PRÉPUCE

 

Peau qui couvre le gland, de la partie naturelle de l'homme, et que l'on coupe lorsqu'on circoncit un enfant. On a parlé au long de cette cérémonie sous l'article CIRCONCISION. Plusieurs églises se vantent de posséder le saint prépuce de Notre-Seigneur, qui fut coupé dans sa circoncision. Par exemple, cathédrale du Puy en Velay, la colégiale d'Anvers aux Pays-Bas, celle de Notre-Dame de la Colombe au diocèse de Chartres, l'abbaye de Saint-Corneille de Compiègne, l'église de Saint-Jean de Latran à Rome. Il est malaisé d'accorder ensemble toutes ces prétentions différentes, puisqu'il ne peut y avoir qu'un saint prépuce, et qu'on n'a aucune certitude qu'il se soit conservé jusqu'à notre temps.

 

Quelquefois les enfants naissent sans prépuce, ce que les Hébreux regardent comme un grand privilège de la Providence. Ils prétendent que Moïse était né de cette sorte. Dans ces occasions on ne circoncit pas l'enfant; on se contente de couper tant soit peu la peau, pour en faire sortir quelques gouttes de sang.

 

Comme les Juifs regardaient le prépuce ou l'incirconcision comme une très-grande impureté, et qu'être appelé incirconcis était la plus grande injure que l'on pût recevoir, ils nomment quelquefois les gentils et les peuples étrangers incirconcis, par mépris. Et saint Paul, dans son Epitre aux Romains, désigne souvent les gentils sous le nom de prceputium, par opposition aux Juifs, qu'il désigne sous le nom de circumcisio (Ro 2 :26)? Et dans l'Epitre aux Galates (Ga 2 :7).

 

Il est parlé dans les Machabées (1Mac 1 :16) et dans l'Epitre première de saint Paul aux Corinthiens (1Co 7 :18) d'une coutume de certains mauvais Juifs qui, ayant honte de paraître circoncis et de porter cette marque de leur religion, employaient l'art des chirurgiens, pour cacher cette prétendue difformité, en faisant revenir leur prépuce. Origène reconnaît que quelques Juifs se mettaient entre les mains des médecins, pour faire revenir la peau ; et saint Epiphane parle de l'instrument dont on se servait pour cela et des moyens qu'ils employaient pour faire reprendre la peau qui avait été rompue. Cornélius Celsus, médecin fameux et ancien, a fait un chapitre exprès touchant cette opération. Galien en parle à peu près comme Celse; et Bartholin cite AEginète et Fallapius, qui ont explique la manière de couvrir les marques de la circoncision. Le même Bartholin cite une lettre de Buxtorf le fils, dans laquelle il rapporte un grand nombre de témoignages d'auteurs juifs qui parlent de cette pratique comme usitée parmi les apostats de leur religion. On peut consulter notre Commentaire sur I Mach. I, 16, où nous avons traité cette matière avec étendue. Voyez aussi saint Jérôme in Isai. CLIII : et in Jovinian. l. I; Liran. in I Mach. I, 16; Rupert. LIX deVictoriaVerbi, c. XVIII Haimo in I Cor VII, 18, qui soutiennent qu'il est impossible d'effacer la marque de la circoncision ; et joignez-y Origène, I. IV. des Principes, c. II, qui paraît soutenir ce même sentiment.

 

Par une suite du sentiment des vrais Juifs, qui regardaient le prépuce et l'incirconcision comme une chose impure, inutile, déshonorente, et au contraire, la circoncision comme un caractère de distinction honorable, ils emploient dans le sens figuré le nom de prépuce ou d'incirconcis pour marquer une chose impure, superflue, inutile, dangereuse. Par exemple, Moïse dit qu'il est incirconcis des lèvres (Ex VI :12, 30), c'est-à-dire, qu'il a un empêchement à parler. Jérémie dit que les Juifs ont les oreilles incirconcises (Jer 6 :10), c'est-à-dire, qu'ils ne veulent pas entendre les instructions qu'on leur donne. Il les exhorte à circoncire leurs coeurs; à la lettre (Jer 6 :4 ; 9 :26): Otez les prépuces de vos coeurs ; soyez dociles et attentifs. Moïse invective contre les coeurs incirconcis des Juifs qui ne voulaient pas obéir au Seigneur (Le 26 :41). Il dit que pendant les trois premières années qu'un arbre est planté tout sen fruit est impur, et qu'on n'en mangera point (Le 19 :23). On voit les mêmes expressions dans le Nouveau Testament. Saint Etienne reproche aux Juifs leur dureté de coeur et leur indocilité, en disant (Ac 6 :51) : Incircumcisis cordibus et auribus, vos semper Spiritui sancto resistitis.