153 - REGARDEZ À JÉSUS.
L’a-t-on regardé ? On en est illuminé, et leurs faces ne sont point confuses
(Psaume 34:6).
D’après la liaison qui existe
entre mon texte et le verset précédent, il est clair que ces
mots : L’a-t-on regardé ? se rapportent au Seigneur.
« A-t-on regardé l’Éternel ? On en est illuminé » ;
telle est donc la déclaration du psalmiste. Et cependant nul homme,
j’ose l’affirmer, n’a jamais regardé Jéhovah tel qu’il est en lui-même
sans en être troublé. En dehors de Jésus-Christ, la notion d’un Dieu
absolu ne saurait procurer aux cœurs angoissés la moindre consolation.
Nous pouvons, il est vrai, regarder au Tout-Puissant, mais nous serons
aveuglés, car la lumière inaccessible où il habite est trop
éblouissante pour que nous puissions la supporter ; et de même que
nul œil mortel ne peut fixer impunément l’astre du jour, de même nulle
intelligence humaine ne saurait regarder au Créateur sans que l’éclat
de la divine essence ne frappe l’œil de son esprit d’une cécité
éternelle. La seule manière dont nous puissions contempler le
Très-Haut, c’est comme au travers du médiateur Jésus-Christ. Oui,
jusqu’à ce que je considère Dieu manifesté en chair, la divinité se
voilant sous l’humanité, mon cœur, je le répète, ne peut trouver la
paix ; mais dès que j’accepte par la foi le mystère de
l’incarnation, oh ! Alors, je puis avec assurance élever mes
regards vers Dieu, car il s’est abaissé jusqu’à moi, et ma pauvre
intelligence bornée peut le comprendre et le saisir. Je vais donc
appliquer les paroles de mon texte à notre Seigneur et Sauveur
Jésus-Christ. Et je crois que cette interprétation est parfaitement
légitime ; car, du moment qu’une âme regarde à Dieu tel qu’il
s’est montré à nous en Jésus, du moment qu’elle envisage la divinité
rendue visible dans la personne de l’Homme, né de la vierge Marie et
crucifié sous Ponce Pilate, on peut dire en toute vérité que cette âme
est illuminée : son entendement reçoit des flots de lumière, et
son cœur des rayons de consolation.
Je me propose, mes chers
auditeurs, de vous inviter en premier lieu à regarder à Jésus DANS SA
VIE SUR LA TERRE, et j’espère que quelques âmes recevront du bien de
cette première contemplation. Je vous exhorterai ensuite successivement
à regarder à lui DANS SA MORT, DANS SA RÉSURRECTION, DANS SON
ASCENSION, DANS SON OFFICE D’INTERCESSEUR, et enfin DANS SON SECOND
AVÈNEMENT. Et veuille le Seigneur que, regardant à lui d’un œil fidèle,
mon texte se réalise en chacun de nous, en sorte que nous
reconnaissions par une douce expérience la vérité de ces paroles :
L’a-t-on regardé ? On en est illuminé.
I.
D’abord, avons-nous dit, nous allons contempler le Seigneur Jésus DANS
SA VIE. Et ici, le croyant sous l’épreuve trouvera surtout de
précieuses lumières pour éclairer son âme. Dans l’exemple de Jésus,
dans sa patience, dans ses douleurs, il y a comme des étoiles
resplendissantes, capables de dissiper les épaisses ténèbres de la
sombre nuit de l’adversité. Approchez donc, ô vous, enfants de
Dieu ; et si seulement le Saint-Esprit daigne dessiller les yeux
de votre entendement, quelles que puissent être vos épreuves, soit
temporelles soit spirituelles, vous trouverez dans la vie de votre
Sauveur et dans ses souffrances d’abondantes sources de consolations et
de joie. Peut-être, sans doute même, devrais-je dire, il y a en cet
instant devant moi plus d’un infortuné qui se débat dans les abîmes de
la misère. Enfant du travail et de la peine, il ne mange son pain qu’au
prix de bien des sueurs ; le joug pesant de l’oppression blesse
son cou ; le dénuement sous toutes ses formes lui fait sentir son
aiguillon. Peut-être, tandis, que je parle, endure-t-il secrètement les
tortures de la faim, et, quoique dans la maison de Dieu, il ne peut
imposer silence aux besoins impérieux de son corps qui défaille et qui
souffre … Ô mon pauvre frère en Jésus, regarde à lui,
regarde à lui, et tu seras illuminé ! Comment te plaindrais-tu de
ta pauvreté, de ton abandon, de ta grande détresse ? Ton Maître ne
t’a-t-il pas prédit que tu aurais des tribulations dans le monde, et ne
sais-tu pas que c’est par beaucoup d’afflictions qu’il nous faut entrer
dans le royaume de Dieu ? (#Ac 14:22). Regarde à Jésus, te dis-je.
Vois-le jeûnant pendant quarante jours. Vois-le suivant péniblement un
chemin aride, puis accablé de fatigue et de soif, s’asseyant sur le
bord du puits de Sichar ; et entends-le, lui le Seigneur de
gloire, lui qui tient les nuées dans le creux de sa main, entends-le
disant à une femme samaritaine : « Donne-moi à boire ».
Et le disciple serait-il donc plus que son maître, ou le serviteur plus
que son seigneur ? Si Jésus a souffert la faim, la soif, les
privations de toutes sortes, ô déshérité de la terre, porte ton fardeau
sans murmures. Dans toutes ces choses, tu es en communion avec ton
Sauveur ; ne te laisse donc plus abattre en perdant courage, mais
regarde à lui et tu seras illuminé.
Mais peut-être, mon bien-aimé ton
épreuve est-elle d’une autre nature. Peut-être es-tu venu ici ce matin,
le cœur saignant encore des blessures que t’a infligées la langue
venimeuse de cette vipère immonde qu’on nomme la calomnie. Quoique pure
et sans tache devant Dieu, ta réputation semble perdue devant les
hommes ; tes détracteurs ont cherché à flétrir ce qui t’était plus
cher que la vie : ton honneur, ta bonne renommée ; tu as été
accusé de crimes dont ton âme a horreur ; c’est pourquoi tu es
aujourd’hui rassasié d’amertume et enivré d’absinthe. J’en conviens,
ton épreuve est bien lourde, ô enfant de douleurs ; car si la
pauvreté est comme le fouet de Salomon, la médisance, on peut le dire,
est comme les pointes de Roboam, et si le joug de la misère est pesant,
celui de la calomnie est plus pesant encore (allusion à #1R 12:8-14).
