LE FRUIT DE L'ESPRIT (Donald GEE)
Auteur de : « Les Ministères-Dons de Christ » « Pentecôte» etc.....
Dr GUILLAUME, 65 rue du Château d'Eau, Calais (P. de C.) France.
·
Chapitre I. Le fruit de l'esprit et les dons
spirituels
·
Chapitre V. La longanimité (La patience).
·
Chapitre VI. La bénignité (la bienveillance)
·
Chapitre X. Le
contrôle de soi-même (La «tempérance »)
« Le fruit de l'Esprit, c'est l'amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur, la tempérance ». (Galates 5: 22-23).
Le fruit de justice, qui est par Jésus-Christ » (Philippiens 1:11).
Demeurez en moi, et je demeurerai en vous. Comme le sarment ne peut de lui-même porter du fruit, s'il ne demeure attaché au cep, ainsi vous ne le pouvez non plus, si vous ne demeurez en moi. » (Jean 15:4.)
C'est donc à leurs fruits que vous les reconnaîtrez ». (Matthieu 7 :20).
Aucune
introduction n'est nécessaire pour ceux qui connaissent l'auteur de cet
ouvrage. Ses écrits sur les « Ministères-dons de l'Esprit » et ses exposés
pratiques de la vérité ont été pour des milliers de personnes une bénédiction.
Son enseignement relatif aux opérations de l'Esprit par le moyen des dons ayant
été si richement béni et d'une si grande utilité, il était convenable qu'il
préparât maintenant un ouvrage sur les manifestations de l'Esprit dans ses
rapports avec la vie chrétienne et les fruits qu'elle produit, tellement
indispensables au bon exercice des dons et à l'esprit dans lequel ils doivent
être utilisés. Ce traité sur « Le Fruit de l'Esprit » doit être
soigneusement lu et médité par tous ceux qui aspirent à une vie cachée avec
Christ en Dieu, car sans ce fruit, les dons spirituels deviennent, l'airain qui
résonne, ou la cymbale qui retentit. Ce livre vous est chaleureusement
recommandé, — à vous qui désirez vivre par l'Esprit une vie toute à la gloire
de notre Sauveur et Seigneur.
Ernest
S. WILLIAMS
Comme
il est indiqué dans le premier chapitre de ce petit livre, l'auteur eut le
privilège de donner cette série d'études bibliques sur le fruit de l'Esprit au
cours annuel de la grande école biblique de l'Eglise « Filadelfia » à
Stockholm, probablement la plus grande assemblée de Pentecôte du monde entier.
Elle est publiée en réponse aux bienveillantes et nombreuses demandes de ceux
qui désiraient les avoir en permanence, c'est pourquoi ce livre a été tiré, au
cours d'un voyage en Afrique du Sud, de notes prises sur ces études.
Le
sujet si attrayant du « Fruit de l'Esprit » et des formes diverses de
sainteté pratique qui s'y rattachent ont inspiré tant de volumes à tant
d'auteurs doués, qu'en ajouter un autre, si modeste fût-il, paraît presque une
présomption.
Cependant,
une manière très attrayante d'aborder ce sujet, semble, en grande partie, avoir
été négligée jusqu'ici : c'est celle du Fruit de l'Esprit considéré du point de
vue particulier de
Le
lecteur reprochera peut-être à cet ouvrage de ne pas entrer d'une manière
approfondie dans les questions théologiques qui s'y rattachent. La raison en
est qu'il est écrit spécialement pour les personnes fidèles et bien-aimées qui
constituent la plus grande partie de nos assemblées, et de l'Eglise
Universelle, et vise, par conséquent, à être pratique plutôt que théorique.
Nous espérons que le caractère particulier de ce travail le rendra utile pour
un plus grand nombre de personnes que ne le seraient des esquisses purement théologiques.
Les étudiants zélés n'auront pas de difficultés à découvrir les convictions
personnelles de l'auteur en fait de doctrine, car elles font nécessairement
partie intégrante de toute l'étude elle-même.
Mais
pour ceux qui s'intéressent spécialement à l'aspect théologique je dirai ce
dont je suis moi-même persuadé : la doctrine de
L'application
de ces mystères sublimes au sujet qui nous est présenté est à mon avis la
suivante : les différentes qualités du caractère chrétien énumérées comme
«Fruit de l'Esprit » résultent d'une manière définie d'un principe
nouveau de vie au dedans d'un homme, principe apporté par la naissance d' « En
Haut ». La source de cette vie, et par conséquent
Il apparaît, dans le Nouveau Testament, comme un fait
historique indéniable que le Saint Esprit peut et doit être reçu par le
croyant, sous Sa Personnalité propre et distincte. Cette expérience doit suivre
à première venue à la régénération ; elle est appelée le Baptême du
Saint-Esprit, dont le but n'est pas de donner
Ce
point de vue aide certainement beaucoup à résoudre le plus grand nombre des
difficultés que rencontrent dans l'étude de ces sujets, les personnes
observatrices et réfléchies. Car il montre comment il est possible aux croyants
ayant reçu le Saint-Esprit dans Sa puissance régénératrice comme « Esprit de
Christ » demeurant en eux, de manifester beaucoup de « fruit », sans avoir
jamais connu l'expérience définie du baptême du Saint-Esprit. Et, d'un autre
côté, il montre comment certains chrétiens peuvent exercer les dons spirituels
reçus par ce baptême sans manifester le fruit de l'Esprit — s'ils
négligent de maintenir la plénitude de la vie de Christ au dedans d'eux mêmes ;
autrement dit, s'ils ne prennent garde de « marcher selon l'Esprit ».
Je
sais fort bien que l'opinion théologique ci-dessus peut être discutée ; mais je
dirai au moins ceci : la vérité de
Donald
GEE.
A
bord du « Balmora Castle »
Janvier
1934.
LE FRUIT DE L'ESPRIT ET LES DONS SPIRITUELS
Lorsque, dernièrement, me sont échus en
partage le privilège et la responsabilité d'enseigner une fois encore au cours
annuel de la grande école biblique de Stockholm, je demandai à l'un des
pasteurs de la localité s'il avait quelque suggestion à me faire pour un sujet
convenable. Après un court silence, il me répondit « Le Fruit de l'Esprit ».
Je vis immédiatement l'inspiration du
Saint-Esprit dans un choix si heureux s'harmonisant d'une manière parfaite avec
les études sur « Les dons spirituels » faites l'année précédente.
L'équilibre
essentiel entre ces deux sujets s'imposera d'une manière évidente à tous ;
malheureusement, il faut avouer qu'en appuyant trop fortement sur les dons
spirituels, certains semblent avoir parfois négligé le Fruit de l'Esprit. Avant
de les critiquer trop hâtivement souvenons-nous que pendant des générations, et
dans bien des directions à l'heure actuelle toute l'importance a été donnée aux
fruits au détriment des dons spirituels. Une telle insistance manque
d'équilibre, à la lumière de l'Ecriture,
et comme le pendule la vérité cherche toujours sa position d'équilibre.
Le
Nouveau Testament marque une harmonie exquise entre ces deux sujets, qui font
partie intégrante de l'oeuvre du Saint-Esprit. Le
Chapitre 12 de la première Epître aux Corinthiens termine un exposé sur les
dons spirituels par ces mots significatifs : « Aspirez aux dons les
meilleurs. Et je vais encore vous montrer une voie par excellence. » Ainsi
le thème de
A
travers ces trois chapitres sensés, éloquents, pratiques, l'équilibre est
maintenu. Il y est fortement insisté sur l'absolue nécessité de la
sanctification pour le bon usage des dons spirituels, mais nulle part, nous ne
trouvons l'opposition fanatique et presque brutale qui semble être de nos jours
la marque de certains docteurs de la «Sainteté ».
L'équilibre
parfait entre les « fruits » et les « dons » de l'Esprit est peut-être
intentionnellement appuyé par ce fait qu'ils sont tous deux au nombre de neuf,
énumérés respectivement dans Galates
5 :22-23 et 1Co 12:8-10.
Le
fruit croit
Le
choix inspiré du terme « fruit » est rempli de beauté. Notez le
contraste entre les oeuvres de la chair et le « fruit
» de l'Esprit dans Galates 5. Les « oeuvres »
nous parlent de la ville poussiéreuse, de machines bruyantes, d'activité
fiévreuse. Le « fruit » nous parle de la campagne, de jardins paisibles, et des
forces silencieuses mais vitales de la nature.
Les
fruits sont le résultat de la vie. D'abord paraît le bourgeon, puis la
fleur, finalement le fruit mûr pour la récolte. Soutenant toutes ces choses est
la vie de l'arbre, portant le fruit, la vie, aussi des forces de la nature, du
soleil, de la pluie, qui apportent leurs bienfaits. Les fruits ne peuvent être
obtenus là où règne la mort.
La
comparaison est exacte. Le fruit de l'esprit est le résultat direct de la vie
de Christ apportée au croyant par l'Esprit, « le fruit de justice» qui est par
Jésus-Christ (Phil. 1:11). Car il résulte d'une vie de communion intime
et constante avec Christ. « Celui qui demeure en moi, et en qui je demeure,
porte beaucoup de fruits » (Jean 15 :) La perte de cette communion
explique souvent notre impuissance à porter du fruit, et le labeur du chrétien,
si grand soit-il, et même l'exercice des dons spirituels ne peuvent jamais remplacer la marche avec
Dieu. C'est un encouragement de savoir que la communion constante avec Christ
dans notre vie quotidienne produira le fruit de l'Esprit à notre insu. Les
personnes qui nous entourent le voient avant nous, ce qui est de beaucoup préférable.
Ce
principe d'une croissance soutenue et tranquille contraste d'une façon
frappante avec la manière dont les chrétiens peuvent recevoir les dons
spirituels. Ceux-ci sont souvent, non pas obligatoirement toutefois,
communiqués en une occasion spéciale, avec la prière ou l'imposition des mains
comme pendant la « Pentecôte » à Ephèse. (Actes 19:6) où lorsque des
anciens firent l'imposition des mains à Timothée. (1 Tim 4 :14).
Combien
cherchent le fruit de l'Esprit, mais en vain, parce qu'ils s'y prennent mal !
Ils assistent à des réunions en plein air ou à des conventions, ou vont
entendre un prédicateur « renommé ». Ils pensent que
le fruit de l'Esprit particulièrement désiré, comme la paix ou la douceur, sera
subitement et sur le champ planté en eux. Faute de marcher avec Christ, ils
seront inévitablement déçus.
J'ai
raconté en divers lieux, un incident de ma jeunesse. Je désirais vivement, un
été, faire pousser des tomates dans notre petit jardin. J'achetai mes plants,
je les mis en terre et j'en pris soin. Mais l'atmosphère poussiéreuse de
Londres leur était peu favorable, et vers la fin de l'été je commençais à
désespérer de jamais récolter de fruits. Jugez donc de ma surprise lorsqu'un
beau matin je vis pendre de grosses tomates mûres à mes plants. Ravi,
stupéfait, je me précipitai dans le jardin, mais je constatai alors que ma mère
les avait attachées avec u ne ficelle .
Cette
petite plaisanterie de ma jeunesse illustre bien ce que nombre de personnes
essaient de faire avec le fruit de l'Esprit. Elles ne remplissent jamais les conditions
pour porter ce fruit, puis essaient d'y suppléer en cherchant une méthode
artificielle de production. Mais nous pouvons toujours voir les « ficelles »
Non
pas par le baptême
Beaucoup
de personnes considèrent le baptême du Saint-Esprit comme un moyen de porter ce
fruit et éprouvent un désappointement profond s'il ne se manifeste pas
immédiatement après cette expérience spirituelle. Cependant le but expressément
désigné du baptême du Saint- Esprit, et le résultat de ce baptême, sont de
donner la puissance pour le service et le témoignage. (Actes 1:8). Conformément
à ce dessein, ce sont les manifestations surnaturelles de l'Esprit par ses dons
qui forment le signe initial du baptême (Actes 2:4. 10:26. 19:6). La
sainteté est le signe d'une vie de communion ininterrompue avec Christ, et n'est pas
nécessairement rattachée directement au baptême de Pentecôte. Même sans ce
dernier, la beauté de Christ peut largement s'épanouir dans le caractère du
Chrétien.
Il
faut ajouter que la plénitude réelle du Saint-Esprit produit inévitablement
aussi le fruit parce quelle nous donne une vie de communion avec Christ plus
riche et plus vivante. Cependant le dessein immédiat de
Un
enfant en Christ peut ainsi recevoir parfois des manifestations frappantes de
la puissance de l'Esprit malgré un manque visible de maturité du fruit qui
forme le caractère du chrétien. Ceci apparaît clairement chez beaucoup des
premiers convertis au Christianisme auxquels furent adressées les Epîtres du
Nouveau Testament. Des dons réels de l'Esprit de Dieu peuvent être exercés là
où la charité n'est point parfaite. (1Co 13:1-3).Sans la charité,les dons ne sont pas
employés d'une manière normale, ce qui est inexcusable chez le croyant de
quelque maturité. Où l'amour est absent, les dons sont absolument sans valeur.
Il en résulte pour ceux qui exercent les dons spirituels une nécessité
impérieuse de porter aussi les fruits de l'Esprit, et de demeurer dans la « doctrine
des Apôtres » (Actes 2:42).
Le
feu et l'enthousiasme de notre témoignage public pour Christ peuvent rendre vain
ce témoignage si notre vie n'est pas remplie de la grâce et de la beauté de
Jésus Nous sommes tous des lettres « vivantes, connues et lues de tous les
hommes » ; et, si notre vie n'est pas en harmonie avec nos paroles, elle ne
peut que très fâcheusement s'accompagner d'un grand étalage de dons apparents.
