant que la mère se trouvât mieux. La maladie empira et la mère mourut. Les voisins ne voulurent rien dire d'abord à l'enfant, et ne la reconduisirent chez elles qu'après l'enterrement. La petite fille alla dans un salon, puis dans l'autre en répétant : « Où est maman? » Elle parcourut ainsi toute la maison sans la trouver. Et lorsqu'on lui eut dit qu'elle était morte, la pauvre enfant voulut retourner chez la voisine, car sa propre demeure n'avait plus aucun attrait pour, elle. Ni les murs de jaspe, ni les portes de perles ne rendront pour nous le ciel attrayant, mais ce sera la présence du Rédempteur et le bonheur d'être pour jamais avec lui.

 

Il fut un temps où je pensais davantage à Jésus-Christ qu'à Dieu le Père. Christ me semblait plus rapproché de mon âme, parce qu'il était devenu le Médiateur entre le Père et moi. Mon imagination reléguait Dieu bien loin sur un trône, le considérant comme un Juge sévère, tandis que Jésus étant intervenu comme Médiateur entre nous, je le voyais beaucoup plus près de moi. Je changeai de manière de voir lorsque j'eus un fils. Pendant dix ans je n'eus que ce fils et, quand je le voyais grandir, la pensée me vint que Dieu nous avait montré un plus grand amour en donnant son Fils que le Fils en mourant pour nous. Je sentis qu'il me serait plus facile de partir pour être mis à mort moi-même, que de voir mon unique enfant, le fils de mes entrailles, livré pour être crucifié. Voyez donc quel amour Dieu a eu pour un monde coupable puisqu'il lui a donné Jésus-Christ

 

Lisez au chapitre VII des Actes. Vous verrez qu'avant d'être lapidé, Etienne leva les yeux alors Dieu souleva le voile, et lui permit de jeter un regard dans la cité céleste pour y contempler Christ debout à la droite du Père. Quand le Sauveur, au jour où son oeuvre fut accomplie, fit son ascension en emmenant en haut des captifs, il s'assit sur son trône, nous est-il dit. Mais comme Etienne le vit debout, je me représente Jésus se levant pour souhaiter la bienvenue au premier des martyrs qui luttait seul et désarmé.

 

Déjà vous auriez pu entendre les pas fermes des millions qui ont marché sur ses traces en donnant leur vie pour le Fils de Dieu. Etienne formait l'avant-garde. Comme il mourait, il regarda vers le ciel; son Sauveur alors se leva pour l'accueillir, et le Saint-Esprit fut envoyé pour témoigner que Christ était bien là-haut. Comment pourrions-nous en douter maintenant ?

 

Un mendiant n'a pas de plaisir à contempler un palais; la beauté de son architecture ne lui dit rien. Un homme affamé ne sera pas rassasié en assistant à un banquet royal. Mais voir le ciel, c'est y avoir une part. Ce regard ne nous communiquerait aucune joie, si nous ne savions qu'une portion de ce ciel nous appartient. Dieu s'unit à notre âme, et nous devenons « ainsi participants de la nature divine. » (2Pi 1:4.) Si vous placez un morceau de fer dans un foyer allumé, il perdra bientôt sa couleur sombre et deviendra rouge et brûlant comme le feu lui-même, sans perdre cependant sa nature métallique! Ainsi l'âme, au contact de Dieu devient brillante comme lui, belle de sa beauté, pure de sa pureté, brûlante en réfléchissant la gloire de son parfait amour, mais sans cesser pourtant de rester une âme humaine. Nous serons faits semblables à lui tout en conservant notre humanité.

 

Un bon roi, - ceci est une fable, - chassant un jour dans une forêt, rencontra un jeune aveugle orphelin qui vivait là à la manière des bêtes. Touché de compassion, le monarque adopta ce pauvre garçon et lui fit apprendre tout ce que l'on peut enseigner à un aveugle. Lorsque celui-ci eut atteint sa majorité, le roi, qui était aussi un habile médecin, rendit la vue au jeune homme; après quoi, il le prit avec lui dans son palais au milieu des nobles qui composaient sa cour ; avec tous les honneurs possibles il déclara qu'il le recevait au nombre de ses fils, et ordonna à tous de lui rendre amour et obéissance. L'orphelin délaissé devint un prince: il eut sa part de toutes les dignités, des félicités et de la gloire qu'on peut trouver dans le palais d'un roi. Qui pourrait exprimer la joie qui dut remplir son coeur lorsqu'il put contempler de ses propres yeux pour la première fois, la magnificence, la grande puissance et l'excellence du monarque qu'il avait entendu vanter si souvent? Et qui dira son bonheur lorsqu'il se vit revêtu d'un habit de prince et qu'il entra dans la famille royale avec le titre de fils adoptif, honoré et aimé de tous ?

 

Et maintenant, Christ est le Roi puissant qui trouve nos âmes égarées dans ce monde de péché comme dans un désert; il nous y trouve « malheureux, misérables, pauvres, aveugles et nus ; mais il nous lave de nos péchés par son sang, il nous revêt des vêtements du salut, il nous couvre du manteau de la délivrance, comme le fiancé s'orne d'un diadème, comme la fiancée se pare de ses joyaux. » (Apo 3 Esa 41:10.)

 

Le Sauveur explique à Paul (Act 26) la mission que devait remplir l'Evangile à l'égard des pécheurs; il était destiné à leur « ouvrir les yeux pour qu'ils passassent des ténèbres à la lumière et de la puissance de Satan à Dieu, pour qu'ils reçussent par la foi en Jésus, le pardon des péchés et l'héritage avec les sanctifiés. » Voilà ce que Christ opère dans le coeur de tout chrétien ; il lui fait don de sa grâce et l'adopte pour être son enfant. C'est pourquoi il nous est dit dans 1Co 3:24-33 : « Tout est à vous, soit Paul, soit Apollos, soit Céphas, soit le monde, soit la vie, soit la mort, soit les choses présentes, soit les choses à venir, tout est à vous, et vous à Christ, et Christ à Dieu. » Il vous a donné sa parole pour vous former pour le ciel, il a ouvert vos yeux, et vous voyez maintenant. Par le moyen de sa grâce qui agit en vous et par vous, votre âme se développe graduellement et arrive à lui ressembler toujours davantage.

 

Un jour, votre Père céleste vous rappellera auprès de lui. Là vous verrez les anges et les saints revêtus de la beauté de Christ, qui se tiennent debout autour de son trône, et vous entendrez cette parole du Maître au moment où il vous introduira au milieu d'eux : « Cela va bien, bon et fidèle serviteur! Entre dans la joie de ton Seigneur. Jésus a dit (Jean 16) : « Tout ce que le Père a est à moi; c'est pourquoi j'ai dit qu'il prendra de ce qui est à moi et qu'il vous l'annoncera. » Toutes choses seront donc à vous. Ah! combien les plaisirs terrestres paraissent mesquins et insignifiants en comparaison !

 

Ici-bas, tout est froid et sombre,

Ici-bas tout va se flétrir.

Brise qui passe, une vaine ombre...

Mon coeur se glace, il faut partir !

 

Viens donc, mon âme, sur tes ailes

Jusqu'au beau pays du soleil,

Car c'est aux rives immortelles

Qu'on goûte un bonheur sans pareil.

 

A l'autre bord.

 

Il y a de la joie dans le ciel quand un pécheur se convertit sur la terre, « plus de joie même pour un seul pécheur qui se repent que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de repentance. » (Luc 15:7) Lorsqu'on est sur le point d'élire un président aux Etats-Unis, la surexcitation est intense; c'est un choc terrible pour la nation. Dans tous les journaux et sur presque chacune de leurs pages, depuis le Maine jusqu'en Californie, il est question des candidats. Le pays tout entier est en fermentation mais je ne crois guère que dans le ciel on y prenne garde! Si la reine Victoria abdiquait, le monde entier serait dans l'agitation; toutes les nations prendraient un grand intérêt à cet événement; on télégraphierait partout; mais peut-être la chose passerait-elle inaperçue clans le paradis? Tandis que si un petit garçon ou une petite fille,  un homme ou une femme, se repentait de ses fautes en ce moment même, le ciel tout entier en serait ému. Des circonstances qui nous semblent considérables, paraissent très petites là-haut ; d'autres qui nous semblent peu de chose sont regardées comme très importantes dans les cieux. Pensez à ceci, qu'un simple acte de votre part peut causer une grande joie dans les célestes demeures! Cette idée nous paraît presque trop magnifique pour y croire et, pourtant, le repentir du plus pauvre des pécheurs peut faire tressaillir de joie les habitants du ciel.

 

« Il y a de la joie devant les anges de Dieu, » dit l'Ecriture ; ce qui ne signifie pas que les anges se réjouissent, mais que devant eux, en leur présence, on se réjouit. Je me suis souvent demandé ce que ces mots voulaient dire et je les ai longtemps médités. Eh bien, je fais ici des conjectures, je l'avoue, - elles peuvent être oui ou non fondées, - mais les chers amis qui ont franchi le seuil de ce monde avant nous et qui ont été accueillis dans le bercail céleste, regardent sans doute vers la terre; et lorsqu'ils voient se repentir et se donner à Dieu un de leurs bien-aimés pour lequel ils ont longtemps prié avant de mourir, leur coeur frémit d'une sainte allégresse. En ce moment même, une mère considère de là-haut peut-être son fils ou sa fille, et si elle entend l'un d'eux dire en son coeur : - Je veux aller où est ma mère et me repentir. Oui, mère! je viendrai te rejoindre! cette nouvelle, rapide comme un rayon de soleil, atteint les régions célestes et la mère se réjouit « devant les anges de Dieu. »

 

Après un de nos services à Dublin un homme entra dans la salle où on allait tenir la seconde réunion d'entretiens et de prières (inquiry room) ; il amenait sa fille unique, de qui la mère était partie de ce monde peu de temps auparavant : « Ô Dieu! dit-il dans sa prière, fais pénétrer jusqu'au fond du coeur de cette enfant les vérités qu'elle vient d'entendre, afin que les prières de sa mère soient exaucées aujourd'hui même et qu'elle soit sauvée! » En se relevant, la jeune fille entoura de ses bras le cou de son père en le baisant et dit : « Je veux retrouver là-haut ma mère! je veux appartenir à Christ. » Ce jour-là, elle accepta le salut. Cet homme est maintenant pasteur dans le Texas, et sa fille, morte là-bas depuis peu, est allée rejoindre sa mère dans le ciel. Quel doux et joyeux revoir !

 

A l'abri des douleurs, en paix elle repose

 Dans le sein de Jésus. En ces bas lieux, la rose

Fleurit sur son tombeau.

On peut lire aux rayons du soleil qui le dore,

Effacé par des pleurs, ce mot visible encore :

« Elle a monté plus haut ! »

 

Seigneur! ah! monte aussi mon âme sur des ailes!

Montre-moi les beautés des rives éternelles

Avant mon dernier jour.

Qu'en élevant les yeux jusqu'à toi dans l'espace,

Je puisse voir les miens, ton sourire et ma place,

Dans ton divin séjour...

 

Peut-être un frère, peut-être une soeur vous attend là-haut? Qui que vous soyez répondez à son appel

 

Un père rentrait un soir très tard avec sa petite fille. La nuit était sombre; après avoir traversé un bois épais, ils arrivèrent au bord d'une rivière. Bien loin, sur la rive opposée, scintillaient des lumières dans quelques maisons éparses et, plus loin encore, brillaient celles de la ville où ils se rendaient. L'enfant était fatiguée et assoupie ; le père la prit alors dans ses bras en attendant le batelier qui arrivait de l'autre bord. Ils aperçurent enfin une faible lueur ; le bruit des rames se rapprochait peu à peu, et bientôt ils furent installés sains et saufs dans la barque.

 

- Père ! dit la petite fille, il fait bien sombre! Je ne vois pas le rivage ; où allons-nous ?

 

- Le batelier connaît le chemin, mon enfant: nous serons bientôt à l'autre bord.

 

- Oh! je voudrais bien y être!

 

Quelques instants après, ceux qui l'aimaient accueillaient la petite fille dans leurs bras à la maison paternelle, et toutes ses craintes avaient disparu.

 

Peu de mois s'écoulèrent; cette même enfant se trouvait alors sur les rives d'une autre rivière plus profonde, plus sombre, plus effrayante que la première. C'était la rivière de la mort. Le même tendre père se tenait auprès d'elle, tout désolé de ne pouvoir l'accompagner. La mère et lui veillèrent à son chevet bien des jours et bien des nuits en priant pour leur précieux trésor. Parfois, l'enfant paraissait sommeiller, inconsciente comme si son esprit allait s'envoler doucement. Mais un matin elle se réveilla soudain, l'oeil brillant, en pleine possession de ses facultés.

 

- Père, dit-elle en souriant, je suis de nouveau au bord de la rivière! J'attends que le batelier arrive pour me faire passer.

 

- Fait-il froid et sombre comme lorsque nous étions ensemble au bord de l'autre rivière, mon enfant ?

 

- Oh! non. Il n'y a point ici d'obscurité. La rivière est toute argentée. Le bateau qui vient me prendre est solide et brillant, et je n'ai pas peur du batelier.

 

- Peux-tu voir l'autre côté de la rivière ?

 

- Oh ! oui. Il y a là-bas une grande et belle ville étincelante de lumière, et j'entends des concerts comme ceux des anges.

 

- Peux-tu distinguer quelqu'un à l'autre bord ?

 

- Oh ! oui, oui ! Je vois un personnage si beau! Il me fait signe de venir maintenant. Oh batelier, hâte-toi! Je comprends qui il est. C'est Jésus, mon adorable Sauveur. Il me prendra dans ses bras ; je reposerai sur son sein. Je viens ! je viens !