Cependant, quelque amère que soit ta peine, en Christ tu peux trouver
des consolations. Viens, mon frère, regarde à lui et tu seras illuminé.
Le Roi des rois fut appelé un Samaritain ; on l’accusa d’avoir un
démon, et lui en qui résidait la suprême sagesse fut taxé de folie. Sa
vie ne fut-elle pas toujours pure et sainte ? Et pourtant on le
traita de mangeur et de buveur, d’ami des péagers et des gens de
mauvaise vie. N’était-il pas le Fils bien-aimé du Père ? Ne
possédait-il pas toute puissance sur la terre et dans le ciel ? Et
pourtant on disait de lui qu’il chassait les démons par Béelzébul, le
prince des démons. Courage donc, pauvre victime de la calomnie, essuie
cette larme qui mouille ta paupière. S’ils ont appelé le père de
famille Béelzébul, combien plus appelleront-ils ainsi ses
domestiques ! (#Mt 10:25). Sans doute, si on avait honoré ton
Maître, tu aurais pu t’attendre à ce qu’on t’honorât à ton tour ;
mais puisqu’on l’a couvert d’injures, puisqu’on a cherché à ternir sa
gloire, ne t’étonne point d’être en butte à la malice du monde, et ne
rougis point d’être l’objet de ses outrages. Jésus marche à tes côtés
dans le dur sentier de l’ignominie ; il porte sa croix devant toi,
et cette croix était autrement lourde que la tienne ! Encore une
fois, regarde à lui, et tu seras illuminé.
Mais j’entends un autre de mes
auditeurs qui s’écrie : « Ah ! Mon affliction est plus
grande encore. Je ne suis ni poursuivi par la calomnie, ni oppressé par
le besoin, mais la main de Dieu s’est appesantie sur mon âme. Le
Seigneur m’a remis en mémoire mes transgressions passées ; il m’a
caché la clarté de sa face. Il fut un temps où j’étais assuré de mon
salut ; je pouvais en quelque sorte lire mon nom inscrit dans le
livre de vie ; mais aujourd’hui, hélas ! Je suis tombé bien
bas. Le Seigneur m’a élevé, et puis, il m’a jeté par terre ; comme
un lutteur, il m’a élevé, afin de me lancer loin de lui avec d’autant
plus de force ; mes os sont épouvantés, et mon esprit s’est fondu
d’ennui. Eh bien ! Mon frère angoissé, à toi aussi je dis :
regarde à Jésus, et tu seras illuminé ! Ne gémis plus sur tes
doutes, sur tes misères, mais viens avec moi et regarde à ton Sauveur.
Vois-tu le jardin des Oliviers ? La nuit est froide, le sol crie
sous tes pas, car la gelée l’a durci ; et là, au milieu des
ténèbres et du silence, ton Sauveur est à genoux. Écoute-le.
Comprends-tu le sens de ses gémissements, le langage de ses
soupirs ? Sûrement tes angoisses ne sont rien auprès de celles qui
devaient peser sur son âme quand des grumeaux de sang découlant de tout
son corps, teignaient le sol autour de lui. Et tes combats, oserais-tu
les comparer aux siens ? Vois-le en Gethsémané, luttant corps à
corps contre les puissances des ténèbres. Écoute, oh ! Écoute
surtout le cri déchirant qui sort de ses lèvres au dernier et solennel
moment de son agonie : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu
abandonné? Et lorsque tu l’auras entendu, ce cri d’une indicible
angoisse, ne trouve point étrange, ô mon bien-aimé, si tu es appelé toi
aussi à te mesurer parfois avec Satan, et ne murmure point, comme s’il
t’arrivait quelque chose d’extraordinaire, alors même que tu devrais te
joindre au lama sabachthani de ton Maître, ou suer avec lui quelques
gouttes de sa sueur sanglante. L’a-t-on regardé ? On en est
illuminé.
Il se peut aussi que j’aie en cet instant devant moi quelque
fidèle persécuté pour la justice. « Hélas, s’écrie-t-il, je ne
puis pratiquer en paix les commandements de mon Dieu. Mes proches, mes
amis sont ligués contre moi ; ils me suscitent mille entraves. Je
suis en butte aux sarcasmes, aux moqueries, aux humiliations de toute
sorte pour le nom de Christ. » Et que t’importe, enfant de
Dieu ? Ne crains rien, mais regarde à ton tour à Jésus, et tu
seras illuminé. Souviens-toi des persécutions sans nombre auxquelles
ton Sauveur se soumit pour l’amour de ton âme. Pense, oh ! Pense,
aux soufflets et aux crachats, aux insultes des soldats et aux huées de
la foule. Pense à cette marche terrible à travers les rues de
Jérusalem, lorsque tous le bafouaient à l’envie, et que ceux-là même
qui allaient être crucifiés avec lui l’accablaient de leurs injures.
Dis, mon frère, n’as-tu .jamais été plus maltraité que lui ?
N’as-tu jamais subi de plus grands outrages? … Oh ! Il
me semble qu’un seul regard jeté sur l’Homme de douleurs, devrait
suffire pour ranimer le chrétien le plus timide, et pour lui faire
ceindre son armure avec un nouveau courage ! Eh quoi !
Rougirions-nous d’être aussi déshonorés que notre auguste Chef ?
C’est en regardant à Jésus persécuté, que les nobles martyrs des temps
passés furent rendus capables de braver pour son nom les bûchers et les
tortures. Ils savaient, ces vaillants soldats de la croix, qu’au sortir
de la terrible mêlée où ils allaient laisser leur vie, une glorieuse
couronne les attendait, la sanglante couronne du martyre ! C’est
pourquoi ils demeuraient fermes, comme voyant Celui qui est
invisible ; et cette vue les fortifiait, au sein même des plus
cruelles douleurs. Ils considéraient Celui qui a souffert une si grande
contradiction des pécheurs, afin qu’ils ne s’abattissent pas en perdant
courage ; ils résistaient jusqu’au sang, combattant contre le
péché (#Hé 11:27; 12:3,4) ; et sachant que leur Maître avait fait
de même, son exemple soutenait leur constance. Ah ! Mes frères et
mes sœurs bien-aimés, si nous regardions plus à Christ, croyez que nos
épreuves ne nous paraîtraient plus si sombres. Même par la nuit la plus
noire, un regard vers Christ suffit pour éclairer le ciel de ses
enfants. Oui, fussions-nous entourés d’une obscurité tellement épaisse,
que pareille à celle du pays d’Égypte, on pût la toucher de la main
(#Ex 10:21) ; fussions-nous, pour ainsi dire, emprisonnés dans des
murailles de ténèbres massives, un simple regard sur Jésus serait
encore pour nous comme le brillant éclair qui sillonne la
nue, — aussi brillant, mais non aussi fugitif. Que sont en
effet les fatigues de la route, pour l’âme qui contemple Christ ?