La
puissance du fruit .
Tout
ceci tend à prouver la puissance réelle du fruit de l'Esprit. C'est
l'influence tranquille d'une vie pleine de beauté, plutôt que la puissance
torrentielle d'un ministère plein de feu, et cela vient de notre communion avec
Dieu et non d'un moment de crise.
On raconte que lorsque la construction du Forth Bridge en
Ecosse était près d'être terminée, les ingénieurs, pendant toute une journée
froide et sombre, essayèrent vainement de rapprocher certaines importantes
poutres de fer. Ils eurent sans succès, recours à tous les procédés imaginables
de la mécanique, et à la fin de la journée se retirèrent absolument
impuissants. Mais le lendemain matin, le soleil d'été enveloppa de ses chauds
rayons les grandes masses de fer et la dilatation produite leur permit bientôt
de faire la soudure. Il en est ainsi d'une grande partie de l'oeuvre de l'Esprit. Sa puissance opère parfois plus
irrésistiblement par les forces calmes de l'amour, de la joie et de la paix,
que par les manifestations plus frappantes des dons et des prophéties.
D' un autre côté il y a souvent des
rochers qu'il faut briser, et des portes qui doivent être ouvertes pour
lesquels la dynamite des dons spirituels de Pentecôte est absolument
indispensable. Ce fut l'expérience de Philippe dans son oeuvre
d'évangéliste en Samarie (Actes 8:6) et Paul l'a prouvé comme pionnier
missionnaire. (Actes 13:12-14:3 à 19:20).
La manifestation de la puissance
spirituelle la plus grande est obtenue là seulement où les fruits et les dons
vont de pair. A cet égard, le Nouveau Testament rapporte soigneusement, que les
hommes d'une puissance spirituelle exceptionnelle possédaient non seulement des
dons, mais aussi la grâce de Dieu et la bonté. (Actes 6:3 à 11:24 16:3à
22:12 etc...)
Le plus grand exemple de ce principe que
la puissance spirituelle est à son plus haut point là où les dons surnaturels
se rencontrent en harmonie parfaite avec une irréprochable sainteté du
caractère, est le Seigneur Jésus-Christ Lui-Même.
L'AMOUR
L'amour
est sans aucun doute le plus grand de tous les fruits de l'Esprit. Il occupe
dans l'énumération de Galates 5:22-23 la première place, et cela est
juste et inévitable. Car l'amour dans sa perfection, semble comprendre presque
tous les fruits de l'Esprit, et les fait resplendir
comme des reflets de sa gloire suprême.
Définir
l'amour parfait — et dans sa maturité le fruit de l'Esprit n'est pas autre
chose — c'est là une tache qui dépasse toute' plume et toutes paroles humaines.
Paul s'en, rapproche beaucoup dans 1 Cor 13, mais alors il écrivait sous
l'inspiration de l'Esprit. Dieu est amour, et par conséquent vouloir définir
l'amour, c'est vouloir défini l'infini.
Un
jour, dans la région du centre ouest de l'Amérique, j'essayai de décrire
l'Océan Atlantique à une vieille dame qui, de sa vie, n'avait vu la mer. Je
suis certain d'avoir complètement échoué. Elle reçut sans doute une idée vague
de quelque grand lac, mais c'est tout. — J'ai toujours ce même sentiment
d'impuissance lorsque je commence à parler de l'amour de l'Esprit.
Quelques contrastes avec l'amour humain.
Mais
ce travail nous sera facilité, si nous notons quelques contrastes, et
particulièrement les différences subtiles mais essentielles, entre l'amour
purement humain (qui n'est pas ce que
Le
fruit de l'Esprit est tout aussi surnaturel que ses dons, il ne résulte pas
d'une amélioration de notre caractère naturel ; mais d'une vie spirituelle
nouvelle reçue d'en haut. Ses possibilités sont étonnantes et glorieuses. Il
est accessible à ceux chez qui l'on s'attendrait le moins à le voir, de même
que les dons spirituels sont communiqués aux personnes pour lesquelles le monde
n'a que mépris,
a)
l'amour pour nos ennemis
L'amour humain aime ce qui est à lui, il
grandit dans une atmosphère d'amitié, il est soutenu par des démonstrations
d'affection réciproques. L'amour naturel ne persiste qu'en de rares occasions
là où, selon toute apparence, rien n'est donné en retour.
Mais le fruit de l'Esprit dépasse tout
cela, car il produit l'amour pour nos ennemis. Il est plus qu'une tolérance
négative ; activité positive, il nous pousse à faire du bien à ceux qui nous
maltraitent et nous persécutent. C'est un des traits les plus remarquables de
l'Evangile de Christ qu'il nous commande un tel amour, (Mat 5:46-47) et
le commandement même implique, comme toujours, la grâce pour l'accomplir. Cette
grâce nous est donnée par l'Esprit de Christ en nous.
Notre Seigneur fut toujours Lui-même
l'Exemple parfait de son enseignement. L'amour, fruit de l'Esprit, fut
pleinement révélé lorsqu'il priait à Golgotha « Père, pardonne-leur car ils ne
savent ce qu'ils font ».
Pour apporter à l'Eglise la preuve de la
possibilité certaine pour le Saint-Esprit de produire ce même amour dans les
disciples, nous avons l'exemple d'Etienne priant pendant que ses ennemis le
lapidaient : « Seigneur, ne leur impute pas ce péché ». Echo de Golgotha !
b) Cet amour ne change pas
Une
des protestations les plus courantes de l'amour humain, est la suivante : « Je vous aimerai toujours
». Combien de fois, cependant, les années qui passent et les circonstances qui
changent refroidissent notre amour. Nous déclarons en toute sincérité, et avec
beaucoup de ferveur pendant notre jeunesse que notre amour durera toujours,
mais nous ne connaissons pas nos propres coeurs.
C'est pour cette raison qu'avec l'âge, hommes et femmes ont tendance à devenir
cyniques vis-à-vis de tout amour, s'ils n'ont pas trouvé le sec et de l'amour,
fruit de l'Esprit Eternel. Cette découverte est comme une révélation.
Cet
élément d'invariabilité dans l'amour de Christ fut merveilleusement manifesté
envers Pierre après son reniement. Simon aurait pu chanter avec une rare
compréhension : « Oh ! quel amour insondable ! » On
peut dire que Barnabas aussi manifesta ce fruit de
l'Esprit dans la ténacité avec laquelle il retint auprès de lui le jeune Marc
jusqu'à ce que ce disciple vacillant fut devenu « utile » (Actes 15:30 2Tim.
4:11). Ce même fruit peut souvent, de nos jours, sauver une vie, et parfois
un ministère.
c)
Cet amour se sacrifie
L'amour
humain se rapproche le plus de l'amour de Dieu sur ce point. Car même l'amour
naturel, lorsqu'il est réel, prouve sa profondeur par la promptitude à se
sacrifier pour l'objet aimé, parfois même jusqu'à la mort. « Il n'y a pas de
plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ».
Et
cependant, l'amour divin fait mieux. « Quelqu'un peut-être mourrait pour un
homme de bien. Mais Dieu prouve son amour envers nous, en ce que, lorsque nous
étions encore des pêcheurs, Christ est mort pour nous ». (Romains 5:7-8).
L'amour suprême accomplit le plus grand de tous les sacrifices, pour ceux qui
en sont suprêmement indignes. C'est une forme différente pour dire que l'amour
divin s'étend même à ses ennemis, mais nous la mentionnons spécialement ici
parce qu'elle est l'essence même de tout ministère véritablement chrétien . « Le bon Berger donne Sa vie pour Ses brebis »
n'est pas seulement écrit de Christ, mais doit être aussi vrai pour tout bon
berger des brebis de Dieu.
Rien
n'est plus nécessaire chez un serviteur de Christ que cet aspect particulier du
fruit de l'Esprit. Dans bien des localités, l'oeuvre
de Dieu languit non pas faute de dons spirituels, mais parce qu'il manque
quelqu'un qui veuille bien y apporter un peu d'amour et d'esprit le sacrifice.
Peu de dons font beaucoup s'ils sont accompagnés d'une grande charité. L'amour,
le dévouement de tout vrai missionnaire, exercés dans un pays malsain
envers un peuple naturellement peu aimable, sont les plus belles démonstrations
de ce fruit de l'Esprit. Cependant, là ou règne un amour réel, le sacrifice est à peine aperçu, et jamais
mentionné.
Nous
avons un jour visité, ma femme et moi, la mission de Pentecôte d'une petite
ville d'Orient, où l'air était tellement irrespirable que nous étions heureux
de pouvoir grimper au sommet de la colline pour trouver un peu de fraîcheur et
vaincre la nausée. Pourtant, le dévoué missionnaire parlait toujours du lieu de
sa demeure avec un véritable enthousiasme, et le considérait comme un des plus
beaux coins de la terre. L'amour transforme.
Bien des parents spirituels parmi ceux
qui se sont consacrés avec le même dévouement, le même esprit de sacrifice, à
l'oeuvre du pasteur chez nous, pourraient dire avec
Paul : « Nous aurions voulu non seulement vous donner l'Evangile de Dieu, mais
encore nos propres vies, tant vous nous étiez devenus chers ». (1 Thess 2:8).
L'amour humain peut en se sacrifiant
manquer de sagesse. L'Esprit de Dieu fera de nous des personnes non seulement
dévouées, mais sages.
d)
L'Amour divin est parfois disciplinaire
L'amour
humain n'est jamais plus près d'échouer à la tâche qu'au moment où il a pour
devoir de châtier. Chaque « enfant gâté » en est la preuve. « Le Seigneur
châtie celui qu'il aime », et tous les parents ont besoin du fruit de
l'Esprit pour agir en cela d'une manière agréable à Dieu. La grande difficulté,
pour la plupart d'entre nous, est de garder le juste milieu entre la colère et
la faiblesse. Châtier avec un amour sincère est tout un chef-d'oeuvre.
C'est
ici le facteur primordial de toute discipline dans l'Eglise. La discipline doit
régner dans nos assemblées (1 Cor. 5:2) mais cet amour divin que peut
seul produire le fruit de l'Esprit est une nécessité absolue pour atteindre le
but : édifier et non détruire. Certaines tentatives sincères d'établir une
discipline dans l'Eglise ont fait plus de mal que de bien : il manquait
l'amour.
L'amour
que donne le Saint-Esprit s'élève au dessus de tout intérêt personnel. Une de
ses caractéristiques infaillibles est de se réjouir de la vérité », plus
précieuse pour l'amour divin que tous les liens de l'affection naturelle.
Nous
pouvons citer le cas très triste où le fils d'un pasteur avait péché moralement
dans l'assemblée. Le jeune homme ne se repentit pas, et le devoir du pasteur était,
selon toute évidence, de le retrancher de l'assemblée, jusqu'à ce qu'il «
rentrât en lui-même », comme l'enfant prodigue. Mais le pasteur ne remplit pas
son devoir, et ce fut un grand préjudice au témoignage rendu pour Dieu en ce
lieu. Cette situation était extrêmement pénible. Chacun d'entre nous aurait pu échouer de la même
manière, mais ce fait nous révèle la nécessité d'agir parfois avec fermeté, et
la possibilité qui nous en est donnée par le fruit de l'Esprit. Voyez comment
l'amour Divin insista sur la mort de l'enfant de David, tout en pardonnant
librement le péché dont cette mort était le châtiment. (2 Samuel 1:12-14).
Il
a été dit que « l'amour est aveugle » Ce n'est vrai que de l'amour humain.
L'amour, fruit de l'Esprit, a les yeux ouverts à tout, agit en conséquence et
continue toujours d'aimer.
Le
lien de la perfection
Paul
exprime un idéal rempli de beauté en adressant aux Colossiens l'exhortation
suivante ; « par dessus toutes choses, revêtez- vous de la charité, qui est le
lien de la perfection » (Col 3:14).
Ce
verset de l'Ecriture me fait toujours penser à la courroie solide que je mets
autour de ma valise pour voyager. J'emporte toutes sortes de choses, les unes
dures, les autres fragiles, les unes grandes, les autres petites, les unes
faciles « à fourrer » dans les coins, les autres guère commodes ; mais ma
grande courroie de cuir les maintient toutes ensemble en une union parfaite.
Ainsi en est-il de l'Eglise. Nous
présentons une si grande diversité de personnalités et de caractères que
l'union semble souvent une impossibilité, mais le fruit de l'Esprit, l'amour de
Dieu, peut accomplir cette oeuvre en nous.
Nous
avons pensé parfois que les dons de l'Esprit amèneraient inévitablement
l'union. Sans doute en serait-il ainsi si les dons spirituels étaient
accompagnés du fruit de l'Esprit. Mais les sentiments qui gouvernent notre
propre esprit, l'état dans lequel il se trouve, peuvent influencer de telle
manière la révélation et la manifestation du Saint-Esprit que Christ même peut
être prêché par esprit de dispute, et les « langues » devenir « l'airain qui
raisonne ». Seuls les fruits et les dons agissant ensemble en une sainte
association peuvent amener cette union.
Grâces
soient rendues à Dieu qui nous promet dans Sa Parole la victoire finale. Nous
parviendrons tous à « l'unité de la foi, à l'état d'homme fait, à la mesure de
la stature parfaite de Christ » (Eph. 4:13).
Les dons spirituels exercés avec amour contribuent toujours à cette fin.
Lorsque
je visitai Stockholm pour la première fois en 1930, je vis la grande salle de
l'assemblée « Filadelfia » en voie de construction. Les ouvriers étaient
partout au travail, "échafaudage entourait le bâtiment et les bruits
résonnaient de toutes parts. Bien des fois depuis cette époque en contemplant
le bel édifice entièrement achevé où se pressaient des milliers d'adorateurs,
je me suis remémoré les paroles si
souvent mal interprétées qui terminent le chapitre 13 de la première épître aux
Corinthiens. Car à Stockholm seul comptait et devait être permanent, non les
bruits ou l'échafaudage de la construction, mais le bâtiment. Cependant les
bruits et l'échafaudage étaient indispensables pour le construire et l'achever.