 

Ce fut ainsi qu'elle traversa la rivière de la mort, rendue semblable à un ruisseau d'argent, grâce à la douce présence du Rédempteur.

 

 

Quelque chose de plus.

 

Vous trouverez à peine un homme au monde, quelles que soient sa puissance ou ses richesses, qui ne finisse par vous avouer, quand vous aurez gagné sa confiance, qu'il n'est pas heureux. Il a encore des désirs qui ne sont pas satisfaits ou quelque chose qui l'embarrasse. On peut mettre en doute que le tsar de toutes les Russies, qui possède tout ce qu'il est possible d'avoir, soit un homme parfaitement content de son sort. On peut aussi se demander si la reine Victoria avec des palais et des milliers d'hommes à son service, et de plus, - ce que tous les souverains n'ont pas, - l'attachement de ses sujets, a une position qui lui donne beaucoup de jouissances. Quand les souverains aiment le Seigneur Jésus et sont sauvés, alors seulement ils peuvent être heureux ; s'ils sont assurés d'aller au ciel, ils peuvent dormir en pleine sécurité aussi bien que le plus humble de leurs sujets. Paul, le faiseur de tentes, aura une place plus honorable dans le ciel que le plus grand et le meilleur des monarques de ce bas monde. Si le tsar rencontre dans le ciel John Bunyan, il trouvera sans doute le pauvre étameur plus élevé que lui.

 

Une vie vraiment chrétienne est la seule qui puisse être heureuse; dans toutes les autres se trouve toujours quelques lacunes. Quand nous sommes jeunes, nous entreprenons de grandes choses que nous compromettons par notre témérité. Nous manquons alors d'expérience. Quand nous avons l'expérience, nous avons perdu la force d'exécuter nos desseins. « Heureux est le peuple dont l'Éternel est le Dieu! » La piété est le seul moyen d'être heureux. Celui qui dérobe parce qu'Il a faim, dérobe pour atténuer sa souffrance, mais il oublie à ce moment-là combien son péché aura de pénibles conséquences. Malgré sa mauvaise nature, l'homme est encore ce qu'il y a sur la terre de plus noble; il est aisé de comprendre dès lors qu'il ne puisse trouver le vrai bonheur dans les choses qui sont moins élevées que lui. Dieu seul est meilleur que nous, et c'est en lui seulement que nos âmes seront satisfaites. L'or, cette scorie tirée de la terre, ne saurait nous suffire, ni les honneurs, ni les louanges des hommes; il nous faut plus, et ce qu'il nous faut, nous ne l'obtiendrons que dans le ciel. Je ne dois plus m'étonner que les anges qui voient continuellement la face de Dieu, soient si heureux !

 

Les publicains s'en allèrent trouver Jean-Baptiste au désert pour savoir ce qu'ils devaient faire ; d'autres, parmi les plus considérables du pays, le consultèrent pour savoir où se trouvait le bonheur. Il est écrit : « Heureux est quiconque se confie en l'Éternel. » C'est donc parce qu'ici-bas nous ne pouvons avoir de bonheur réel, qu'il ne vaut pas la peine de vivre pour la terre ; et c'est parce que le vrai bonheur est tout entier là-haut qu'il vaut la peine de mourir pour aller au ciel. Au ciel, c'est la vie et jamais la mort. En enfer, c'est la mort et jamais la vie. Sur la terre, il y a des mourants et des vivants. Si nous sommes morts au péché, nous vivrons dans le ciel, et si nous vivons ici dans le péché, nous pouvons attendre après cette vie une mort éternelle.

 

Savez-vous bien que tout pécheur meurt deux fois ? D'abord il meurt spirituellement au péché ; il est alors régénéré et commence à goûter les joies célestes ; ces joies-là parviennent jusqu'à notre monde aussi nombreuses, aussi réelles que les rayons du soleil. Puis, la mort physique introduit notre âme dans les cieux, car nous ne pouvons emporter là-haut notre vieux corps de péché, il faut auparavant qu'il soit transformé ; ce corps de péché, quand il ressuscitera, sera glorifié à la ressemblance de celui de Christ.

 

Nous n'aurons point de tentations là-haut. S'il n'y en avait point ici-bas, Dieu ne pourrait nous mettre à l'épreuve pour connaître si nous sommes sincères. C'est dans ce but qu'il plaça l'arbre de la science du bien et du mal dans l'Eden, et les Cananéens dans la terre promise.

 

Lorsque nous mettons une semence en terre, elle disparaît, puis pousse et produit une autre semence semblable mais qui n'est pourtant pas la même. Ainsi nos corps et ceux de nos bien-aimés ressusciteront avec une certaine ressemblance sans être pourtant les mêmes corps. Christ a emporté dans les cieux le corps même qu'il avait livré à la mort de la croix, à moins qu'il n'ait été transfiguré quand une nuée le déroba aux yeux des disciples à mesure qu'il montait. La forme de son corps devait avoir déjà subi un changement après la résurrection, car Marie-Madeleine, qui fut la première à le revoir, ne le reconnut pas ; les disciples qui cheminèrent et parlèrent avec lui jusqu'à Emmaüs, ne comprirent que c'était Jésus que lorsqu'il eut béni le pain. Pierre lui-même ne le reconnut pas sur le rivage, et Thomas ne put croire qu'après avoir vu la marque des clous et la blessure de son côté percé. Mais au ciel nous le connaîtrons tous.

 

Il y a dans la Bible deux vérités aussi clairement enseignées que l'existence d'une vie éternelle. La première, c'est que nous verrons le Christ, la seconde, c'est que nous lui serons semblables. Alors Dieu ne nous voilera plus sa face et Satan ne nous montrera plus la sienne.

 

Après tout, la différence entre la grâce et la gloire n'est pas tellement grande ! La grâce, c'est le bouton, et la gloire c'est la fleur. La grâce, c'est l'aurore, et la gloire c'est la pleine lumière. Ceux qui servent le Seigneur ici-bas ne trouveront pas difficile de le servir là-haut ; ils changeront de résidence, mais non d'occupation.

 

 

Plus haut.

 

Dès l'instant où une personne tourne vers les choses célestes ses pensées et ses affections, sa vie acquiert une beauté réelle ; la lumière des cieux brille sur son sentier ; elle ne passe plus son temps à s'accuser et à se flageller parce qu'elle ne ressemble pas davantage à Christ. Un Ecossais à qui l'on demandait s'il était sur le chemin du ciel, répondit : « Mais, c'est dans le ciel que je vis ! je ne suis pas sur le chemin qui y mène. » C'est là qu'il vivait ! Oui, il nous faut vivre dans le ciel tandis que nous sommes encore ici-bas ! notre privilège c'est d'avoir nos affections en haut. Une dame de Londres trouva un jour une pauvre chrétienne couchée sur un lit de douleur mais très heureuse. Puis elle visita une dame riche qui passait tout son temps à murmurer et à se plaindre de son sort. Je pense quelquefois que ceux à qui Dieu accorde le plus de biens temporels, pensent le moins à lui, l'oublient le plus complètement et travaillent le moins pour son service. Cette dame dont je parle, en allant visiter les pauvres, avait l'habitude de se rendre chez la chrétienne malade pour être elle-même encouragée et réjouie. Il se trouve à Chicago un certain quartier où, depuis des années, les chrétiens qui désirent être fortifiés dans leur foi vont visiter l'une de ces âmes d'élite. Une amie me disait que le Seigneur avait placé de ces âmes-là dans la plupart des villes, afin que les anges qui passent pour accomplir leurs messages de miséricorde, s'arrêtent pour les consoler, car elles ont l'air d'avoir souvent leur visite. La chrétienne qui voyait la pauvre malade, invita la dame riche à l'y accompagner ; celle-ci finit par y consentir. Elles montèrent ensemble un escalier obscur et mal tenu jusqu'au premier.

 

- Que c'est horrible ! dit la dame riche. Pourquoi m'avez-vous conduite ici ?

 

- C'est mieux plus haut ! répondit son amie. Elles montèrent jusqu'au second étage, et la première se plaignant toujours, l'autre lui dit encore - C'est mieux plus haut !

 

Et ainsi elle répéta la même réponse à chaque étage, jusqu'à ce qu'elles eussent atteint le cinquième. La chambre où elles entrèrent était fort belle, garnie de tapis, avec des pots de fleurs sur la croisée et un petit oiseau qui chantait dans une cage. Là se trouvait la bonne chrétienne avec un visage tout souriant.

 

- Ce doit être bien dur pour vous d'être retenue ici et de souffrir ? lui demanda la dame riche.

 

- Oh ! c'est peu de chose ! et ce n'est pas dur du tout, car je sais que je serai mieux plus haut.

 

Ainsi, quand tout ne va pas à notre gré dans ce bas monde, que bien des choses nous contrarient. répétons : « Ce sera mieux plus haut ! » Nous pouvons élever nos coeurs vers les cieux et nous réjouir tout en cheminant vers la patrie.

 

Le revoir.

 

Bientôt ira fleurir ta corolle fanée

Sous un ciel toujours bleu, sous un soleil plus pur,

A la place qu'en haut Jésus t'a destinée,

Où jamais la tempête, en fureur déchaînée,

N'ébranle les échos lointains, les flots d'azur.

Là, brille le matin d'un jour exempt d'orages,

Là, d'un parfum divin les cours sont embaumés;

Amis! dans ce lieu saint, sans voiles, sans nuages,

Nous nous rencontrerons avec nos bien-aimés.

 

Alors seront finis nos sombres jours d'alarmes!

Vains plaisirs d'ici-bas, fantômes d'un moment,

Et vous, rêves trompeurs, qui coûtez tant de larmes,

Vous aurez fui! - Dépris pour jamais de vos charmes,

Nos coeurs libres n'auront ni péché, ni tourment.

Plus de veilles; de pleurs, plus de charges pesantes!

La mère a retrouvé les fils qu'elle a bercés....

Amis, c'est le revoir! Nos âmes triomphantes,

Reconnaîtront tous ceux qui nous ont devancés.

 

Là, se refermeront nos blessures cachées,

Là, nos coeurs rajeunis pourront s'épanouir;

Pauvres fleurs d'ici-bas, tremblantes, desséchées,

Vos soifs seront là-haut pour jamais étanchées

Aux sources d'un bonheur qui ne doit point tarir.

Aimant d'un saint amour, qu'un autre amour partage,

Sans honte, sans regret, tous en Dieu consommés,

Amis! dans des flots purs, profonds et sans rivage,

Nous nous abreuverons avec nos bien-aimés.

 

Mais, avant que des cieux la splendeur éphémère,

Se soit évanouie avec la terre en pleurs,

Le monde rajeuni dans sa vile poussière,

Revêtu de beauté, de parfum, de lumière,

Sortira libre et pur de toutes ses douleurs,

Alors, le Roi divin, dans sa pourpre et sa gloire,

Tiendra ses ennemis sous son pied désarmés,

Amis! saluons-le par des chants de victoire,

Car nous allons régner avec nos bien-aimés.

 


LE CIEL (Moody)

Chapitre 4

LE CIEL ET SA CERTITUDE

 

Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père. Je m'en vais vous préparer le lieu. Jean 14:2.

 

Bien des personnes se confient tellement dans leur raison que, par leur raison même, elles se débarrassent de Dieu. Elles prétendent que Dieu n'est qu'un esprit et non une personne qu'on puisse voir. Il est un esprit, c'est vrai, mais il est aussi une personne ; il s'est fait homme, et a foulé de ses pieds notre terre. L'Ecriture nous déclare positivement que Dieu a une demeure ; pour cela il faut qu'il soit une personne. Nous le verrons dans le ciel qui est le lieu de sa demeure quand nous-mêmes nous y habiterons.

 

Dans 1Ro 8:30, nous lisons : « Daigne exaucer la supplication de ton serviteur et de ton peuple d'Israël lorsqu'ils prieront en ce lieu. Exauce du lieu de ta demeure, des cieux, exauce et pardonne ! » L'idée que le ciel est partout et qu'il n'est nulle part, n'est pas scripturaire. Il est l'habitation de Dieu, et lorsque le Christ est venu dans ce monde, il nous a appris à dire : « Notre Père qui es aux cieux. » Cette habitation est comparée à une cité. (Job 2:10,16.) Mais c'est une cité sans cimetière, on n'y connaît point la mort. S'il en existait une semblable sur la terre, comme tout le monde y courrait ! quels efforts on ferait pour s'y installer ! Mais il n'y en a pas de telle ici-bas. La cité du ciel ne voit jamais couler de larmes; Dieu les essuie toutes là-haut. Si les pleurs sont le lot des mortels ici-bas, ceux que Dieu introduira dans son paradis n'auront plus ni chagrins, ni douleurs, ni maladies, ils ne connaîtront ni les deuils, ni la mort. L'obscurité aussi en sera bannie : « La ville n'a besoin ni du soleil, ni de la lune pour l'éclairer ; car la gloire de Dieu l'éclaire et l'Agneau est son flambeau. » (Apo 21:27.) Le jardin d'Eden lui était bien inférieur, car le tentateur put y pénétrer et séduire nos premiers parents ; tandis que rien de souillé n'entre dans la cité céleste. Le tentateur n'y est pas. Représentez vous un lieu d'où la tentation sera exclue, où nous serons délivrés du péché, exempts de toute souillure et où les justes régneront à jamais. Figurez vous une ville que la main des hommes n'a pas bâtie, dont les édifices ne peuvent vieillir avec le temps et dont les habitants sont tous inscrits dans le livre de vie, cet annuaire des cieux. C'est une ville où l'on n'entend point le tumulte des affaires, où les corbillards ne parcourent pas les rues pour apporter leurs tristes fardeaux dans les cimetières, où les chagrins, les péchés et les tombes; les naissances et les mariages, les départs et les deuils n'existent plus ; une ville qui se glorifie d'avoir Jésus pour son Roi, des anges pour gardiens et dont les citoyens sont des saints.