Réjouie par sa voix, fortifiée par sa force, elle est prête à tout
faire, à tout souffrir, et pourvu qu’il la soutienne jusqu’à la fin, à
obéir, comme lui, jusqu’à la mort.
Ô vous donc, chrétiens travaillés
et chargés, quelles que soient vos épreuves, souvenez-vous de regarder
à Jésus dans sa vie, et vous serez illuminés.
II.
Et maintenant, mes frères, je vous convie à contempler un spectacle
plus lugubre encore ; mais, chose étrange ! À mesure que
l’horizon s’assombrit autour de Jésus, pour nous, son éclat augmente.
Plus le Sauveur s’enfonce dans les abîmes de la douleur, plus
brillantes sont les perles qu’il nous procure : plus amères sont
ses angoisses, plus vives sont nos joies, et, plus profondes ses
humiliations, plus éclatantes nos gloires. Venez donc, mes chers
auditeurs, — et cette fois je m’adresse aux pauvres pécheurs
craintifs et tremblants, aussi bien qu’aux âmes
croyantes, — venez regarder à Jésus DANS SA MORT. Montons
ensemble au Calvaire. Là, sur le sommet de la colline, en dehors des
portes de Jérusalem, au lieu où l’on avait coutume d’exécuter les
malfaiteurs vulgaires, là, dis-je, sont dressées trois croix. Celle du
milieu est réservée pour un homme considéré comme le plus grand des
criminels. Voyez ! On l’a cloué à la croix. Et cet homme, c’est le
Prince de la vie, c’est le Seigneur de gloire, aux pieds duquel les
armées célestes se plaisent à verser nuit et jour des coupes pleines de
parfums et de louanges ! Ô mystère des
mystères ! … On l’a cloué à la croix ; il est
suspendu entre le ciel et la terre, meurtri, sanglant, agonisant. Il a
soif et il pousse un cri de détresse. On apporte du vinaigre et on le
présente brutalement à ses lèvres. Il souffre, il se meurt, il aurait
besoin de sympathie, mais on l’insulte, et on s’écrie avec une cruelle
ironie : Il a sauvé les autres, et il ne peut se sauver
lui-même ! On dénature ses paroles ; on le défie maintenant
de détruire le temple et de le rebâtir en trois jours, de sorte qu’au
moment même où cette prédiction se réalise, on se moque de son
impuissance à l’accomplir. Oh ! Voyez-le, avant que le voile
s’abaisse sur une agonie trop poignante pour que l’œil puisse en
supporter la vue ! Regardez-le … Y eut-il jamais un
visage navré comme son visage ? Y eût-il jamais un cœur aussi gros
de souffrances que son cœur ? Et quels yeux ne reflétèrent jamais
comme les siens le feu dévorant d’une brûlante angoisse ?
Oh ! Venez, approchez, considérez-le ; venez et regardez
maintenant à Jésus. Le soleil s’est éclipsé, refusant d’éclairer ce
déchirant spectacle. La terre tremble, les morts se lèvent, les
horreurs de ses souffrances font tressaillir la nature entière.
Il meurt, il meurt ! Lui, le
Saint et le Juste, Lui, l’Ami du pécheur ! …
Mon cher auditeur, qui que tu
sois, je t’invite en cet instant à regarder à la croix de Jésus afin
que tu sois illuminé. Quels sont les doutes qui assiègent ton
âme ? De quelque nature qu’ils puissent être, ils trouveront, sois
en certain, une douce et consolante solution au pied de la croix de
Christ. Tu es venu peut-être dans ce lieu de culte doutant de la
miséricorde de Dieu ; regarde au Sauveur mourant sur le Calvaire,
et tu ne pourras en douter encore. Si Dieu n’était pas riche en
compassion et abondant en gratuités, aurait-il, je te le demande,
envoyé son Fils, son unique, pour souffrir et pour mourir ?
Peux-tu supposer qu’un Père qui a arraché son Bien-Aimé de son sein,
qui l’a cloué à l’arbre de la croix afin qu’il endurât une mort
ignominieuse pour nous sauver, peux-tu, dis-je, supposer que ce Père
soit dur, inflexible, sans entrailles et sans pitié ? Arrière de
nous cette pensée impie ! Non, il n’y aurait jamais eu de croix
sur le Calvaire s’il n’y avait des trésors de compassion dans le cœur
de Dieu.
Ou bien doutes-tu que le Seigneur
puisse te sauver ? Te dis-tu en ce moment : « Comment le
Saint et le Juste pourrait-il bien faire grâce à un être aussi coupable
que moi ? » Oh ! Regarde, pécheur, regarde à la grande
expiation qui a été faite, à l’inappréciable rançon qui a été payée
pour ton âme. Crois-tu que ce sang qui découle du corps meurtri de
Jésus n’ait pas la puissance de laver ton âme et de la justifier
parfaitement ? Sans la croix, il est vrai, ce problème fût demeuré
éternellement insoluble : « Comment Dieu peut-il être juste,
tout en justifiant le pécheur ? » Mais vois sur Golgotha le
sanglant substitut de l’homme coupable ! Et sache que le Seigneur
a accepté ses souffrances comme un équivalent à la peine due à tous
ceux qui croiront en lui … Après cela dis encore, si tu
l’oses, que le sang de Christ ne suffit point pour acquitter le
pécheur, tout en sauvegardant l’inviolable justice de Dieu !