Ainsi
en est-il de l'édifice spirituel de Dieu dans l'Eglise, et cette illustration
nous aide à comprendre les desseins de Dieu,dans les dons spirituels. En fin de compte, seule
importe notre édification à l'image de Christ, se manifestant par le Irait de
l'Esprit. Le but des dons spirituels est d'amener à maturité ce fruit éternel.
Un jour les dons « passeront » mais pas avant que leur oeuvre
soit terminée. Mais ce jour arrivera seulement lorsque la manifestation
finale du fruit de l'Esprit dans sa plénitude sera visible chez tous les
enfants de Dieu, quand nous verrons le Seigneur. Alors, resplendissant au
dessus de tout,demeurera «
la plus grande de ces choses :
Tout
le monde veut la joie. Ceux même qui délibérément, choisissent une voie de
sacrifice paraissant rendre impossible toute joie présente, le font dans
l'espérance d'une joie future et éternelle. Christ lui-même a souffert
La
joie naturelle
Il
est une joie toute humaine qui peut être produite par des moyens entièrement
naturels. Mais elle n'est pas ce que
Certaines
caractéristiques de la joie naturelle la séparent nettement de la joie
spirituelle (l'expression « joie spirituelle » est employée ici pour désigner
le fruit de l'Esprit).
a) en premier lieu, la joie naturelle ne dure
généralement pas,et ne
possède aucun élément de permanence. (Ecc 7:6) . Rien ne
montre mieux sa nature éphémère que la recherche fiévreuse par l'homme du monde d'un changement
continuel et de moyens toujours nouveaux de se divertir.
b) Elle est toujours accompagnée d'un mélange
mystérieux de tristesse (Prov. 14:13). La
tonalité mineure persiste à travers la musique ; il y a un « squelette au
festin » ; elle est toujours pénétrée d'un sent d'insécurité. Beaucoup de joie
apparente n'est souvent qu'un effort conscient et volontaire pour étouffer les soucis et
intoxiquer l'âme. « Mangeons et buvons, car demain nous mourrons ».
c) La forme la plus pure de la joie
naturelle est sans doute celle que nous éprouvons de notre travail,et à bien des égards celle-ci, vraiment noble, est
source d'une satisfaction réelle. Salomon en explora d'une manière complète
toutes les possibilités et la
recommande comme la plus noble des joies « sous le soleil » (Ecc 2:10,11). Mais même ici, il découvrit une vanité
finale, car les oeuvres les plus grandioses doivent
tomber en désuétude. L'artisan doit un jour les quitter, souvent même avant
qu'elles soient achevées. Leur perfection ne provoque que jalousie et amertume
chez les autres. Ce sont là des « mouches » dans l'huile de la joie naturelle,
qu'en font autant une source de tristesse que de satisfaction personnelle (Ecc 10:1)
Le prophète Jérémie
a résumé tout cela dans sa phrase célèbre « Des citernes crevassées
qui ne retiennent pas l'eau » (Jer 2:13).
Le glorieux message
de l'Evangile annonce que Dieu peut donner aux hommes une joie exempte de
toutes ces faiblesses, une source d'eau qui « jaillit jusque dans la vie éternelle. »
Non des citernes, mais des sources d'eau.
La joie spirituelle diffère de la joie
naturelle en ce qu'elle jaillit d'une source pure. Le coeur
droit devant Dieu devient logiquement capable d'une joie pure et éternelle.
a) La joie du salut
— du pardon des péchés, est la première qui soit partie intégrante du fruit de
l'Esprit. Elle est essentiellement un sentiment de délivrance d'un fardeau intolérable,d'une
recherche récompensée, d'une aspiration assouvie De cette catégorie sont la
joie du geôlier de Philippes, de l'eunuque éthiopien, du marchand de perles. (Actes 16:34-8:39.
Matt. 13:36). Un tel sentiment, quoique éternel et pur, tend à
devenir égoïste. Le fruit de l'Esprit, dans ce premier état, n'est pas encore
parvenu à maturité, et doit croître dans :
b)La joie du salut des autres. — Il n'est rien qui ajoute plus à toute joie
véritable et ne la purifie mieux que de la partager avec d'autres. Quand le
sujet n'en est rien moins que le salut, la joie produite est des plus grandes
que l'on puisse imaginer. Lorsque Paul et Barnabas racontèrent dans les
assemblées la conversion des païens, ils causèrent une « grande joie » à tous
les frères. (Actes 15:3). Ceux qui ont conduit, ne fût-ce qu'une âme, au
Sauveur, savent combien est profonde la joie éprouvée. Ce même élément entre
dans tout le plaisir pur que les enfants de Dieu, Ses rachetés, ressentent aux
progrès de Son oeuvre en tous lieux.
c) Il est cependant
une chose plus profonde encore. La joie de servir est meilleure que celle d'une
bénédiction strictement personnelle, mais, dans notre rédemption, la joie
dernière est une joie pure en Dieu Lui-même. Les âmes arrivées à un
développement complet l'ont éprouvée dans tous les âges, et en tous lieux dans
l'Eglise. C'est le fruit de l'Esprit parvenu à une entière maturité. Le vieux
prophète Habakuk décrit, dans un passage remarquable,
une scène de désolation complète de la nature, puis termine avec ce cri de
triomphe « Toutefois, je veux me réjouir en l'Eternel, je veux me
réjouir dans le Dieu de mon Salut » (Hab 3:18)
« Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur », dit Paul (Phil. 4:4). Une
telle joie devient indépendante de toutes les circonstances du dehors et même
des bénédictions intérieures. Elle se réjouit de la possession sûre et certaine
de Celui qui bénit ; l'essence même de l'éternelle et ineffable joie du
ciel, elle partage l'extase des êtres glorifiés qui entourent Son trône. La
rivière de joie de notre salut, le fleuve de joie de notre service, se sont
élargis et sont devenus la joie finale dans l'Océan infini.
Et parce qu'elle est en Dieu Lui-même, elle est une « joie éternelle » (Esaïe 35:10), car sa Source ne peut jamais tarir. C'est
la réponse victorieuse à tout ce que la joie humaine a d'insuffisant et
d'incomplet.
Le Jardinier au
travail.
Les fruits les
meilleurs ne sont dûs qu'à des soins diligents, et le
Maître apporte un labeur patient au perfectionnement du fruit de l'Esprit chez
Son peuple.
Pour établir la
réalité de notre joie nouvelle de salut dans la délivrance du péché et nous
apprendre à en trouver la source en Lui seul, il permet sou vent des
circonstances assez pénibles pour nous montrer qu'il n'en existe aucune hors de
Lui. Des malheurs nous accablent de tous côtés, mais la joie demeure. Ce fruit
de l'Esprit est indépendant des circonstances extérieures. L'exemple classique
est celui de Paul et de Silas en prison, le corps
meurtri par une souffrance physique injustement infligée, chantant à minuit les
louanges de Dieu ! Il valait vraiment la peine de découvrir que l'on pouvait
chanter dans de pareilles circonstances !
La joie chrétienne
est souvent incompréhensible à l'homme naturel. « Attristés mais toujours
joyeux » l'exprime bien. Parfois même cette joie des chrétiens irrite ceux qui ne la connaissent pas. « Vous ne devriez pas être
heureux ! » fut un jour la protestation indignée de l'un de mes amis, lorsque
la joie irrésistible du salut persistait à déborder des- lèvres en dépit d'une
tristesse sincère.
Mais
il est une leçon plus profonde encore que nous devons apprendre. Le Maître
enlèvera même la joie débordante des sentiments spirituels afin d'amener l'âme
à n'éprouver qu'une joie pure en Lui-même. Cette leçon doit être apprise par
tous ceux qui ont reçu le baptême du Saint-Esprit. Le changem3nt qui s'opère
alors est, au début, une source d'anxiété pénible, surtout si aucun ami ou
pasteur avisé n'est présent pour conseiller et instruire.
Une
leçon pour les chrétiens de « Pentecôte »
Notre
expérience de Pentecôte est généralement, dans les premiers temps, source d'une
grande joie dans le glorieux bonheur qu'elle nous apporte. C'est la cause
première du « parler en langues » parce que l'exaltation de notre esprit ne
peut trouver d'autre moyen de s'exprimer. Mais la tendance inévitable subsiste
de faire un usage égoïste de l'exaltation spirituelle et des transports joyeux,
et ne plus regarder qu'à nous-mêmes. L'âme vit des sentiments qu'elle éprouve,
même s'ils résultent de la plénitude du Saint-Esprit en nous.
Il y aura dorme dans les plans infiniment
sages de Dieu, un temps d'épreuve, où les manifestations sensibles de la
présence et de la puissance du Saint-Esprit seront beaucoup diminuées, afin de
rétablir le principe invariable de la foi dans la vie qui plaît à Dieu.
La joie du Saint-Esprit semble pour un temps obscurcie par un nuage, mais c'est
seulement pour être transformée en une joie pure en Dieu Lui-même, indépendante
de tous sentiments ou manifestations, et heureuse dans la connaissance
certaine, l'assurance de la loi que le Consolateur est venu demeurer avec nous
pour toujours.
Une
des erreurs les plus graves et les plus fâcheuses que nous puissions commettre
dans une vie remplie de l'Esprit, est de toujours insister sur les signes
extérieurs de la joie sous forme de manifestations continuelles, alors que le
Seigneur, dans Son amour, cherche à nous séparer d'un attachement égoïste à ces
choses pour elles-mêmes. Cette erreur devient mortelle si les manifestations
sont d'abord forcées, et finalement imitées par la chair. Et, chose triste
entre toutes, l'aspiration du coeur n'est jamais
satisfaite, car de semblables travestissements des opérations du Saint-Esprit
cessent de donner la moindre joie.
Malheureusement,
non seulement des personnes isolées, mais aussi des assemblées, font la même
grave erreur. Nous avons été dans des assemblées où l'oeuvre
du Saint-Esprit n'était pas de produire une joie émotionnelle — (les fidèles avaient sans doute besoin
d'autre chose à ce moment là), mais les saints eux-mêmes voulaient avoir tous
les anciens « transports » d'allégresse, ou bien croyaient que leur «
témoignage » en nécessitait au moins une imitation. Le résultat c'est qu'on
voyait des efforts pour fabriquer une joie apparente, dont on pourrait sourire
si elle n'était pas triste. Le but semble parfois atteint en apparence, mais la
chose est entièrement psychique, elle n'est qu'un travestissement de la joie du
Saint-Esprit ; celle-ci jaillit du dedans de nous.
«Ma joie.... en Vous »
Il
est bon de remarquer, puisque tout fruit de l'Esprit est une manifestation de
la vie de Christ dans le croyant,que
le Seigneur a formellement promis à ses disciples de leur donner sa propre joie
(Jean 15:11 —17:13). Cette joie semble composée de trois éléments
essentiels :
a) L'accomplissement de la volonté de Son Père
(Jean 4.34)
b) La recherche des « brebis perdues » (Luc
15:5)
c) La joie dans la sagesse et l'amour de Son
Père (Luc 10:21).
Il nous est facile de voir comment les
trois sources de la joie de notre Seigneur sur cette terre correspondent aux
phases déjà étudiées de notre propre joie, fruit de son
Esprit.
a)
Notre joie première de délivrance du péché . Christ,
était sans péché ; mais le péché est essentiellement une rébellion contre
b)
Notre joie de servir, de participe à l'oeuvre de
Celui qui est venu « chercher et sauver ce qui était perdu », de « partager le
travail qui fait venir son Règne ».
c) Notre joie finale et complète lorsque nous
recevons pour nos âmes la révélation de l'amour et de la sagesse de Dieu par
son Esprit, et L'aimons pour Lui-même.
Hier soir, j'étais sur le pont du
transatlantique ; je regardais les étoiles pendant que le navire suivait sa
marche régulière à travers une mer calme,par
une fraîche nuit des tropiques. Un frère en Christ, prédicateur, était assis à
côté de moi, et nous nous entretenions des choses de Dieu. Toute la journée une
activité incessante et des jeux continuels s'étaient déroulés sur le pont parmi
les passagers ; ceci semble bien caractériser le contraste que nous éprouvons
souvent entre la joie et la paix. Chacun d'entre nous, à certaines heures,
aspire à la paix plus encore qu'à la joie. Un des plus beaux noms donnés à
notre Père Céleste est celui de « Dieu de Paix », (Romains 16:20 2 Cor.
13:11). Nous ne pourrions jamais prononcer de bénédiction plus propre à remplir
un coeur que celle-ci « Que
Un merveilleux
héritage
Nous aimons généralement faire en sorte
que nos biens les plus chers aillent à ceux que nous aimons le plus. Il semble
qu'un tel désir emplissait le coeur du Seigneur Jésus
la nuit même où il fut trahi. « Je vous laisse ma paix »,dit-il
à Ses disciples. (Jean 14:27).
Combien merveilleuse avait toujours été
cette paix ! Au milieu de la tempête, sur le lac. Il ne connaissait aucune
inquiétude ; devant les démons,Il
était le Maître absolu ; la foule hostile, Il la traversait simplement, gardé
par une tranquillité,une paix invincibles. John
Wesley, dans ses mémoires,rend
le témoignage qu'il possédait une paix semblable devant les foules hostiles de
son temps ; c'était le fruit de l'Esprit, sa part personnelle du grand héritage
que Christ laisse à tous ses vrais serviteurs.
