CAREME
quadragesima, quarantaine; ainsi nommée à cause du jeûne de quarante jours observé premièrement par Moïse sur le mont Sinaï, lorsqu'il y reçut la Loi de Dieu (Ex 24 :18), et ensuite par le prophète Elie allant au mont Horeb et fuyant la persécution de Jézabel (1Ro 19 :7,8); et enfin par notre Sauveur, qui après son baptême se retira dans le désert et y demeura quarante jours et quarante nuits sans boire ni manger (Mt 4 :2). Les apôtres, à leur imitation, ont institué le jeûne du carême, pour honorer principalement le jeûne du Sauveur ; on n'en voit pas l'institution par l'Ecriture, mais on suit dans cette matière cette règle de saint Augustin, que tout ce qu'on trouve généralement établi dans toute l'Eglise, sans en voir l'institution dans aucun concile, doit passer pour une chose établie par les apôtres.
Or, nous croyons le carême établi dans l'Eglise dès les premiers siècles. Saint Ignace dans son Epître aux Philippiens, Tertullien dans son livre du Jeûne, les Constitutions attribuées aux apôtres, saint Irénée cité dans Eusébe, l. V, c. XXIV, Hist. eccl., les conciles de Nicée, de Laodicée, d'Agde, etc ; les Pères saint Léon, saint Basile, saint. Ambroise et les autres parlent du carême comme d'un établissement ancien dans l'Eglise. Il est vrai que la manière de l'observer n'a pas toujours été uniforme ni d'obligation stricte; qu'on a varié sur le nombre des jours qu'on jeûnait et sur le temps auquel on le commençait; mais ces différences mêmes prouvent l'antiquité et l'universalité de la chose. Dans les observances qui sont.de discipline, on a toujours usé d'une grande liberté dans l'Eglise dans la manière de les observer : le terme ou la fin du carême a toujours été la fête de Pâques ou la résurrection du Sauveur, mais on l'a commencé tantôt plus tôt et tantôt plus tard : on a varié de même sur la qualité de la nourriture et sur l'heure des repas. Nous ne nous étendons point sur cette matière qui n'est pas de notre sujet; elle-n'entre dans le dessein de ce dictionnaire qu'à cause de son institution.