Mais il est des âmes qui me
diront : « Nous ne doutons pas de la miséricorde de Dieu en
général, non plus que de son pouvoir à pardonner ; mais ce dont
nous doutons c’est de sa volonté à nous pardonner, nous,
individuellement ». Ah ! Mes chers amis qui tenez ce langage,
je vous en conjure par Celui qui est vivant et qui a été mort, ne
cherchez point en vous-mêmes la réponse à cette difficulté ; ne
vous asseyez point, ainsi que vous l’avez fait tant de fois, pour
considérer de nouveau vos péchés. Ils ont tout fait pour vous
perdre, — ils ne feront jamais rien pour vous sauver. Le seul
lieu où vous puissiez trouver une réponse consolante pour votre âme,
c’est au pied de la croix. Allez donc, mes bien-aimés, allez, en
rentrant dans vos maisons, vous asseoir, dans le calme et le silence,
en face de la croix de Christ. Là, contemplez le Sauveur mourant ;
voyez ses plaies, ses douleurs, son agonie ; — et
alors je vous défie de me dire encore : « Je doute de son
amour pour moi ! » Oui, la contemplation de Christ engendre
la foi. On ne peut croire en Christ que tel qu’on le voit ; or, si
vous regardez lui vous acquerrez la certitude que sa bonne volonté à
vous sauver égale sa puissance ; vous saurez qu’il est plein de
charité, de support, de tendre compassion. On ne doute que parce qu’on
ne connaît pas Christ. Si le monde entier voulait regarder à Jésus, le
monde entier croirait en lui.
Ah ! Si vous connaissiez sa grâce,
Si le doux regard de sa face
Avait rencontré votre cœur,
Ce cœur, délivré de ses chaînes,
Fuyant la source de ses peines,
S’égaierait en son Sauveur !
Chants chrétiens.
Essayez, essayez, mes chers amis, de regarder à Christ, tout de suite,
en ce moment même, et vous sentirez tous vos doutes se dissiper comme
par enchantement ; car en vérité je vous le dis, il n’est rien qui
tue plus vite toute sorte d’incrédulité et de méfiance qu’un regard
fixé sur l’œil doux et aimant du Sauveur crucifié.
« Quant à moi, objecte encore
quelqu’un, si je doute de mon salut c’est parce que je ne puis être
aussi saint que je le voudrais. J’ai essayé de me débarrasser de mes
péchés, mais sans succès. J’ai cherché à ne plus nourrir de mauvaises
pensées, à ne plus commettre de mauvaises actions, mais, hélas !
Je sens encore que mon cœur est rusé par-dessus toutes choses, et que
j’erre constamment loin de Dieu. Sûrement il est impossible que je sois
sauvé, tant que je serai dans cet état… » Arrête, mon cher
auditeur ! Regarde à Jésus, toi aussi, et tu seras illuminé.
Qu’as-tu besoin, je te prie, de toujours te contempler toi-même ?
La grande affaire du pécheur est, non avec lui-même, mais avec Christ.
Ton affaire à toi c’est d’aller à lui, malade dans ton âme, travaillé
dans ta conscience, souillé dans ta vie, et de lui demander la
guérison. Il ne faut pas que tu sois d’abord ton propre médecin, et
ensuite que tu aies recours à Christ ; non, tu dois aller à lui
tel que tu es. Ta seule chance de salut est de te confier simplement,
implicitement, exclusivement en Christ. Que Christ soit le seul pilier
de ton espérance, et ne cherche jamais à l’étayer par les fragiles
arcs-boutants de ta propre justice. Souviens-toi que Jésus peut et veut
te sauver. Tout ce qu’il demande de toi c’est que tu te confies en lui.
Quant aux bonnes œuvres, elles viendront plus tard : ce sont les
fruits de l’Esprit, — fruits de l’arrière-saison, si l’on
peut ainsi dire ; mais pour le moment ton premier devoir n’est pas
de faire, mais de croire. Regarde donc à Jésus, et repose-toi
uniquement sur lui.
« Mais, reprend un autre, je
crains que je ne sente pas comme je le devrais le besoin d’un
Sauveur. » — Eh ! C’est toujours la même ruse de
Satan, mon frère. Toi aussi, tu regardes à toi-même : de là vient
tout le mal. On peut dire que nos doutes et nos craintes n’ont qu’une
seule et même cause : notre obstination à tourner nos yeux dans
une mauvaise direction. Que ne regardes-tu à la croix, mon cher
auditeur ? Que ne regardes-tu à Jésus, comme le pauvre brigand qui
était crucifié à côté de lui ? Tu le sais, il s’écria
simplement : Seigneur, souviens-toi de moi quand tu seras entré
dans ton règne ! Fais de même. Rien ne t’empêche assurément de
dire à Jésus que tu ne sens pas assez le besoin que tu as de lui ;
tu peux, si tu le veux, en lui énumérant tes nombreux manquements, lui
avouer que tu n’as pas une conviction assez forte de ta profonde
indignité, et à toutes tes confessions ajouter cette requête :
« Seigneur, aide-moi à mieux te confesser mes péchés, aide-moi à
éprouver une componction plus sincère ». Mais tout en faisant cela
rappelle-toi que jamais ta repentance ne te sauvera, le salut ne
s’obtient, — je ne me lasse pas de le redire, — que
par le sang de Christ, par ce sang qui s’échappe de ses mains, de ses
pieds, de son côté percé. Oh ! Je vous en supplie, mes chers amis,
au nom de Celui devant la face de qui je me tiens et lequel je
sers, — je vous en supplie, tournez en ce moment vos yeux
vers la croix de Christ. La voilà. Je la dresse aujourd’hui au milieu
de vous. Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi le Fils de
l’Homme est élevé à cette heure sous vos yeux, afin que quiconque croit
en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle.
Un mot maintenant à vous, enfants
de Dieu, car vous avez aussi vos doutes. Voulez-vous en être
affranchis ? Voulez-vous vous réjouir dans le Seigneur, avec une
foi ferme et une confiance inébranlable ? Regardez à Jésus,
regardez comme tout de nouveau à lui, et vous serez illuminés. Je ne
sais ce qui en est de mes chers frères en la foi, mais pour ma part, je
l’avoue, mon âme est souvent assaillie par de pénibles perplexités, à
tel point que je me demande avec inquiétude si je possède, oui ou non,
le moindre amour pour le Sauveur. Et bien que certaines personnes qui
jouissent, disent-elles, sans interruption, de l’assurance de leur
salut, se moquent du cantique commençant par ces mots :
Hélas ! Mon cœur tremblant se demande sans cesse :
Suis-je au monde ou suis-je au Seigneur ?