Je connais une
belle histoire d'un vieux martyr. Pendant que le feu s'allumait autour de lui,
il dit à l'officier présent de placer la main sur son coeur.
La tranquillité merveilleuse de ce coeur étonna si
profondément le persécuteur qu'il devint, lui, aussi, un chrétien.
Cette paix, héritage divin du Sauveur,
est apportée à nos vies comme un fruit de Son Esprit demeurant en nous.
La paix grandit
Naturellement,
elle nous est d'abord donnée là où la paix de Jésus avait toujours reposé
depuis le commencement — dans une union parfaite avec le Père. La seule source,
véritable de cette paix pour notre vie est dans la justification.« Etant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec
Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ » (Romains 5:1).
C'est la « paix par le sang de Sa Croix » (Eph 1:20).
Voilà le commencement : mais la paix
peut et doit grandir. Le 11 novembre 1918, l'armistice fit taire les canons, et
la guerre prit fin. Cependant les nations étaient organisées pour la guerre, et
des mois devaient s'écouler avant que les conditions de paix, ne fussent
réellement établies dans tous les pays. De grandes usines à munitions devaient
être transformées ou détruites, des millions de soldats démobilisés et ramenés
peu à peu à des occupations paisibles.
Ainsi
en est-il de l'âme : la conversion signifie l'abandon des armes de la rébellion
et de la guerre contre Dieu, mais il se passe souvent un temps assez considérable avant que notre être tout entier
soit soumis à l'influence bienfaisante de Sa paix divine. Pour beaucoup de chrétiens,elle ne s'étend jamais
au-delà du sentiment que leurs péchés sont pardonnés, et de l'assurance d'un
pardon final. Leur vie est remplie d'une anxiété et d'une inquiétude
continuelles, ils sont, même dans l'église, une source fréquente d'inquiétude
et de trouble, ne possédant pas eux-mêmes la paix et ôtant la tranquillité des
autres.
Le champ de bataille de notre esprit
Les luttes les plus dures se déroulent
généralement dans notre esprit. Ceci ajoute à la beauté significative
des douces paroles d'Esaïe (Esa 26:3)
« A celui qui est ferme dans ses sentiments tu assures la paix, la paix,
parce qu'il se confie en Toi ». Elles nous parlent de l'esprit humain en
repos, rempli de la connaissance du Tout-Puissant, assuré que l'Eternel suffit
pour résoudre toutes les difficultés. Une telle paix est véritablement un fruit
de l'Esprit,car Son oeuvre est de nous donner « un esprit de sagesse et de
révélation dans Sa connaissance ». (Eph. 1:17-18).
Nous oublions souvent que nous pouvons
occuper nos pensées à tout ce que nous voulons. Tant de personnes considèrent
que l'esprit humain est toujours la victime impuissante des circonstances !
Pourtant ce n'est pas exact. Dans un passage célèbre Paul dit, littéralement :
« L'attachement aux choses de la chair, c'est la mort, mais l'attachement aux
choses de l'Esprit c'est la vie et la paix ». (Romains 8:6).
Nous pourrions peut-être traduire par l'« attention » aux choses de l'Esprit.
Moffatt traduisait ainsi : « l'affection de la chair, c'est la mort, mais
l'affection de l'Esprit c'est la vie et la paix ». Dans tous les cas
l'enseignement est clair. Si nous voulons la paix, notre attention doit être
portée aux choses de
l'Esprit. Nous pouvons délibérément suivre cette voie par nos habitudes, par
des lectures, par l'assistance aux réunions, par la méditation, en travaillant
pour Christ. Si nous laissons le monde accaparer notre esprit, nous ne devons
pas nous étonner de perdre la paix de Dieu. Un homme, en lisant un « roman
policier » émouvant avant de se coucher,pourrait
tout aussi bien se plaindre de cauchemars la nuit !
Nous avons deux
moyens spécifiques de garder notre esprit dans la paix de Dieu.
a) Apporter toutes choses à Dieu « par la prière avec actions de
grâces ». « Ne vous inquiétez de rien, mais en toutes choses faites
connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications avec actions
de grâces. Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos coeurs et vos pensées en Jésus-Christ » (Phil. 4:6-7)
« gardera comme par une garnison vos coeurs et
vos pensées en Jésus-Christ » (Phil. 4:6-7). Newberry).
b) Aimer d'une manière pratique
En observant ces règles, nous verrons certainement le fruit de l'Esprit,
la paix, grandir dans nos coeurs. Quelle bénédiction
ne serons-nous pas pour les autres, souvent à notre insu !
La paix dans l'Assemblée
Mais cette paix de Dieu n'est pas seulement une bénédiction personnelle
pour chacun de Ses enfants ; elle est un héritage de notre vie commune dans
l'Eglise : «
Elle est notre héritage commun en Christ, mais ce fait ne nous dispense
nullement de l'obligation de la préserver avec soin. L'un des moyens d'y
parvenir est d'éviter toute controverse inutile. « Repousse les discussions
folles et inutiles, sachant qu'elles font naître des querelles » (2 Tim
2:23). Certaines personnes n'aiment rien mieux que de toujours argumenter.
D'autres, faute de bon sens, semblent ne jamais savoir en quelles occasions, à
quels moments, rester bouche close sur un sujet de controverse: Par bonheur il
en existe qui ont cette sagesse.
Une belle anecdote
que j'entendis en) Australie nous servira d'illustration. Un certain
prédicateur anglais avait enseigné ! un point
secondaire de doctrine sur lequel les assemblées australiennes n'étaient pas
d'accord. Très timidement, un jeune pasteur, accompagné de ses diacres,
l'aborda et lui demanda de ne pas continuer, pour la paix de l'assemblée. Le
célèbre évangéliste prit un moment un air sévère et dit : « Savez-vous ce que
je vais faire ? » Ils répondirent non, et pensaient qu'il allait sans doute
mettre fin à la série de réunions spéciales (certains auraient agi de la
sorte). A leur grand bonheur il répondit : « Je vais vous embrasser tous ! ».
Il le fit, et ne mentionna plus jamais le sujet de controverse. Oh ! puissions-nous avoir plus d'hommes sachant manifester une
telle sagesse, une telle grâce divine !
Un autre domaine sur lequel nous devons veiller avec soin, pour
préserver la paix des assemblées de Pentecôte est l'exercice des dons
spirituels. Employés d'une manière correcte par l'Esprit de Dieu, ils doivent
toujours contribuer à la paix et à l'union. Paul résume la chose en ces mots :
(« Dieu n'est pas un Dieu de désordre, mais de paix » (1 Cor. 14:33).
A Corinthe les «
esprits des prophètes » n'étant pas bien contrôlés, quelques-uns des usages des
dons spirituels étaient loin d'ajouter à la paix de l'assemblée. Si nous
voulons voir le fruit vital de l'Esprit, la paix, grandir dans nos églises,
nous devons soigneusement veiller à ce point. Ce n'est pas trop dire d'affirmer
qu'en règle générale nous pouvons juger de la mesure dans laquelle un don
spirituel est exercé par l'Esprit de Dieu par la manière dont il contribue à la
paix de l'assemblée, ou y fait obstacle, étant entendu toutefois que
l'assemblée désire sincèrement voir l'Esprit de Dieu agir en toute liberté.
Les églises qui vivent dans la paix sont toujours spirituellement les
plus saines cultiver ce fruit est donc une des préparations les plus efficaces
à un accroissement général. « L'Eglise était en paix...et elle s'accroissait » (Actes
9:31) La paix véritable n'est pas synonyme de paresse : elle est le fond
nécessaire à toute activité heureuse et utile. Elle est essentiellement
l'atmosphère de la moisson active des champs.
La « longanimité » nous ramène aux tout premiers temps, quand l'histoire
des rapports de Dieu avec les hommes était encore jeune, « lorsque la patience
de Dieu se prolongeait, aux jours de Noé ». (1 Pierre 3:2).
Fait remarquable,le
cercle se complète ; la patience de Dieu opère de nouveau vers la fin,retenant le plus longtemps possible le jour inévitable
du jugement : « Le Seigneur ne tarde pas dans l'accomplissement de la promesse,
comme quelques-uns le croient ; mais Il use de patience envers vous, ne voulant
pas qu'aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance. Le jour
du Seigneur viendra.... (2 Pierre 3:9).
Un attribut de Dieu
La longanimité, fruit de l'Esprit,est
l'un des attributs du Tout-Puissant. Elle forme partie du nom éternel (Exode
34:6) ; elle est une raison fréquente d'adoration et de louange.
Elle se révèle d'une manière particulière dans la patience et la
miséricorde divines envers les pécheurs (et non envers leur péché). Ce gracieux
attribut de
Le but de la longanimité divine est d'amener les hommes à la
repentance. (Rom.2:4). Il importe de se rappeler ceci : la patience
divine a un but. Elle n'est pas seulement une endurance passive et sans objet.
Elle diffère en cela d'une simple résignation à l'inévitable.
Il s'ensuit donc que la longanimité véritable est essentiellement volontaire.
Dieu n'est pas obligé de souffrir longtemps les malfaiteurs. Il le fait
parce que l'amour est « patient et plein de bonté » (1 Cor 13.4) et ceux
qui font preuve de longanimité agissent ainsi dans le dessein ferme de
manifester de la bonté.
Un fruit de
l'Esprit
Nous devons contempler la longanimité à sa
source même dans le coeur de Dieu, en nous rappelant
que ce fruit de l'Esprit résulte directement de notre participation à la nature
divine, et ne parvient à maturité que par notre communion constante avec Dieu.
La ressemblance
entre Dieu et ses enfants peut ici devenir très belle. Je n'oublierai jamais la
remarque passagère d'un pasteur fidèle que j'entendis dans ma jeunesse.
Certaines personnes s'opposaient âprement à lui, cherchant à entraver son
ministère et à y porter atteinte par tous les moyens en leur pouvoir. Quelques-
uns d'entre nous étaient émerveillés de la manière dont il supportait leurs
insultes et leur perversité. « Dieu est patient avec eux, je peux l'être aussi
», dit-il simplement.
L'épître aux
Colossiens contient une déclaration importante au sujet de la longanimité (Col.
1:11). « Fortifiés à tous égards par Sa puissance glorieuse, en
sorte que vous soyez toujours et avec joie persévérants et patients ». Deux
idées sont particulièrement frappantes dans ce passage :
a) L'objet d'un tel
revêtement de puissance doit être la longanimité. Nous pensons généralement que
ce revêtement est donné dans le seul but de nous permettre d'accomplir des oeuvres grandioses en son Nom, et de remplir un ministre
puissant et varié. La « longanimité » est cependant ici la fin spécifique de la
puissance, et cela peut apporter à quelques personnes une lumière nouvelle sur
le but pour lequel nous recevons le Baptême du Saint-Esprit. Sans aucun doute,
il est accordé parfois pour faire de certains hommes des « colonnes » dans
l'Eglise (Galates 2:9). De tels hommes sone toujours d'une valeur et d'une important de premier ordre. Il arrive que des
prédicateurs brillamment doués, des travailleurs actifs pour Christ, ont peu de valeur comme « colonnes » simplement parce qu'ils
ne montrent pas assez de longanimité. Leur ministère aurait peu d'occasions de
s'exercer sans le concours d'assemblées déjà établies, qui subsistent grâce aux
véritables colonnes que sont leurs pasteurs et leurs anciens.
b) La seconde chose digne de remarque est que
nous devons être persévérants et patients avec joie. Or, ceci est un
point capital. Nombre de personnes se parent d'une caricature de la
longanimité. Elles se vantent de leur patience, et ne cessent de publier leur
douceur et leur résignation remarquables. Leurs soupirs feraient honneur à une
machine à vapeur ! Tout cela n'est pas le fruit de l'Esprit ; la
longanimité qu'il donne est joyeuse, elle chante. Moffatt traduit ainsi ce
passage. « En sorte que vous soyez toujours joyeusement patients ».
Un produit des hivers de Dieu
Lorsque, dernièrement, je quittai ma maison en
Angleterre, c'était au milieu de l'hiver. Beaucoup d'arbres étaient dénudés et
le givre couvrait le sol. Je fis le tour des parterres que j'avais plantés, et
songeai aux couleurs gaies des fleurs qui les avaient remplis l'été précédent :
tout était disparu. Nous avons seulement pu préparer dans la serre des couches
pour une culture entièrement nouvelle de plantes annuelles délicates.
Cependant, au
dehors, les racines des grands vieux arbres,solides
et robustes,toujours pleins de vie,pénétraient
profondément dans la chaleur du sol ; et des touffes de plantes vivaces
sortaient déjà de terre, pour voir si le printemps approchait.
La longanimité possède les caractéristiques de ces vieux
arbres précisément parce qu'elle est le produit des hivers, comme des étés de
Dieu. Elle a la force des choses qui viennent à maturité par l'épreuve. De
toute évidence ce fruit de l'Esprit ne peut croître en nous sans que nous
soyons éprouvés. Car, qui peut « souffrir » sans avoir connu l'épreuve ? Et qui
peut « souffrir longtemps » sans épreuve prolongée ? Sûrement le dessein de
Dieu dans les tribulations de Ses enfants est de produire et de perfectionner
en nous, de la seule manière possible, ce fruit de l'Esprit.
Le malheur peut avoir deux effets distincts. Il peut
remplir d'amertume ou de tendresse. Les patriarches Job et Joseph sont, dans
La marque d'un serviteur approuvé.
La
longanimité véritable est qualité plutôt rare. Nous trouvons souvent le défaut
opposé, fort peu attrayant : la vivacité et la mauvaise humeur. Et,
murmurons-le tout doucement, les prédicateurs même ne manifestent pas toujours
autant de longanimité qu'on pourrait en attendre.