 

Nous croyons que le ciel est une ville, un lieu particulier, aussi bien que Londres, Paris et New-York. Nous le croyons avec d'autant plus d'assurance que les cités terrestres doivent disparaître, tandis que la céleste sera éternelle ; c'est la cité qui a de solides fondements, dont Dieu est l'architecte et le constructeur.

 

Tyr et Sidon.

 

Plusieurs des plus grandes villes de ce monde n'ont pas été bâties sur des fondements capables de les faire résister aux injures des temps. Prenez pour exemple Tyr et Sidon qu'on pourrait comparer à nos plus importantes capitales. Le patriarche Jacob parla de Sidon en bénissant ses fils, et lorsque le pays de Canaan fut partagé par Josué, Tyr et Sidon furent données à la tribu d'Aser, sans toutefois que les habitants en eussent été expulsés complètement. Il nous est dit dans Marc 3: 8, que « ceux des environs de Tyr et de Sidon, ayant appris ce que Jésus faisait, vinrent aussi à lui en nombre. » Le livre des Actes (Act 27:3),  dit que le capitaine qui emmenait Paul prisonnier, lui permit, quand le bateau relâcha à Sidon, d'y aller visiter ses amis et de recevoir leurs soins. Il y avait donc alors à Sidon une Eglise chrétienne; mais les habitants adoraient la reine des cieux qu'on représentait couronnée du croissant de la lune.

 

Maintenant vous le savez, il en est qui adorent une reine des cieux tenant la lune sous ses pieds. Les Hébreux eux-mêmes tombèrent dans la même idolâtrie, frappés qu'ils étaient par la sereine beauté de cet astre. « Les enfants ramassent du bois; les pères allument le feu, et les femmes pétrissent la pâte pour préparer des gâteaux à la reine du ciel et pour faire des libations à d'autres dieux afin de m'irriter, » dit Jérémie (Jer 7:18). Le peuple lui répondit: « Nous ne t'obéirons en rien de ce que tu nous as dit au nom de l'Eternel, mais nous voulons agir comme l'a déclaré notre bouche, offrir de l'encens à la reine des cieux et lui faire des libations, comme nous l'avons fait, nous et nos pères, nos rois et nos chefs, dans les villes de Juda et dans les rues de Jérusalem. » (Jer 44:16, 17.)

 

Nous ne sommes pas étonnés de trouver plus loin ces paroles : « L'Eternel n'a pas pu en supporter davantage à cause de la méchanceté de vos actions, à cause des abominations que vous avez commises, et votre pays est devenu une ruine, un désert, un objet de malédiction comme on le voit aujourd'hui. » On ne se mariera pas et l'on ne donnera pas en mariage après la résurrection, il n'y aura point de reine dans le ciel.

 

Josué fait mention de Tyr comme d'une ville forte; Esaïe et Ezéchiel en parlent aussi. Nébucadnetzar, Alexandre et d'autres rois, ont combattu contre elle et bien des vies ont été sacrifiées pour conquérir ce qui n'est aujourd'hui qu'un monceau de décombres : « Ô toi qui es assise au bord de la mer, s'écrie le prophète Ezéchiel en décrivant la splendeur de cette cité, et qui trafiques avec les peuples d'un grand nombre d'îles ! Ainsi parle le Seigneur, l'Eternel : Tyr, tu disais : Je suis parfaite en beauté ! Ton territoire est au coeur des mers; ceux qui t'ont bâtie, t'ont rendue parfaite en beauté. Avec des cyprès de sénir, ils ont fait tous tes lambris ; ils ont pris des cèdres du Liban pour t'élever un mât.... Le fin lin d'Egypte avec des broderies, te servait de voiles et de pavillon ; des étoffes en bleu et en pourpre des îles d'Elischa formaient tes tentures.... Tes richesses, tes marchés et tes marchandises, tes mariniers et tes pilotes, ceux qui réparent tes fissures et ceux qui s'occupent de ton commerce, tous tes hommes de guerre qui sont chez toi et toute ta multitude qui est au milieu de toi, tomberont dans le coeur des mers au jour de ta chute.

 

Ton coeur s'est élevé à cause de ta beauté, tu as corrompu ta sagesse par ton éclat ; je te jette par terre, je te livre en spectacle aux rois. » Au chapitre XXVI, nous trouvons des prophéties terribles concernant la chute de Tyr : « Voici j'en veux à toi, Tyr ! Je ferai monter contre toi des nations nombreuses comme la mer fait monter ses flots. Elles détruiront les murs de Tyr, elles abattront ses tours, et j'en raclerai la poussière. Je ferai d'elle un rocher nu; elle sera dans la mer un lieu où l'on étendra des filets, car j'ai parlé, dit le Seigneur, l'Éternel . Elle sera la proie des nations. »

 

Les voyageurs disent que la place où cette cité s'élevait n'est plus qu'un monceau de ruines, d'arceaux et de voûtes démolis, de tours et de murs chancelants et qu'elle n'a pour habitants, au sein de ses décombres, que quelques affamés fort malheureux. Une grande partie de la ville est sous l'eau; les pêcheurs étendent leurs filets sur quelques ruines, et le reste est en réalité un rocher nu.

 

Ainsi passe la gloire de ce monde ! La Bible nous parle de la splendeur de cette grande ville qui, après avoir existé, a été détruite. Elle nous parle aussi d'une autre ville plus belle, que nos yeux n'ont point encore vue, mais qu'ils verront un jour, si seulement nous suivons la route qui y conduit.

 

Sombre et froide est la nuit.  Sur les plus hautes cimes,

Seul un terne rayon perce l'obscurité,

 Et l'ange de ta mort plane sur les abîmes

D'un monde dévasté.

 

Mais j'aperçois déjà les splendeurs éternelles,

Et les portails d'or pur qui m'ouvrent les saints lieux,

Et l'ange qui descend sur ses brillantes ailes,

Pour me montrer tes cieux.

 

Nos noms sont écrits dans les cieux.

 

On raconte que deux hommes se prirent de dispute un matin, en voulant chacun désigner à quel point de l'horizon le soleil se lèverait. Ils finirent par se battre si méchamment, qu'ils ne furent plus en état de voir l'astre du jour au moment où il apparut à l'orient. De même, il est des gens qui discutent à propos du ciel à tel point qu'ils finissent par ne pas pouvoir y entrer, et d'autres, plus nombreux encore, qui se disputent à propos de l'enfer jusqu'à ce qu'ils y soient.

 

Les livres des Hébreux nous parlent de trois ciels différents. L'atmosphère qui nous entoure est le premier, le firmament où sont les astres est le second, et au-dessus encore, le troisième, où est le trône de Dieu et où résident, dans la lumière et dans la paix, les bienheureux rachetés et leur Rédempteur. C'est le lieu dont il nous est parlé dans Deutéronome (De 10:14) : « Voici, à l'Éternel ton Dieu, appartiennent les cieux et les cieux des cieux, la terre et tout ce qu'elle renferme. » Paul, en parlant de lui-même, dit : «Je connais un homme en Christ qui fut, il y a quatorze ans, ravi jusqu'au troisième ciel ; si ce fut dans son corps, je ne sais ; si ce fut hors de son corps, je ne sais. » (2Co 12)

 

Le troisième ciel, c'est l'endroit ou Dieu habite et que ne troublent jamais les orages de notre monde ; c'est là que siège un Juge incorruptible. Paul y entendit des paroles ineffables qu'il n'est pas permis à l'homme d'exprimer et vit des choses qu'il ne put même raconter. Plus notre niveau spirituel s'élève, plus notre âme vit près du ciel. Là, tous nos désirs seront enfin satisfaits : « Je demande à l'Éternel une chose que je désire ardemment, s'écriait le psalmiste. Je voudrais habiter toute ma vie dans la maison de l'Éternel pour contempler la magnificence de l'Éternel et pour admirer son temple. » (Ps 27: 4.) Si nous sommes à Christ, nos noms sont écrits dans les cieux. Nous lisons dans Luc 10: 20 ces paroles de Jésus à ses disciples : « Ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis, mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux. »

 

Peu de temps avant, il les avait envoyés au nombre de soixante-dix, deux à deux, pour prêcher l'Évangile dans la Galilée et la Judée. De nos jours, bien des personnes ne croient pas à la possibilité d'un réveil ; cependant, le plus grand que le monde ait jamais vu eut lieu durant les trois ou quatre années où Jean-Baptiste, le Sauveur et après lui  les apôtres, annoncèrent le royaume de Dieu. Tout le pays fut remué. Peut-être alors aussi plusieurs s'y opposaient, l'appelaient spasmodique et refusaient d'y croire ; ils disaient que ce phénomène serait passager et qu'il n'en resterait rien. Les hommes de ce temps parlaient sans doute comme ceux d'aujourd'hui. Depuis lors, il y en a toujours eu qui se sont opposés à l'oeuvre de Dieu uniquement parce qu'elle ne s'opérait pas de la manière qu'ils voulaient ; quelques-uns faisaient cependant profession d'appartenir à Christ. Quand l'Esprit agit, il le fait à sa manière ; il ne nous appartient pas de lui tracer son chemin.

 

Les disciples revinrent auprès du Maître. L'Esprit avait manifesté par eux sa puissance, les démons avaient été chasses, les malades guéris à leur parole, l'ennemi était vaincu, et ils marchaient de succès en succès. Ils étaient ravis et triomphants, quand Jésus arriva et leur dit : « Ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis, mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux. » C'est l'assurance du salut qui est ici annoncée. Je connais des chrétiens de tout rang qui n'acceptent pas cette doctrine ; ils croient que nous ne pourrons jamais savoir ici-bas si nous sommes sauvés ou non. S'il en était ainsi, que signifieraient donc les paroles du Christ que nous venons de citer? Comment puis-je me réjouir de ce que mon nom est écrit dans les cieux si je l'ignore ? Les disciples devaient se réjouir d'être inscrits sur le livre de vie, car le nom de tout enfant de Dieu y est marqué à l'avance. Quelques Américains allant de Londres à Liverpool, descendirent à l'hôtel du Nord-Ouest ; mais toutes les chambres étaient déjà retenues pour plusieurs jours. Fort désappointés, ils se préparaient à reprendre leurs bagages pour partir, quand ils s'aperçurent que l'une des dames qui voyageaient avec eux se disposait à rester.

 

- Est-ce que vous ne venez pas avec nous? lui demandèrent-ils.

 

- Non, dit-elle, j'ai ici des chambres prêtes pour moi.

 

- Mais comment cela se fait-il

 

- Simplement parce que j'avais télégraphié à l'avance.

 

C'est précisément ce que font les enfants de Dieu ; ils envoient leurs noms d'avance pendant qu'ils sont sur la terre et s'assurent ainsi des places dans les demeures célestes. Si nous sommes vraiment des chrétiens, nos noms nous ont devancés et nos places seront réservées au terme du voyage. Ici-bas nous sommes en voyage loin de la maison paternelle. Pendant la guerre d'Amérique, les soldats se contentaient de dormir sous des tentes, mais ils soupiraient après le moment où la paix serait conclue afin de retourner chez eux. Ils ne désiraient pas d'avoir des palais et des châteaux sur le champ de bataille.

 

 

Nous sommes maintenant au milieu de terribles combats sur cette terre ; mais quand les conflits auront pris fin, notre Dieu nous rappellera dans la maison céleste auprès de lui. Des tentes nous suffisent pendant que nous traversons le désert de ce monde. Le voyage ne dure qu'une nuit, puis apparaîtra un jour éternel.

 

Le Livre de vie.

 

Deux dames se rencontrèrent dans le même train, l'une allant au Caire, l'autre à la Nouvelle-Orléans. Avant de se séparer, elles se lièrent intimement et la première dit à l'autre :

 

- Je voudrais vous garder avec moi pendant quelques jours au Caire.

 

- J'y consentirais avec plaisir, répondit son amie, mais j'ai emballé mes effets, je les ai expédiés à l'avance et n'ai gardé que les vêtements que je porte; ils me suffisent pour mon voyage.

 

J'ai retiré une leçon de cette parole. Il faut très peu de bagages pour voyager; il vaut mieux avoir des joies et des consolations en réserve pour nous au ciel, que de tout épuiser durant notre fatigant pèlerinage terrestre.

 

Dans les cieux, la victoire et le triomphe; ici-bas, la lutte et la bataille; là-haut les lauriers et les couronnes ; ici les armes de guerre et les combats. Quel tressaillement de bonheur éprouveront les bienheureux quand la conquête définitive sera remportée, quand la mort elle-même, le dernier ennemi, sera vaincue, et que Satan sera traîné comme un captif derrière le char du Christ ! Les hommes peuvent repousser cette précieuse doctrine de l'assurance du salut, elle n'en est pas moins enseignée fort clairement dans les Écritures.

 

Les Livres ouverts.

 

On se moque souvent de l'idée qu'il y a des livres dans le ciel. Nous lisons cependant dans le prophète Daniel (Da 12) : « En ce temps-là, se lèvera Micaël, le grand chef, le défenseur des enfants de ton peuple ; et ce sera une époque de détresse telle qu'il n'y en a point eu depuis que les nations existent jusqu'à cette époque. En ce temps-là, ceux de ton peuple qui seront trouvés inscrits dans le livre de vie seront sauvés. » « Et toi aussi, fidèle collègue, dit Paul (Phi 4:3), je te prie de les aider, elles qui ont combattu pour l'Évangile avec moi et avec Clément et nos autres compagnons d'oeuvre, dont les noms sont dans le livre de vie. « Et il ajoute, en parlant à ces mêmes chrétiens de Philippe au milieu desquels il avait souffert jusqu'à être emprisonné : « Saluez de ma part les frères et soeurs qui ont travaillé avec moi et dont les noms sont écrits dans le livre de vie. » On enseignait donc déjà la doctrine de l'assurance du salut aux premiers jours de l'Église ; pourquoi ne pas l'accepter et l'enseigner maintenant?

