148 - LA RESPONSABILITÉ DE L’HOMME
Si je n’étais pas venu, et que je ne leur eusse pas parlé, ils
n’auraient point de péché; mais, maintenant, ils n’ont point d’excuse
de leur péché. {#Jn 15:22}
Le péché par excellence de la nation juive, celui qui mit le comble à
la mesure de ses iniquités, ce fut, sans contredit, la réjection de
Jésus -Christ comme Messie. La venue du Sauveur avait été clairement
annoncée par les prophètes aussi les vrais Israélites qui attendaient
l’accomplissement des oracles divins, comme Siméon et Anne la
prophétesse, n’eurent pas plus tôt contemplé le petit enfant Jésus,
qu’ils reconnurent en lui la consolation d’Israël et se réjouirent
d’avoir vu le salut de Dieu.
Mais parce que Jésus -Christ ne répondit point à l’attente de la
génération perverse à laquelle il fut envoyé, parce qu’il ne vint point
environné de pompe et revêtu de magnificence, parce qu’il ne fut
entouré ni du prestige d’un prince ni des honneurs d’un roi de la
terre, les Juifs refusèrent de le recevoir. Il monta comme un rejeton
devant lui, et comme une racine qui sort d’une terre sèche; il fut
méprisé et on n’en fit aucun cas. {#Esa 53:2,3}
Mais là ne s’arrêta point le péché des Juifs. Non contents de nier le
caractère messianique de Jésus, ils lui vouèrent une haine implacable;
altérés de son sang, ils le pourchassèrent pendant toute sa vie; et
leur malice diabolique ne fut pleinement assouvie que lorsque, assis au
pied de la croix, ils purent suivre du regard, avec une joie féroce,
les dernières convulsions et la lente agonie de leur Messie crucifié.
Et bien qu’au -dessus de la croix on lût ces mots remarquables: «
Jésus de Nazareth, le Roi des Juifs », ils ne voulurent jamais
reconnaître comme leur roi le Fils éternel de Dieu; c’est pourquoi
aussi ils le crucifièrent, car s’ils l’eussent connu, dit saint Paul,
ils n’auraient jamais crucifié le Seigneur de gloire. {#1Co 2:8}
Peut -être vais -je vous surprendre, mes chers auditeurs, en vous
disant que le péché des Juifs est journellement répété par les Gentils.
Ce que les premiers ont fait une fois, un très grand nombre des seconds
le font chaque jour. N’y a -t -il pas, en effet, dans le monde; n’y a
-t -il pas, même parmi ceux qui écoutent en cet instant ma voix, une
foule d’âmes immortelles qui oublient, qui méconnaissent le Messie?
Peut -être ne prenez -vous pas la peine de le rejeter ouvertement;
puisque vous vivez dans ce que l’on appelle un pays chrétien, vous
croiriez vous déshonorer en blasphémant son nom. Peut -être même êtes
-vous attachés à la saine doctrine, et admettez -vous que Jésus est à
la fois Fils de Dieu et fils de Marie; mais c’est là tout. Vous ne
tenez aucun compte de ses droits; vous lui refusez l’honneur qui lui
est dû; vous semblez le juger indigne de votre confiance. Il n’est
point votre Rédempteur; vous ne soupirez point après son second
avènement, et vous n’espérez point être sauvé par son sang.
Bien plus, comme les Juifs, vous êtes les meurtriers de Christ; car ne
savez -vous pas qu’en tant que vous méprisez son Evangile, vous
crucifiez de nouveau le Fils de Dieu et le livrez à l’ignominie? Oui,
chaque fois que vous entendez la prédication de la Parole et que vous
la laissez écouler; chaque fois que votre conscience est atteinte et
que vous étouffez sa voix; chaque fois que vous tremblez à l’ouïe des
menaces de Dieu, mais que vous vous empressez de dire avec Félix: Va -t
-en pour cette fois; et quand j’en aurai le loisir, je te rappellerai;
- chaque fois, dis -je, que vous agissez ainsi, souvenez -vous, ô
pécheurs, que vous prenez en quelque sorte le marteau et le clou pour
déchirer de nouveau la main meurtrie de mon Sauveur et que vous rouvrez
ses plaies sanglantes!
Ou bien encore, chaque fois que vous outragez Christ dans la personne
d’un de ses membres; chaque fois que vous insultez ses ministres; que
vous entravez l’oeuvre de ses serviteurs; que vous faites tort à
l’Evangile par votre mauvais exemple, ou que, par vos railleries, vous
détournez une âme de la recherche de la vérité; - chaque fois, dis -je,
que vous commettez de telles choses, vous trempez, autant qu’il dépend
de vous, dans cette grande iniquité, dans ce forfait sans égal qui a
attiré sur Israël la malédiction divine, et en punition duquel il a été
condamné, lui, le peuple élu, à errer sur la surface de la terre,
jusqu’au jour de la glorieuse réapparition du Messie: de ce Messie qui
a paru une première fois pour souffrir, mais qui reviendra pour régner;
de ce Prince de gloire que dans ce moment même Juifs et Gentils
attendent avec une égale anxiété, et qu’Israël doit reconnaître enfin
comme son Roi.
Je me propose aujourd’hui, mes chers auditeurs, d’établir un parallèle
entre vous et la nation juive; ou plutôt, je voudrais, avec l’aide de
Dieu, vous faire sentir, en appliquant mon texte à vos consciences, que
si vous rejetez Christ, vous commettez le même péché et vous encourez
la même malédiction que le peuple déicide. Si je n’étais pas venu et
que je ne le eusse pas parlé, dit Jésus -Christ, ils n’auraient point
de péché; mais maintenant, ils n’ont point d’excuse de leur péché.
Et d’abord nous observerons que CHRIST VIENT A VOUS ET VOUS PARLE, tout
aussi réellement qu’aux anciens Juifs PAR L’ORGANE DE SES MINISTRES.
Nous établirons, en second lieu, que LA RÉJECTION DU MESSAGE DE CHRIST
AGGRAVE LA CULPABILITÉ DE L’HOMME, et ensuite que LA PRÉDICATION DE
L’EVANGILE LAISSE ABSOLUMENT SANS EXCUSE. Enfin, nous avertirons
brièvement, mais solennellement, tous ceux qui méprisent le Sauveur, DE
LA CONDAMNATION EFFROYABLE QUI LES ATTEND.
I
CHRIST VIENT A VOUS ET PARLE A VOS CONSCIENCES PAR L’ORGANE DE SES
MINISTRES: tel est, ai -je dit, le premier point sur lequel je désire
appeler votre attention.