Même
les douze apôtres nous donnent un exemple d'impatience par leur attitude à
l'égard des mères qui amenaient leurs petits enfants à Jésus, et la manière
dont ils les congédièrent brièvement. Certains types de spiritualité semblent
toujours d'une impatience étrange avec les enfants. Mais le Seigneur Jésus
n'était pas ainsi.
Nul ne peut se permettre de négliger ce fruit de l'Esprit s'il veut devenir un ministre
approuvé de Dieu. L'Ecriture le compte expressément parmi les caractères
distinctifs d'un tel homme. (2 Cor. 6:4-6). Il doit prendre soin
de le manifester dans sa prédication, et « reprendre, censurer, exhorter avec
toute douceur et en instruisant ». (2 Tim. 4:2.) Qu'il est facile de
laisser une note d'impatience et d'irritation se glisser dans un sermon ! Les
gens paraissent parfois si lents à comprendre et à montrer quelque approbation.
Seul l'Esprit de Christ peut nous donner la grâce de répéter à plusieurs
reprises les mêmes vérités, dans le langage le plus simple possible, jusqu'à ce
que les auditeurs semblent vraiment commencer à comprendre. Le prédicateur peut
en être persuadé : qu'ils saisissent ou non la doctrine, ils sentiront bien sa
disposition d'esprit, et rien ne fermera plus effectivement leurs coeurs que de ressentir son impatience envers eux.
Je
me souviens d'une convention,en
Angleterre,pendant laquelle un prédicateur fit, de
l'estrade même,des reproches à l'assemblée pour son
inattention. Il parlait du Calvaire à une réunion de croyants. Pauvre
prédicateur ! nous n'avons plus beaucoup entendu
parler de lui et cela n'est pas étonnant. Il lui fallait chercher en lui-même
la raison de son échec. Il ne possédait qu'une connaissance intellectuelle, et
s'impatientait que nous ne nous laissions pas éblouir quand nos coeurs n'étaient pas touchés.
Nos
vies prêchent des sermons plus efficaces que ne le font nos paroles. Un
prédicateur doit manifester de la longanimité dans sa conduite s'il veut gagner
les âmes. (2 Tim. 3:10). J'ai été parfois émerveillé de voir comment
certains des pasteurs les plus actifs que je connaisse,— des hommes auxquels
sont confiés de grandes et vivantes assemblées — semblent avoir du temps à
perdre, une patience illimitée, pour rendre visite à toutes sortes de personnes
déraisonnables, sans importance apparente, et pour causer avec elles. Mais
n'est-ce pas là, après tout, la raison secrète de leur succès ? Je pense que
oui.
Dans une certaine aciérie d'Angleterre
il y a un marteau-pilon très puissant. Après avoir expliqué et démontré aux
visiteurs sa force exceptionnelle, l'opérateur termine généralement la
démonstration en cassant une noix avec ce grand marteau-pilon. Et la noix est
ouverte aussi doucement, aussi proprement qu'avec un petit casse-noisette à
main. Voilà la bénignité véritable.
Car la bénignité ne doit jamais être
confondue avec la faiblesse. Elle est la puissance sous un contrôle parfait.
La bénignité de
Dieu.
II faut la force rude de l'homme, et la
tendresse éclairée de la femme, pour former la douceur la plus belle. C'est la
bienveillance au sens le meilleur et le plus complet du mot.
Car Dieu est
bienveillance, et manifester la bénignité comme fruit de l'Esprit, c'est
ressembler à Dieu dans un de ses attributs les plus aimables « Vous serez fils
du Très-Haut, car il est bon. » (Luc 6:35).
Lorsque les hommes, sous l'inspiration
du Saint-Esprit, veulent décrire cette caractéristique du Tout-Puissant, ils
parlent généralement de Lui comme d'un « Berger ». Cette bienveillance divine
non seulement fit grand David (Psaume 18:35), mais elle l'inspira aussi
à commencer un de ses psaumes les plus admirables par ces mots : « L'Eternel
est mon Berger ». La grande bonté, les compassions de l'Eternel sont un thème
constant de louanges.
Le passage de l'Ecriture qui, peut être,
nous permet le mieux de comprendre et d'apprécier la douceur divine est Esaïe 40:10-12. Le verset central est rempli
d'une beauté paisible et forte : « Comme un Berger, il paîtra son troupeau, il
prendra les agneaux dans Ses bras et les portera dans son sein ; il conduira
doucement les brebis qui allaitent ». Cependant, les versets qui précèdent et
suivent immédiatement ce joyau d'une douceur exquisément révélée contiennent
une description éloquente de la puissance du bras de l'Eternel, le Gouverneur
Tout-puissant, et de Sa sagesse infinie comme Créateur des extrémités de la
terre, de celui qui a pris les dimensions des cieux avec la paume. Le contraste
est superbe, et donne une conception exacte de la bénignité véritable, — la
puissance, sous le contrôle de l'amour parfait.
Paul, dans la seconde Epître aux
Corinthiens, parle de la « douceur et de la bonté de Christ » (2 Cor. 10:1)
En lui, la prophétie fut accomplie : « il ne brisera point le roseau cassé, et
n'éteindra point la mèche qui brûle encore » (Esaïe
42:3).
La bienveillance de notre Seigneur fut
manifestée dans ses rapports avec les malades, les pauvres, les enfants, les
pécheurs. Tous ceux qui comptaient au nombre des « roseaux brisés » en
éprouvaient la bonté. Sa bénignité apparaît dans un trait plein de beau té,à la résurrection de la fille
de Jaïrus. Il fait d'abord sortir la foule bruyante
des gens qui pleurent et entre avec le père et la mère seuls; puis, avec une
douceur exquise, il prend la main de la jeune fille et la réveille du sommeil
de la mort. Enfin, ce trait final : il ordonne de lui donner à manger.
Il est vrai qu'il réprimanda les
fièvres, et qu'il fut sévère avec les dénions, mais nous avons pensé que les
enfants de Dieu agissant en Son Nom gagneraient parfois à Lui ressembler
un peu plus dans la bienveillance.
La bénignité avec les âmes.
Ce fruit de l'Esprit de Dieu est d'une
importance primordiale chez un ministre de l'Evangile, dont le travail est
souvent délicat. L'âme humaine est la création la plus merveilleuse de Dieu, et
pour la diriger d'une manière tant soit peu efficace, ainsi qu'un serviteur de
Christ est souvent, par son ministère, appelé à le faire, il faut une habileté
donnée par le ciel même, et maintenue
dans la perfection par une marche étroite avec Dieu. Ceux d'entre nous qui ne
sont pas mis à part pour l'oeuvre spéciale du
ministère
doivent se souvenir que nous sommes tous
appelés à être en contact avec d'autres âmes, sur le chemin de la vie. Nous
avons tous besoin de la bienveillance pour nous garder d'infliger des blessures
inutiles, et pour apporter le peu de secours dont on a si souvent besoin.
a) Comme une mère avec ses enfants.
Paul,
en écrivant aux Thessaloniciens, déclare : « Nous
avons été doux au milieu « de vous, comme une nourrice qui prend « un tendre
soin de ses propres enfants ».
(1
Thess. 2:7) (Version Synodale). Nous devons
nous rappeler que les débutants de la vie chrétienne sont décrits par l'Esprit
de Dieu comme des « enfants nouveau-nés ». (1 Pierre 2:2).
Les croyants
plus anciens semblent parfois l'oublier. Ils imposent à de jeunes convertis des
niveaux spirituels applicables seulement à des chrétiens d'une expérience mûre.
Nous ne suggérons pas un instant que les niveaux ultimes de la sainteté peuvent
ou doivent être changés, mais nous sommes convaincus qu'il y a lieu d'exercer
beaucoup de bonté,de
bienveillance, lorsque de nouveaux convertis croissent dans la grâce. Les mères
et les nourrices sont très douces avec de
petits enfants qui ne savent pas encore se bien tenir à table ; elles ne
grondent certainement pas le petit qui tombe en faisant ses premiers pas. Nous
avons encore besoin de quelques Elisées pour dire aux
Naamans « d'aller en paix » au lieu de les charger de
fardeaux trop lourds à porter (2 Rois 5:18-19). C'est faute d'une
bénignité raisonnable que certains nouveaux convertis
pleins de promesse ont été rejetés dans le monde.
Lorsqu'un
croyant récemment baptisé du Saint-Esprit commet dans l'Assemblée une erreur
dans l'exercice d'un don spirituel, c'est une brutalité complète de le
reprendre dans une réunion. Si la chose est inévitable, elle doit être faite
avec un grand tact, une grande bienveillance. Mais la bonté vraie préférera
toujours l'avertissement privé.
De
même, c'est manquer de bonté réelle que de confier trop hâtivement une fonction
à un jeune croyant. Aucune mère ou nourrice sage n'agirait ainsi avec les
enfants qui lui sont confiés. « Il ne faut pas qu'il soit un nouveau converti,
de peur qu'enflé d'orgueil..... (1 Tim. 3:16). Nous devons payer cher pour nos
fautes.
Les enfants nouveau-nés doivent recevoir
le « lait spirituel et pur », mais il faut de la douceur pour les nourrir avec
adresse, comme le savent fort bien tous ceux qui ont dû élever au biberon un
jeune bébé. Certains pasteurs (et quelques moniteurs d'école du Dimanche) ont encore à apprendre l'art de donner
b) Comme une garde avec ses malades
Peut-il
y avoir de démonstration plus parfaite de la douceur et de la bonté que la
manière d'agir d'une infirmière adroite envers son malade ? Et,
malheureusement, beaucoup de personnes sont malades dans leur âme.
Nous
connaissons les symptômes habituels ; et combien leur ressemblance est
frappante dans les domaines physique et spirituel. La perte de l'appétit,
l'irritabilité, une sensibilité excessive, une vivacité à prendre offense, une
humeur chagrine, un mécontentement de tout, une antipathie au travail, un désir
revêche de se séparer du reste de la famille. Ce sont là les marques
infaillibles d'un chrétien malade.
Nous sommes très fortement tentés de nous irriter contre
des gens dans une telle condition, et nous sentons qu'une bonne secousse, et
quelques rudes paroles leur feraient beaucoup de bien. Mais généralement la
douceur l'emporte. « Le serviteur du Seigneur doit avoir de la
condescendance pour tous, être propre à enseigner, doué de patience ; il doit
redresser avec douceur les adversaires ». (2 Tim. 2:24-25). Maint
pasteur a gagné plusieurs de ses membres les plus fidèles par une bienveillance
persévérante devant une irritabilité et des malentendus volontaires.
Quelquefois, lorsque les gens sont malades,
nous devons respecter la tranquillité de leur chambre ; nous ne pouvons nous
permettre de siffler, chanter, ou engager des conversations bruyantes, si
enclins que nous soyons à le faire, nous qui jouissons d'une pleine santé. Loin
de nous de suggérer d'éteindre l'Esprit ; nous voulons dire que Sa douceur nous
incitera à modérer l'exubérance de nos propres sentiments dans bien des
occasions où nous sommes en présence de chrétiens ne possédant pas notre
plénitude de santé et de vie spirituelles. C'est là se conformer au principe
scripturaire de ne pas laisser notre liberté personnelle devenir une pierre
d'achoppement pour un frère plus faible. Et les fruits de l'Esprit ne seront
jamais en conflit avec les dons spirituels exercés « dans l'Esprit ».
Comme un artisan avec son travail.
Je regardai un jour
un potier travaillant sur son tour. Je fus impressionné par la sensibilité
merveilleuse de ses doigts, et la forme donnée au vase par la moindre pression
sur l'argile. Il y a toujours quelque chose de noble et d'instructif dans toute
oeuvre d'artisan habile.
Les artisans de
Dieu ont besoin du doigté le plus sensible entre tous, car leur travail est
d'une importance très grande, de conséquences éternelles. La douceur forme
partie de l'adresse indispensable pour accomplir une telle oeuvre
de maître artisan. Les attributs de la sagesse que Jacques énumère impliquent
cette douceur : «
Toutes ces choses, pour être dirigées en
bénédiction sur les âmes, nécessitent le doigté d'un artiste. Les artistes ont
toujours leur place.
Quelle habile bienveillance ne faut-il pas
pour gagner les âmes ! Il est instructif de contempler le Maître à l'oeuvre avec Nathanaël, avec
Nicodème, avec
L'adresse d'un très bon pilote est indispensable dans une
assemblée, — celle de l'homme qui peut lui apporter la « direction du
Saint-Esprit » — pour garder les réunions loin des écueils et des remous, dans
l'eau profonde de la plénitude des bénédictions spirituelles, tout en faisant
le moins possible appesantir son autorité. Un tel frère, s'il est véritablement
expert, possédera le don et la fonction de « gouverner » (1 Cor. 12:28)
; littéralement de « pilotage ». Nous sommes persuadés cependant que le
fruit de la bienveillance accompagnera le don reçu.
En de rares occasions, lorsqu'un grand vaisseau suit en
mer une marche rapide,un
danger soudain peut contraindre le pilote à changer brusquement la direction du
navire. Mais cela le soumet de toutes parts à une tension considérable, et le
met presque en morceaux. Le pilote conduit habituellement le navire avec douceur,et seul un grand danger
imprévu le fera déroger à cette règle. Quel choc n'y a-t-il pas aussi dans une
assemblée, quand celui qui préside gît sans douceur, d'une manière arbitraire!
Voyez le contraste
entre la puissance d'un grand transatlantique, et la douceur superbe avec
laquelle il est toujours amené à quai I Le vaisseau ralentit sa marche, et
semble se mouvoir à peine. Il se rapproche de plus en plus, en silence, du
rivage ; un mince cordeau est lancé, puis un câble plus épais, et ainsi, mètre
par mètre, l'énorme vaisseau est amené sans danger contre la jetée.