 

Des voyageurs m'ont raconté que les Chinois ont dans leur palais de justice deux grands livres. Lorsqu'un accusé est trouvé innocent, on inscrit son nom dans le livre de vie ; s'il est reconnu coupable, on l'inscrit dans le livre de mort. Je crois fermement que chaque créature humaine a le sien écrit là-haut, soit dans le livre de vie, soit dans le livre de mort. Le même nom ne peut se trouver à la fois dans les deux livres, car nul ne peut être destiné à la vie et à la mort en même temps. Dans l'Apocalypse (Apo 13: 8), il est dit :

 

« Et tous les habitants de la terre l'adoreront (l'antéchrist), ceux dont le nom n'a pas été écrit dès la fondation du monde dans le livre de vie de l'Agneau qui a été immolé. » Et encore au chapitre 20  (Apo 20:12) : « Je vis les morts, grands et petits, qui se tenaient devant le trône. Des livres furent ouverts. Et un autre livre fut ouvert, celui qui est le livre de vie. Et les morts furent jugés selon leurs oeuvres d'après ce qui était écrit dans ces livres. » Plus loin encore, au chapitre 21 (Apo 21:27) : « Il n'y entrera rien de souillé, ni personne qui se livre à l'abomination et au mensonge ; il n'entrera que ceux qui sont écrits dans le livre de vie de l'Agneau. »

 

Il ne saurait y avoir de véritable paix, d'espérance certaine, de vraie consolation dans l'incertitude. Je ne suis pas du tout propre à accomplir un service pour Dieu, je ne puis travailler pour lui si j'ai des doutes à l'égard de mon salut.

 

Pas moyen de douter!

 

Une mère dont l'enfant est malade, n'a aucun repos tant qu'elle le voit suspendu entre la vie et la mort. Si l'un de vos amis était parti dans un train, et que vous entendissiez dire que ce train a déraillé et que vingt personnes ont été blessées ou tuées sans que vous puissiez savoir leurs noms, vous seriez dans une grande anxiété; vous n'auriez aucun repos jusqu'à plus amples informations. Si tant de gens ne se mettent pas à l'oeuvre dans nos Eglises, c'est qu'ils ne sont pas sûrs d'être sauvés eux-mêmes; si j'étais sur le point de mourir, je me trouverais fort peu disposé à soigner les autres. Pour retirer de l'eau quelqu'un qui va se noyer, il faut être sur le rivage et se tenir solidement. Nous pouvons, si nous le voulons, obtenir une complète assurance ; il ne nous suffit pas d'avoir le sentiment que tout va bien, il faut le savoir avec certitude; il importe que nos droits au royaume des cieux soient évidents à nos yeux : « Nous sommes maintenant enfants de Dieu, » dit l'apôtre Jean ; il ne dit pas que nous allons le devenir.

 

Les réponses de plusieurs personnes, quand on leur demande si elles sont sauvées, sont souvent des plus étranges : Eh bien! eh bien, disent-elles, je pense que je le suis ; j'espère que oui. - Supposez qu'un homme vienne me demander si je suis Américain; répondrai-je : Eh bien! eh bien, j'espère; oui, j'espère que je le suis ! Je sais que je suis né dans ce pays-là, et je sais tout aussi bien que je suis né de l'Esprit de Dieu il y a plus de vingt ans. Tous les incrédules du monde ne parviendraient pas à me persuader que je n'ai pas un esprit différent de celui qui m'animait avant de devenir chrétien. « Ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l'Esprit est esprit. » On peut bientôt reconnaître cette transformation par le renouvellement qu'elle amène dans une vie. L'Esprit de Christ produit l'amour, la paix, la joie, l'humilité, la douceur; il nous est donc facile de savoir si nous le possédons ou non. Nous ne sommes pas obligés de demeurer dans l'incertitude sur ce point-là. Job, qui vivait il y a si longtemps, avait une parfaite assurance. Quand les sombres vagues de l'adversité fondirent sur lui, sa voix s'éleva au-dessus de cette tempête pour dire : «Je sais que mon Rédempteur est vivant! » Ce n'était pas chez lui une simple conjecture.

 

Tel homme a eu son nom écrit dans les fastes de l'histoire la plus ancienne, mais les archives de cette histoire ont été perdues. Les noms gravés sur le marbre peuvent être détruits par les injures du temps; même, s'ils ont été rattachés à des institutions de charité, on a pu les oublier; tandis que ceux inscrits sur le livre de vie ne seront jamais effacés. Autant vaudrait écrire le sien sur le sable de la plage que de chercher à le rendre immortel dans la mémoire des hommes; il faut le graver sur le Rocher des siècles, aux rivages éternels. Vous ne direz pas que Ponce Pilate fût un saint parce que le symbole en fait mention On a dit qu'en considérant l'oeuvre de notre sanctification dans nos coeurs, nous pouvions y lire nos noms tels qu'ils sont écrits dans le livre de vie. Il n'est pas nécessaire pour cela que des voix célestes nous aient parlé, ni que nous ayons vu des signes merveilleux ou éprouvé des sensations inaccoutumées ; il suffit de pouvoir constater que notre coeur hait le péché, désire Christ et veut obéir aux lois divines.

 

Certes! ce qui nous sauvera, ce ne sera pas d'appartenir à une Eglise, bien que tout chrétien doive se rattacher à une Eglise. Quand Daniel mourut à Babylone, nul ne dut aller feuilleter quelque vieux registre pour voir s'il y était inscrit. Lorsque Paul fut décapité par Néron, on ne consulta pas des archives pour savoir s'il était un témoin de Jésus-Christ. Les apôtres vivaient de manière à être reconnus pour tels par le monde. « Je suis persuadé, disait Paul, qu'il a la puissance de garder mon dépôt jusqu'à ce jour-là. » Et voici comment il affirme son assurance : « Qui nous séparera de l'amour de Christ? Ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les dominations, ni les choses présentes, ni les choses à venir. » Il défie toutes ces choses de le séparer de l'amour qu'a pour lui son Sauveur. C'est déshonorer Dieu que de ne faire qu'espérer et espérer encore qu'on sera un jour sauvé.

 

Les fausses professions.

 

Mais il est des personnes pour lesquelles l'assurance du salut serait une dangereuse illusion, par exemple les membres inconvertis d'une Eglise et ceux dont la conduite n'est pas d'accord avec leur profession de piété. Ils sont semblables à cet homme qui entra dans la salle du festin sans avoir un habit de noce, ou comme ces lis qui ont une belle apparence mais dont l'odeur est fétide. Ce sont des coques sèches sans amandes. Les croisés portaient une croix peinte sur leur épaule ; de même, bien des personnes se chargent, dé nos jours, de croix tout aussi légères, de purs ornements, des passeports d'immortalité, afin d'obtenir une récompense pour des combats qu'ils n'ont point livrés et pour une couronne qui n'a jamais été gagnée.

 

Vous avez peut-être vu un poisson mort emporté par le courant, mais jamais nageant contre le courant. Tel est le chrétien qui fait une fausse profession de piété, tel est l'hypocrite. Professer, c'est descendre le courant ; confesser, c'est le remonter quelque rapide qu'il soit. L'homme sanctifié et celui qui ne l'est pas, regardent vers le ciel d'une façon tout à fait différente. Le dernier choisit naturellement le ciel de préférence à l'enfer puisqu'il faut aller dans l'un des deux. Si l'on offrait au propriétaire d'une ferme un terrain dans une contrée éloignée qui pourrait bien contenir une mine d'or, il ne serait pas du tout tenté de quitter ce qu'il possède pour s'en aller courir des risques. Mais s'il vient à être banni de son pays, et si on lui donne le choix entre un désert et une mine de charbon à creuser ou une mine d'or, alors il n'hésite plus. L'homme irrégénéré préfère le ciel à l'enfer, mais il aime encore mieux ce monde que tout le reste. Quand la mort vient le regarder, en face, il pense qu'il voudrait bien aller dans le paradis. Tandis que le vrai croyant affectionne le ciel par-dessus tout ; il est toujours prêt à laisser le monde. Chacun désire aller jouir du ciel après sa mort, mais bien peu comprennent la nécessité de s'affectionner aux choses qui sont en haut pendant cette vie. La patrie céleste est promise au vrai chrétien ; il a une entière certitude à cet égard et ne peut avoir aucun doute.

 

Pendant qu'il est encore un enfant, l'héritier d'un grand domaine fait plus de cas de l'écu qu'il a dans sa poche que de son héritage futur tout entier. De même aussi, les chrétiens de profession sont parfois plus ravis d'un plaisir qui passe que de leur titre à la gloire éternelle.

 

Dans peu de temps nous serons là-haut ; que cette pensée est glorieuse ! Tout est préparé ; Christ est monté au ciel pour cela. Nous prendrons bientôt notre vol vers ces demeures d'où les ombres ont disparu.

 

 

 Immortel.

 

Il est un mot fatal qu'imprime la lumière

En rayons fugitifs vers la fin d'un beau jour,

Sur les nuages d'or que la brise éphémère

Emporte dans son vol sans espoir de retour....

Ce mot est répété dans toute la nature,

Par le glas qui frémit, par le soupir des vents,

Et par les bruits du soir, dont le triste murmure

Nous redit : Tout finit ! tout passe avec le temps.

 

Sur les tombes des morts, dans le champ du silence

Où tous nos bien-aimés dorment dans leur cercueil,

On lit encore ce mot, ce mot sans espérance

Pour le vieillard qui pleure affaissé sous son deuil.

Sur des traits amaigris, sur la fleur qui s'effeuille,

Dans le vent qui gémit en balançant le flot,

Dans la graine qui tombe et que nul ne recueille,

Dans la barque qui sombre, on lit encor ce mot.

 

Mais il n'est point écrit sur mon âme immortelle,

Dont le germe fécond plein de l'esprit d'amour,

Prendra bientôt l'essor, en déployant son aile,

Pour monter vers son Dieu dans l'éternel séjour.

Mais il n'est point gravé sur l'oeuvre de mon Maître !

Je sème dans la nuit, et sa grâce en tous lieux

Fait germer et mûrir.... Le jour fera connaître

Quelle riche moisson j'assemble pour les cieux.

 

Si tout ici finit, tout dans le ciel commence.

Sur les portes d'or pur de la sainte cité,

Il est un mot divin, un mot plein d'espérance

Qui réjouit mon coeur; c'est : Immortalité!

Ah ! vous le graverez sur ma funèbre pierre !

Comme un rayon du ciel, il vous consolera....

Il brille sur le front des enfants de lumière,

Pour jamais sur le mien il étincellera.


LE CIEL (Moody)

Chapitre 5

LE CIEL ET SES RICHESSES

 

Amassez-vous des trésors dans le ciel car là où est ton trésor là aussi sera ton coeur.   Mat 6:20.

 

Personne ne se croit riche tant qu'il n'a pas tout ce qu'il désire; bien peu sont contents de ce qu'ils possèdent. Celui qui envie ce qu'il ne peut obtenir, se croit dans une sorte de pauvreté ; il est ainsi parfois d'autant plus pauvre qu'il est plus riche de biens terrestres. Quelqu'un a dit fort sagement qu'acquérir des richesses coûte beaucoup de travail et les garder beaucoup de soucis. Si l'on en abuse, voici les remords qui vous saisissent; si on les perd, on les pleure. C'est donc une erreur très grande de faire un tel cas des trésors temporels.

 

Mais nous ne saurions trop apprécier ceux qui sont impérissables et réservés dans les cieux pour  les rachetés de Jésus. Quelle que soit notre fortune ou notre position, il nous manque toujours quelque chose. L'avantage le plus grand que le riche ait sur le pauvre et celui dont il profite le moins, c'est de rendre le pauvre heureux. Les biens de ce monde ne rendent pas réellement heureux ; ils prennent souvent des ailes pour s'envoler. On raconte que Midas transformait en or tout ce qu'il touchait ; mais ce roi aux longues oreilles ne s'en trouvait pas mieux pour cela ! Il y a beaucoup de vrai dans ces anciennes fables. Ni l'argent, ni le temps ne devrait être gaspillé ; je plains celui qui ne sait plus comment employer l'un et l'autre, tant il en a de reste. On peut dire, en vérité, que celui qui fait du bien avec son argent y imprime, pour ainsi dire, l'image de Dieu comme à une monnaie qui a cours dans le ciel, bien que tout l'or du monde ne puisse ouvrir à une seule âme les portes éternelles. Le salut doit être reçu comme un don fait à quiconque le demande ; nul n'est trop pauvre pour devenir un millionnaire céleste.

 

L'or est une fausse sauvegarde.

 

Qu'ils sont nombreux de nos jours les adorateurs de l'or ! Là où la guerre en tue des milliers, la soif de l'or en tue des millions. Son histoire parle d'esclavage et d'oppression, et quel empire il exerce ! Voyez les mines et les souffrances de ceux qui les creusent, les plantations et leurs travailleurs lassés; la bourse et ses habitués aux traits hagards et vieillis avant le temps ! ce ne sont là que des spécimens des plus pauvres de ses esclaves. L'or a des titres et des honneurs pour récompenses ; des trônes mêmes sont à sa disposition. Les rois sont au nombre de ses conseillers, et des puissants et des nobles lui sont humblement soumis. Cette soif du gain. voudrait transformer la terre entière en or.