Je déclare que, quant à moi, je
suis souvent obligé de le chanter. Bien plus, j’ai la conviction que
tout enfant de Dieu a ses moments de doute, et que les gens qui ne sont
jamais inquiets sur leur état sont justement ceux qui auraient le plus
raison de l’être. Je rencontrai un jour un homme qui se vanta devant
moi de ne point avoir éprouvé un seul instant de doute, depuis trente
ans. « Je connais une personne, répondis-je, qui de son côté n’a
jamais eu le plus léger doute sur votre compte… » Il prit ces
paroles pour un compliment. « Comment cela ? » me dit-il
d’un air satisfait ; « cette personne me connaît donc très
particulièrement ? » — « Oui,
répliquai-je ; aussi n’a-t-elle jamais douté que vous ne soyez le
plus insigne hypocrite qu’elle ait jamais rencontré. » Tel était,
en effet, le cas de cet infortuné. Et pourtant il jouissait, disait-il,
depuis trente ans, de la ferme assurance de son salut ; à
l’entendre, il se sentait choisi de Dieu. Il était, pour ainsi dire,
son enfant gâté ; la doctrine de l’élection ne l’effrayait
point ; il se plaisait au contraire à la proclamer et l’aurait
volontiers inscrite sur son front ; mais en même temps il était,
le maître le plus dur, l’oppresseur le plus cruel des pauvres, et
lorsque plus tard, il devint pauvre lui-même, il tomba au dernier
échelon de la dégradation et du vice. Je vous cite cet exemple, mes
chers amis, pour vous prouver que les chrétiens qui parlent le plus de
leur assurance ne sont pas toujours les plus solides. Il est de pauvres
âmes timorées qui en réalité touchent aux portes du ciel, et qui
néanmoins tremblent parfois encore d’être jetées en enfer ; tandis
que tel orgueilleux pharisien marchera le front haut et le cœur
tranquille, sans s’apercevoir qu’il chemine sur la grande route de la
perdition. — Quoi qu’il en soit, mes bien-aimés, il n’en est
pas moins de votre devoir de chercher à surmonter au plus tôt ces
défaillances de votre foi, et pour cela, je vous le dis encore,
regardez à Jésus. Prenez pour votre devise ces paroles qu’un chrétien
éminent — le docteur Carey, célèbre théologien
écossais — choisit sur son lit de mort pour être gravées sur
sa tombe :
Misérable et perdu, sans force et sans défense,
Je me jette, ô Christ, dans tes bras !
J’attends de toi pardon, salut et délivrance
Tu l’as promis, tu le feras !
On raconte qu’au moment d’expirer ce même
chrétien, interrogé par un de ses amis, lui répondit : « Je
suis à rassembler toutes mes bonnes œuvres, à les jeter à la mer, et à
me cramponner de toutes mes forces à la planche du salut gratuit, sur
laquelle j’espère bientôt aborder à la gloire ». Faites de même, ô
chrétiens ! Tenez vos regards constamment fixés sur Christ seul,
et aussi longtemps que votre œil sera sain, certainement tout votre
corps sera éclairé ; mais si vous laissez errer les yeux de votre
âme, si vous regardez d’abord à vous-mêmes et ensuite, à Christ,
oh ! Alors, votre corps tout entier sera dans les ténèbres. À la
croix, enfants de Dieu, à la croix ! Car c’est de là que vous
viendra le secours. Lorsque Satan, ce lion rugissant, rôdera autour de
vous, cherchant à vous dévorer, fuyez, fuyez vers la croix ! Allez
où vont les brebis, poursuivies par quelque bête
sauvage, — allez auprès de votre berger : les bêtes
sauvages craignent sa houlette ; mais pour vous, elle n’est pas à
craindre ; au contraire, elle vous consolera. À la croix, mes
frères, à la croix, vous dis-je, si vous voulez que votre foi
s’affermisse. Ah ! Si nous vivions plus près de Jésus, si nous
ressemblions davantage à Jésus, si nous nous reposions sur Jésus avec
plus d’abandon, je suis assuré que les doutes et les craintes seraient
choses inconnues parmi nous ; alors notre vie chrétienne
ressemblerait à un sentier doux et uni, sans ronces ni épines ;
mais du moment que nous voudrons, en quelque mesure, vivre à nos
propres dépens, soyons assurés que les épines et les ronces naîtront en
abondance sous nos pas. — L’a-t-on regardé ? On en est
illuminé …
Mais il est temps, mes chers amis, que nous tournions nos regards vers
une scène glorieuse entre toutes : LA RÉSURRECTION DE CHRIST.
Venez et admirons tous ensemble. Le serpent ancien vient de blesser au
talon la sainte postérité de la femme. Le Fils de Dieu, le Rédempteur
des hommes, vient d’exhaler le dernier soupir, et les filles de
Jérusalem se lamentent au pied de la croix. On enveloppe son corps dans
un linceul, on le dépose dans le sépulcre, et là il sommeille trois
jours et trois nuits. Mais, ô prodige ! Le premier jour de la
semaine, Celui que ne pouvaient retenir les cordeaux de la mort, Celui
dont la chair ne devait point sentir la corruption ni l’âme rester
prisonnière dans le lieu du silence, — Jésus lui-même se
relève triomphant ! En vain l’a-t-on lié de bandes : il les
déploie par sa puissance, puis, les range de côté dans un ordre
parfait. En vain a-t-on scellé la pierre qui ferme le sépulcre :
un ange descend du ciel, la roule, et incontinent le Seigneur sort. En
vain les soldats et les gardes veillent-ils auprès de la grotte :
saisis d’épouvante, tous s’enfuient, et il paraît, le Prince de la vie,
le vainqueur de la mort, le premier-né de la tombe ; il paraît,
ayant repris la vie par le seul effet de sa volonté souveraine !
Mes bien-aimés, je vois parmi vous
un grand nombre de personnes revêtues des tristes insignes du deuil.
Elles ont perdu peut-être les objets les plus chers de leurs
affections. J’ai aussi devant moi, je n’en puis douter, bien des âmes
qui sont constamment travaillées par la crainte de la mort. Elles sont
toute leur vie assujetties à la servitude (#Hé 2:15), en songeant aux
dernières angoisses, à la lutte suprême que tout enfant d’Adam doit
soutenir en traversant le Jourdain. À ces deux classes d’affligés, je
m’adresse en ce moment. Ô vous âmes en deuil et ô mes timides, venez,
je vous en supplie, venez contempler Jésus sortant du tombeau ;
mettez-vous bien dans l’esprit que ces paroles si pleines d’espérances
sont littéralement vraies : Maintenant, Christ est ressuscité, et
il est devenu les prémices de ceux qui sont morts (#1Co 15:20). Aussi
quoique notre chair mortelle, souillée par le péché, doive retourner en
poussière, nous pouvons dès à présent entonner ce chant de
triomphe :
Ô mort ! Où donc est ta victoire ? Comme Jésus nous
revivrons, Comme lui nous refleurirons, Parés de jeunesse et de
gloire !