Lorsque, dans le désert, le peuple d’Israël méprisa Moïse et murmura
contre lui, le serviteur de Dieu répondit avec douceur: Vos murmures ne
sont pas contre nous, mais ils sont contre l’Eternel. {#Ex 16:8} Ce
langage, mes frères, tout véritable ministre de Christ est en droit de
le tenir. Oui, nous appuyant sur l’Ecriture, nous pouvons dire en toute
vérité: « Qui nous rejette, ne nous rejette pas nous mêmes, mais
il rejette Celui qui nous a envoyés; et qui méprise notre parole,
méprise non point, la parole d’un homme, mais celle du Dieu tout
-puissant. » Sans doute le ministre de l’Evangile n’est qu’un
homme, qu’un homme faible et pécheur; il n’est investi d’aucun pouvoir
sacerdotal; mais Dieu l’a choisi et l’a revêtu des dons du Saint
-Esprit, afin qu’il annonce le salut à ses frères; et lorsqu’il prêche
la vérité avec la vertu qui lui vient d’en haut, le Seigneur ne
dédaigne pas de l’appeler son ambassadeur; il le place comme une
sentinelle, sur les murs de Sion; il lui donne charge d’âmes, et il
déclare que celui -là se rend coupable de rébellion contre le Très
-Haut qui foule aux pieds le fidèle message de son fidèle serviteur.
Si je parle de mon propre chef, peu importe assurément que je sois
écouté ou non; mais si je parle en ma qualité d’ambassadeur de Christ,
prenez garde de ne pas mépriser ma voix. Si je viens à vous avec les
raisonnements de la sagesse humaine, libre à chacun d’accepter ou de
rejeter mes enseignements; mais si par la puissance de l’Esprit, je
vous annonce la Parole qui est descendue du ciel, vous suppliant
instamment de la recevoir, souvenez -vous que si vous la rejetez, c’est
aux risques et périls de vos âmes, car, encore une fois, ce n’est pas
nous qui parlons, mais c’est l’Esprit de l’Eternel notre Dieu qui parle
par nous.
Oh! qu’il est sacré, qu’il est solennel le ministère évangélique,
considéré ce point de vue! Fils des hommes, mettez -vous bien dans
l’esprit que nous ne sommes autre chose que l’écho de la voix de Dieu.
Tout ministre de l’Evangile qui a véritablement reçu vocation d’en haut
ne fait que transmettre à ses frères le message qu’il a reçu de son
Maître; et n’a garde de rien changer à ce message, car il a constamment
sous les yeux cette grave exhortation de l’Apôtre: Prends garde à toi
et à l’instruction; persévère dans ces choses car en faisant cela, tu
te sauveras toi -même et ceux qui t’écoutent, {#1Ti 4:16} tandis que
derrière lui une voix menaçante murmure à son oreille: Si tu n’avertis
pas le méchant, il mourra dans son iniquité, mais je redemanderai son
sang de ta main! {#Eze 33:8} Oh! que ne puis -je, en ce moment, tracer
devant vous en caractères de feu, ce cri d’un ancien prophète: Terre,
terre, terre écoute la parole de l’Eternel! car en vérité je vous le
dis, aussi longtemps que nous annonçons l’Evangile, pur de tout
alliage, c’est comme si Dieu vous exhortait par notre ministère, et la
Parole que nous prêchons; a autant de droits votre respect, que si
l’Eternel lui -même vous parlait du sommet de Sinaï, au lieu de vous
parler par l’humble intermédiaire de ses indignes serviteurs.
Et maintenant recueillons -nous devant cette sérieuse vérité, et que
chacun de nous se pose cette question: « N’ai -je pas offensé
Dieu de la manière la plus criante en négligeant les moyens de grâce
qu’il a mis à ma portée? » J’en appelle à votre conscience: que
de fois ne vous êtes -vous pas tenus éloignés de la maison de Dieu,
quand Dieu lui -même y faisait entendre sa voix! Qu’eussiez -vous
pensé, je vous le demande, des enfants d’Israël, si, méprisant la
convocation de Jéhovah, ils eussent erré dans le désert le jour du
sabbat, au lieu d’aller au pied de la sainte montagne écouter les
ordres de l’Eternel! Et pourtant c’est là ce que vous avez fait. Vous
avez recherché vos aises et vos plaisirs, et négligé la maison de
prières; vous avez écouté le chant de sirène de la tentation, et fermé
l’oreille à la voix du Très -Haut; vous avez erré dans les sentiers
tortueux du monde, au lieu de vous rendre à l’invitation de l’Éternel
votre Dieu qui vous appelait dans son sanctuaire. Et alors même que
vous y êtes venus, que de fois y avez -vous apporté un oeil distrait,
une oreille inattentive! Vous avez entendu comme si vous n’entendiez
point. L’oreille de votre corps a bien saisi quelques sons; mais
l’homme intérieur qui est en vous, a été sourd.
Semblables à l’aspic qui bouche son oreille et qui n’écoute point la
voix du charmeur le plus expert en charmes, {#Ps 58:5,6} vous n’avez
tenu compte ni nos prières ni de nos menaces. Bien plus: l’Esprit de
Dieu, j’ose l’affirmer, a parlé une fois ou l’autre à vos consciences.
N’est -il pas vrai qu’il y a eu un jour au moins dans votre vie où,
assis peut -être à cette même place sur ce même banc, vous tremblâtes
en écoutant l’Évangile? Vos genoux s’entre -choquaient vous étiez
éperdus, et tandis qu’un puissant Boanerges tonnait contre le pécheur,
lui criant de la part du Maître: Prépare -toi à la rencontre de ton
Dieu, - considère tes voies, mets ordre à ta maison, car tu t’en vas
mourir, - il vous semblait entendre la voix, non d’un homme, mais d’un
ange. Et pourtant ô inconcevable folie! à peine eûtes -vous franchi
seuil de la maison de Dieu, que déjà vous aviez tout oublié. Vous avez
éteint l’Esprit, et contrit l’Esprit de grâce; vous avez imposé silence
aux murmures de votre conscience; vous avez étouffé dès le berceau ces
prières naissantes qui commençaient à se former dans vos coeurs, et
noyé impitoyablement dans les distractions du monde ces jeunes et
saintes aspirations qui venaient d’éclore dans vos âmes.
Vous avez repoussé loin de vous tout ce qui est bon, tout ce qui est
sacré. Vous êtes retournés à vos mauvaises voies; vous avez de nouveau
erré sur les montagnes du péché et dans les vallées die l’iniquité. Et
en agissant ainsi, savez -vous ce que vous avez fait? VOUS AVEZ MÉPRISÉ
DIEU! Mépriser Dieu! Oh! si le Saint -Esprit daignait faire sentir à
chacun de vous tout ce qu’il y a de terrible dans ces deux mots, du
sein de cette grande assemblée s’élèverait en ce moment une voix de
deuil et de lamentation, et ce lieu de culte serait changé en un lieu
de pleurs et de grands gémissements!