 

On raconte que Tarpéia, fille du gouverneur de la forteresse du mont Capitolin, séduite par la vue des bracelets d'or des soldats sabins, consentit à leurs ouvrir les portes s'ils lui donnaient ce qu'ils portaient au bras gauche. Le pacte fut conclu et les Sabins lui tinrent parole. Tatius, leur chef, lui remit le premier ses bracelets et son bouclier ; puis chaque soldat jeta sur la traîtresse sa part des trésors convoités, jusqu'à ce qu'elle s'affaissa sous le poids et expira.... Ainsi l'or entraîne les hommes à leur perte.

 

Lors du naufrage du vapeur l'Amérique centrale, des centaines étaient à bord qui retournaient au milieu de leurs familles et de leurs amis après avoir fait fortune dans les mines. Mais la perspective du désastre ôta subitement toute valeur à l'or qu'ils apportaient. Ils jetaient leurs ceintures précieuses, des sacs de sable d'or jonchaient le plancher des cabines ; un homme y laissa même 100 000 dollars en disant qu'il les donnait à qui voudrait les prendre ; mais à l'heure suprême du danger, l'or n'avait plus d'amateurs.... Il peut être bien utile, mais souvent il est une mauvaise sauvegarde, car son poids nous entraîne en enfer.

 

Le révérend John Newton alla visiter une famille qui venait de perdre toute sa fortune dans un incendie. Il entra en disant :

 

- Madame, je vous félicite

 

La dame, qui était pieuse, fut surprise et prête à s'offenser.

 

- Comment, dit-elle, vous me félicitez de ce que tout ce que je possédais est brûlé !

 

- Oh! non, répondit Newton; mais je vous félicite de ce que vous possédez d'autres richesses que le feu ne peut atteindre,

 

Cette allusion aux trésors célestes, apaisa le chagrin de la dame et l'amena à se soumettre plus complètement à la volonté de Dieu. «Il y a une grande abondance dans la maison du juste mais il y a du trouble dans les profits du méchant. » (Pr 15:6.) Je n'ai jamais vu mourir avec regret un chrétien riche des biens célestes ; je ne l'ai jamais entendu se plaindre d'en avoir trop.

 

Un de mes amis se trouvait, il y a quelques années, sur les bords de la Mersey à Liverpool au moment où l'on remorquait un navire dans le port avec de grandes précautions. Ce navire se tenait à fleur d'eau et l'on s'étonnait qu'il ne sombrât pas. Bientôt un autre vaisseau qui pouvait se passer de remorqueur, remontait lestement la rivière en cinglant les autres embarcations. Mon ami apprit que le premier, chargé de gros bois, avait fait une voie d'eau et avait sombré en partie ; aussi entrait-il dans le port à grand'peine. Je crois que bien des chrétiens de profession, ou même de réels chrétiens, sont dans ce cas difficile. Trop alourdis par leurs trésors terrestres, ils ont besoin des renforts de l'Eglise toute entière pour ne pas retourner dans le monde. Si l'Eglise, comme le disait Wesley, travaillait constamment avec énergie, quelle puissance elle déploierait ! comme elle atteindrait vite les masses Mais elle n'a pas d'action sur le monde parce qu'elle se conforme au monde ; il ne faut donc pas s'étonner qu'un si grand nombre de chrétiens ne croissent pas dans la grâce puisque les choses de la terre ont tant de prise sur leurs coeurs.

 

Si leurs trésors étaient dans le ciel, les ministres de l'Evangile n'auraient pas besoin de les presser de vivre pour le ciel ; ces chrétiens ne pourraient faire autrement. Si leurs coeurs vivaient au ciel, leurs esprits y seraient aussi et leurs vies tendraient en haut.

 

Une petite fille disait un jour à sa mère :

 

- Ma monitrice nous a dit que Dieu ne nous plaçait sur la terre que pour peu de temps et afin que nous puissions nous préparer pour un monde meilleur. Pourtant, je ne vois personne qui se prépare ! Je vois que tu te prépares, maman, pour aller à la campagne, que tante Elisa se prépare à venir ici ; mais personne ne se prépare pour aller au ciel. Pourquoi ne cherche-t-on pas à être prêt ?

 

Un propriétaire du Sud avait un de ses esclaves qui était pieux. Après la mort du maître, chacun disait qu'il était allé au ciel. Le vieil esclave secoua la tête :

 

- Moi craindre Massa pas allé là-haut! dit-il

 

- Mais pourquoi. Ben ? lui demanda-t-on.

 

- Parce que quand Massa devait aller en voyage, lui parlait longtemps et se préparait. Moi jamais entendre lui parler d'aller au ciel ; jamais voir lui se préparer pour cela.

 

Un grand nombre ne se préparent pas. Jésus nous enseigne à ne pas nous amasser des trésors sur la terre où la teigne et la rouille détruisent et où les voleurs dérobent et à nous amasser des trésors dans les cieux, où la teigne et la rouille ne gâtent rien et où les voleurs ne percent ni ne dérobent; « car, ajoute-t-il, là où est votre trésor, là aussi sera votre coeur. »

 

Les trésors de nos coeurs.

 

On connaît bientôt quel est le trésor d'un homme. Au bout d'un quart d'heure d'entretien avec lui, vous pourrez comprendre si ses affections sont en bas ou en haut. Parlez à un patriote de son pays, vous verrez son regard s'enflammer parce que ce sujet l'intéresse vivement. Si vous causez avec un homme qui est dans les affaires, dites-lui où il pourra gagner une forte somme, et vous apercevrez que c'est là ce qui lui tient le plus à coeur ; c'est leur coeur qui vous écoutera avec attention. A des gens qui vivent dans le monde de la mode, parlez des modes du jour ; verrez aussitôt leurs yeux briller, leur intérêt captivé, leur coeur  saisi. Abordez la politique un diplomate, le voilà tout à son affaire. quand vous parlerez de la patrie céleste à un enfant de Dieu qui a placé ses trésors dans le ciel, alors son enthousiasme s'allumera, car son trésor et son coeur sont en haut.

 

Souvenons-nous que c'est un commandement qui nous est donné d'amasser des trésors dans le ciel, un ordre tout aussi positif que de ne pas dérober. Quelques-uns se figurent que tous les commandements sont sur les tables de pierre écrites sur le Sinaï. Mais Jésus-Christ nous en a donné bien d'autres quand il était sur la terre :

 

« Cherchez premièrement, a-t-il dit, le royaume de Dieu et sa justice et toutes les autres choses vous seront données par-dessus. » - « Amassez-vous des trésors dans le ciel. » Si l'on rencontre tant de meurs brisés, tant de gens désappointés, c'est qu'ils ont amassé des trésors pour la terre.

 

Le docteur Arnot supposait ce qui suit pour montrer la vanité des richesses d'ici-bas. « Un navire chargé d'une colonie d'émigrants et entraîné à la dérive, a fait naufrage. Tous les passagers ont atteint une île déserte, éloignée de tout secours humain. L'océan les entoure, mais ils ont des provisions de vivres, une abondance de semences, un terrain fertile et un soleil vivifiant ; ils ne sont point en danger de mourir de faim. Mais voici qu'une bande d'explorateurs découvre une mine d'or ; toute la colonie s'y porte. Jour après jour ils fouillent péniblement et recueillent des monceaux du précieux minerai. Cependant le printemps est passé, pas un champ n'a été défriché, pas un grain de semence jeté en terre. L'été arrive ; leurs trésors augmentent et leurs provisions diminuent. En automne, ils reconnaissent l'inutilité de leur or, car la famine les regarde en face. Ils se hâtent d'abattre et de déraciner les arbres des bois, de labourer et de semer. Mais il est trop tard ! L'hiver est venu, le grain pourrit dans le sol et ils finissent par périr tous au sein de leurs amas d'or.... »

 

Notre terre est cette petite île et l'océan qui l'entoure c'est l'éternité ; nous avons été jetés sur cette plage. Nous pouvons obtenir une semence de vie, mais ce sont les mines d'or qui nous attirent. Nous y passons le printemps et l'été de notre courte existence ; l'hiver nous surprend au milieu de nos agitations et, comme nous ne possédons pas le vrai pain vivifiant, nous sommes perdus sans retour.... Nous, chrétiens, apprécions par-dessus tout la patrie où sont nos impérissables trésors.

 

Une leçon au tableau noir.

 

Il y a quelques années que me trouvant à San Francisco, je me rendis à une école du dimanche. Il pleuvait et il vint si peu d'enfants que le directeur pensait à les renvoyer. Il m'invita pourtant à parler à tous les élèves réunis. La leçon du jour était sur ce texte du sermon sur la montagne : « Ne vous amassez pas des trésors sur la terre où la teigne et la rouille détruisent et où les voleurs percent et dérobent. »

 

J'invitai un moniteur à venir au tableau noir pour étudier avec moi quelles sont les choses qu'on peut posséder sur la terre, en les comparant à celles du ciel.

 

- Nommez quelque trésor terrestre, dis-je aux enfants.

 

- L'or, répondirent toutes les voix.

 

- C'est cela! Je suppose que l'or soit votre plus grand bien ici en Californie. Citez-m'en un autre.

 

- Des terres.

 

- Ecrivons : des   terres.   Que recherche-t-on encore de tout son coeur en ce pays ?

 

Des maisons, les plaisirs, l'honneur, la renommée.

 

- Ecrivez.

 

- Les affaires.

 

- Oui. Beaucoup de gens ne vivent que pour leurs affaires.

 

- La toilette, dit un autre d'un ton un peu effrayé. Toute l'école se mit à rire.

 

- Ecrivez encore, car je suis persuadé que bien des personnes dans le monde pensent plus à leur toilette qu'à quoi que ce soit. Elles ne vivent que pour cela. On me racontait l'histoire d'une jeune fille qui se mourait de consomption. Elle n'avait vécu que pour le monde et l'amour du monde avait pris entièrement possession de son coeur. Un jour qu'elle croyait de mourir, elle se fit friser les cheveux pour paraître plus belle dans son cercueil. Elle ne mourut pas, mais languit encore quelques jours désirant garder toujours ses cheveux frisés jusqu'à son dernier soupir. Ses amis trouvèrent qu'elle était fort belle dans son cercueil ! Oh ! que penser de ceux qui s'attachent à de pareilles choses? Citez encore.

 

- Le rhum, dit une voix toute honteuse d'articuler un pareil mot.

 

- Oui, écrivez ! plus d'un homme pense avec plus de plaisir au carafon de rhum qu'au royaume de Dieu ; pour lui, il sacrifiera sa femme, le bonheur de son foyer, sa mère même, sa probité, sa réputation. Il semble dire par sa conduite : Donnez-moi du rhum et je vous abandonne le ciel et ses gloires ; je vous vendrai, pour en avoir, ma femme et mes enfants ; j'en ferai des mendiants, je les dégraderai, les déshonorerai pour une bouteille de rhum. C'est lui qui est mon trésor. Je l'adore ! - Et il tourne le dos au ciel et à toutes ses gloires.

 

Quand le petit garçon avait prononcé le mot rhum, plusieurs des enfants avaient cru qu'il s'était trompé et que ce n'était point là un trésor. Mais c'est un trésor pour des milliers.

 

Un autre dit :

 

- De beaux chevaux.

 

- Ecrivez ! car bien des gens font grand cas de leurs beaux chevaux ; ils s'en servent pour aller se promener le dimanche et profanent ainsi le jour du repos. Mes enfants, notons maintenant quelques-uns des biens célestes. Sur quoi la Parole nous dit-elle de placer nos affections ?

 

- Sur Jésus.

 

- C'est bien ! mettons ce nom en tête de là liste. Citez encore.

 

- Les anges.

 

- Nous vivrons dans leur société lorsque nous serons au ciel ; c'est bien réellement un trésor que nous avons là-haut. Quoi de plus ?

 

- Nos amis qui sont morts dans la foi.

 

- Notez ! La mort nous les a enlevés, mais bientôt nous serons auprès d'eux.

 

- Des couronnes.

 

- Oui, une de gloire, une de justice, des couronnes inflétrissables. Quoi encore ?

 

- L'arbre de vie.

 

- Nous y aurons droit ; nous cueillerons de son fruit pour vivre à jamais.

 

- Le fleuve de vie.

 

- Notez! C'est sur les bords de ce fleuve d'eau pure que nous marcherons.

 

- Des harpes, des palmes.

 

- Très bien ! Nous aurons là-haut tous ces trésors-là.

 

- La sainteté.

 

- Oui. Rien de souillé n'entre au ciel. Nos robes blanches n'auront ni taches ni faux pli. On peut trouver bien des taches dans notre conduite ; mais bientôt Jésus nous présentera à son Père, sans tache ni ride ; nous serons parfaits en lui. Et encore?

 

- Nous chanterons un cantique nouveau.

 

- C'est le cantique de Moïse et de l'Agneau. Je ne sais qui l'a composé, mais ce sera là un beau cantique. Nos chants d'ici-bas sont bien inférieurs à ceux de là-haut. Savez-vous quelle est la principale chose qui nous occupera dans le ciel? Ce sera de chanter. Il faut donc chanter sur la terre, commencer maintenant afin que nous sachions le faire dans le ciel. J'ai compassion du chrétien dont le coeur ne chante pas ; il me semble qu'il devrait se réjouir. En arrivant dans le paradis, nous ne pourrons retenir nos voix de pousser les acclamations retentissantes qu'on entend dans les régions glorieuses.