Prends donc courage, pauvre
veuve ! Si ton mari est mort en Jésus, ne pleure plus à cause de
lui, car Jésus te le rendra. Regarde ! Le Maître est ressuscité.
Il n’est point un fantôme, car en présence de ses disciples, il mange
du poisson rôti et d’un rayon de miel ; il n’est point un esprit,
car il dit lui-même : « Touchez-moi et regardez-moi, car un
esprit n’a ni chair ni os comme vous voyez que j’ai. » Sa
résurrection a été une palpable réalité. — Enfants de Dieu,
apprenez tous à modérer votre douleur. Les êtres aimés que vous avez
perdus revivront certainement. Non seulement leurs esprits, mais leurs
corps vivront. Le tombeau, la poudre, la corruption ne font qu’épurer
notre chair ; au son de la trompette de l’archange, nous la
revêtirons de nouveau. Oh ! Ne croyez point, mes bien-aimés, que
le ver du sépulcre ait englouti vos enfants, votre époux, vos amis, vos
vieux parents ! À vues humaines, il est vrai, il semble qu’il, en
soit ainsi ; mais qu’est-ce que le ver du sépulcre, après tout, si
ce n’est le creuset par lequel doit passer notre pauvre chair souillée,
afin que ses impuretés soient consumées ? Oui, dans un moment,
dans un clin d’œil, au son de la dernière trompette, les morts
ressusciteront incorruptibles et les vivants seront changés. Et alors,
ô bonheur ! Ces yeux que la mort vient de fermer, vous les
rencontrerez de nouveau ! Cette main que vous avez vue retomber
inerte sur la couche funèbre, vous la presserez de nouveau ! Ces
lèvres qui naguère étaient blanches et froides, vous les baiserez
encore, et vous entendrez cette voix aimée, qui maintenant est
silencieuse dans le tombeau ! … Ô bienheureuse
espérance ! Comme notre Maître est ressuscité, ainsi
ressusciterons-nous.
Et quant à vous, âmes craintives
qui tremblez au seul nom de mort, dites, pourquoi ces terreurs,
pourquoi ces alarmes ? Jésus est mort avant vous. Avant vous il a
franchi les portes de fer du sépulcre, et quand vous devrez les
franchir à votre tour, il viendra à votre rencontre. Ne craignez donc
rien :
Un seul mot de Jésus peut, du lit de la mort,
Faire un doux oreiller où son enfant s’endort.
Encore une fois, pourquoi
trembler ? Puisque Jésus est ressuscité, vous ressusciterez aussi.
Que votre cœur ne se trouble point et confiez-vous en lui. Quand on
vous déposera dans la tombe, tout ne sera pas fini pour vous ;
oh ! Non, votre dépouille mortelle sera comme une semence mise en
terre en vue de l’éternelle moisson. Votre esprit retournera vers Dieu,
et votre corps, après avoir sommeillé un peu de temps dans la
poussière, se réveillera pour l’immortalité. Il faut qu’il meure
premièrement pour être ensuite vivifié, mais lorsqu’il aura connu la
mort, il recevra une nouvelle vie. Oh ! Quelle chose précieuse que
de pouvoir contempler par la foi un Sauveur ressuscité ! L’a-t-on
regardé ? On en est illuminé. Je ne connais rien d’aussi propre à
élever nos esprits vers le ciel qu’une vue claire de la résurrection de
Jésus-Christ. Alors nos amis ne sont point perdus pour nous, ils nous
ont simplement devancés ; nous ne mourrons point nous-mêmes ;
nous semblerons mourir, mais en réalité nous commencerons à vivre, car
il est écrit : Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait
mort. Dieu veuille que tel soit le partage de chacun de nous !
IV.
Et maintenant, mes frères, aussi brièvement que possible, je veux vous
inviter à regarder à Jésus dans SA GLORIEUSE ASCENSION. Vous le savez,
quarante jours après sa résurrection il conduisit ses disciples sur une
montagne, et tandis qu’il leur parlait, tout à coup, il se sépara
d’avec eux ; il s’éleva dans les airs, et une nuée l’emporta dans
la gloire. Essayons de le suivre par l’imagination, dans son vol
magnifique vers les cieux. Quel éclat, quelle majesté
l’environne !
Son char pompeux est précédé des anges,
Qui, publiant ses merveilleux exploits,
Font retentir dans les airs ses louanges.
Et vers le ciel poussent leurs mille voix.
Cantique de l’Ascension.
Voyez-le montant, avec un triomphe
incomparable, les collines éternelles ; il approche de la sainte
cité, de la grande métropole de l’univers, et soudain les anges qui
ouvrent le cortège s’écrient tous d’une voix : Portes, élevez vos
têtes, portes éternelles, haussez-vous, et le Roi de gloire
entrera ! Alors les esprits radieux qui se tiennent sur les
créneaux de lumière crient à leur tour : Qui est ce Roi de
gloire ? Et les premiers de répondre : C’est l’Éternel fort
et puissant dans les combats, c’est l’Éternel des armées, c’est lui qui
est ce roi de gloire ! (#Ps 24). Puis, tous ensemble, ceux qui
gardent les murailles, et ceux qui précèdent le vainqueur, entonnent
l’hymne du triomphe ; et au milieu de cet océan d’harmonie dont
les vagues mélodieuses arrivent jusqu’aux portes du ciel, se détachent
encore ces notes sublimes : « Portes, élevez vos têtes,
portes éternelles, haussez-vous, et le Roi de gloire
entrera ! » Et il entre ! Et sous ses pas l’armée
céleste sème des palmes sans nombre ; et la multitude des rachetés
sort à sa rencontre, jetant à ses pieds, non des fleurs d’un jour,
comme nous en donnons aux conquérants de la terre, mais des fleurs
immortelles, des couronnes impérissables de gloire. Et pendant ce
temps, les voûtes des cieux retentissent d’une suave mélodie : À
Celui qui nous a aimés, qui nous a lavés de nos péchés par son sang, et
qui nous a faits rois et sacrificateurs de Dieu son Père, à lui soit la
gloire et la force aux siècles des siècles (#Ap 1:5,6). Et tous les
saints, et tous les anges répondent : Amen ! Amen !