Je fus frappé plus
encore par l'atterrissage d'un grand aéroplane,car à ce moment-là je m'attendais vraiment à une
forte secousse. Nous avions été avertis de nous attacher à nos sièges par des courroies,pour une telle
éventualité. Mais le pilote amena si habilement l'avion au sol que
l'atterrissage fut à peine perceptible. Le Seigneur veut, dans assemblées, des
pilotes qui puissent agir de même dans une réunion !
Dans l'accomplissement des desseins éternels
de Dieu, déversant Son Esprit avec puissance à
La bonté est tombée
de nos jours dans un genre de discrédit ; non pas, à vrai dire, la qualité
elle- même, mais le mot qui la désigne. Nous appelons parfois certaines gens
des « saintes-nitouches » (1), et nous entendons par là un type de personnes
d'une dévotion affectée souvent entachée d'hypocrisie. (1) En anglais « Goody-good », littéralement
des bonnes « bonnes-femmes »
Dans le langage
moderne, le mot qui semble le mieux qualifier cette bonté robuste et vraie,
fruit de l'Esprit, est le mot « solide ». Ainsi, nous disons souvent que
certaines marchandises sont des marchandises « solides » ; qu'un cordonnier
fait un «travail solide » pour la réparation de nos chaussures, et de certaines
personnes, pour employer une locution expressive,qu'elles sont des « gens solides » .
Une telle
expression ne suppose pas, généralement, une habileté spéciale, au contraire.
Par « gens solides » nous voulons communiquer l'idée du caractère plutôt que de
dons particuliers. Nous entendons par là qu'ils ont une personnalité bien
équilibrée, un caractère tout à fait honnête ; nous
pouvons compter sur eux, et ils forment dans les chemins de la vie une société excellente . Voilà la bonté véritable. Et combien belle
aussi !
La bonté
passive.
La bonté semble avoir deux aspects. Nous pourrions les appeler bonté
active et bonté passive, quoique l'expression « passive » ne puisse
être employée ici que dans un sens très restreint, car la bonté exerce toujours
une influence très active.
Notre Seigneur Lui-même décrivit la bonté passive lorsqu'Il compara Ses
disciples au « sel de la terre ». (Matt. 5:30). L'idée mise en évidence
est l'effet préservatif invisible qu'exerce le sel sur toutes les choses avec
lesquelles il vient en contact. La société est corrompue par le péché : seule,
l'existence, presque inaperçue parfois, de l'Eglise de Dieu dans le monde,
empêche la démoralisation complète. Abraham intercédant pour Sodome, et la
promesse divine de ne pas détruire la ville s'il s'y trouvait seulement dix
justes, vient à l'esprit comme une illustration de ce principe. (Genèse 18).
Il n'est pas
difficile de voir l'influence tranquille mais puissante d'un homme, d' une femme vraiment bons sur leur entourage. Nous avons
tous remarqué comment l'arrivée d'une telle personne dans un groupe de gens du monde mettra sensiblement frein à l'impureté et à la
mondanité de la conversation. De même, le ton moral d'une maison de commerce ou
d'une maison privée sera relevé par l'humble bonté d'un de ses membres
influents.
Une telle puissance
discrète exige toutefois une bonté qui soit partie intégrante du caractère . Une contrefaçon tout extérieure, revêtue pour
des motifs de gain égoïste ou de commodité personnelle, est généralement vite
jugée. La bonté véritable est chose que l'on ressent, — l'hypocrisie
aussi.
Elle peut se
corrompre rapidement, et son influence n'aura pas une portée bien grande sur la
base d'une réputation déjà acquise. Les hommes oublient une erreur passagère
dans l'exercice d'un don bien plus facilement qu'un défaut de caractère. Notre
Seigneur exprima très ouvertement cette vérité : « Le sel est une bonne chose :
mais si le sel perd sa saveur, avec quoi l'assaisonnera-t-on ? Il n'est bon ni
pour la terre ni pour le fumier ; on le jette dehors ». (Luc 14:34-35).
Demeurer bon, au sens véritable du mut,
implique une marche étroite avec l'Esprit de Dieu. C'est une bénédiction de
savoir que là où cette marche est maintenue par la grâce divine, le fruit de
l'Esprit sera la récompense certaine. La communion avec ce qui est « vertueux
et digne de louange » fera germer en nous cette qualité divine, aussi sûrement que le soleil apporte
de la couleur à la pèche et à la pomme de la douceur.
La bonté active.
La
bonté n'est pas seulement passive, comme « qualité » du caractère. Elle se
manifeste sous forme de bonnes oeuvres.
« L'homme bon tire
de bonnes choses de son bon trésor ». (Matt. 12:35).
Cette déclaration, du plus grand de tous les
Maîtres, est claire comme le cristal dans les trois aspects de la vérité
qu'elle nous présente : d'abord, l'homme vraiment bon ; deuxièmement le «
trésor » qu'un tel homme doit certainement amasser dans son coeur
; troisièmement, la révélation de ce « trésor » devant le monde. J'ai eu le
privilège de connaître intimement un tel chrétien, en Ecosse ; il était
délicieux de découvrir, le soir, par l'art de la conversation, les « choses
excellentes » que renfermait son coeur. La pauvreté de la conversation
est souvent l'indice d'une bonté bien faible.
Ne
nous faisons aucune illusion au sujet des bonnes oeuvres.
Une expérience présumée de l'Esprit de Dieu, ou la foi qui ne produisent pas d'oeuvres bonnes, sont pure vanité. « Afin qu'ils voient vos bonnes
oeuvres, et glorifient votre Père qui est dans
les cieux ». « Pour marcher d'une manière digne du Seigneur, portant des fruits
en toutes sortes de bonnes oeuvres ». « Afin que ceux qui ont cru en Dieu
s'appliquent à pratiquer de bonnes oeuvres. ( Matt. 5:16 ; Col. 1:10 ; Tit. 3:8).
Voici un fruit de l'Esprit vu et apprécié de tous les hommes, une preuve
convaincante, même pour le non-croyant, de la réalité de l'oeuvre
accomplie par Christ pour nos âmes. « Afin que.... ils remarquent vos bonnes
oeuvres, et glorifient Dieu au jour où Il les
visitera ». (1 Pierre 2:12). Il n'est pas nécessaire d'amonceler
référence sur référence.
Un fait mérite
cependant d'être relevé : ceux qui se vantent d'une spiritualité profonde
courent parfois le plus grand danger de négliger les aspects pratiques de la
religion véritable. Lorsque j'étais dans la grande assemblée de Pentecôte à
Stockholm, rien ne m'a fait davantage plaisir que de voir « l'Arche » amarrée par
les chrétiens dans la rivière tout proche, où, nuit après nuit, pendant
l'hiver, ils hébergent gratuitement et confortablement des centaines de
pauvres, et fournissent des repas à des centaines d'autres. Une telle «
Pentecôte pratique » eût certainement réjoui le coeur
de l'apôtre, qui ne craignait pas de dire aux maîtres capables de « s'exhorter
et de s'instruire les uns les autres », d'accorder à leurs serviteurs ce qui
est « juste et équitable »,ou aux femmes qui pouvaient
« chanter par des psaumes, par des hymnes, par des cantiques spirituels », d'être des modèles dans la maison et dans la
vie de famille. (Col. 3:16 ; 4:1). Tel est le fruit de l'Esprit, la
bonté. Le corollaire de la plénitude de l'Esprit est d'être « pleins de bonnes
dispositions » (de bonté) (Romains 15:14).
Le Trône de
Nous n'avons pas
jusqu'ici mentionné un aspect de cette qualité plus profond encore. La bonté
absolue n'est autre que la perfection morale.
Une des
déclarations les plus grandioses de
La vérité capitale
pour tous ceux qui ont connu la plénitude du Saint-Esprit accompagnée de
manifestations évidentes de Sa puissance c'est que le fruit de l'Esprit dort devenir inséparable de cette puissance au fur et à mesure
qu'ils avancent dans la vie chrétienne. Sinon, au lieu de recevoir la couronne
impérissable, ils finiront par une banqueroute spirituelle. « Quand j'aurais le
don de prophétie, la science de tous les mystères et toute la connaissance ;
quand j'aurais même toute la foi jusqu'à transporter des montagnes, si je n'ai
pas la charité, je ne suis rien. » (1Cor. 13:2-3).
La bonté peut être la récompense, la
consolation de ceux qui, jamais peut-être, ne se feront remarquer par des dons
brillants. Dorcas n'était nullement prophétesse comme Débora,
ou même les filles de Philippe, mais elle fit « beaucoup de bonnes oeuvres et d'aumônes », et l'Ecriture nous le rapporte pour
l'inspiration des femmes chrétiennes de tous les temps. (Actes 9:36).
Chez Barnabas ce fruit de l'Esprit se manifestait
d'une manière si évidente qu'il est dit de lui : « C'était un homme de bien,
plein d'Esprit-Saint et de foi ». (Actes 11:24).
Puisse Dieu donner
encore à Son Eglise de nombreux pasteurs semblables à celui qui fut une
bénédiction pour l'assemblée privilégiée d'Antioche.
1) En anglais : « un homme bon »
Il
est à regretter que la version anglaise autorisée de
(1) Nos versions françaises traduisent bien «
fidélité
La
foi, dans un sens spécial, n'est pas un fruit de l'Esprit, mais un de Ses dons.
(1 Cor.12:9) ; et même la foi qui sauve est regardée comme un don de
Dieu.
La
signification du mot dans Galates 5:22 est fidélité, comme le
traduit la version américaine révisée. Moffatt donne aussi « fidélité ». Un
passage similaire dans lequel la version autorisée anglaise emploie de même le
mot « foi », mais où le sens est évidemment « fidélité », est Romains 3:3,
que Moffatt traduit : « Leur incrédulité annulera-t- elle la fidélité de Dieu ?
» et Newberry : « Leur infidélité rendra-t-elle la
fidélité de Dieu sans effet ? »
Le
fruit de l'Esprit étudié est donc cette belle qualité du caractère connue sous
les noms de fidélité, honnêteté, loyauté, tance, fermeté persévérante.
Un fondement naturel et spirituel
La fidélité est même dans le domaine naturel,le fondement sur lequel
toute société, finalement, repose. Toutes les transactions commerciales, tous
les traités internationaux, toutes les relations conjugales et familiales, sont
établies sur la base d'une présomption de fidélité des parties contractantes.
Leur succès ou leur échec dépend en grande partie de l'accomplissement par les
intéressés de leurs engagements réciproques L'absence de loyauté amène le
désordre.
La
nature véritablement fondamentale de la fidélité est encore plus marquée dans
le domaine spirituel. Les rapports de Dieu avec les hommes, et tout notre
espoir personnel de salut en Christ, sont fondés sur cette vérité suprême : «
Dieu est fidèle » (1 Cor. 1:9). Otez celle-ci, et notre assurance
disparaît. Mais en la conservant, et en nous reposant sur la fidélité du
Seigneur, nous pouvons dire « Je suis persuadé qu'il a la puissance de garder
mon dépôt jusqu'à ce jour-là » (2 Timothée 1:12).
Les
grandes alliances de l'Ecriture dépendent toutes de la fidélité des parties
intéressées. Dans l'Ancienne Alliance Dieu ne manqua point à Sa Parole, mais
Israël, l'autre « partie contractante », faillit. La différence, dans
l'Alliance Nouvelle, c'est que notre part est garantie par la fidélité de
Christ, qui est « l'Amen, le Témoin fidèle et véritable » ; notre « Grand
Prêtre », et Celui qui nous « sanctifie ». (Héb.
8:9:10. Apoc. 3:14 : Héb.
2:17. 1 Thess. 5:24.)
II
importe de baser notre compréhension du fruit de l'Esprit sur ces grands
attributs fondamentaux de
Il
nous est ainsi donné de partager cette qualité divine et de recevoir « la grâce
d'être fidèle ». (1 Cor. 7:25). Certaines natures, en elles-mêmes
inconstantes, peuvent être transformées, et d'autres, naturellement loyales,
voir leur loyauté dirigée vers les buts les plus élevés.
J'entendis
un jour mon ami Howard Carter donner une illustration excellente de ce principe
en comparant nos natures humaines dans leur inconstance à de la poudre de
ciment. Lorsque de l'eau est mélangée à cette poudre, elle la transforme en un
ciment dur comme le roc. Ainsi l'eau vivante de l'Esprit de Dieu peut
transformer notre faiblesse en une fidélité magnifique, et convertir maint « Si
mon » impulsif en « Pierre » dévoués.
Quelques
exemples remarquables de fidélité.
Les
Ecritures nous en présentent de nombreux exemples. Moïse est décrit comme «
fidèle dans toute sa maison ». (Heb. 3:2). Sa
fidélité consistait évidemment en grande partie dans son obéissance à faire tout,dans le Tabernacle, « d'après
le modèle ». Caleb et sept mille hommes au temps d'Elisée sont également de
magnifiques exemples d'attachement à Dieu dans des temps d'apostasie. (Nombre
14:24 1 Rois 19:18).
Dans
le Nouveau Testament, à part les principaux apôtres,mention spéciale est faite d'Epaphras,
dépeint avec amour comme un « fidèle ministre de Christ ». L'Ecriture a trouvé
pour décrire sa constance une expression rare et féconde : « il ne cesse de
combattre pour vous dans ses prières ». (Col. 1:7 ; 4:12).
Les
jeunes prédicateurs doivent le noter. Timothée fut approuvé à cause de sa
fidélité dans le seigneur (1 Cor. 4:17), et sa récompense se trouve dans
la responsabilité des devoirs qui lui sont assignés dans les Epîtres portant
son nom. Ceux qui aspirent à des positions de responsabilité et de direction
dans l'Eglise doivent se rappeler la nécessité primordiale de la fidélité.