 

Nous remplîmes deux colonnes de tout ce qu'il fallut écrire sur le tableau noir pour établir le contraste entre les trésors terrestres et les célestes ; à côté des biens que Christ nous a acquis, les terrestres nous parurent bien peu de chose. Que serait pour nous un monde rempli d'or en comparaison de Christ ! Vous qui aimez Christ, consentiriez-vous à vous en séparer pour de l'argent ? le renieriez-vous pour avoir les honneurs de la terre qui durent quelques années? Pensez à Jésus ! pensez aux trésors du ciel ! et mettez les dans la balance à côté des biens d'ici-bas auxquels nos coeurs s'attachent si aisément et pour lesquels un si grand nombre vivent.

 

Dieu bénit étonnamment cette leçon, car le moniteur qui écrivait sur le tableau n'était pas converti ; l'argent était son idole, le dieu pour lequel il vivait. Il fut convaincu de péché à cette heure même ; ce fut la première âme que le Seigneur me donna sur cette côte de l'Océan pacifique, et cet homme fut le dernier qui me serra la main lorsque je quittai San Francisco. Il avait compris le vide des choses humaines et le prix des richesses glorieuses des cieux. Oh ! si Dieu voulait ouvrir vos yeux! je suis sûr qu'il le fera si vous le lui demandez sincèrement, - il vous montrerait combien ce monde est vain en comparaison dés trésors célestes réservés pour vous.

 

Bien des chrétiens se demandent pourquoi ils ne progressent pas davantage dans la vie spirituelle, pourquoi ils ne s'élèvent pas plus haut? Peut-être qu'ils ont trop de biens terrestres, quoiqu'il ne soit pas du tout nécessaire d'être riche pour y attacher son coeur. Notre coeur peut demeurer affectionné au monde sans que nous vivions comme tant d'autres dans le monde. Les inclinations de l'enfant prodigue avaient devancé ses pas dans le pays éloigné ; son coeur y était déjà avant son départ de la maison paternelle. Plusieurs qui ne participent pas aux choses du monde, le feraient s'ils en avaient l'occasion, car ils les aiment : Or Dieu regarde au coeur.

 

Nous devons obéir à la voix du Maître et nous amasser des trésors dans le ciel. Nous ne serons alors jamais désappointés.

 

Il est évident que les idolâtres n'entreront pas dans le royaume de Dieu. Je puis faire une idole de mon commerce , de la femme que Dieu m'a donnée, de mes enfants. Pour trouver ce péché là il n'est pas nécessaire d'aller chez les païens ; regardez autour de vous. Tout ce qui vient se placer entre Dieu et moi est une idole, oui, tout, et n'importe quoi ! Je fais bien de m'occuper de mes affaires et ne crains pas d'aimer trop ma famille si j'aime encore plus mon Sauveur; mais le Sauveur doit avoir la première place dans mon coeur ; s'il ne l'a pas , c'est que j'ai une idole. Demandons que l'Esprit de Dieu les bannisse toutes de nos coeurs afin que nous ne soyons plus coupables d'idolâtrie.

 

Toute l'éternité pour nous reposer.

 

Nous avons des besoins profonds qui ne sont jamais entièrement satisfaits ici-bas ; nous aspirons après une connaissance sans limite, une paix complète, un amour infini. C'est là-haut que tous ces besoins recevront leur pleine satisfaction , et ce ne sera pas là une des moindres bénédictions célestes. Semblable à un beau portrait qui aurait été gâté, sali, puis restauré jusqu'à recouvrer sa première beauté, notre âme, lavée dans le sang de Jésus, retrouve sa primitive excellence. L'image insensible peinte sur une toile ne peut cependant guère se comparer à une âme vivante et intelligente.

 

Si maintenant nous pouvions voir ceux qui nous ont devancés dans les cieux tels qu'ils sont, nous serions peut-être tentés de nous jeter à leurs pieds. L'apôtre Jean avait déjà vu bien des choses merveilleuses et, cependant, lorsqu'un ange resplendissant de gloire se tint devant lui pour lui révéler de grands mystères, il se prosterna pour l'adorer; mais l'ange lui dit aussitôt : « Garde toi de le faire! Je suis ton compagnon de service et celui de tes frères les prophètes et de ceux qui gardent les paroles de ce Livre. Adore Dieu ! »

 

La soif de connaître est l'un des grands besoins qu'éprouve notre âme. Le péché, qui a affaibli nos facultés, n'a pu nous ôter ce désir-là. Mais l'homme, malgré tout ce qu'il croit savoir en fait d'astronomie, de chimie, de géologie et des autres sciences, n'a pu pénétrer encore tous les secrets de la nature. Il ignore tant de choses ! Des milliers d'astronomes ont vécu et sont morts, les siècles ont passé comme un fleuve , et ce n'est pourtant que depuis peu qu'on a découvert les deux satellites de la planète Mars. Peut-être un jour comprendra-t-on que ce ne sont pas des satellites du tout. Voilà où en sont la plupart des connaissances humaines.

 

Nos savants, dont plusieurs ont fouillé tous les domaines, désirent apprendre davantage et faire de nouvelles découvertes ; nous connaîtrions les étoiles du firmament aussi bien que notre terre, que nous ne serions pas encore satisfaits.

 

Tant que nous ne sommes pas devenus semblables à Dieu, il nous est impossible d'embrasser l'infini. La manière imparfaite dont notre foi nous révèle Dieu, ne fait que stimuler notre désir d'en savoir davantage : « Aujourd'hui nous voyons au moyen d'un miroir, dit Paul (1Co 13:12), et d'une manière obscure, mais alors nous verrons face à face. Aujourd'hui je connais en partie, mais alors je connaîtrai comme j'ai été connu. »

 

Supposez que nous ne connaissions du soleil que la lumière réfléchie par la lune, de quel étonnement nous serions frappés en apprenant à quelle immense distance il est de nous, quelle est sa splendeur et son pouvoir vivifiant! Or tout ce que nous voyons, le soleil, la lune, les étoiles, l'océan, la terre et surtout l'homme, n'est qu'un grand miroir où se réfléchissent imparfaitement les perfections de Dieu.

 

Nous avons aussi besoin de repos. Nous nous lassons d'un travail incessant, mais nous ne trouvons jamais sur la terre de vrai repos. Dans Hébreux (Heb 4: 9-12) , nous lisons : « Il y a donc un repos de sabbat réservé au peuple de Dieu. Car celui qui entre dans le repos de Dieu se repose de ses oeuvres comme Dieu s'est reposé des siennes. Efforçons-nous donc d'entrer dans ce repos , afin que personne ne tombe en donnant le même exemple de désobéissance. »

 

Plusieurs personnes se trompent en se figurant que l'Eglise d'ici-bas est un lieu de repos. Quand elles deviennent membres de l'une d'elles , c'est avec de fausses idées de leur nouvelle position puisqu'elles croient s'y reposer. Un repos est réservé pour le peuple de Dieu, mais il n'est pas dit que ce soit dans une Eglise. Sur la terre il nous faut travailler, puis nous aurons toute l'éternité pour nous reposer. Quand notre oeuvre sera terminée, le Seigneur nous rappellera dans la maison paternelle pour jouir de ce repos. Pourquoi parler de repos dans le pays de l'ennemi, dans un monde où le fils de Dieu fut crucifié et rejeté. Bien des chrétiens, je le crains, perdront leur récompense parce qu'ils se sont joints à une Eglise pour s'y reposer, au lieu d'employer toutes leurs énergies à édifier le royaume de Christ. Il est dit dans Apo 14:13 : « J'entendis une voix du ciel qui disait : Ecris : Heureux dès à présent les morts qui meurent dans le Seigneur! Oui, dit l'Esprit, afin qu'ils se reposent de leurs travaux, car leurs oeuvres les suivent.

 

La mort peut nous priver de notre fortune, de notre position, de nos amis, mais elle ne peut nous enlever le travail que nous faisons pour Dieu et qui doit subsister à toujours. Il est écrit :

 

« Leurs oeuvres les suivent? » Oui, tout ce que nous accomplissons pour le Seigneur et pour nos semblables par de nobles motifs tout à fait désintéressés, demeurera; c'est ainsi que notre privilège est de faire des oeuvres qui continueront à vivre après que nous serons morts et oubliés des hommes. Nous pouvons, de cette manière, vivre encore plus dans l'avenir que dans le présent, et notre vie pourra avoir plus de valeur dans cinquante ou cent ans quelle n'en a aujourd'hui. L'influence de Wesley se fait sentir maintenant mieux que de son vivant. Il vit réellement encore dans ses enfants spirituels qu'on peut compter par milliers et par centaines de milliers. Martin Luther, après trois siècles, a plus d'action de nos jours que lorsqu'il réveilla l'Allemagne. Il ne vécut qu'un temps comparativement très court, mais il revit dans des milliers et des millions de gens ; aux yeux du monde il est mort, mais « ses oeuvres le suivent. » Les enseignements de Jean-Baptiste retentissent aujourd'hui dans le monde entier après dix-neuf cents ans. Hérode croyait étouffer sa voix en le décapitant, mais cette voix s'élève encore; le prophète vit toujours parce qu'il vécut pour Dieu; il est entré dans son repos, mais ses oeuvres le suivent.

 

Et si les bienheureux peuvent contempler d'en haut ce qui se passe sur la terre , quelle joie doit être la leur en voyant que des fleuves d'eau vive ont pris leur source par le moyen de leur vie et que leur oeuvre continue après eux.

 

Un homme égoïste, qui vit terre à terre , descend-il dans la tombe , son nom et tout ce qui le concerne y descend après lui. Si, par ambition, il cherche à perpétuer sa mémoire, elle pourrit avec lui dans le sépulcre. Mais qu'un homme cesse de vivre pour lui-même et se mette à travailler pour Dieu, son nom vivra éternellement. En Ecosse et dans tous les coins du monde, vous retrouverez l'influence de Jean Knox ; il semble même que le souffle de ses prières traverse encore son pays, tant sa mémoire y est vivante. « Heureux les morts qui meurent dans le Seigneur! Ils se reposent de leurs travaux et leurs oeuvres les suivent ! » Bienheureux repos ! nous l'aurons bientôt! mais il ne faut pas le chercher ici-bas.

 

L'Ecriture ne nous dit pas qu'au delà de la tombe nous pourrons essuyer les larmes des orphelins. C'est sur cette terre que je puis relever un homme tombé ; dans le monde à venir nous n'aurons pas le glorieux privilège de travailler pour notre Maître ; nous ignorons si nous aurons alors celui d'être ouvriers avec lui, tandis qu'ici-bas nous avons ce privilège. Il peut nous être ôté demain ; mais aujourd'hui, avant le coucher du soleil, avant d'entrer dans la gloire, nous pouvons aller et travailler dans la vigne du Seigneur.

 

Ici-bas nous avons besoin d'amour, mais au ciel seulement l'amour parfait sera possible; il sera nécessairement réciproque. Chacun aimera tous ses frères ; tandis que dans ce monde de péché, il est impossible que nous vivions tous ensemble sur un pied de complète égalité. Nous n'avons pas grand'peine à aimer les personnes agréables et bonnes ; dans le ciel elles seront toutes ainsi. Nous ne craindrons pas de mal placer notre confiance et nous ne serons jamais déçus : dès que le doute ou le soupçon s'empare d'un coeur qui aime , son bonheur disparaît sur-le-champ ; mais là-haut le soupçon n'existera plus....

 

Ce qu'il te donne.

 

Sais-tu que ton Sauveur te donne

Plus qu'en Eden tu ne perdis.

Toute sa gloire sa couronne.

 Son sang, son coeur, son paradis?

Pour te monter jusqu'au ciel même

Il descendit dans les enfers,

Pour t'élever au rang suprême

Il ébranla tout l'univers.

Pour te ravir aux dents cruelles.

Son coeur s'ouvrit pour te cacher;

Il prit tes douleurs éternelles,

A la mort il vint t'arracher...

 

Accepte et sa croix et sa gloire!

Un jour tu pourras voir Jésus.

Et triompher de sa victoire

Au ciel où l'on ne pleure plus...

 

Au ciel, plus de nuit, de détresse.

Au ciel, plus de mort, de douleurs !

Saints concerts et chants d'allégresse

Sortent brûlants de tous les coeurs.

Les anges voilés de leurs ailes,

Aux pieds du Sauveur prosternés,

Les élus, phalanges fidèles,

Autour du trône couronnés,

Tous sont heureux! et ceux que j'aime,

A l'Agneau qui s'est immolé

Offrent aussi leur diadème.

D'un coeur pour jamais consolé !

 

Mais au milieu d'eux tous, plus beau que le ciel même,

Se tient mon Rédempteur;

Près de lui le repos, la paix, l'amour suprême.

Et le parfait bonheur...


LE CIEL (Moody)

Chapitre 6

LE CIEL ET SES RÉCOMPENSES

 

Chacun recevra sa propre récompense selon son propre travail. (1Co 3:8.)

Ma rétribution est avec moi pour rendre à chacun selon ce qu'est son oeuvre.  (Apo 22:12.)

 

Je suis convaincu, d'après l'opinion que j'ai pu me faire, que celui qui s'attend à être récompensé ici-bas pour le bien qu'il fait, n'est pas du tout qualifié pour le service de Dieu. S'il recherche l'approbation des hommes, il compromet la vérité; il craint alors de heurter les sentiments de ses semblables, de soulever l'opposition, de provoquer des critiques ou des articles de journaux contre lui. Mais il faut fouler le monde sous nos pieds si nous voulons recevoir une récompense après cette vie ! Si nous servons Dieu, nous pouvons nous attendre à être persécutés. Le royaume des ténèbres et celui de la lumière ont été, sont et seront en guerre aussi longtemps qu'il sera permis à Satan de régner sur le monde ; il y aura un constant conflit entre eux, et si vous voulez être admis dans les cieux et y recevoir une rétribution éternelle, il vous faut consentir à être méprisé sur la terre.