Oh! mes frères, - avoir méprisé Dieu, - foulé aux pieds le Fils de
l’homme, - traité légèrement sa croix, - rejeté les tendres invitations
de son amour et les avertissements de sa grâce: quelle énormité! quel
crime! Avez -vous jamais réfléchi sérieusement à ces choses? Vous avez
cru peut -être qu’en rejetant la prédication de l’Evangile vous ne
méprisiez qu’un homme: pensez désormais, je vous en conjure, que c’est
Christ que vous méprisez. Car Christ vous a parlé; il vous a parlé,
j’ose le dire, par la bouche même de son faible serviteur qui est
maintenant devant vous. Ah! oui, Dieu m’est témoin que souvent Christ à
pleuré avec ces yeux et parlé avec ces lèvres!
Dieu m’est témoin que je n’ai recherché qu’une seule chose parmi vous:
le salut de vos âmes. Tantôt, par des paroles rudes et sévères, j’ai
voulu vous contraindre à chercher un refuge au pied de la croix;
tantôt, par des accents émouvants et tendres, j’ai essayé de vous
gagner à mon Rédempteur. Etait -ce moi qui vous parlais alors? Non!
C’était Jésus qui vous parlait par moi. C’était lui qui vous criait:
« Regardez à moi, vous tous les bouts de la terre, et soyez
sauvés. » C’était lui qui vous disait: « Venez à moi, vous
tous qui êtes travaillés et chargés, et je vous soulagerai! C’était lui
qui vous avertissait que vous péririez si vous négligiez un si grand
salut.
Si donc vous avez ouï ces appels, et que vous les ayez oubliés si vous
avez reçu ces invitations, et que vous les ayez refusées, souvenez
-vous que vous avez méprisé, non pas nous, mais notre Maître; malheur à
vous, oui, vous dis -je, malheur à vous à moins que vous ne vous
repentiez, car c’est une chose terrible que de mépriser la voix d celui
qui nous parle des cieux! {#Heb 12:25}
II
Mais passons au second point de notre sujet qui est celui -ci: LA RÉJECTION DE L’EVANGILE AGGRAVE LA CULPABILITÉ DE L’HOMME.
Et d’abord, un mot d’explication est nécessaire, sans quoi ma pensée pourrait être mal comprise.
Il est des personnes qui, étant allées dans la maison de Dieu, ont été
tellement saisies par le sentiment de leurs péchés, qu’elles n’osent y
retourner; et Satan a même fini par leur persuader qu’il est de leur
devoir de fuir toute occasion d’entendre l’Evangile, « car, leur
dit -il, plus vous l’entendrez, plus sévère sera votre condamnation
». C’est une erreur, mes amis. Non, vous ne risquez pas
d’aggraver votre condamnation par le fait seul que vous allez dans la
maison de Dieu; vous l’aggraveriez bien plutôt en n’y allant pas, car
en vous tenant éloignés, vous rejetez deux fois le Seigneur: vous le
rejetez matériellement aussi bien que spirituellement.
Non seulement, comme le paralytique qui était couché auprès du
réservoir de Béthesda, vous n’entrez point dans les eaux de la grâce,
mais encore vous ne voulez point, comme lui, vous tenir auprès du
réservoir; en d’autres termes, vous refusez de vous placer sous
l’influence de la Parole de Dieu; c’est pourquoi, vous amassez sur
votre tête une double mesure de responsabilité. Je le répète: la simple
audition de l’Evangile n’aggrave pas le péché de l’homme; ce qui
l’aggrave, c’est la réjection consciente et volontaire de cet Evangile.
Ainsi, tout homme qui, après avoir écouté la bonne nouvelle du salut,
s’en va pour rire et se moquer de ce qu’il vient d’entendre, oui bien
qui, après avoir reçu de sérieuses impressions, permet aux inquiétudes
et aux plaisirs de lia vie d’étouffer la bonne semence dans son coeur,
un tel homme accroît sa culpabilité de la manière la plus effrayante
Mais comment le fait -il? De deux manières. D’abord, il se rend
coupable d’un nouveau péché, d’un péché qu’il n’avait jamais, commis
auparavant. Qu’on m’amène un Hottentot, un habitant de Kamschatka, un
sauvage enfant des désert auquel n’est jamais parvenu l’Evangile de
Jésus Il se peut que cet homme ait commis tous les forfaits qui
figurent dans le catalogue du crime; toutefois je connais un péché dont
il est innocent: il n’a jamais rejeté la Parole de Christ puisqu’il n’a
jamais eu l’occasion de la connaître. Mais quant à vous, mes amis, qui
êtes placés sous l’influence directe de l’Evangile, vous avez par cela
même une nouvelle occasion d’offenser Dieu, et chaque fois que vous
avez repoussé ses appels, sachez -le bien, vous avez ajouté un péché de
plus à la liste déjà si longue de vos transgressions.
- Je le sais, de telle paroles sonnent mal aux oreilles de bien des
gens. Souvent, j’ai été repris par certains hommes qui se sont
détournés de la vérité, parce que j’enseigne que la simple réjection de
Christ constitue un péché. Mais que m’importent les attaques des
ennemis de l’Evangile? Que m’importent leurs injures? J’ai pour moi la
Parole de Dieu, et cela me suffit. Oui, la responsabilité de l’homme
est clairement enseignée dans la Bible, et je ne pense pas qu’un
ministre de Christ puisse être net du sang des âmes confiées à ses
soins, s’il ne rend de fréquents et solennels témoignages à cette
vérité capitale.
Quand l’Esprit de vérité sera venu, il convaincra le monde de péché, de
justice et de jugement: de péché, parce qu’ils n’ont pas cru en moi. -
Or, voici la cause de la condamnation; c’est que la lumière est venue
dans le monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la
lumière. - Celui qui ne croit point est déjà condamné, parce qu’il n’a
pas cru au nom du Fils unique de Dieu. - Si je n’eusse pas fait parmi
eux les oeuvres qu’aucun autre n’a faites, ils n’auraient point de
péché; mais maintenant, ils les ont vues, et ils ont haï et moi et mon
Père. - Malheur à toi, Chorazin! malheur à toi, Bethsaïda! Car si les
miracles qui ont été faits au milieu de vous avaient été faits dans Tyr
et dans Sidon, il y a longtemps qu’elles se seraient repenties en
prenant le sac et la cendre; c’est pourquoi Tyr et Sidon seront
traitées moins rigoureusement au jour du jugement que vous.
