BENJAMIN

 

BEN-JAMIN (1)

 

Dernier fils de Jacob et de Rachel. Jacob étant de retour de la Mésopotamie, comme il s'avançait du côté du midi, Rachel, sa femme, fut surprise des douleurs de l'enfantement environ à un quart de lieue de Bethléem et mourut dans les douleurs, après avoir mis au monde un fils à qui elle donna en mourant le nom de Ben-oni, c'est-à-dire, fils de ma douleur (Ge XXXV, 16), (Ben-oni, Benjamin).

 

Mais Jacob changea ce nom et l'appela Benjamin, . le fils de ma droite. Souvent dans I'Ecriture il est simplement appelé Jemini, c'est-à-dire, droite : Filii Jemini, les enfants de Benjamin.

 

Pendant la grande famine qui désola la terre de Chanaan et les pays des environs (Ge 42 ; Ge 43), Jacob ayant envoyé ses fils en Egypte pour y acheter du froment, retint Benjamin auprès de lui pour sa consolation, de peur qu'il ne lui arrivât quelque malheur en chemin. Joseph ayant reconnu ses frères, quoiqu'ils ne le reconnussent pas, et n'ayant pas vu Benjamin avec eux, s'informa adroitement s'il était en vie et ne leur donna du froment qu'à condition qu'ils le lui amèneraient, et pour assurance de leur parole il retint Siméon en prison jusqu'à leur retour. Jacob eut toutes les peines du monde à laisser aller Benjamin, mais enfin, pressé par la famine et sollicité par ses fils, il le leur donna, et ils partirent pour l'Egypte.

 

Joseph ayant vu Benjamin avec ses autres frères (Ge 43 :16,17), il les fit entrerdans sa maison et les fit manger avec lui, mais  non pas à sa table, parce qu'il ne voulait pas encore se manifester à eux et que les Egyptiens ne mangeaient point avec les Hébreux. Joseph fit placer ses frères selon leur âge; et,dans la distribution qu'il fit des viandes qu'il leur envoya, la part de Benjamin se trouva cinq fois plus grande que celle des autres. Après cela Joseph, pour éprouver la fidélité de ses frères et leur amitié pour Benjamin, ordonna à l'intendant de sa maison (Ge 44 :1-3) de remplir de blé les sacs de tous ces hommes et de mettre dans le sac du plus jeune la coupe d'argent dont il se servait et l'argent que Benjamin avait apporté pour le paiement de sa charge de blé. Cet ordre fut exécuté; et, lorsque les frères de Joseph furent sortis de la ville, il fit courir après eux, et l'intendant de sa maison leur lit qu'ils étaient des voleurs qui avaient pris la coupe de son seigneur. Ils s'en excusèrent et dirent qu'ils consentaient que celui d'entre eux qui aurait fait ce vol fût mis à mort et que les autres demeurassent pour esclaves à Joseph. L'intendant répondit qu'il n'en voulait qu'à celui qui avait fait le vol, que tous les autres pouvaient s'en aller en liberté.

 

En même temps il les fouilla tous et trouva la coupe dans le sac de Benjamin. Alors ils déchirèrent leurs habits et retournèrent dans la ville. Joseph leur fit des reproches de leur infidélité, et Judas fit ce qu'il put pour excuser Benjamin. Il conjura Joseph de le retenir lui-même pour esclave en la place de son frère. Il lui dit que son père était un vieillard qui ne pourrait survivre à la perte de son fils, que d'ailleurs il s'en était chargé et en avait répondu. Alors Joseph, ne pouvant plus retenir ses larmes, leur déclara qui il était, et se jetant au cou de Benjamin (Ge 45) il le baisa et tous ses frères après lui. Il les invita à venir s'établir en Egypte et d'y amener leur père. Il leur donna à chacun une paire d'habits, c'est-à-dire, deux tuniques et deux manteaux ; et pour Benjamin, il lui donna cinq robes et trois cents pièces d'argent. Il leur donna aussi des présents pour son père, elles renvoya ainsi, en leur recommandant la paix et l'union.

 

Depuis ce temps, l'Ecriture ne nous apprend rien de particulier sur la personne de Benjamin; car je compte pour rien ce qui est rapporté dans le Testament des douze Patriarches, qui, comme l'on sait, est une pièce apocryphe et sans autorité. Jacob, au lit de mort (Ge 49 :27), dit à Benjamin : Benjamin est un loup ravissant; le matin il dévorera sa proie, et le soir il partagera les dépouilles. Et Moïse dans son dernier cantique (De 33 :12), dit à Benjamin : Le bien-aimé du Seigneur demeurera dans son partage avec assurance; il y habitera tout le jour comme dans sa chambre nuptiale; il se reposera entre ses bras. On explique d'ordinaire ces mots: Benjamin est un loup ravissant, ou de saint Paul, qui était de la tribu de Benjamin; ou de la valeur de ceux de cette tribu, qui soutinrent la guerre contre toutes les autres tribus pour la défense du crime de ceux de Gabaa, qui avaient violé la femme d'un Lévite qui passait par leur ville.

 

 

 

BENJAMIN (2)

 

Laïque, descendant d'Hérem, fut un de ceux qui ayant épousé des femmes étrangères pendant la captivité, les renvoyèrent au retour, d'après les observations d'Esdras. (Esd X, 32). C'est probablement lui qui est mentionné par Néhemie, (Ne III, 23), comme étant l'un de ceux quicontribuèrent à la reconstruction des murs de Jérusalem.

 

 

 

BENJAMIN (3)

 

de Tudèle, Juif célèbre, originaire du royaume de Navarre, et natif de la ville de Tudèle, vivait au douzième siècle. Il voyagea dans tous les lieux où il crut qu'il y avait des synagogues, afin de s'instruire de l'état de sa nation. Après avoir voyagé pendant plusieurs années, il revint en France sous le règne de Louis le Jeune, et passa en Castille en 1173, où il mourut la même année. Il a écrit la relation de ses voyages, où l'on trouve plusieurs particularités touchant la nation des Juifs ; mais il est peu exact, mauvais géographe, et souvent historien fabuleux. Cependant il ne laisse pas d'être très-propre à donner une idée générale de l'état des Juifs tant en Orient qu'en Occident, pendant le douzième siècle. On lui le-proche beaucoup d'entêtement eu faveur de sa nation. Son ouvrage fut d'abord imprimé en hébreu à Constantinople en 1543. Arias Montanus le traduisit en latin, et le fit imprimer à Anvers en 1575. Depuis, Constantin l'Empereur le fit réimprimer avec des notes, à Leyde, en 1633. On peut voir sur son sujet Fabrici us de Apocryphis veteris Testamenti, p. 1168, et la critique de cet auteur dans l'Histoire des Juifs de M. Basnage, t. V, c. 6, p. 111 et suiv., édition de Paris.