 

Si vous recherchez les applaudissements des hommes, vous n'entendrez pas sortir de la bouche du Seigneur, au terme de votre vie, cette parole « Cela va bien! » Impossible de concilier les deux choses ! Pourquoi cela? Parce que le monde est en guerre avec Dieu. Il n'est pas vrai de dire qu'il va s'améliorant; le vieux coeur de l'homme est tout autant révolté contre son divin Maître que lorsque Caïn tua Abel. En la personne de Caïn, le péché s'élança dans toute sa force et armé de toutes pièces; depuis, la guerre a continué entre la créature et le Créateur. Le monde n'a pas accepté la grâce ; c'est pourquoi nous avons à combattre le monde, la chair et le diable. Le monde et la chair ne nous aimeront pas si nous luttons contre eux. Il nous faut mortifier la chair, crucifier le vieil homme et l'asservir; alors nous ne tarderons pas à recevoir notre récompense, oui, même une glorieuse récompense. C'est ce que nous trouvons dans Luc 16:15 : « Jésus leur dit : Vous, vous cherchez à paraître justes devant les hommes, mais Dieu connaît vos coeurs, car ce qui est élevé devant les hommes est une abomination devant Dieu.

 

Nous devons remonter le courant. Si le monde n'a rien à dire contre nous, nous pouvons être presque sûrs que le Seigneur Jésus a très peu de chose à dire en notre faveur. Bien des personnes redoutent de suivre un chemin opposé à celui du monde, et, bien que telle ou telle chose leur paraisse condamnable, elles se gardent de la blâmer de peur de compromettre la bonne opinion qu'on a d'elles. Si nous voulons obtenir le prix de la course, il nous faut combattre le bon combat de la foi ; car à tous ceux qui font ainsi, le Seigneur, juste juge, réserve pour ce jour là une couronne de justice et il la donnera. (2Ti 4:8)

 

La crainte de la mort.

 

Le sens profond du mot éternité nous échappe. Le temps compris entre la création et la fin du monde, ne formerait pas un jour de l'éternité. Il en est du temps comme de l'espace; dont le centre est partout et la circonférence nulle part. Nous lisons dans Hébreux (Heb 11:14) : « Ainsi donc, puisque les enfants participent du sang et de la chair, il en a également participé lui-même, afin que par la mort, il anéantît celui qui a la puissance de la mort, c'est-il dire le diable, et qu'il délivrât tous ceux qui, par crainte de la mort, étaient toute leur vie retenus dans la servitude. » Un grand nombre de ceux qui font profession de piété, vivent dans une servitude continuelle par la crainte qu'ils ont de la mort. Je crois qu'en cela ils déshonorent Dieu, qui ne veut certainement pas qu'un seul de ses enfants vive dans la crainte, pas même un instant. Pourquoi trembler à ce sujet si nous connaissons la vérité qui est en Christ, puisque la mort ne fera que hâter notre arrivée dans la gloire où nos noms sont déjà inscrits? Notre préoccupation se porte d'abord sur ceux qui nous sont chers ; c'est notre privilège d'avoir inscrits dans les cieux, non seulement nos noms, mais aussi ceux des enfants que Dieu nous a donnés. La promesse est pour nous et aussi pour eux. Bien des parents sont inquiets sur le salut de leurs enfants ; eh bien! si nos propres noms sont gravés là-haut, le principal désir de nos coeurs doit être que celui de nos enfants le soient aussi.

 

Dans l'une de nos cités de l'est, une mère de famille se mourait de consomption. Comme elle s'affaiblissait de plus en plus, on eut la pensée de lui amener ses enfants l'un après l'autre. L'aîné reçut d'abord conseils et bénédiction, puis le second, puis le troisième et tous jusqu'au bébé. Elle prit ce dernier et le pressa contre son coeur, son tendre coeur... Voyant que ceci l'agitait et pouvait hâter sa fin, on lui reprit l'enfant. Alors elle dit à son mari :

 

« Je te donne charge d'amener avec toi tous ces enfants dans la maison éternelle. »

 

C'est ainsi que Dieu charge les parents d'amener au ciel tous leurs enfants, afin que leurs noms soient, aussi bien que les leurs, inscrits dans les demeures célestes.

 

Un éminent chrétien de New-York me racontait un jour cette touchante anecdote :

 

« Un père avait un fils dangereusement malade il ne croyait pourtant pas qu'il fût à l'extrémité jusqu'au jour où, en rentrant, il trouva sa femme tout, en larmes.

 

Il l'interrogea :

 

- Notre garçon est bien changé depuis ce matin, répondit la mère ; je crains qu'il ne soit mourant. Viens le voir ; et si tu comprends qu'il est près de sa fin, je désire que tu le lui dises, car je n'ai pas le courage de le faire moi-même.

 

 Le père entra dans la chambre et s'assit au chevet du malade. Puis, en plaçant la main sur le front de son fils, il sentit la froide sueur de la mort et comprit que la séparation était proche.

 

 - Mon enfant, lui dit-il, sais-tu que tu vas mourir

 

 - Non ! est-ce bien vrai ? répondit le garçon. Est-ce la mort que je sens dans tous mes membres, papa?

  - Oui, c'est elle.

  - Vivrai-je jusqu'à demain

  - Tu peux mourir à chaque instant. » L'enfant regarda son père et dit :

  - Eh bien, je serai ce soir auprès de Jésus, n'est-ce pas ?

  - Oui, mon enfant. Tu passeras la nuit auprès de ton Sauveur.

 

 Et le père se détourna pour cacher ses larmes, afin que le petit garçon ne le vît pas ; mais celui-ci s'en aperçut :

 

 - Papa, ne pleure pas ! dit-il. En arrivant au ciel, j'irai droit à Jésus et je lui dirai qu'aussi loin que mes souvenirs peuvent aller, tu as toujours cherché à me conduire à lui. »

 

J'ai trois enfants moi-même, et je puis dire que le plus cher désir de mon coeur, c'est qu'ils soient sauvés et que je sache que leurs noms sont écrits dans le livre de vie. Je puis leur être bientôt enlevé et les laisser orphelins dans un monde où tout change; mais je voudrais qu'ils pussent dire de moi ce que cet enfant disait de son père. S'ils venaient à mourir avant moi, je désirerais qu'ils pussent dire au Maître que j'ai toujours cherché à les conduire à lui. Cela me serait plus précieux que d'avoir sur ma tombe un monument aussi haut que les cieux.

 

On n'envisage pas le plus souvent la mort comme on le devrait. L'évêque Héber écrivait au sujet d'un ami décédé :

 

« Tu es descendu dans la tombe, mais nous ne te pleurerons pas, bien que la tombe nous apparaisse environnée de ténèbres et de douleur. Avant toi, ton Sauveur en a franchi les portes et c'est son amour qui éclaire ton sentier à travers l'abîme. Tu es descendu dans la tombe ! Nos yeux ne peuvent te voir et nous ne foulons plus à tes côtés les routes épineuses de la vie. Mais les bras de la miséricorde éternelle t'enlacent. Les pécheurs peuvent mourir puisque celui qui fut sans péché est mort pour eux. »

 

Dans le ciel on fait l'appel et chacun à son tour doit comparaître. Si nous savons que nos bien-aimés sont sauvés et que leurs noms sont enregistrés, il nous sera bien doux de penser après leur départ que nous les retrouverons un jour et que nous les reverrons quand les ombres de la nuit se seront dissipées, au grand matin de la résurrection !

 

Pendant la dernière guerre d'Amérique, un jeune homme blessé était couché dans une cabane; on l'entendit crier : « Présent! présent! »

 

Quelqu'un s'approcha pour lui demander ce qu'il voulait dire.

 

- Ecoutez ! chut! n'entendez-vous pas? dit-il.

 

- Quoi donc ?

 

- Ils font l'appel dans le ciel.

 

Bientôt après on l'entendit répondre encore « Présent! » et il expira.

 

Si nos noms sont écrits dans le livre de vie, lorsque l'appel se fera là-haut et que nous serons nommés, nous dirons comme Samuel : « Me voici ! » et nous nous hâterons d'aller à la rencontre de notre Dieu. Si nos enfants sont rappelés de bonne heure, oh ! qu'il est doux de penser qu'ils sont morts en Christ, que le bon Berger les rassemble dans ses bras, qu'il les porte dans son sein et que bientôt nous irons les rejoindre

 

Paul, le héros chrétien.

 

Le moyen d'aller au ciel, c'est d'être sauvé par la foi en Jésus-Christ. Nous recevons le salut comme un don, mais nous devons faire valoir ce don. Si l'on nous donnait une mine d'or, nous l'exploiterions ; je ne puis acquérir une couronne en me faisant recevoir membre d'une Eglise ou en louant à mes frais l'un des bancs de cette église. Voyez Paul! Il a obtenu sa couronne. Il livra plus d'un rude combat, il se mesura avec Satan sur plus d'un champ de bataille, il le vainquit et reçut la couronne des vainqueurs. Il faudrait bien dix mille des chrétiens d'aujourd'hui pour faire un Paul. Quand je lis la vie de cet apôtre, je rougis de honte pour les chrétiens du XIXe siècle, tant ils sont faibles et misérables.

 

Voyez ce qu'il eut à supporter. Cinq fois il fut flagellé. Cette ancienne coutume romaine consistait à lier ensemble les poignets du malheureux et à le faire tenir courbé. Puis, un soldat romain lui infligeait sur le dos nu des coups d'un fouet tressé et garni de petites lamelles d'acier. L'acier déchirait la peau du patient, qui expirait souvent pendant qu'on le frappait. Paul dit qu'il avait été flagellé à cinq reprises différentes. Si nous avions à recevoir un seul coup de ce fouet-là, que de gémissements nous ferions entendre ! Avant la fin du jour, quarante éditeurs s'empresseraient .autour de nous pour écouter notre récit, publier notre vie et s'enrichir par ce moyen. Mais Paul dit simplement : « J'ai reçu cinq fois quarante coups moins un. » C'était peu de chose pour lui ! Prenez place à ses côtés et interrogez-le.

 

- Paul ! tu as été battu quatre fois par ces Juifs et ils vont encore te donner trente-neuf coups de fouet. Que feras-tu après avoir ainsi souffert ? Que penses-tu faire

 

- Ce que je ferai ? vous répondra-t-il, je tendrai de toutes mes forces vers le but afin d'obtenir le prix de ma haute vocation, car je cours dans la lice pour avoir une couronne.

 

- Cette couronne, il ne voulait pas la perdre !

 

- Quelques coups de fouet ne me décourageront pas ; ces légères afflictions du temps présent ne sont rien...

 

Et ses persécuteurs ajoutèrent encore trente-neuf autres coups.

 

Paul s'était élancé dans l'arène et il bondissait, pour ainsi dire, vers le ciel. Le diable trouva en lui son maître ; - passez-moi l'expression, - l'apôtre ne s'égara jamais vers une fausse piste. « Je n'ai qu'une seule choses à faire, disait-il, c'est de ne pas perdre ma couronne. » Prenez garde que personne ne vous ravisse la vôtre.

 

Trois fois Paul fut battu de verges. Interrogez-le de nouveau :

 

- Voyons, Paul! on t'a battu deux fois et l'on s'apprête à te battre encore. Que vas-tu faire ? As-tu l'intention de continuer tes prédications ? S'il en est ainsi, permets que je te donne un petit conseil. Ne sois pas si absolu dans tes convictions; deviens plus accommodant. Emploie un langage plus élégant ; enveloppe, si je puis ainsi dire, la doctrine de la croix d'une éloquence plus relevée et d'un style plus fleuri ; dis aux hommes qu'ils sont assez bons, après tout, et point si mauvais. Tâche d'apaiser les Juifs et de t'en faire des amis; transige avec le monde et le monde te considérera. Ne sois ni si zélé ni si radical. Je te prie d'écouter mes avis. Que vas-tu faire?

 

- Ce que je vais faire? répond l'apôtre, je vais courir vers le but pour remporter le prix de ma sainte vocation.

 

Aussitôt on lui applique les verges et à chaque coup, son âme s'élève plus près de son Dieu... Tenez-vous encore à ses côtés : on commence à le lapider, car c'était là le supplice infligé à ceux qui ne parlaient pas selon le désir des persécuteurs. Il semble qu'on va lui rendre ce qu'il mérite, car il consentit à la lapidation d'Etienne alors qu'il s'appelait encore Saul.

 

- Maintenant, Paul, ceci devient grave. Ne ferais-tu pas mieux de rétracter quelques-unes des paroles que tu as prononcées au sujet de Jésus ? Que vas-tu faire?

 

- Eh bien, s'ils prennent ma vie, je n'en recevrai que plus tôt ma couronne ! s'écrie l'apôtre. Il ne recula pas d'un pouce. Il possédait ce que le monde ne peut donner, ce qu'il ne peut citer, savoir une vie éternelle et une couronne de gloire.

 

Une légère affliction.

 

Trois fois Paul fit naufrage ; il passa un jour et une nuit dans « l'abîme. » Voyez ce puissant apôtre passant une nuit et mm jour dans l'abîme ! Il est naufragé, et dans quel but ? Est-ce pour gagner de l'argent? Oh ! non, car il ne court pas après la fortune. Il allait simplement de ville en ville et de bourgade en bourgade, prêchant le glorieux Evangile de Jésus-Christ, arborant la croix partout où il en trouvait l'occasion. Il descendit à Corinthe et y prêcha durant dix-huit mois sans qu'aucun des coryphées de l'endroit vînt l'entendre. Personne ne le secondait. Quand il arriva, aucun des principaux de la ville ne le patronna ni ne l'encouragea. Le petit faiseur de tentes y vint comme un étranger, et s'occupa tout d'abord de son travail manuel afin de gagner son pain à la sueur de son front. Représentez-vous le grand apôtre confectionnant une tente, puis allant se tenir au coin d'une rue pour prêcher...