-Il nous faut faire une plus grande attention aux choses que nous avons
entendues, de peur que nous les laissions écouler; car si la parole qui
a été annoncée par les anges a eu son effet, et si toute transgression
et toute désobéissance a reçu une juste punition, comment échapperons
-nous si nous négligeons un si grand salut?
- Si quelqu’un avait violé la loi de Moïse, il mourait sans miséricorde
sur le témoignage de deux ou de trois personnes; combien plus grand
croyez -vous que doive être le supplice dont sera jugé digne celui qui
aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, et tenu pour une chose profane le
sang de l’alliance, par lequel il avait été sanctifié, et qui aura
outragé l’Esprit de la grâce? #Jn 16:8,9 Jn 3:19,18 Jn 15:24 Lu
10:13,14 Heb 2:1,3 Heb 10:28,29.
- Vous le voyez, mes frères, je cite textuellement l’Ecriture; or, si
ces divers passages ne signifient point que la réjection de Christ est
un péché, et le péché qui, par -dessus tous les autres, rend l’âme
humaine passible de la perdition éternelle; si, dis -je, ils n’ont
point ce sens, j’affirme qu’ils n’en ont absolument aucun, mais qu’ils
sont des lettres mortes dans la Parole de Dieu. Assurément l’adultère,
le meurtre, le larcin, le mensonge, tous ces péchés sont mortels et
damnables; néanmoins, la repentance peut les effacer tous par les
mérites du sang de Jésus. Mais une âme qui rejette Christ est perdue
sans espoir. Le meurtrier, le voyeur, l’intempérant peuvent entrer dans
le royaume des cieux, si, haïssant sincèrement leurs iniquités, ils
saisissent la croix de Christ; mais tout homme qui ferme son coeur au
Seigneur Jésus, qu’il soit un grand pécheur ou un homme vertueux selon
le monde; sera perdu sans ressource.
Et considérez, je vous prie, mes chers auditeurs, combien est odieux le
péché que vous commettez, en repoussant Christ. On peut dire avec
vérité qu’il contient dans ses entrailles tous les autres péchés. Et
d’abord, j’y vois le meurtre car si un criminel sur l’échafaud refuse,
la grâce qui lui est offerte, ne devient -il pas son propre meurtrier?
J’y vois l’orgueil: car si vous vous détournez du Sauveur, c’est votre
coeur orgueilleux qui en est cause. J’y vois la rébellion: car vous
faites la guerre à Dieu en méprisant son Fils. J’y vois le crime de
haute trahison: car vous vous insurgez contre votre Souverain légitime,
vous prenez les armes contre Celui qui a été sacré Roi de toute la
terre.
Oh! je vous en supplie, réfléchissez à votre, conduite. Quoi! le
Seigneur Jésus est descendu du ciel; il a été cloué sur un bois infâme;
là, il est mort au milieu d’indicibles angoisses, et du haut de cette
croix maudite, il abaisse sur vous un regard d’amour, en vous disant:
« Venez à moi vous tous qui êtes travaillés et chargés! »
Et vous osez de mépriser encore,! et vous refusez d’écouter ses appels!
et vous passez à côté de lui avec indifférence! Ah! n’infligez -vous
pas ainsi à mon Sauveur la plus cruelle des blessures? et ne faites
-vous pas preuve de l’ingratitude la plus insigne, la plus révoltante,
la plus diabolique en vous détournant de Celui qui a donné sa vie pour
vous?
Oh! si vous vouliez être sage! si vous vouliez comprendre ceci! si vous considériez votre dernière fin.
Mais il y a plus. En rejetant Christ, non seulement vous ajoutez un
nouveau péché à tous ceux que vous avez déjà commis, mais encore vous
rendez ceux -ci beaucoup plus graves. Il ne peut pas faire le mal à
aussi bon marché qu’un autre, l’homme qui a été placé sous l’influence
de l’Evangile. Lorsque des personnes sans lumière et sans intelligence
spirituelle offensent Dieu, leur conscience, ne les reprend pas
toujours; aussi leur culpabilité n’est -elle pas aussi grande que celle
de l’âme qui pèche étant éclairée.
As -tu volé avant d’entendre la Parole de Dieu? tu as mal fait; mais
vole après avoir entendu cette Parole, et tu seras dix fois plus
coupable. As -tu menti avant de connaître l’Evangile? tout menteur aura
sa part dans l’étang de feu; mais continue à mentir après l’avoir
connu, et il semble en vérité que pour toi la fournaise de la géhenne
doive être chauffée sept fois autant que de coutume. Celui! qui pèche
étant dans l’ignorance est à quelque degré excusable; mais relui qui
pèche contre la lumière et la connaissance, pèche dans les
circonstances les plus aggravantes.
Rejetez Christ, et, du même coup, vous noircissez tous vos autres
péchés. Le mépris de Christ est comme la lime à l’aide de laquelle
pécheur révolté aiguise la hache, le couteau, l’épée dont il se sert
pour combattre le Très -Haut. Mieux vous connaissez Christ, plus votre
culpabilité grandit et augmente si vous le rejetez.
Telle est, mes frères, la vérité de Dieu. Vérité solennelle, vérité
saisissante, et que les ministres de l’Evangile ne devraient jamais
annoncer sans être émus jusqu’au fond de l’âme. Oh! qu’il est sérieux
surtout d’avoir un tel message à vous faire entendre, à vous, mes chers
auditeurs, qui de tous les hommes vivant sous le soleil, êtes peut
-être ceux auxquels les paroles de mon texte s’appliquent avec le plus
de force! Oui, vous dis -je, s’il est des âmes dans le monde auxquelles
il sera beaucoup redemandé, ce sont les vôtres.
Sans doute, vous n’êtes pas les seuls qui jouissiez de grands
privilèges, vous n’êtes pas les seuls qui ayez entendu prêcher
l’Evangile avec pureté et avec force; mais, j’en atteste le Dieu
vivant, ce Dieu qui au dernier jour jugera entre vous et moi, il n’est
personne sur la terre qui ait plus reçu que vous.
De toutes les puissances de mon être, je me suis efforcé d’être fidèle
envers vos âmes. Jamais je n’ai cherché, en employant des mots sonores
ou un langage technique, à rehausser ma propre sagesse. Je vous ai
parlé clairement, nettement, familièrement; et si parfois, il est
échappé de mes lèvres un mot qui ne fût pas à la portée de tous, c’est
à mon insu ou par mégarde. Je vous ai annoncé l’Évangile dans toute sa
simplicité. Jamais, je puis le dire, je ne vous ai parlé avec froideur.
