CEINTURE

 

Les Hébreux ne portaient pas ordinairement de ceinture dans la maison, ni même au dehors, sinon lorsqu'ils travaillaient ou qu'ils allaient en voyage. Alors ils se retroussaient et ceignaient leurs habits qui étaient longs, comme les portent encore aujourd'hui les Orientaux. Cela paraît par plusieurs endroits de l'Ancien et du Nouveau Testament. Le jeune Tobie ayant trouvé l'ange Raphael (Tob 5 :5) ceint et comme prêt à marcher, le pria de l'accompagner dans son voyage. Le Seigneur voulant se mettre en état de laver les pieds à ses disciples, se ceignit d'un linge (Jn 13 :4,5). Les soldats étaient aussi d'ordinaire ceints de leurs baudriers (Ps 17 :40).

 

Souvent les baudriers étaient d'une matière précieuse. La femme forte faisait des ceintures précieuses (Pr 31 :24), et les vendait aux Chananéens, c'est-à-dire aux marchands phéniciens. Ces ceintures étaient communes aux hommes et aux femmes : celles des femmes sont plus souvent nommées zona. On peut juger de leur prix, par ce que les rois de Perse donnaient quelquefois des villes ou des provinces entières à leurs épouses, pour la dépense de leurs ceintures. Le Sauveur, dans l'Apocalypse (Ap 1 :13), paraît à saint Jean avoir une ceinture d'or. Et dans le même livre les sept anges qui sortent du temple, sont vêtus de lin, et ceints de ceintures d'or. Au contraire, les prophètes, les personnes qui faisaient profession de pénitence et de mépris du monde portaient des ceintures de peaux ou de cuir simple. Le prophète Elie (2Ro 1 :8) en portait de cette sorte, aussi bien que saint Jean-Baptiste (Mt 3 :4). Dans le deuil on prenait des ceintures de cordes, pour marque d'humiliation et de douleur. Isaïe (Esa 3 :24) menace les filles de Sion, qui l'avaient offensé par l'excès de leurs parures, de les réduire a porter le cilice et la ceinture de cordes. Ailleurs (Esa 22 :12) il menace Jérusalem de la réduire en captivité, de lui faire couper ses cheveux, instruments de son orgueil, et de lui faire porter un sac pour ceinture.

 

La ceinture militaire, ou le baudrier, ne descendait pas de dessus l'épaule, comme chez les anciens Grecs; elle était portée sur les reins, d'où viennent ces expressions (Ne 4 :18): Gladio accinctus renes, ou (Eze 23 :15) Bulteo accinctus renes. Ces baudriers d'ordinaire étaient précieux, et on les donnait quelquefois pour récompense aux soldats. Joab dit à celui qui avait vu Absalom pendu à un arbre (2Sa 17 :11) : Si tu l'avais percé, je t'aurais donné dix sicles ou un baudrier. Jonathas, fils de Saül, fit présent de son baudrier [ou de sa ceinture] à David (1Sa 18 :4). Job relevant la puissance de Dieu, dit qu'il ôte le baudrier aux Rois, et qu'il leur donne pour ceinture une corde (Job 12 :18).

 

Nous avons parlé de la ceinture des prêtres, sous l'article, des PRÊTRES.

 

La ceinture servait de bourse, autrefois,,comme on le voit dans les livres du Nouveau Testament et dans plusieurs passages des Anciens. Le Sauveur défend à ses apôtres de porter de l'argent dans leurs ceintures (Mt 10 :9 Mr 6 :8) : tuque pecuniam in zonis vestris. Ces ceintures étaient larges et creuses, comme celles des Orientaux encore aujourd'hui, à peu près comme une dépouille de serpent ou la peau d'une anguille. Aggée voulant marquer l'inutilité du travail d'un ouvrier, dit (Ag 1 :6) qu'il met son salaire dans une ceinture percée. Horace dit que celui qui a perdu sa ceinture, c'est-à-dire son argent, est prêt à tout faire.

 

[C'est aussi à la ceinture que les Hébreux portaient les écritoires; car tel est incontestablement le sens du passage où Ezéchiel, (Eze IX,2), parle d'un homme qui avait une écritoire sur les reins. Cette coutume de porter une ceinture aux reins, et les divers emplois. qu'on en faisait chez les Hébreux, se trouvent confirméspar les usages des Orientaux de nos jours. « Les ceintures de ces peuples, dit Schaw, sont communénient des laines artistement travaillées avec toutes sortes de figures, et elles font plusieurs tours autour du corps. L'un des bouts, qui est retourné et doublé, est cousu des deux côtés, et leur sert de bourse, conformément au sens dans lequel le mot zone se prend quelquefois dans l'Ecriture. Les Turcs et les Arabes font encore un autre usage de leurs ceintures, c'est d'y porter leurs couteaux et leurs poignards ; et les hojias, ou leurs gens de plume, se reconnaissent aisément à la marque de leur profession, je veux dire à l'écritoire qu'ils porlent à la ceinture en guise de poignard.]

 

Les femmes portaient aussi des espèces de ceintures qui leur serraient le sein. Isaïe menace les filles de Sion de leur donner un cilicuau lieu de ces rubans qui leur serrent le sein et les mamelles (Esa 3 :24). Et Jérémie demande si l'épouse oubliera cet ornement (Jer 2 :31). Le Seigneur, dans Ézéchiel, dit qu'il a donné à son épouse une ceinture du plus fin lin (Eze 16 :10).