 

La vie d'un tel homme m'humilie ; je pense à la chrétienté de nos jours, si maladive et rabougrie, où des centaines ne prennent nul souci de travailler pour Christ et de l'honorer.

 

Paul dresse pourtant un inventaire des biens qu'il possède quand il écrit aux Corinthiens. Il est riche, à ce qu'il dit. Il a été fréquemment en voyage, en péril sur les fleuves, de la part des brigands, de ceux de sa nation, de la part des païens ; en péril dans les villes, dans les déserts, sur la mer, parmi les faux frères... Ce dernier danger a dû être le plus cruel de tous. Il a vécu dans le travail et la peine, exposé à de nombreuses veilles, à la faim et à la soif, à des jeûnes multipliés, au froid et à la nudité, assiégé encore chaque jour par les soucis que lui donnaient toutes les Eglises. (2Co 11:27-29.) Voilà quelques-unes des peines qu'il cite. Mais savez-vous ce qui le rendait excessivement joyeux? Il croyait l'Ecriture ; il croyait le sermon sur la montagne, auquel nous croyons beaucoup trop peu. Ecoutez une seule phrase de ce sermon : « Réjouissez vous et soyez dans l'allégresse lorsqu'on vous outragera et vous persécutera, parce que votre récompense sera grande dans les cieux. » Or donc la persécution était à peu près toute la richesse de Paul.

 

C'était son capital et ce capital était considérable ; il l'avait amassé et il devait lui valoir une récompense. Le Christ a dit : « Réjouissez-vous et soyez dans l'allégresse parce que votre récompense sera grande dans les cieux. » Il parle d'une grande récompense. Nous appelons grandes des choses qui peuvent paraître petites au Seigneur,  et celles qui nous semblent bien petites peuvent être très grandes aux yeux de Christ. Quand Celui qui a créé le ciel et la terre et qui les a agencés par sa toute-puissance, parle d'une grande récompense, que doit-elle être ?

 

Peut-être quelques-uns disaient alors à Paul Voyons ! tu rencontres trop d'oppositions, tu souffres trop ! Mais écoutez sa réponse : « Nos légères afflictions du moment présent produisent pour nous au delà de toute mesure un poids éternel de gloire. (2Co 4:17)

 

« Nos légères afflictions ! » Nous les aurions trouvées pesantes, accablantes, n'est-ce pas? Paul dit : « Ces légères afflictions, que sont-elles en comparaison de la gloire qui m'attend, du couronnement qui se prépare, de la récompense qui m'est réservée ? Le juste Juste me donnera tout cela quand le moment sera venu. » Cette pensée le remplissait de joie.

 

Et maintenant, réfléchissez à l'oeuvre que Paul a accomplie. Représentez-vous ce premier des missionnaires en pays païens, allant prêcher le glorieux Evangile de Jésus-Christ à des hommes méchants, hostiles et pleins de haine, pour leur dire que celui qui fut crucifié hors des murs de Jérusalem comme un vil criminel aux yeux du monde, était le Messie promis ! Il les exhortait à croire à ce Messie pour pouvoir entrer dans le royaume des cieux. Figurez-vous quels sinistres obstacles se dressaient devant lui, quelles oppositions il rencontra, quelles persécutions se déchaînèrent contre lui ; et puis, comparez tout cela avec les petites épines qui embarrassent notre chemin

 

Chanter dans la prison.

 

Les gens du monde pensent que la vie de Paul a été un échec, Ses ennemis, en le mettant en prison, croyaient sans doute le réduire au silence, Cependant je crois qu'il rend maintenant grâce à Dieu pour les prisons, les coups, les persécutions et les oppositions qu'il a endurés plus que pour tout autre chose. Que de fois ce qui nous répugne le plus est le plus salutaire ! Si Paul n'avait pas été mis en prison, il est probable que l'Eglise ne posséderait pas quelques-unes de ses glorieuses épîtres. C'est là qu'il prit la plume pour écrire aux chrétiens d'Ephèse, de Philippes, de Colosse, à Philémon et à Timothée. Quelle bénédiction pour le monde et pour l'Eglise que les deux épîtres aux Corinthiens ! Que de lumière elles ont répandue dans les cœurs. Sans la persécution, nous aurions été peut-être privés de ces épîtres.

 

John Bunyan est porté à bénir probablement le Seigneur à cette heure quand il se souvient de la geôle de Bedford. S'il n'eût été enfermé dans cette prison, nous n'aurions pas sans doute le Voyage du chrétien. Satan croyait remporter une grande victoire lorsqu'il le mit là pour douze ans et demi; mais quel bien en est résulté pour le monde ! Je pense que Paul bénit Dieu maintenant pour son emprisonnement à Rome, car il put avoir là le loisir nécessaire pour écrire ses précieuses lettres, Admirez si vous le voulez, Alexandre et ses conquêtes ; vantez la valeur d'un César et d'un Napoléon ! Voici un pauvre faiseur de tentes qui, sans avoir d'armée, a bouleversé le monde… Et comment ?

 

Parce que le Tout-Puissant était avec lui. Paul dit : « Je ne tiens nul compte des tribulations, » (Act 20:24,) On le jetait en prison, que lui importait ? cela ne l'ébranlait nullement. Rien ne le troublait, à Corinthe, à Athènes, lorsqu'il prêchait il ne voulait qu'une chose, courir dans la lice pour saisir le prix de sa vocation sainte. Si, pour remporter ce prix, Dieu le laissait mettre en prison, il était prêt à tout souffrir, En prison il avait toujours le Seigneur avec lui, car il était si étroitement enchaîné à son maître que nul ne pouvait les séparer, Il préférait être en prison avec Jésus, qu'en liberté sans lui, souffrir avec lui dans les fers plutôt que d'être à l'aise dans le monde. Lorsqu'il entend ce cri : « Passe en Macédoine et viens nous secourir ! » il s'y rend, il prêche et on le jette en prison à Philippes. S'il eût été pusillanime comme nous le sommes pour la plupart, il aurait été désappointé et abattu. Il se serait plaint en gémissant : Voilà une étrange direction de la Providence ! aurait-il dit, Pourquoi suis-je emprisonné ? Je croyais que le Seigneur m'appelait à venir dans ce pays, et me voici enfermé dans une ville étrangère ! Comment en sortirai-je ? Je n'ai ni argent, ni amis, point d'avocat, personne qui puisse intervenir en ma faveur. Je suis abandonné.

 

Paul et Silas avaient aussi les pieds tenus dans les ceps ; ils étaient dans une prison intérieure, dans une cellule sombre, froide et humide. Mais à minuit, les détenus entendent un bruit étrange ; on chante ! Jamais de pareils accents n'avaient frappé ces tristes lieux. Je ne sais quel cantique chantaient les deux évangélistes, mais ce dont je suis certain, c'est que leur chant n'était ni plaintif, ni lugubre comme ceux qui auraient pu sortir d'un tombeau. Il nous est dit qu'ils entonnèrent des louanges. Singulier endroit pour chanter des louanges, n'est-ce pas ?

 

Je pense qu'ils faisaient ensemble leur culte et répétaient l'hymne du soir, Dieu exauça leur prière. La vieille prison fut ébranlée, les chaînes des prisonniers se rompirent et les portes s'ouvrirent. Oh! oui, oui, je n'en doute pas! Paul rend grâce à Dieu dans la gloire d'avoir été mis en prison et de ce que le geôlier s'est converti.

 

Dans la gloire.

 

Mais, voyez-le à Rome ! Néron vient de signer son arrêt de mort. Tenez-vous là, et observez cet homme de petite taille si méprisé du monde. (2Co 10:10.) On le dédaigne. Si vous alliez parler dans le palais du roi de ce criminel, vous êtes sûrs de voir un sourire railleur sur tous les visages.

 

« Oh ! c'est un fanatique! dit-on. Il est fou ! » Pour ma part, je voudrais que le monde fût rempli de pareils insensés. Il nous en faudrait de nos jours qui fussent de cette trempe, des hommes qui n'eussent d'autre crainte que de pécher, d'autre amour que l'amour de Dieu.

 

Rome ne vit jamais dans ses murs un tel conquérant, ni dans ses Etats un homme d'une telle puissance. Le monde pouvait le regarder avec mépris et le trouver fort chétif, mais aux yeux des habitants des cieux il était le plus puissant qui eût jamais foulé le sol de cette reine des cités. Aucun de plus grand que lui ne parcourra probablement jamais ses rues. Le Fils de Dieu marchait avec lui dans la fournaise. (Dan 3:25.) Mais entrons dans sa prison. Il s'avance ; les officiers viennent lui annoncer que Néron a signé son arrêt de mort. Paul ne frémit pas, il n'est point effrayé...

 

- Paul ! dis; ne regrettes-tu pas à cette heure ton grand zèle pour Christ? Il va te coûter la vie. Si tu pouvais recommencer ta carrière terrestre, la consacrerais-tu à Jésus de Nazareth ?

 

Que va répondre le vieux lutteur? Son oeil s'enflamme et il s'écrie :

 

- Eusse-je dix mille vies, je les donnerais toutes pour Christ ! Mon seul regret c'est de n'avoir pas plus tôt commencé à le servir et de ne pas l'avoir mieux servi. Mon unique regret à cette heure, c'est d'avoir autrefois parlé contre Jésus de Nazareth.

 

- Mais on va te décapiter.

 

- Eh bien! qu'ils prennent ma tête, je ne m'en inquiètes pas ! Mon coeur est à mon Sauveur depuis des années ; nul ne peut me séparer de lui. Quand on me fera mourir, j'irai auprès de lui, ce qui me sera beaucoup meilleur.

 

On le tire hors de sa prison. Je ne sais à quelle heure, peut-être à la pointe du jour. Une tradition raconte qu'on l'emmena à deux milles de la ville. Voyez ce petit faiseur de tentes comme il avance d'un pas ferme à travers les rues de Rome ; contemplez ce géant comme il marche au supplice. Prenez place à côté de lui ; entendez-le ! il parle de la gloire à venir.

 

Désormais la couronne de justice m'est réservée. Aujourd'hui même, je verrai le roi dans sa beauté. Mon ardent désir était d'être auprès de lui ; il me tardait de le voir... Voici le jour de mon couronnement. »

 

On pouvait le plaindre, mais lui n'avait pas besoin de la pitié des hommes. Il possédait ce que le monde ne connaissait pas, un amour et un zèle dans le coeur dont le monde n'avait nulle idée. Ah ! quel amour que celui de Paul pour Jésus ! mais quel amour bien plus grand que celui de Jésus pour Paul !

 

L'heure était venue. D'après l'usage, le prisonnier devait se pencher en avant, puis un soldat saisissait une épée tranchante et lui emportait la tête d'un seul coup. Il me semble voir Paul, le visage radieux, incliner sa précieuse tête... L'épée de l'exécuteur s'abaisse sur elle et met son âme en liberté.

 

Avec les yeux d'Elisée, nous aurions pu la voir cette âme, s'élancer comme Elie dans un chariot de feu et prendre son glorieux essor à travers l'infini. Elle monte plus haut, encore plus haut ! Voyez-la s'élever toujours, toujours, toujours, toujours plus vers les cieux.

 

Contemplez-la enfin là-haut.

 

La voilà ! Elle entre dans la cité éternelle où sont les saints glorifiés, dans la demeure bienheureuse des rachetés. Elle va recevoir le prix qu'elle a si longtemps recherché. Voyez comme les portes du ciel s'ouvrent toutes grandes pour la recevoir... Entendez les anges, ces hérauts du ciel, debout sur les crénaux étincelants de la cité céleste, se dire l'un à l'autre avec des cris de joie : « Le voici ! le voici! » L'âme de Paul vole à travers les portes de perles ; elle suit la voie royale jusqu'au pied même du trône de Dieu. Là, Christ le reçoit en disant :

 

« Cela va bien, bon et fidèle serviteur! Entre dans la joie de ton Seigneur! »

 

Si le Maître vous disait cette parole, ne serait elle pas une compensation suffisante pour toutes vos peines, ne le croyez-vous pas ?

 

Chers amis! nous l'entendrons bientôt cette parole pourvu que nous demeurions fidèles. Prenons garde de ne pas perdre notre couronne ! Réveillons-nous de notre sommeil ! Revêtus de l'armure complète de Dieu, élançons-nous dans la mêlée pour combattre le bon combat. Alors, nous aussi, comme les saints des temps passés, nous serons accueillis dans le ciel par ces accents de bienvenue : « Cela va bien, bon et fidèle serviteur! »

 

Après.

 

Après de longs soupirs, une joie éternelle,

Après de durs labeurs, le repos dans les cieux,

Après l'ignominie, une gloire immortelle,

Après d'obscurs sentiers, un soleil radieux...

 

Après de tristes deuils, une vive espérance,

Après la sombre nuit, l'aurore d'un beau jour,

Après l'incertitude, une ferme assurance,

 

Après les coeurs brisés, un fort et tendre amour.

 

Après nuits de souffrances, un appui pour nos têtes,

Après le tourbillon, un ciel pur et serein,

Pour l'amour de Jésus, ô Dieu! tu nous apprêtes,

Après tant de douleurs, un abri dans ton sein...

 

Après de longs combats, des palmes de victoire,

Après une agonie, un cantique éternel,

Après l'amer calice, un fleuve dans la gloire,

Après nos lourdes croix, des couronnes au ciel.

 

 

 

 


Numérisation Yves PETRAKIAN

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