Comme les anciens prophètes, chaque fois que j’ai monté les degrés de
la chaire, j’aurais pu m’écrier: La charge de l’Éternel, la charge de
l’Éternel est sur moi! car mon coeur était gros de parler, mon âme
bouillonnait au -dedans de moi, et alors même que j’ai prêché avec
faiblesse, si mes paroles étaient rudes et mal choisies, du moins puis
-je me rendre le témoignage qu’elle partaient de l’abondance de mon
coeur. J’ai répandu devant vous mon âme tout entière. J’ai essayé de
tous les moyens pour vous rendre attentifs aux choses de Dieu; et si en
bouleversant le ciel et la terre, j’avais cru trouver un mot qui pût
vous gagner à mon Sauveur, Dieu sait que j’aurais tenté de le faire. Je
vous ai annoncé tout le conseil de mon Maître; je vous ai repris sans
ménagements; je n’ai point fait usage de mots couverts. J’ai déclaré à
ce siècle ses forfaits, et à chacun de vous ses iniquités.
Je n’ai eu garde de mitiger la Bible pour plaire au goûts charnels des
hommes, Quand Dieu a dit: Damner, j’ai dit: Damner; je n’ai point
remplacé ce mot qui froisse les oreilles délicates de notre génération,
par celui plus doux de condamner. J’ai appelé les choses par leur vrai
nom; je n’ai ni voilé ni déguisé la vérité, mai à toute conscience
humaine, je me suis efforcé, comme en présence de Dieu, d’exposer le
salut avec hardiesse, avec puissance, avec ferveur et avec zèle. Je
n’ai eu honte, ni d’élever bien haut les glorieuses doctrines de la
grâce (quoique en cela faisant je me sois attiré les injures des
ennemis de la croix), ni de prêcher comme aujourd’hui la solennelle
responsabilité de d’homme (quoiqu’une autre caste de gens m’ait mis à
l’index pour cette raison). Et Dieu sait, mes chers auditeurs, que si
je parle de cette manière, ce n’est point pour me glorifier; c’est
uniquement afin de vous faire rentrer en vous -mêmes, et afin de vous
prouver que vous êtes les plus coupables des hommes si vous rejetez
l’Evangile. Car, encore une fois, cet Evangile, vous le connaissez; il
vous est annoncé en cet instant même; si donc vous persistez à mépriser
Christ, souvenez -vous que vous amassez sur vos têtes une mesure
toujours plus grande de la colère de Dieu.
III
Et maintenant développons notre troisième proposition.
LA PRÉDICATION DE L’EVANGILE DE CHRIST, avons -nous dit, ENLÈVE TOUTE
EXCUSE A CEUX QUI L’ONT ENTENDU ET REJETÉ. Hélas, combien toute excuse
est vaine devant l’oeil de Celui qui sonde toutes, choses!
Dans le grand jour de la tempête de la colère de Dieu, malheur à l’âme
qui n’aura pour se mettre à couvert que le chétif abri d’une excuse!
Néanmoins, je le reconnais, une excuse vaut mieux que rien. Et de même
qu’un homme qui n’aurait ni asile ni refuge s’estimerait bien heureux;
par la pluie et le froid, de pouvoir du moins s’envelopper dans un
manteau, de même toute conscience qui se sent coupable est bien aise, à
défaut de mieux de rassembler autour d’elle quelques misérable lambeaux
d’excuses. Mais maintenant, dit Jésus Christ, - maintenant que je suis
venu à vous et que je vous ai parlé, - maintenant vous n’avez plus
d’excuse de vos péchés.
Voyageur égaré, tu devras affronter la tempête sans le vêtement qui te
protégeait. Ame coupable, tu devras paraître devant ton Juge sans le
plus léger voile pour atténuer tes iniquités: dépouillée; découverte,
démasquée, tu es laissée absolument sans excuse.
Pour mieux vous faire saisir cette importante vérité, je vais passer en
revue quelques -unes des excuses derrière lesquelles d’homme se plaît à
se retrancher, et nous verrons ce qu’elle deviennent en présence de la
fidèle prédication de l’Evangile.
Et d’abord, l’excuse qui se retrouve le plus souvent dans la bouche du
pécheur, est celle -ci « Quand j’ai commis telle ou telle
iniquité, j’ignorais que je faisais mal. » Il est possible que le
païen ait quelque droit d’alléguer cette excuse, mais quant à vous, mes
amis, je soutiens que vous n’en avez aucun. Par sa loi sainte, Dieu
vous a fait solennellement connaître ce qui est anal. Vous savez les
dix commandements; vous avez lu aussi le commentaire qu’en a fait notre
Maître; vous n’ignorez pas qu’il a étendu et spiritualisé la loi
morale, et qu’il nous a appris, par exemple, que le septième
commandement: Tu ne commettras point adultère, défend non seulement
tout acte impur, mais toute pensée ou tout regard de convoitise.
Si le farouche Indien commet un meurtre, il est, jusqu’à un certain
point, excusable. Je ne doute pas que sa conscience ne lui crie qu’il
fait mal de répandre le sang de son frère, mais ses livres sacrés lui
enseignent qu’il fait bien; c’est pourquoi il a une ombre d’excuse. De
même. lorsque le mahométan se livre sans contrainte à la volupté, je ne
doute pas qu’une voix intérieure ne le condamne; toutefois, puisque son
Coran légitime l’impureté, on peut admettre en sa faveur quelques
circonstances atténuantes. Mais vous qui faites profession de croire à
la Bible, vous qui la possédez dans vos maisons et qui n’avez qu’à
sortir dans vos rues pour entendre annoncer l’Evangile, quelle excuse
semblable, je vous le demande, pourriez -vous faire valoir? Ne péchez
-vous pas avec la loi divine affichée, en quelque sorte, sur la
muraille devant vos yeux? Ne violez -vous pas volontairement les ordres
bien connus de Celui qui a parlé des cieux et qui vous a parlé
directement à vous -mêmes?
« Mais, dira un autre, lorsque j’ai péché je ne savais pas à quel
sévère châtiment je m’exposais. » Vous ne le saviez pas, mon cher
auditeur! Et à qui la faute, je vous prie? L’Evangile ne vous a -t -il
pas averti? Jésus -Christ ne vous a -t -il pas dit et redit que ceux
qui ne veulent pas le recevoir seront jetés dans les ténèbres de
dehors, dans le lieu des pleurs et de grincements de dents? Ne vous a
-t -il pas déclaré expressément que les méchants s’en iront aux peines
éternelles, et les justes à la vie éternelle? Ne vous a -t -il point
parlé lui -même et du ver qui ne meurt point et du feu qui ne s’éteint
point? Et vos pasteurs (si du moins ils sont fidèles), ne vous ont -ils
pas fait entendre à leur tour ces redoutables vérités?
