NAZARÉEN

 

Nezarœus, ou Nazarenus.

 

Ce terme peut signifier :

 

1° celui qui est de Nazareth, un homme natif de celle ville, quel qu'il soit.

 

2° On a donné ce nom à Jésus-Christ et à ses disciples ; et ordinairement il se prend dans un sens de mépris ou de dérision, dans les auteurs qui ont écrit contre le christianisme.

 

3° On l'a pris pour une secte d'hérétiques nommés Nazaréens.

 

4° Pour un Nazaréen, un homme qui a fait voeu d'observer les règles du Nazaréat; soit qu'il les observât toute sa vie, comme Samson et saint Jean-Baptiste ; soit qu'il les observât seulement pour un temps, comme ceux dont il est parlé dans les Nombres (Nu 6 :18-20 Am 2 :11,12).

 

5° Enfin le nom de Nazaroeus, dans quelques endroits de l'Ecriture (Ge 49 :26 De 33 :16), marque un homme d'une distinction particulière, et qui possède une grande dignité dans le palais d'un prince. Il faut parler de ces Nazaréens en particulier d'une manière plus exacte.

 

Le nom de Nazaréen convient à Jésus-Christ non- seulement à cause qu'il a passé la plus grande partie de sa vie à Nazareth, et que cette ville a toujours été considérée comme sa patrie, mais aussi parce que les prophètes avaient prédit (Mt 2 :23 ), qu'il serait nommé Nazaréen. On ne trouve aucun endroit particulier dans les prophètes, où il soit dit que le Messie sera appelé Nazaréen; aussi saint Matthieu ne cite-t-il que les prophètes en général. Peut-être voulait-il marquer que la consécration des Nazaréens, et la pureté dont ils faisaient profession (Nu 6 :18,19f), étaient une figure et une espèce de prophétie de celles du Sauveur ; ou bien que le nom de Nazir ou Nazaréens, donné au patriarche Joseph (Ge 49 :26 De 33 :16), était une prophétie qui devait s'accomplir dans la personne de Jésus-Christ, dont Joseph a été la figure. Enfin saint Jérôme a cru que saint Matthieu faisait allusion a ce passage d'Isaïe (Esa 11 :1 ; 60 :21) : Il sortira un rejeton de la racine de Jessé, et une fleur (hébreu, nezer) s'élèvera de son tronc. Celte fleur, nezer, et ce rejeton, sont certainement Jésus-Christ, du consentement des Pères et des interprètes.

 

 

NAZARÉEN pris comme désignant des hérétiques de ce nom, marque des chrétiens convertis du judaïsme, dont la principale erreur consistait à défendre la nécessité ou l'utilité des oeuvres de la loi, et qui avaient un attachement opiniâtre aux pratiques cérémonielles des Juifs. Le nom de Nazaréens, d'abord n'eut rien d'odieux ; on le donnait assez communément aux premiers chrétiens. Les Pères parlent souvent de l'Evangile des Nazaréens, qui ne diffère point de celui de saint Matthieu, qui était en hébreu ou en syriaque, entre les mains des premiers fidèles, et qui dans la suite fut corrompu par lesébionites. Ces Nazaréens conservèrent ce premierEvangile dans sa pureté. Il y en avait encore du temps de saint Jérôme qui ne leur reproche aucune erreur. Ils étaient fort zélés observateurs de la loi de Moïse ; mais ils avaient un très-grand mépris pour les traditions des Pharisiens.

 

Lorsque Mahomet parut, il y avait beaucoup de Juifs en Arabie, et ils y étaient si puissants, qu'ils y possédaient plusieurs châteaux, où ils commandaient en princes. Benschonah remarque dans la vie de Mahomet qu'en l'année troisième de l'hégire, de Jésus-Christ 625, Mahomet fit la guerre à plusieurs princes de l'Arabie, et que les ayant: subjugués, il les réduisit tous avec leurs sujets en esclavage. L'année suivante il donna un combat aux Nazaréens ou Nadaréens, qui étaient Juifs ; il en défit un grand nombre, et obligea les autres d'abandonner leur pays, et de se retirer dans celui de Caibar ; il eut encore depuis ce temps-là plusieurs affaires avec eux ; mais enfin il. leur donna quartier, et leur accorda des lettres de sauvegarde et de protection. Ces Nazaréens pourraient bien être de ces Nazaréens, ou chrétiens hébraïsants, qui parurent dans les premiers, siècles du christianisme. On sait qu'avant Mahomet il y avait grand nombre de juifs. et de chrétiens dans l'Arabie.        

[Voyez CHRÉTIENS DE SAINT-JEAN et GNOSTIQUES.]