Ô chrétien, mon frère, regarde à
ces scènes glorieuses, car elles sont riches pour toi en consolations.
Jésus a remporté la victoire et il s’est assis de nouveau sur son
trône. Aujourd’hui, hélas, ta vie est un train de guerre
continuel ; tu as à combattre, non contre la chair et le sang,
mais contre les principautés et les puissances. Peut-être que ce matin
même, l’adversaire t’a serré de près, en sorte que tu as été sur le
point de tomber. En vérité, c’est un sujet d’étonnement pour toi que tu
n’aies pas tourné le dos au jour de la bataille, car souvent tu as
craint de fuir comme un lâche devant l’ennemi. Toutefois, ne tremble
point : ton Maître a été plus que vainqueur, et tu le seras aussi.
Le jour approche où, avec une splendeur moindre, il est vrai, que la
sienne, mais de même nature, toi aussi tu entreras dans le séjour de la
béatitude. Quand tu mourras, les anges viendront à ta rencontre au
milieu des eaux profondes, et à mesure que le froid courant de la mort
glacera ton sang dans tes veines, ton cœur sera réchauffé par un autre
courant, courant de lumière et de chaleur, émanant de la grande source
de toute joie. Et lorsqu’enfin tu seras parvenu au-delà du Jourdain des
esprits angéliques, vêtus de leurs robes immaculées, te souhaiteront la
bienvenue ; ils t’accompagneront vers la sainte cité en chantant
les louanges de Jésus et en te saluant comme un nouveau trophée de sa
puissance. Puis les portes du ciel s’ouvriront devant toi, et Christ,
ton Maître, viendra à ta rencontre et te dira : Cela va bien, bon
et fidèle serviteur ; entre dans la joie de ton Seigneur. Alors tu
sentiras que tu partages son triomphe comme tu partageas, ici-bas, ses
luttes et ses douleurs. Que ces pensées te raniment, ô chrétien !
Ton illustre capitaine a remporté une éclatante victoire, et par cette
victoire il t’a assuré un glorieux étendard, qui jamais ne fut terni
par la défaite, quoique souvent trempé dans le sang de ses défenseurs.
V.
Un cinquième aspect sous lequel je vous exhorte, mes frères, à regarder
à Jésus, c’est dans SON OFFICE D’INTERCESSEUR. Voyez-le assis dans le
ciel, à la droite du Père ; il est monté en haut ; il a mené
captifs les prisonniers ; et maintenant il prie sans cesse pour
nous. Semblable au souverain sacrificateur des anciens temps, il se
tient debout, et étend les bras vers le trône de Dieu. Son, attitude
est pleine de majesté, car il n’est point un timide et servile
suppliant. Il ne se frappe point la poitrine et ne tient point ses yeux
baissés vers la terre, mais avec autorité il prie pour nous. Sur sa
tête brille l’éclatante tiare, insigne de la sacrificature, et sur sa
poitrine étincellent les pierres précieuses où sont éternellement
gravés les noms de ses élus. Écoutez-le tandis qu’il prie. Ne
reconnaissez-vous point la requête qu’il présente en cet instant à son
Père? … Ô merveilleuse charité ! C’est celle-là même
que vous venez de faire monter vers lui ! Oui, mes bien-aimés, la
prière qui ce matin s’est élevée de votre cœur, Christ l’offre à cette
heure devant le trône de grâce. Le vœu qui s’est échappé de vos lèvres,
il n’y a qu’un moment, alors que vous vous êtes écrié :
« Seigneur, aie pitié de moi ! Seigneur, sois apaisé envers
moi ! » — Ce vœu, Christ le répète maintenant dans
le ciel ; il est à la fois l’autel et le pontife, et avec son
propre sacrifice, il parfume nos prières. Et cependant, pauvre âme
suppliante, il est possible que tu aies crié à Dieu jour après jour
sans recevoir aucune réponse. Il est possible que tu aies recherché le
Seigneur et qu’il ne t’ait pas entendue, ou du moins qu’il ne t’ait
point exaucée selon le désir de ton cœur : dans ta profonde
détresse, tu as crié à lui, mais les cieux t’ont paru d’airain et il
semble que le Très-Haut ait rejeté ta demande ; c’est pourquoi, tu
es pleine de ténèbres et d’abattement. Regarde à Jésus, pauvre âme, à
Jésus intercédant pour toi, et tu seras illuminée ! Si tu n’es pas
exaucée, lui le sera ; si Dieu ne prend pas garde à tes
supplications, il prendra garde aux siennes ; si tes prières,
comme tu le penses, sont pareilles à de l’eau qu’on répandrait sur un
rocher, les siennes n’auront pas le même sort. Il est le Fils de Dieu,
et ce qu’il demande, il l’obtient. Dieu ne peut rien refuser à son
Fils, puisque ce Fils a acquis à l’avance les grâces qu’il sollicite au
prix de son sang. Oh ! Reprends donc courage, persévère clans tes
supplications ; regarde à Christ, et tu seras illuminée.
VI.
Enfin, pour terminer, regardons à Jésus dans SON SECOND AVÈNEMENT. Je
m’adresse surtout à vous, ô chrétiens, mes compagnons de service, qui
êtes fatigués du bruit et du tumulte de ce monde, des vices et des
iniquités du présent siècle. Vous avez usé votre vie en luttant
fidèlement contre le règne du péché ; mais parfois il vous semble,
hélas, que tous vos efforts ont été vains. Les piliers de l’enfer sont
aussi solides que jamais, le noir palais de Satan est aussi ferme sur
sa base. Vous avez eu beau diriger contre cette redoutable forteresse
toutes les batteries de la prière, toute la puissance de Dieu :
c’est à peine si vous pouvez y distinguer une seule brèche. Le monde
continue à pécher ; ses fleuves roulent encore du sang ; ses
plaines sont encore souillées par des danses lascives, et ses échos
répètent encore la chanson impure ou le serment profane. Dieu n’est
point honoré, l’homme est toujours vil ; aussi vous dites-vous
avec tristesse : « C’est en vain que nous continuerions à
combattre ; nous avons entrepris une tâche qui ne saurait être
accomplie ; jamais les royaumes de la terre ne deviendront les
royaumes du Seigneur et de son Christ… » Oh ! Mes frères en
Jésus, pourquoi ces défaillances, pourquoi ce découragement ?