Ah c’est en vain que vous essaieriez de le nier vous avez péché,
sachant très bien que vous perdiez votre âme. Vous avez bu la coupe
empoisonnée, sachant très bien que la mort éternelle était au fond;
vous l’avez vidée jusqu’à la lie, sachant très bien que dans chaque
goutte de cette coupe brûlait déjà le feu de l’enfer! Vous avez détruit
votre âme les yeux ouverts. Comme un boeuf qui s’en va à la boucherie,
et comme un fou qui s’en va aux ceps pour être châtié; {#Pr 7:22} vous
avez marché tout droit à votre ruine; comme l’agneau qui lèche le
couteau de l’égorgeur, vous avez caressé les instruments de votre
perte; et vous avez fait tout cela, je le répète, sciemment,
volontairement, avec une pleine connaissance de cause: c’est pourquoi
vous êtes sans excuse.
« Il est vrai que je connais la loi de Dieu, dira -t -on encore;
il est vrai aussi qu’en faisant le mal je savais à quoi je m’exposais;
mais j’ignore ce que je dois faire pour être sauvé. »
Y a -t -il ici quelqu’un qui ait l’audace de présenter une telle
excuse? En vérité, il faudrait qu’il eût un front d’airain! Depuis dix,
vingt, trente, quarante ou cinquante années, la plupart d’entre vous
entendent la prédication de l’Evangile. Ces mots: « Crois et vis!
crois et vis! » retentissent chaque jour à vos oreilles. Comment
donc oseriez -vous dire: « Nous ne connaissons point le chemin du
salut? » Dès l’âge le plus tendre vous avez été placés sous
l’influence de la vérité. Le doux nom de Jésus est un des premiers mots
que votre langue enfantine ait appris à bégayer. Vous avez sucé pour
ainsi dire le lait du saint Evangile avec le lait de votre mère. Et
pourtant, malgré tous ces privilèges, malgré toutes ces faveurs, vous
n’avez jamais cherché Christ.
Oh! prenez garde, je vous en conjure. « Connaissance est
puissance », dit un proverbe humain, et, appliqué aux chose de la
terre, cela peut être vrai; mais pour ce qui est des choses de Dieu,
connaissant est malheur, MALHEUR, MALHEUR, à moins que la foi ne vienne
s’y joindre. Oui, vous dis -je malheur à l’homme qui connaît le bien et
qui ne le fait pas, car la colère de Dieu tombera de tout son poids sur
son âme!
Mais il me semble entendre une autre excuse « Je conviens, dit un
de mes auditeurs, que l’Evangile m’a été annoncé; mais ce qui m’a
empêché de le prendre au sérieux, c’est que je n’ai jamais vu personne
le mettre en pratique.
Je conviens, à mon tour, que dans la bouche de quelques -uns cette
excuse peut avoir une certaine valeur; mais pour le plus grand nombre
j’affirme qu’elle est fausse et sans fondement Ah! homme du monde, tu
prends plaisir à critiquer les misères des chrétiens. Tu dis: «
Ils sont en contradiction avec leurs principes; leur vie n’est pas
telle qu’elle devait être »; - et en ceci, hélas! tu ne dis que
trop vrai …
Cependant, interrogé ton passé, cherche dans tes souvenirs et dis -moi
si tu n’as jamais connu un seul chrétien dont tu aies été forcé
d’admirer le caractère. C’était peut -être ta mère, la mère qui te
donna le jour. Ah! n’est -il pas vrai, qu’il y a toujours eu dans la
douce figure, dans la sainte vie de celle qui t’enfanta, un problème
que tu n’as jamais pu résoudre, un écueil devant lequel ton incrédulité
a été contrainte à s’arrêter? Peut -être, plus d’une fois dans ta vie,
as -tu été sur le point de rejeter entièrement l’Evangile; mais dans
ces moments de tentation, l’image vénérée de ta mère s’est dressée
devant toi, et tu as été vaincu! Ne te rappelles -tu pas en remontant
jusqu’à l’aube de tes souvenirs, ne te rappelles -tu pas que souvent en
ouvrant tes yeux au matin, tu rencontrais le regard humide de ta mère
attaché sur toi avec amour, et tu l’entendais murmurer tout bas:
« Dieu te bénisse, mon enfant! Puisses -tu vivre pour aimer ton
Sauveur. » Ton père te reprenait souvent; elle, presque jamais;
mais par des paroles pleines de tendresse, elle cherchait à toucher ton
coeur.
Souviens -toi de la petite chambre haute où elle se retirait avec toi,
et entourant ton cou de ses bras, te consacrait à Dieu et priait le
Seigneur Jésus de te sauver dès les jours de ta jeunesse. Souviens -toi
de la lettre qu’elle glissa dans ta main, de la Bible dans laquelle
elle écrivit ton nom, lorsque tu t’éloignas du toit paternel. Souviens
-toi surtout de son affliction, lorsqu’elle apprit que tu commençais à
te plonger dans les plaisirs du monde, et du douloureux regard qu’elle
attacha sur toi la dernière fois que tu la quittas. « Mon fils
», te dit -elle en étreignant ta main, « si tu marches dans
les voies de l’iniquité, tu feras descendre mes cheveux blancs avec
douleur au sépulcre. » Elle mourut sans que tu la revisses, mais
sur son lit de mort elle pensa à toi, et au moment d’expirer, elle
murmurait encore: « Oh! si seulement je savais que mon fils se
convertit à Dieu, je m’en irais parfaitement heureuse! »
Eh bien, jeune homme ne sais -tu pas que ta mère, du moins, n’était pas
une hypocrite? Peux -tu douter que sa piété ne fût une chose réelle? Tu
pouvais, il est vrai, te moquer de ton pasteur, tu pouvais dire qu’il
faisait son métier; mais de ta mère, tu ne pouvais te moquer: elle
était chrétienne, et ton esprit sceptique lui -même était forcé de
l’avouer. Que de fois ne supporta -t -elle pas ton humeur irascible et
ne répondit -elle que par la douceur à tes paroles brusques! car
c’était une créature angélique que ta mère; elle semblait en vérité
trop pure pour ce monde; et quoi que tu puisses avoir oublié, sûrement
tu te souviens de cela, jeune homme!
Or, je te le demande, un exemple ne t’enlève -t -il pas toute excuse de
ton péché? Jésus -Christ t’a parlé par la vie de mère; tu as eu sous
les yeux une preuve vivante de la réalité du christianisme. Si donc
après cela tu persistes à le rejeter, quelle ne sera pas rigueur de ta
condamnation!