L'illustration
la plus frappante, la plus remplie de beauté, est peut-être l'histoire d'Onésime, l'esclave vagabond, converti à Rome, et renvoyé à
son maître Philémon avec une lettre de recommandation exquise de Paul. Il est
spécialement apprécié comme un « fidèle et bien-aimé frère ». (Col. 4:9), et
nous donne un exemple notoire de sable transformé en rocher par
l'Esprit de Christ demeurant en lui.
Il
est de toute importance qu'un prédicateur soit digne d'une entière confiance. «
Ce qu'on demande des dispensateurs, c'est que chacun soit trouvé fidèle ». (1
Cor. 4:2). Nous suggérons trois points qui doivent spécialement retenir notre
attention :
a) La fidélité dans la prédication
«
Un témoin fidèle délivre les âmes », et un prédicateur de l'Evangile doit
l'être avant toutes choses. Malgré de temps en temps une persécution passagère,
rien ne gagnera mieux le respect, à la longue.
La loyauté à la vérité doit de même
marquer tout enseignement ; car les enfants nouveau-nés en Christ doivent
recevoir le « lait spirituel et pur (sans fraude). Il est des moments où la
fidélité nous contraindra d'annoncer « tout le conseil de Dieu » (Actes
20:27), à ne rien retenir de la vérité que Dieu nous a révélée. Nous
devons, cependant, nous garder de mal interpréter ce qui précède, et d'avancer
en tout temps des questions de controverse. Paul se référait à une période de trois années de ministère à Ephèse, et non à un « engagement »
passager. Nous ne sommes pas obligés de sortir toutes nos croyances chaque
fois que nous prêchons.
b) La loyauté à nos promesses.
La perfidie est
toujours odieuse, mais chez un prédicateur elle suffit pour le disqualifier de
la fonction. Un ministre de Jésus-Christ doit être un homme dont « la parole
est le lien ».
Ceci doit
s'appliquer à tous les détails de son travail — au maintien des engagements de
prêcher ou de rendre des visites, aux promesses faites indistinctement aux
riches, aux pauvres, aux personnes jeunes ou âgées. Il trouvera que le maintien
d'une promesse mérite, s'il le faut, une grande dépense d'argent, de loisirs et
de forces. Rien n'établira de plus solide fondement à l'influence d'un
prédicateur qu'une réputation de fidélité à la parole donnée.
c) La fidélité dans les affaires.
Un homme mis à part
pour la prière et le ministère de l'Evangile agira avec sagesse en suivant la
règle établie par les apôtres, de laisser à d'autres le soin de « servir aux
tables ». Les affaires, au sens ordinaire du mot, forment un domaine dans
lequel un prédicateur n'est pas appelé à briller ; en l'oubliant, certains bons prédicateurs ont fait naufrage dans leur
ministère.
Cependant, le
pasteur doit légitimement s'intéresser à certaines « affaires » inséparablement
liées au travail dans l'église. Et il y a naturellement, les transactions
ordinaires de sa vie privée et de sa maison.
Dans toutes ces
choses, un ministre de Christ doit surtout éviter les dettes personnelles, et
par tous les moyens en son pouvoir, se faire une réputation de la plus stricte
intégrité parmi ceux qui ont avec lui des relations commerciales. Son intégrité
et honnêteté doivent être proverbiales chez tous les commerçants de la
localité.
« Fidèle jusqu'à la mort. »
Le principe qui nous
inspire et nous réconforte, suivant lequel les récompenses seront finalement
données aux serviteurs de Dieu pour leur fidélité, et non pour leur éclat — (Matt.
5:21) — a été relevé trop de fois pour que nous ayons à le développer ici.
Nous devons nous
rappeler que la fidélité suppose un travail diligent, comme la parabole
se propose de nous l'enseigner. Il faut plus que la stricte honnêteté du
serviteur rendant à son maître tout ce qu'il reçut de lui. Dieu réclame de nous
la fidélité d'un service zélé.
Comme tout fruit de
l'Esprit, cette loyauté se développe ; elle commence par les choses
simples. En vérité, si elle ne se manifeste pas dans les petites choses, elle
ne pourra jamais s'exercer dans les occasions importantes, dont l'éternité peut
seule révéler la grandeur. (Luc 16:10)
Les récompenses de
la fidélité comprennent parmi leurs caractéristiques les plus attrayantes celle
d'une activité plus grande au service de Dieu. (Luc 19:17). Mais ce
n'est pas tout. Les aperçus de la récompense finale suffisent pour fortifier
tout esprit chancelant, et ravir tout coeur aimant.
Ceux qui seront « avec Lui » dans la gloire sont « les appelés, les élus, les
fidèles ». (Apoc. 17:14). Voilà la
récompense de la fidélité, de la loyauté à Christ. Il convient, après tout, que
ceux dont elles seront la marque distinctive forment les armées célestes du Roi
des rois et du Seigneur des seigneurs, sur la bannière duquel resplendiront ces
mots : « Fidèle et Véritable ». (Apoc. 19:
11-14).
Le fruit de
l'Esprit, croissant ici-bas dans une marche persévérante avec Lui, mûrira pour
la récolte. « Sois fidèle jusqu'à la mort, et je te donnerai la couronne de vie
». (Apoc. 2:10).
Trois choses sont dignes de remarque au sujet de la
douceur. Elle est une « qualité» très rare du caractère ; elle est
exceptionnellement précieuse aux yeux de Dieu ; elle est l'un des facteurs les
plus « marquants » de l'enseignement de Christ.
La douceur ne doit pas être confondue avec
la faiblesse
La douceur véritable demande une soigneuse définition.
Nous avons, dans la langue anglaise,un
mot prononcé sensiblement de la même manière : « faiblesse ». Nous devons le
dire — nombre de personnes confondent non seulement les deux mots, mais les
deux aspects du caractère. La différence réelle entre la douceur et la
faiblesse est immense. La douceur, véritable nécessite une force de volonté
considérable.
Le meilleur exemple biblique d'un homme doux est Moïse.
C'était un homme « fort patient, plus qu'aucun homme sur la face de la terre ».
(Nombres 12:3). Cependant il était un des conducteurs les plus grands
que l'histoire ait jamais produits. Il savait montrer de la sévérité quand le
réclamaient les
circonstances, par exemple lorsqu'il contraignit les adorateurs du veau d'or à
boire la poussière de leur propre idole (Exode 32:20) Mais c'était un
zèle saint pour la cause de Jéhovah. Lorsqu'il fut l'objet de reproches de la
part d'Aaron et de Marie, il ne fit pas la moindre tentative de représailles (Nombres
12). Ceci révèle la douceur et le calibre véritable de l'homme.
Etienne
est un autre bon exemple. Nous voyons resplendir la douceur dans sa prière pour
ses meurtriers (Actes 7:60), mais il n'y a aucune trace de faiblesse
dans son accusation écrasante contre le sanhédrin —« Hommes au cou raide,incirconcis de cœur et
d'oreilles ! vous vous opposez toujours au
Saint-Esprit » (verset 51). L'on remarque les mêmes qualités que chez
Moïse —du zèle pour Dieu, mais de l'humilité s'il s'agit de lui-même.
Il
est superflu de mentionner Celui qui fut « mené comme une brebis à la
boucherie », et cependant purifia le temple avec un fouet !
Une disposition de l'esprit humain
Pierre
emploie cette expression très belle : « un esprit doux et paisible, qui est
d'un grand prix devant Dieu ». (1 Pierre 3:4). Le Nouveau Testament
parle généralement d'une douceur de l'esprit. (Galates 6:1. — 1 Cor. 4:21).
A cet égard la douceur diffère de la bénignité. Sous bien des rapports ces deux fruits
de l'Esprit se ressemblent, mais la douceur est intérieure et passive, tandis
que la bénignité est extérieure et active. Un homme ressent la douceur
intérieure, mais il agit avec bénignité.
Le
visage d'Étienne était « comme celui d'un ange » précisément parce qu'il se
sentait tel. (Actes 6:15). La sérénité de son esprit rayonnait au dehors
; cette manifestation se produisit sans doute à son insu. En raison de sa
nature même, la douceur peut être « gâtée » chez le croyant par une conscience
trop scrupuleuse exagérant les défauts personnels et affaiblissant sa volonté,
bien qu'elle lui apporte les bénédictions intérieures d'une joie et d'une paix
profondes. Une véritable humilité d'esprit doit être extrêmement difficile à
imiter. On peut parfois user de bénignité sans éprouver de douceur intérieure,
mais s'il n'y a pas dans le coeur une douceur réelle,
le feu intérieur de l'orgueil et de la colère apparaîtra inévitablement tôt ou
tard.
Le défi du Christianisme.
Le fait que Christ ait soigneusement
enseigné la douceur comme une qualité indispensable à tous Ses disciples (et
nul ne contestera qu'Il n'ait pratiqué Son enseignement jusqu'à la fin)
constitue l'un des facteurs les plus provocants du Christianisme. Il suffit de
contempler le réveil d'un nationalisme intense dans presque toutes les parties de. l'Europe, et tout ce
qu'il entraîne d'orgueil et de réarmement, pour voir quelle difficulté intense
éprouvent les pays nominalement « chrétiens » à mettre en harmonie avec
l'enseignement et l'esprit véritable de Christ leurs fièvres de vanité
naturelle . Un retour aux anciennes déités de la force, plutôt qu'à Christ, a
été recommandé par certains conducteurs. La situation embarrassante de la
plupart des églises en cas de guerre, la persécution de l'objecteur de
conscience, tout cela montre combien une douceur réelle répugne à l'homme du
monde. Tout compromis est inutile, mieux vaut accepter le défi. Nous ne
vaincrons peut- être par tous, mais nous devons admettre que la douceur est le
seul esprit véritable de Christ et des chrétiens, non seulement en cas de
guerre, mais aussi dans les affaires, et en toutes choses comme dans l'Eglise.
Quand montrer de la douceur dans l'Eglise
Dans certains cas
particuliers il est spécialement recommandé aux chrétiens de manifester cet
esprit dans leur vie au sein de l'Eglise. Nous n'avons que peu d'espoir de
montrer au monde un victorieux exemple de douceur vraie dans les questions
importantes si nous ne commençons pas « dans la famille».
a) Pour redresser les rétrogrades» (Galates 6:1)
Les chrétiens «
rétrogrades » doivent, s'ils se repentent, être « redressés avec un esprit de
douceur », et leurs méfaits oubliés, comme Dieu Lui même a oublié nos péchés
pardonnés. Cet avertissement est nécessaire, l'orgueil de ceux qui ne sont pas
tombés de la même manière aimant toujours rappeler les manquements de ceux qui
ont failli. La conscience de leur propre faiblesse chez ceux qui prétendent
juger fera paraître clairement à toute personne sensée le bien fondé de cette
attitude La grâce de Dieu a seule empêché le juge de
devenir le criminel
Ceci n'exclut naturellement pas la place
légitime de la discipline dans l'Eglise, mais qui indique seulement dans quel
esprit elle doit être exercée.
b) Pour répondre
aux adversaires. (1 Pierre 3:15)
« Etant toujours
prêts à vous défendre, avec douceur ». C'est une chose excellente que d'avoir
toujours prête une réponse convaincante pour celui qui la demande, mais elle
doit être donnée avec douceur. Nous ne pouvons nous glorifier, même de
bénédictions spirituelles profondes : elles sont toutes reçues par grâce. Cela
est vrai des bénédictions de Pentecôte comme des autres, et nous devons garder
cette pensée dans nos coeurs.
Si nous contestons et nous querellons pour les
vérités même les plus précieuses de notre espérance et de notre foi, notre
esprit de dispute contredira vraisemblablement notre témoignage. Nous
connaissons cette « convention de sanctification » où les assistants
s'échauffèrent tellement à discuter leurs doctrines sur la « sainteté » que la
seule preuve effectivement fournie fut que nul d'entre eux ne la possédait !
Sachons aussi qu'un homme contraint à une
adhésion intellectuelle par une argumentation brillante fermera plus encore son
coeur à la vérité que nous désirons le voir accepter,
à moins qu'il n'ait également senti la douceur de notre esprit. Vaincre un
ennemi n'est pas le convertir en ami. Notre but immédiat, à nous chrétiens, est
la conversion, et non la conquête.
c) Pour recevoir
Ecouter
La douceur assure une condition de réceptivité propre à donner une bonne
récolte. Cela ne signifie pas que nous devons avoir une crédulité naïve prête à
absorber toute doctrine nouvelle et étrangère, mais bien l'abandon de toute
rébellion d'esprit, et la promptitude à accepter coûte que coûte les
enseignements indubitablement reconnus comme le « lait spirituel et pur » de
d) « La douceur de la sagesse » (Jacques 3:13)
La douceur véritable est toujours marquée par
l'humilité, et la douceur de la sagesse » exprime d'une manière délicieuse une
évidente vérité. Paul la recommande à Timothée (et certainement, au delà de
lui, à tous les prédicateurs, jeunes et vieux) : il doit « redresser avec
douceur les adversaires (2 Tim. 2:25), surtout
les plus âgés. (1 Tim. 5:1-2). —Non dominer sur le peuple de Dieu, mais
donner avec humilité et calme, à tout avertissement et toute sanction, une
raison qui fasse appel à l'esprit de Christ dans le croyant. Les victoires
remportées par la douleur chez les pasteurs et les prédicateurs, les plus jeunes surtout, ont plus de poids que les avantages
douteux acquis en insistant précipitamment sur une dignité personnelle et les
prérogatives de leur position dans l'Eglise. Rien peut-être ne montre davantage
une maturité de caractère en Christ que la douceur manifeste d'esprit.