Regardez à Jésus, et vous serez illuminés. Voici, il vient, il vient,
il vient bientôt ! Et ce que nous n’avons pas su faire en six
mille ans, lui le fera en un clin d’œil. Voici, il vient, il vient pour
régner ! Jamais nous ne parviendrons, il est vrai, à construire
son trône ; mais lorsqu’il apparaîtra, il l’élèvera lui-même sur
des colonnes de lumière, et il s’assiéra dans sa gloire, entouré de ses
saints, pour juger tous les peuples au milieu de Jérusalem. Peut-être
aujourd’hui, avant que ce culte soit terminé, Christ viendra, car, pour
ce qui est du jour et de l’heure, nul ne le sait, non pas même les
anges qui sont dans le ciel. Oui, au moment où je parle, le Seigneur
Jésus peut paraître sur les nuées. Il ne nous servirait de rien de nous
livrer à de vaines conjectures quant à l’époque précise de son
avènement ; il viendra comme un larron dans la nuit, est-il écrit,
mais sera-ce le soir, ou à minuit, ou à l’heure que le coq chante, ou
le matin, c’est ce qu’il ne nous est pas permis de savoir ;
l’Écriture laisse ce point complètement dans l’ombre, et tous les
calculs de la science humaine, toutes les interprétations
apocalyptiques ne parviendront jamais à l’éclaircir. Mais quoi qu’il en
soit à cet égard, le fait en lui-même n’en est pas moins certain :
Christ viendra. Oh ! C’est ma joyeuse espérance qu’il viendra
pendant que je serai encore sur la terre ! Peut-être plusieurs de
ceux qui sont ici en ce moment vivront encore à la venue du Fils de
l’homme. Oh ! Glorieuse perspective ! Nous ne serons pas tous
morts, mais nous serons tous changés ; et nous qui vivrons et qui
serons restés sur la terre, nous serons enlevés tous ensemble au-devant
du Seigneur, en l’air, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur
(#1Co 15:51 ; #1Th 4:17). Mais si tu dois mourir avant cet heureux
jour, voici, ô chrétien, quelle est ton espérance : Je reviendrai
et vous prendrai avec moi, afin qu’où je serai vous y soyez aussi. Et
voici quel est ton devoir : Veillez donc, car le Fils de l’homme
viendra à l’heure que vous ne pensez pas (#Jn 14:3 ; #Mt 24:44).
Oh ! Comment ne me mettrais-je pas à l’œuvre avec une nouvelle
ardeur, puisque Christ est à la porte ? Oh ! Comment
pourrais-je reculer devant les plus durs labeurs, puisque mon Maître
vient, que son salaire est avec lui, et que sa récompense marche devant
lui pour rendre à chacun selon ses œuvres ? Oh ! Je ne veux
point .mettre bas les armes, je ne veux point me livrer à un lâche
désespoir, car j’entends déjà retentir au loin le son avant-coureur de
la dernière trompette. J’entends comme le bruit d’une grande armée qui
s’avance ; ce sont les phalanges conquérantes, les derniers héros
du Seigneur. Ce temps de glorieux réveil est le moment décisif de la
bataille ; acharnée a été la lutte, chaude et furieuse la
mêlée ; mais la trompette du vainqueur commence à vibrer dans les
airs ; l’ange l’a déjà portée à sa bouche. Ses premiers sons ont
retenti de l’autre côté de l’Atlantique, et ils se répéteront au milieu
de nous, soyons en sûrs ; ou bien, si nous ne les entendons pas de
nos jours, nos successeurs les entendront, nous en avons la ferme
confiance. Oui, il vient, et tout œil le verra ! Et ceux qui l’ont
crucifié pleureront et se lamenteront devant lui ; mais le juste
se réjouira et exaltera son nom. L’a-t-on regardé ? On en est
illuminé.
Il me souvient que je terminai, il
y a quelque temps, une série de prédications par ces trois mots :
« Jésus, — Jésus, — Jésus » ; et je
crois que je ne puis mieux faire que de terminer ce discours de la même
manière. Mais auparavant, je tiens à adresser quelques paroles à une
pauvre âme abattue qui peut-être se trouve dans cet auditoire, et qui
se demande avec anxiété s’il y a grâce pour elle auprès de Dieu.
« Ah ! Ministre de l’Évangile, pense-t-elle, c’est bel et bon
de nous dire : « Regardez à Jésus, regardez à
Jésus » ; mais encore faut-il pouvoir regarder. Si l’on est
aveugle … que faire alors ? » Ce qu’il faut faire,
mon bien-aimé ? Le voici : Tourne tes orbites éteintes vers
la croix, car cette même clarté qui illumine ceux qui voient donne la
vue à ceux qui sont aveugles. Oh ! Si encore tu ne peux croire, du
moins regarde, considère, pèse mûrement les choses, et en regardant et
en réfléchissant tu seras rendu capable de croire. Jésus n’exige rien
de toi ; il t’invite simplement à croire qu’il est mort pour te
sauver. Si aujourd’hui tu te sens un pécheur coupable et perdu, tout ce
qu’il te demande, c’est de vouloir bien croire en lui, te reposer sur
lui, te confier à lui. N’est-ce pas bien peu qu’il te demande, mon
frère ? Et pourtant, je te le dis, c’est plus que toi ou aucun
homme vivant puissiez lui donner, à moins que votre cœur n’ait été
touché par l’Esprit de Dieu. Allons, pauvre âme, jette-toi dans les
bras de Jésus ; empare-toi de ses promesses ; abandonne-toi
entièrement entre ses mains miséricordieuses ; et tu ne saurais
comprendre la joie qui inondera ton cœur dès l’instant où tu croiras en
lui.
Oh ! Pécheurs tremblants et
angoissés, Dieu veuille que je vous aie apporté en ce jour un message
de paix ! Écoutez la voix de Jésus qui vous crie en cet instant
même : Vous tous les bouts de la terre, REGARDEZ VERS MOI et soyez
sauvés, car je suis Dieu, et il n’y en a point d’autre ! Regardez,
regardez, et en regardant vous vivrez ! Puissent toutes les
bénédictions du Seigneur reposer sur chacun de vous, mes chers
auditeurs, et puissiez-vous désormais contempler sans cesse par la foi
l’Être adorable que nous aimons et que nous voudrions vous faire aimer,
savoir, Jésus, — Jésus, — Jésus !