GEHON

 

 

GEHON (1)

 

Nom d'un des quatre fleuves qui avaient leur source dans le paradis terrestre (Ge 2 :13). Plusieurs ont cru, sans aucune apparence, que c'était le Nil; comme si le Nil, qui a sa source à plus, de six cents lieues des sources de l'Euphrate et du Tigre, pouvait être marqué comme sortant d'un même jardin que ces deux autres fleuves. Les Arabes croient communément que c'est l'Oxur, fleuve qui prend sa source dans les monts Itnaüs, et a son cours d'orient en occident ; quand il s'approche du pays de Choraruzm, il serpente beaucoup, et semble retourner vers sa source ; mais ensuite il se réfléchit, et vient décharger ses eaux dans la mer Caspienne vers le couchant. Ce fleuve fait la séparation naturelle entre les provinces habitées par les Turcs orientaux et les Perses. Les géographes modernes appellent l'Oxur Abiamu, c'est-à-dire, le fleuve Amu; les Arabes le nomment Gehon, et Neher-Balkh, la rivière de Balk, parce qu'il passe par cette ville-là. Ils croient qu'il a sa source dans le paradis, et que c'est un des quatre dénommés par Moïse.

 

D'autres croient que le Géhon est le canal le plus occidental des deux que font le Tigre et l'Euphrate joints ensemble, lorsqu'ils se séparent pour entrer dans la mer. C'est le sentiment de Calvin, de Scaliger et de plusieurs modernes ; leur principale raison est que le canal oriental est le Phison. Mais le vrai est que l'un n'est pas plus certain que l'autre. D'autres soutiennent, au contraire, que le Phison est le canal occidental qui sépare l'assemblage de l'Euphrate et du Tigre, et que le Géhon est le canal oriental qui est formé après l'union de ces deux fleuves. Pour prouver ce sentiment, on dit que la terre de Chus, dans laquelle passe le Géhon, est la Cissie ou le Chuzestan. C'est le sentiment de M. Bochart et de M. Huet.

 

Jean Hopkinson, qui a fait une Dissertation sur le paradis terrestre, prend pour le Géhon le bras de l'Euphrate, que Pline dit avoir été détourné par les Chaldéens pour arroser leurs campagnes, et desséché par le grand nombre de coupures qu'ils en firent.

 

Mais, pour renverser tous ces systèmes, il ne faut qu'une réflexion, qui est que Moïse voulu sans doute donner à connaître la situation du paradis terrestre par des caractères géographiques existants et connus de son temps. Or ni la coupure dont parle Hopkinson, ni les deux bras formés par les eaux du Nil, de l'Euphrate et du Tigre réunis, et puis séparés pour aller se dégorger séparément dans le golfe Persique: tout cela n'était pas encore fait du temps de Moïse. Un ne peut donc pas dire que ce législateur ait eu en vue aucun de ces canaux pour désigner ni le Phison ni le Géhon.

 

Pline dit expressément que les lits du Tigre et de l'Euphrate n'ont été joints qu'assez tard ;  qu'anciennement ils se dégorgeaient séparément dans le golfe Persique, et que leurs embouchures étaient éloignées de vingt-cinq mille pas selon les uns, ou de sept mille selon les autres. Ailleurs il dit qu'on montre encore l'embouchure par laquelle l'Euphrate tombait dans la mer: locus ubi Euphratis ostium fuit. Hérodote attribue à la reine Nitocris les coupures et les saignées de l'Euphrate, qui ont rendu ce fleuve si faible et si dénué, de grand et de majestueux qu'il était auparavant. Cet auteur parle encore de l'Euphrate comme tombant par son propre lit dans le golfe Persique, sans parler de sa jonction avec le Tigre. Pline dit qu'on attribuait à Gobare, préfet de la Babylonie, les saignées de l'Euphrate. Or certainement tout cela est bien éloigné du temps de Moïse.

 

Nous croyons que c'est l'Araxe, fleuve célèbre qui a sa source, comme l'Euphrate et le Tigre, dans les montagnes d'Arménie, et quivcoulant avec une rapidité presque incroyable, va se décharger dans la mer Caspienne. Le nom de Géhon, en hébreu, signifie impétueux, rapide, violent. L'auteur de l'Ecclésiastique (Eccli 24 :37) parle des inondations du Géhon au temps des vendanges, parce que l'Araxe s'enfle sur la fin de l'été, à cause de la fonte des neiges des montagnes d'Arménie.

 

—[Voyez ARAXE, ARMÉNIE, etc., etc.]

 

 

 

GEHON (2)

 

ou GEHON fontaine auprès de Jérusalem. Voyez GIHON, ou GION.