Mais ici je prévois une objection. Plusieurs de ceux qui m’écoutent me
répondront qu’ils n’ont pas eu une telle mère. « Notre première
école, me diront -ils, a été la rue; le premier exemple dont nous nous
souvenions, celui d’un père blasphémateur. » Cela peut être, mes
amis; mais souvenez -vous, je vous prie, qu’il est un exemple parfait,
un exemple accompli, savoir, Christ; et que ce modèle, si vous ne
l’avez pas contemplé de vos yeux, vous avez pu le voir dans sa Parole.
Oui, Jésus -Christ, l’Homme de Nazareth, a été un homme parfait; il n’a
point commis de péché, et dans sa bouche il ne s’est trouvé aucune
fraude. {#1Pi 2:22}
Si donc l’excellence chrétienne ne vous a jamais été démontrée par la
vie des disciples, elle l’a été du moins par la vie du Maître; par
conséquent, en avançant cette excuse, vous avancez un mensonge; car
l’exemple de Christ, les oeuvres de Christ, aussi bien que les paroles
de Christ, vous laissent sans excuse de votre péché.
Enfin, quelques -uns de vous me diront peut -être: « Nous avons
certainement entendu bien des appels, mais ces appels n’ont jamais
trouvé le chemin de notre conscience; nous avons souvent écouté les
ministres de l’Evangile, mais ils n’ont jamais fait d’impression sur
nous. » Ah! mes amis, ou je me trompe singulièrement, ou il en
est bien peu parmi vous qui puissent avec vérité tenir ce langage.
Jeune homme et jeune fille! je me lèverai en témoignage contre vous au
jour du jugement, car je sais que vos consciences ont été atteintes.
N’ai -je pas vu, il n’y a qu’un instant, des larmes silencieuses, les
larmes, je l’espère, de la repentance, s’échapper de vos yeux?
Et quant à vous, vieillards, qui aujourd’hui êtes si difficiles à
émouvoir, vous n’avez pas toujours été ainsi. Il fut un temps où votre
âme était capable de recevoir des impressions. Oh! souvenez -vous,
vieillards, que les péchés de votre jeunesse consumeront vos os, si
vous vous êtes obstinés à rejeter l’Evangile. Maintenant je le sais,
votre vieux coeur est comme blasé; mais vous n’en êtes que plus
inexcusables, car il était sensible autrefois … .. et même à
présent, n’est -il pas vrai, pauvres vieillards, qu’il n’est pas
complètement endurci?
- Non, j’en suis convaincu, pas une des âmes qui m’écoutent ne peut
dire qu’elle n’a jamais été émue par la prédication de l’Evangile. Dans
ce moment même, j’ose affirmer que plusieurs d’entre vous soupirent
après la solitude de leur chambre, car ils sont si troublés par le
sentiment de leurs péchés, qu’ils brûlent de pouvoir, en toute liberté,
répandre leurs coeurs devant Dieu. Mais, hélas! que dureront ces
émotions, ce repentir, ces larmes?
On faisait remarquer un jour à un prédicateur éminent quel étonnant
spectacle présentait un auditoire tout en larmes. « Je connais
une chose bien autrement étonnante, répondit celui -ci; c’est la
facilité avec laquelle les gens oublient ce qui les a fait pleurer, dès
qu’ils ont franchi le seuil du temple. » Est -ce là ce que vous
allez faire, mes amis? Je ne sais! Quoi qu’il en soit, souvenez -vous
que l’Esprit de Dieu a contesté avec vos âmes. Souvenez -vous
qu’aujourd’hui encore le Seigneur a comme placé une barrière sur vos
pas; il a creusé un fossé au travers de votre chemin; il a élevé un
signal d’alarme devant vos yeux et vous a crié: « Fils des
hommes, prenez garde, prenez garde, prenez garde vous vous précipitez
tête baissée dans les voies de la perdition! » Et il m’a envoyé,
moi son serviteur, pour vous avertir de votre danger. Et c’est en son
nom que je vous dis à tous: « Arrêtez, arrêtez, arrêtez! Ainsi a
dit l’Eternel: Considérez vos voies; retournez, retournez, convertissez
-vous; et pourquoi mourriez vous, ô maison d’Israël? »
Mais si vous repoussez ce nouvel appel de mon Maître, que vous dirai
-je, ô pécheurs? Qu’il en soit comme vous le voulez! Si vous étouffez
volontairement ces étincelles de la grâce divine, si vous éteignez ces
premières lueurs de l’Esprit saint, si vous êtes résolus à vous perdre
pour l’éternité, qu’il en soit comme vous le voulez! Seulement rappelez
-vous que je suis net du sang de vous tous. C’est à vous -mêmes que vos
âmes seront redemandées; c’est vous seuls qui serez responsables devant
Dieu de votre rébellion et de votre incrédulité.
IV
Il ne me reste plus que quelques paroles à ajouter, mais ces paroles
sont terribles au plus haut point; car je dois, au nom de mon Maître,
prononcer UN VERDICT DE CONDAMNATION. Je dois déclarer solennellement
que le sort le plus effroyable attend tous ceux qui vivent et qui
meurent en rejetant Christ. Oui, une complète, une irrémédiable
destruction les enveloppera infailliblement. S’il y a des degrés dans
les peines éternelles, sans contredit, le plus haut degré sera réservé
à toute âme qui n’aura pas voulu profiter des invitations de Christ.
N’avez -vous pas, mes frères, remarqué ce passage de l’Evangile, où il
est dit que le serviteur infidèle, celui qui a passé son temps à battre
ses compagnons de service, à manger, à boire et à s’enivrer aura sa
portion … .. (avec qui, pensez-vous?) - avec les incrédules!
Comme si l’enfer était tout particulièrement l’héritage des incrédules!
Comme si l’abîme avait été creusé, non pas tant pour le fornicateur,
pour le blasphémateur, pour l’intempérant, que pour celui qui méprise
Christ! C’est qu’en effet, la réjection de Christ constitue le péché
essentiel, le vice primordial. Lorsque les pécheurs comparaîtront en
jugement, leurs autres iniquités les suivront, mais celle -là les
précèdera.
