PHRAORTES

 

Nous avons dit après quelque savant, que Phraortès, roi des Mèdes, dont parle Hérodote, est le même qu'Arphaxad, qui fut vaincu par Nabuchodonosor, et dont il est parlé dans le livre de Judith; c'est ce qui nous engage à faire son histoire dans ce dictionnaire.

 

A Déjocès, premier roi des Mèdes et fondateur d'Ecbatane, succéda Phraortès, dont nous parlons ici. « Ne se contentant pas de l'empire des Mèdes, il déclara la guerre aux Perses, et fut le premier qui les assujettit à la domination des Mèdes. Se trouvant maître de ces deux nations puissantes et belliqueuses, il dompta la plupart des peuples de l'Asie, qu'il attaqua les uns après les autres ; enfin il fit la guerre aux Assyriens, qui étaient mitres de Ninive, peuple autrefois jouissant de l'empire de l'Asie, mais alors abandonnés de leurs alliés, quoique encore assez puissants pour lui tenir tête. Phraortès ayant porté la guerre dans leur pays la vingt-deuxième année de son règne, fut battu et périt avec la plus grande partie de son armée. Il eut pour successeur Cyaxarès, son fils. »

 

C'est ce qu'Hérodote nous apprend de Phraorlès. Et voici ce que l'Ecriture nous dit d'Arphaxad : Arphaxad, roi des Mèdes, ayant assujetti à son empire un grand nombre de nations, bdtit une ville très-forte, qu'il appela Ecbatane. Hérodote attribue la construction d'Ecbatane à Déjocès, père de Phraortès; mais cela n'empêche pas que celui-ci n'ait continué à la fortifier et à l'embeliir. L'Ecriture ajoute : Après cela il se glorifiait dans sa puissance, conune étant invincible par la force de son armée et par la multitude de ses chariots; mais Nabuchodonosor, roi des Assyriens, qui régnait dans la grande Ninive, fit la guerre la douzième année de son règne à Arphaxad, et le vainquit dans la grande plaine de Ragon, près de l'Euphrate, du Tigre et du Jadason, dans la campagne d'Erioth, roi des Eliciens. La douzième année de Nabuchodonosor revient, selon notre chronologie, à l'an du monde 3347, avant Jésus-Christ, 653, avant l'ère vulgaire 657.

 

Les caractères que l'Ecriture donne à Arphaxad sont les mêmes qu'Hérodote donne à Phraortès ; il est roi des Mèdes, soumet plusieurs nations à son empire, est enfin battu par Nabuchodonosor, roi de Ninive et des Assyriens. La diversité des noms ne doit pas embarrasser dans les historiens d'Orient. On sait que les historiens orientaux diffèrent presque toujours des Grecs dans les noms qu'ils donnent à leurs princes. On peut voir le R. P. de Montfaucon, dans son livre intitulé : la Vérité de l'histoire de Judith; notre préface sur le même livre, et pour le sentiment contraire, M. Basnage, Antiquités judaïques, t. II, p. 252 et suiv.