 

 

NAZARÉEN, mis pour signifier ceux qui dans l'ancienne loi faisaient voeu d'une pureté particulière (Nu VI :1, 2), etc., (Nesir), marque un homme ou une femme, qui s'engagent par voeu à s'abstenir de vin, et de tout ce qui peut, enivrer ; à conserver, leur chevelure sans y toucher ; à ne pas entrer dans une maison souillée par la mort d'un homme ; à n'assister à aucunes funérailles : et lorsque par hasard quelqu'un venait à mourir en leur présence, a recommencer toute la cérémonie de leur nazaréat et de leur consécration. Cette cérémonie durait ordinairement huit jours, quelquefois un mois, et même toute la vie. Quand le temps du nazaréat était accompli, le prêtre amenait la personne à la porte du temple, et cette personne offrait au Seigneur un mouton pour l'holocauste, une brebis pour le sacrifice d'expiation, et un bélier pour l'hostie pacifique. Il offrait aussi des pains et des gâteaux, avec le vin nécessaire pour les libations. Après que tout cela était immolé et offert au Seigneur, le prêtre ou quelqu'autre rasait la tête du nazaréen à la porte du tabernacle, et brûlait ses cheveux sur le feu de l'autel. Alors le prêtre mettait entre les mains du nazaréen l'épaule cuite du bélier, un pain et un gâteau ; puis le nazaréen les remettait sur les mains du prêtre, qui les offrait au Seigneur en les élevant en sa présence. Dès lors le nazaréen pouvait boire du vin, et son nazaréat était accompli.

 

Pour les Nazaréens perpétuels comme étaient Samson et saint Jean-Baptiste, il paraît qu'ils étaient consacrés au nazaréat par leurs parents, et qu'ils demeuraient toute leur vie dans cet état sans boire de vin ni sans couper leurs cheveux.

 

Ceux qui faisaient le voeu de nazaréat hors de la Palestine et qui ne pouvaient arriver au temple à la fin des jours de leur voeu, se contentaient de faire les abstinences marquées dans la loi, et de se couper les cheveux au lieu où ils se trouvaient, remettant à offrir au temple par eux-mêmes ou par d'autres, lorsqu'ils en auraient la commodité, les offrandes et les victimes ordonnées dans Moïse. C'est ainsi que saint Paul étant à Corinthe, et ayant fait voeu de nazaréat, se fit couper les cheveux à Cenclirée, port de Corinthe, en attendant qu'il satisfit au reste de son voeu, quandil serait arrivé à Jérusalem. Voyez (Ac XVIII, 18).

 

Lorsqu'une personne ne se trouvait pas en état de faire le voeu de nazaréat, ou n'avait pas le loisir d'en observer les cérémonies, elle se contentait de contribuer aux frais des sacrifices et des offrandes que devaient offrir ceux qui avaient fait et accompli ce voeu ; et de cette sorte elle avait part au mé- rite de leur nazaréat. Josèphe voulant relever la religion d'Hérode-Agrippa roi des Juifs, dit qu'il fit tondre plusieurs Nazaréens. Maimonide dit que celui qui voulait ainsi participer au nazaréat d'un autre, allait au temple et disait au prêtre : Dans tel temps un tel achèvera son nazaréat, et je ferai en tout, ou en partie, les frais de sa tonsure. Saint Paul étant arrivé à Jérusalem l'an 58 de Jésus-Christ (Ac 11 :23,24), l'apôtre saint Jacques le Mineur lui dit que pour guérir l'esprit des Juifs convertis, à qui on avait fait entendre qu'il prêchait partout qu'il fallait absolument abandonner la loi de Moïse, il devait se joindre à quatre fidèles qui avaient fait voeu de nazaréen, et contribuer aux frais de la cérémonie, lorsqu'ils raseraient leur tête, afin que ces nouveaux convertis vissent par là qu'il continuait à garder la loi, et que tout ce que l'on avait ouï dire de lui, était faux.

 

 

NAZARÉEN, employé pour marquer un homme élevé en dignité, comme il est dit du patriarche Joseph, qu'il était nazaréen entre ses frères (Ge 49 :26 De 33 :16) : se prend diversement. Les uns croient qu'il signifie celui qui est couronné choisi, séparé distingué. Nézer en hébreu signifie une couronne. Les Septante traduisent ce terme par, un chef, ou par, celui qui est honoré. Nous croyons que naxir était un nom de dignité dans la cour des rois d'Orient. Encore aujourd hui dans la cour de Perse, le nézir est le surintendant général de la maison du roi, le premier officier de la couronne, le grand économe de sa maison, de son domaine, de ses trésors. Joseph était le nézir de la maison de Pharaon. — [Voyez NAZIR.]