- Mes frères, transportez -vous par la pensée à cet instant suprême, à
ce jour du jugement qui approche. Il n’y a plus de temps; le son de la
dernière, trompette a retenti dans J’espace. Nous sommes tous
rassemblés, les vivants et les morts. Une foule consternée et anxieuse
se presse dans les rues. Plus d’affaires de bourse maintenant, plus
d’opérations commerciales; le marchand abandonne sa boutique, le prince
son palais. Chacun est dans l’attente chacun sent que le grand jour de
l’échéance est enfin tenu, et qu’il va falloir régler ses comptes pour
l’éternité. Un silence solennel règne de toutes parts. Pas un son, pas
une voix ne se fait entendre. Toute langue est muette, tout coeur est
défaillant … .. Soudain, une grande nuée blanche descend
majestueusement du ciel. Sur cette nuée est assis quelqu’un semblable
au Fils de l’homme. Tout oeil le voit, - et alors, oh! alors, de la
terre qui tressaille jusqu’en ses fondements, s’élève une immense, une
formidable clameur. « C’est lui! c’est lui! » répètent
toutes les bouches. Mais à ce cri unanime succède bientôt un double
choeur; choeur des rachetés qui chantent avec ravissement: «
Alléluia, alléluia, alléluia! Gloire à toi, ô Fils de Dieu! et choeur
de ceux qui ont méprisé Jésus, dont les sanglots et les lamentations
retentissent dans les airs en notes sourdes et lugubres.
Ecoutez! Que disent les malheureux? Il me semble distinguer leurs
paroles, à mesure qu’el -les tombent de leurs bouches, gravés et lentes
comme les tintements d’un glas funèbre. Rochers, tombez sur nous,
disent -ils; montagnes, cachez -nous de devant la face de Celui qu est
assis sur le trône! »
Mon auditeur inconverti, seras -tu de ceux qui pousseront ce cri de
désespoir? Question saisissante et sérieuse entre toutes! Je suppose,
pour un moment, que tu aies quitté la vie dans ton impénitence, et que,
par conséquent, tu sois au nombre des, infortunés qui salueront la
venue du Seigneur par des pleurs et des grincements de dents. Oh!
quelle ne sera pas alors ta terreur, ton visage livide, tes genoux
tremblants ne seront rien, comparés à l’effroi sans pareil qui remplira
ton coeur, quand tu seras ivre, mais non pas de vin, quand tu
chancelleras dans l’étourdissement de la peur, quand tu t’abattras dans
la poussière pour cacher ton épouvante.
Car le Juge est là, - il approche, - il avance - et maintenant l’heure
du grand triage a sonné. « Rassemblez mon peuple des quatre vents
des cieux, mes élus en qui mon âme prend plaisir », dit le
Seigneur. Aussitôt cet ordre est exécuté. Puis on entend ces mots:
« Ramasse l’ivraie, et la liez en faisceaux pour être brûlée.
» Et on te ramasse, ô pécheur, et tu es lié dans le faisceau, et
il ne reste plus qu’à te livrer au feu. Mais où est l’étincelle qui
doit allume le bûcher? L’ivraie doit être brûlée, mais d’où viendra la
flamme qui l’embrasera? La flamme? elle jaillit de la bouche même du
souverain Juge, et des mots tels que ceux -ci la composent: Retirez
-vous de moi, maudits, et allez au feu éternel, préparé au diable et à
ses anges! {#Mt 25}
Hésites -tu, ô pécheur? « Allez l » répète ton Juge. -
Implores -tu sa bénédiction? « Tu es maudit! » - Veux -tu
fuir? « Le feu éternel est devant toi! » - Demandes -tu
grâce: « Le temps de grâce est passé, répond Christ. Parce que
j’ai crié et que vous avez refusé d’ouïr; parce que j’ai étendu ma
main, et qu’il n’y a eu personne qui y prît garde; aussi je me rirai de
votre calamité, je me moquerai quand votre effroi surviendra! {#Pr
1:24,26} Allez, vous dis -je, au feu qui ne s’éteint point! » -
Et tu y vas l … .. Et quelles sont les pensées qui assiègent
ton coeur? « Oh! plût à Dieu que je ne fusse jamais né! t’écries
-tu avec désespoir; plût à Dieu, que l’Evangile ne m’eût jamais été
annoncé, car je n’aurais pas commis le crime de le rejeter! »
Ah! c’est alors, pécheur, que tu sentiras au fond de ta conscience la
morsure du vers qui ne meurt point. « Je connaissais le bien,
diras -tu, mais j’ai fait le mal. J’ai semé le vent, il est juste que
je moissonne la tempête. Dieu a mis des entraves sur ma route, mais
j’ai passé outre; il m’a appelé, mais j’ai fermé mon oreille; il m’a
supplié, mais j’ai repoussé ses avances miséricordieuses. Oh! pensée de
toutes les pensées la plus poignante et la plus amère! j’ai été le
meurtrier de mon âme! Je suis perdu, perdu, perdu! et perdu par ma
propre faute! J’ai repoussé l’Evangile de Christ. je suis l’artisan de
mon éternelle ruine!
En sera -t -il ainsi de toi, mon cher auditeur, en sera -t -il ainsi de
toi? A Dieu ne plaise! Oh! puisse le Saint -Esprit t’attirer
irrésistiblement vers Jésus, car tu es trop vil pour céder, je le sais,
à moins qu’une force divine ne t’y contraigne.
Toutefois, j’espère pour toi, mon frère. N’entends -je pas ta voix
murmurer en cet instant même: Que faut -il que je fasse pour être
sauvé? Je vais te le dire, pauvre âme: crois au Seigneur Jésus -Christ
et tu seras sauvé. Il n’y a pas d’autre moyen de salut que la foi en
Christ. Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé; mais celui qui
ne croira point sera condamné, tel est l’enseignement de l’Ecriture.
Oh! pécheurs, regardez donc à Jésus! voyez Il est là suspendu à la
croix, il souffre et il meurt pour vous … .. Regardez à lui
et vous vivrez.
Nul ne peut rendre Dieu propice
Que Jésus -Christ le Rédempteur;
Son sang offert en sacrifice,
Voilà la rançon du pécheur
Fussiez -vous même les plus vils, les plus souillés, les plus dégradés
des hommes, venez, venez à Christ. Fussiez -vous l’écume, le rebut, les
balayures de la société, Jésus vous invite à venir à lui. Il n’est pas
jusqu’aux âmes dont Satan ne veut plus, que mon Sauveur ne soit prêt à
recevoir. Oh! venez donc à lui, qui que vous soyez, tels que vous êtes,
et vous obtiendrez miséricorde! Mais si vous endurcissez vos coeurs,
tremblez! oui, je vous le dis, tremblez!
Car Dieu, de sa gloire jaloux,
Dira, dans son juste courroux:
J’ai cette parole jurée,
Que jamais ce peuple endurci,
Puisqu’il me résistait ainsi,
Dans mon repos n’aurait entrée! {Psaume 95}