Les promesses faites aux humbles
Elles sont
nombreuses et très belles « Les humbles mangeront et se rassasieront » (Psaume
22:26) « Il conduit les humbles dans la justice, Il enseigne aux humbles sa
voie » (Psaume 25:9). Cela est logique. Il est facile de voir qu'un coeur rempli d'humilité est devant Dieu dans des
dispositions bien meilleures pour recevoir la direction divine qu'un coeur orgueilleux.
La promesse la plus
célèbre est faite par notre Seigneur : « Les doux hériteront la terre (Matt.
5:5). Le monde tourne ceci en dérision ; toute l'expérience humaine semble
démontrer le contraire — les doux doivent « céder la place ». La philosophie
sent bien la vérité de cette parole de Christ, mais s'efforce vainement de
résoudre le problème. Seule la foi triomphe, et s'écrie : « Cela sera ».
Un jour, je
regardais une file de personnes qui attendaient pour entrer quelque part. Un
grand gaillard cossu s'amena, et joua impudemment des coudes jusqu'à prendre la
première place. Mais un agent qui avait vu la scène s'avança et le fit placer
le dernier de la file. Tout le monde en eut l'air content, et nous sentons
qu'en toutes choses il devrait en être ainsi. La foi possède l'assurance, aussi
sûrement que Dieu est sur le trône, que cela arrivera un jour ; les « pousseurs
» devront prendre la place qui leur revient. « Les derniers seront les
premiers, et les premiers seront les derniers ».
Dans cette
espérance, nous saisissons dans nos coeurs la plus
belle des promesses faites aux humbles par Celui qui, seul,pouvait oser dire, de Lui-même « Je suis doux et
humble de coeur ». En passant avec Christ par l'école
de ]a douceur nous trouvons le repos pour nos âmes.
(Matt. 11:45). Un tel repos est en lui-même une récompense pleine et
entière, les prémices de la moisson de ce fruit de l'Esprit.
LE CONTROLE DE SOI-MEME. (La tempérance)
L'expression
« contrôle de soi-même » donne aux lecteurs de
Pouvoir
être « modéré en toutes choses » est une grande et importante vertu chrétienne
et un signe certain de croissance dans la grâce. De peur que nous n'imaginions
pouvoir acquérir ce contrôle de nous-mêmes par une discipline purement
naturelle, il est bon d'appuyer en premier lieu sur sa nature de « fruit de
l'Esprit » produit par Sa grâce et Sa vie dans le croyant, accessible aux
personnes d'une force de caractère très faible tout autant qu'à celles dont la
volonté est naturellement forte. En vérité, cette douce tempérance, fruit de
l'Esprit peut être une nécessité plus sévère encore pour des natures
volontaires et fortes.
L'athlète
chrétien
Paul en parle dans un passage magnifique
de la première Epître aux Corinthiens (1 Cor. 9:24-27). Tous ceux qui
combattent « s'imposent toute espèce d'abstinences...... Je traite « durement
mon corps et je le tiens assujetti ». Toute cette métaphore est empruntée aux
anciens jeux grecs, dans lesquels chaque concurrent devait entreprendre au
moins dix mois d'entraînement rigoureux avant d'avoir accès à ces jeux.
A bord du transatlantique d'où j'écris
se trouve un célèbre athlète finlandais. Tous les matins, on le voit
s'entraîner à la course, au saut et à d'autres exercices, et il est notoire
qu'il ne touche ni tabac ni boissons fortes, malgré l'insistance des passagers
qui le tentent. La chaleur de l'Equateur n'apporta aucune modification à son
entraînement ; il continua exactement de même, dans un bain de transpiration.
Et cependant
combien pensent qu'un chrétien approche du fanatisme s'il prend autant de peine
pour maintenir l'état spirituel de son âme. Il n'est pas étonnant que nous
ayons si peu d'athlètes spirituels. Mais Dieu tient encore des récompenses pour
Ses Daniels. (Daniel 1/8/21). Ne trouvons-nous pas ici l'explication de
la pénurie de conducteurs réels dans l'Eglise ?
Le contrôle physique de nous-mêmes.
On peut le considérer sous deux aspects :
a) ce qui est illégitime
Nous n'avons besoin
d'écrire que peu de mots sur la nécessité de ce contrôle de nous-mêmes.
Et en vérité, ce n'est pas la tempérance qui s'impose, mais l'abstinence complète.
Toute passion sans frein amène sa propre rétribution, et le pressentiment d'un
jugement à venir plus grand encore. « Félix tremblait » quand Paul lui parlait
du contrôle de soi-même, —et pour cause. « Abstenez-vous des convoitises
charnelles, qui font la guerre à l'âme ».
Rien n'ouvre aussi sûrement la porte à la possession complète par les démons
que l'abandon continuel aux jouissances physiques illégitimes. Il faut se le
rappeler très soigneusement.
b) Ce qui est « légitime ».
Le plaisir physique
parfaitement légitime peut occuper dans la vie du croyant une place assez
considérable. Dans ce domaine, nous devons nous garder d'interpréter le
contrôle de nous-mêmes de manière à tomber dans l'erreur contraire, et infliger
à nos corps une mortification contre nature qui répugne aux gens normaux, et
peut nous exposer à des tentations plus violentes encore. Ce n'est pas l'Esprit
de Dieu, ce sont des esprits séducteurs qui commandent de ne pas se marier et
de s'abstenir de viandes, etc. (1 Tim. 4:1 -3). Ce passage doit être
médité pour nous aider à l'équilibre.
Même les penchants
physiques légitimes doivent être fermement contrôlés. L'attitude exacte est
parfaitement établie dans 1 Cor 6:12. « Tout m'est permis, mais tout
n'est pas utile ; tout m'est permis, mais je ne me laisserai asservir par
quoi que ce soit ». Voilà ! Ne se laisser asservir par quoi que ce
soit. Le corps doit être le serviteur, jamais le maître.
Les raisons d'un
tel contrôle rigide et soigneux, même dans les choses légitimes, sont variées :
1. L'amour fraternel
NOUS devons
considérer avec attention l'effet produit par nos propres plaisirs sur un
caractère plus faible, qui connaît peu le fruit spirituel, la tempérance, et
pourrait être conduit dans le péché par notre exemple. C'est ici l'un des
principes fondamentaux qui doit gouverner toutes nos actions en tant que
chrétiens. (Lire Romains 14 pour un exposé détaillé).
2. La victoire personnelle sur le péché
Le corps est le
point faible dans notre lutte contre le péché. (Romains 6:12 ; 7:18); et
nécessite une vigilance redoublée de tous les instants. Encore et toujours
l'ennemi entre par là ; parfois nous résistons victorieusement à la tentation
spirituelle, mais pour tomber finalement dans le domaine physique. Il faut spécialement
remarquer que l'expérience et les bénédictions des dons spirituels ne sont
en rien une raison de diminuer de vigilance contre les péchés du corps, ou de
demeurer imprudemment dans une confiance excessive en nous-mêmes. David avait
composé des psaumes merveilleux sous l'onction du Saint-Esprit ; il commit
néanmoins l'adultère lorsque la tentation soudaine s'empara de lui dans un
moment de paresse.
3. La capacité pour le service
L'état physique de
notre corps exerce une influence sur notre capacité pour le service dans le
domaine spirituel. Ce principe est à la base du jeûne. L'état du corps réagit
inévitablement sur notre intelligence, à plus forte raison sur notre
esprit. Nous avons tous expérimenté, ou entendu parler sans doute, de la
somnolence proverbiale des auditoires d'écoles du dimanche après-midi, en
Angleterre, après le dîner non moins proverbial du dimanche midi. Spurgeon les décrit « remplis de rosbif et d'incrédulité. »
En Amérique on offre généralement au prédicateur un souper plantureux vers six
heures et demie du soir, puis on attend de lui qu'il prêche comme un ange à
sept heures trente ! En Suède, c'est la tasse de café qui semble indispensable
à l'inspiration de certains prédicateurs,et
à la bonne humeur de leurs auditoires !
Heureux le chrétien
qui est libéré de l'esclavage de ces choses, quoiqu'il les utilise de temps en
temps. La modération est souvent la compagne de la spiritualité véritable. Ce
principe était à la base de l'ancien voeu nazaréen (Nombre
6), et occupait sûrement la pensée de notre Seigneur lorsqu'il dit : Cette
espèce-là ne peut sortir que par la prière et par le jeûne » (Matt. 17:21).
Notons tout particulièrement que le Saint-Esprit parla dans l'assemblée
d'Antioche « pendant qu'ils servaient le Seigneur dans leur ministère et
qu'ils jeûnaient » (Actes 13:2).
II est facile de se
moquer de la mortification personnelle, mais si les récompenses qu'elle apporte
sont une puissance spirituelle plus effective et une sensibilité plus grande à
la voix de l'Esprit, elle mérite d'être mise en pratique.
Le contrôle mental de nous-mêmes
Certaines
personnes, choquées à la pensée d'une licence physique, peuvent néanmoins être
coupables, dans d'autres domaines, d'intempérance grossière, — plus sérieuse
peut-être.
La
colère est une forme courante mais gave d'intempérance de l'âme. « Celui qui
est lent à la colère vaut mieux qu'un héros, et celui qui est maître de
lui-même que celui qui prend des villes » (Prov
16:32). Nous devons nous souvenir que toujours bouder et se laisser aller à
une humeur chagrine est une intempérance aussi blâmable qu'une exhibition
violente de rage injustifiée.
Laisser
courir la langue en est une autre ; que ce soit seulement bavardages, légèreté
excessive ou confidences abusives. Le remède scripturaire est énergique.
Jacques emploie le terme emphatique « brider » et donne l'illustration d'un
mors dans la bouche d'un cheval. (Jacques 1:26 ; 3:2). C'est là le
contrôle véritable de soi--même.
L'amour démesuré de la louange est une
autre faiblesse qui peut également devenir une intempérance. Nous sommes tous
soutenus par quelques paroles aimables d'appréciation bien méritées. Mais
certains prédicateurs sont à tel point esclaves des applaudissements publics
qu'ils ne peuvent guère prêcher sans être accompagnés d'un chorus ronflant «
d'alléluias », à coup sûr une forme extérieure de louange destinée à eux-mêmes,
et non à Dieu. Ils dépasseront à l'occasion toutes les limites de la
bienséance, et de la considération pour les autres, sur l'estrade ou ailleurs.
Il est des moments où de longs sermons, et des déclarations explicites » ou « hardies » ne sont autres qu'une intempérance mentale.
Le contrôle spirituel
Une
telle nécessité peut être une possibilité étonnante pour beaucoup, mais il est
d'une haute importance d'en reconnaître la place essentielle dans Tes
expériences de Pentecôte. « Les esprits des prophètes sont, soumis aux
prophètes » (1 Cor. 14:32) ; et, le don des langues est parfaitement
sous le contrôle de celui qui l'exerce. (1Co 14 : 28). Notre propre
esprit est extrêmement sensible aux sentiments profonds (ainsi, Jésus « frémit
» en Son esprit, et Paul fut « irrité » (Jean 11:33 ; Actes 17:16). Nous
devons donc garder le contrôle sur notre esprit toutes les fois que nos
sentiments sont fortement mis en jeu, et que le réclament impérieusement les
circonstances. Dans notre vie chrétienne privée ce contrôle sera peut -être
moins nécessaire, et nous pourrons laisser à notre esprit une liberté sans
entraves pour parler « à nous-mêmes et à Dieu ».
Mais
dans les réunions publiques de l'assemblée, exemple, l'amour de Christ pour
d'autres âmes nous incitera à considérer l'heure et le milieu dans lequel nous
nous trouvons, avant de nous permettre une entière liberté dans l'exercice des
dons spirituels. Une attention toute particulière est recommandée dans les
réunions où notre esprit est porté à
émouvoir, pendant des sermons puissants, des prières émouvantes ou des
cantiques ou domine une note sentimentale. Nous contrôler nous- mêmes n'est pas
éteindre le Saint-Esprit, mais manifester un de Ses fruits. Tous les croyants
en qui Il demeure doivent apprendre à discerner entre les émotions de
source seulement humaine et les moments où le Seigneur désire effectivement
utiliser leur esprit pour prononcer des messages inspirés sous forme de
révélations. Si notre propre esprit ne possède pas ce fruit, le contrôle de
soi-même, nous pouvons donner en public des exhibitions désastreuses
d'intempérance émotive parfaitement inutile.
La
force intérieure
Le mot grec pour « tempérance » signifie «
posséder la force intérieure ». C'est-à-dire que notre force intérieure
de volonté est plus grande que toute force extérieure des tentations, des
désirs ou des émotions. Il dénote le contrôle parfait de nous-mêmes.
Une
telle condition est vraiment enviable. Enseigner la tempérance à un homme qui,par des années de plaisirs
égoïstes, a perdu toute force de résistance spirituelle, semble une moquerie
cruelle. L'enseignement du fruit de l'Esprit est une bonne nouvelle
, entre toutes : Christ demeurant en nous peut achever une oeuvre dont nous ne pouvons jamais espérer
l'accomplissement par nos propres forces. Une marche constante avec Lui
transformera le plus faible d'entre nous à Son image ; et les hommes
commenceront à voir en nous un peu de ce contrôle magnifique, de cet équilibre
divin en toutes circonstances, qui était toujours la marque divine du Fils de
l'Homme. La force intérieure ne procède pas de nous, mais de Lui.
FIN
Numérisation Yves PETRAKIAN Février 2007
Nouvelle édition numérique Yves PETRAKIAN
2011 – France
Copie autorisée pour diffusion gratuite
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Obligation d'indiquer la source
http://456-bible.123-bible.com
Ce livre est aussi disponible gratuitement
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