BEN-ADAD

 

BEN-ADAD (1)

 

Fils de Tabremon, de Syrie, vint au secours d'Asa, roi de Juda, contre Baasa, roi d’Israël; il fit diversion en entrant sur les terres d’Israël, et obligea Baasa d'accourir au secours de son propre pays, et d'abandonner Rama, qu'il avait entrepris de fortifier (1Ro 15 :18). Cela arriva l'an du monde 3066, avant l'ère vulgaire 938. Ce Ben-adad est apparemment fils d' Adad, lduméen, qui se souleva contre Salomon à la fin du règne de ce prince (1Ro 11 :25).

 

[D. Calmet dit que ce Ben-adad est fils de Tabremon et qu'il est apparemment fils d'Adad, Iduméen. Il copie Simon. Ben-adad I ou Hadad V était fils de Tabremon ou Hadad IV, qui était fils d'Hézion ou Hadad III qui succéda à Adad, prince iduméen' successeur de Resom. Voyez ADAD, et mon Hist. de l'Anc. Test., liv. V, ch. III, n. 8, tom. 1, p. 328.]

 

 

 

BEN-ADAD II (2)

 

Roi de Syrie, fils de Benadad (1Ro 20 :34) dont on vient de parler, fit la guerre-à Achab, roi d’Israël (1Ro 20),l'an du monde 3103, c'est-à-dire, trente-sept ans après la guerre-de Ben-adad I contre Baasa, roi d’Israël. Nous avons parlé dle cette guerre dans un grand détail sous-l'article d'ACHAB. Ben-adad fut vaincu, et perdit tout son bagage dans cette guerre. Ses généraux lui dirent que le Dieu des Hébreux était le Dieu des montagnes, et que, pour vaincre ce peuple, il fallait mettre une nouvelle armée sur pied, et l'attaquer dans la plaine. Ben-adad suivit ce conseil, et au commencement de l’année suivante, il vint à Aphec avec une puissante armée. Achab se mit aussi en campagne avec ses troupes. Les deux arinées furent sept jours en présence sans en venir aux mains. Enfin, le septième jour la bataille se donna, et l'armée d’Israël tua cent mille hommes des troupes de Ben-adad, et le reste de son armée ayant voulu se Sauver dans Aphec, les murs de la ville tombèrent sur eux, et en écrasèrent encore vingt-sept mille hommes. Ben-adad se cacha dans le plus secret de son palais, pour ne point tomber entre les mains d'Achab.

 

Alors les serviteurs de Ben-adad lui dirent : Nous avons appris que les rois d’Israël sont doux et cléments, mettons donc des sacs sur nos reins, et des cordes sur nos têtes, et allons demander grâce au roi Achab. Ils allèrent ainsi trouver Achab, et lui dirent: Ben-adad votre serviteur nous envoie pour vous demander la vie. Achab répondit : S'il est en vie c'est mon frère. Allez, amenez-le moi. Ben-adad étant venu, Achab le fit monter dans son chariot, et le roi de Syrie lui dit : Je vous rendrai les villes que mon père a prises à votre père, et faites-vous des places publiques dans Damas, comme le roi mon père en avait fait dans Samarie, et rendez-moi la liberté. Achab accepta ces conditions, et le renvoya. Alors Dieu lui envoya un prophète [nommé Michée], pour le reprendre d'avoir ainsi accordé la liberté à un méchant ; et Achab, entrant en colère, fit mettre le prophète en prison, et se moqua de ses prédictions.  [Voyez ACHAB.]

 

Environ douze ans après, le même Benadad déclara la guerre à Joram, fils et successeur d'Achab, roi d’Israël (2Ro 6 :8). Mais le prophète Elisée découvrait tous les desseins de Ben-adad à Joram, et par là les rendait inutiles. Ben-adad soupçonna ses officiers de trahison ; mais on lui dit que c'était Elisée qui découvrait tous ses projets à son ennemi. Ben-adad résolut de se saisir d'Elisée ; et, ayant appris qu'il était à Dothan, il envoya de ses meilleures troupes pour investir la ville, et pour l'arrêter. Mais le prophète les frappa d'aveuglement; en sorte qu'ils ne le reconnurent point, lorsqu'il leur parla, et qu'il se présenta à eux. Il les mena jusque dans Samarie sans qu'ils s'en aperçussent ; et, lorsqu'ils y furent, il pria Dieu de leur ouvrir les yeux, et dit à Joram de leur faire donner à manger, et de les renvoyer sans leur faire aucune violence.

 

Quelques années après, Ben-adad vint à assiéger Sarnarie, et la famine y fut si extrême, que la tête d'un âne, qui est une viande que les Hébreux tiennent pour impure, fut vendue jusqu'à quatre-vingts sicles, et qu'environ chopine de certaine espèce de pois, fut vendue cinq sicles ; enfin la chose alla à un tel point, qu'une mère mangea son propre enfant [Voyez ANTHROPOPHAGIE]. Joram informé de ces malheurs, les imputa à Elisée, et envoya pour le faire mourir. Mais avant que ses gens fussent entrés dans la maison du prophète, il y arriva lui-même, et Elisée lui prédit que le lendemin à même heure (2Ro 7), la mesure de farine se donnerait pour un sicle à la porte de Samarie. La chose arriva comme il l'avait dit. Pendant la nuit une terreur panique se répandit dans l'armée des Syriens ; ils s'imaginèrent que Joram avait fait venir à son secours une armée d'Hétéens et d'Egyptiens, et, abandonnant leurs chevaux, leurs tentes, leurs provisions, ils ne songèrent qu'à se sauver par la fuite.

 

Quatre lépreux qui étaient hors de la ville de Samarie, à cause que leur maladie ne leur permettait pas de demeurer avec les autres hommes, étant entrés dans le camp des Syriens, l'ayant trouvé abandonné, et le voyant rempli de toutes sortes de biens, en donnèrent avis à Joram. Le roi s'étant levé, car il était nuit, crut que les Syriens voulaient lui tendre un piége. Il envoya donc du monde à la découverte, et ils lui rapportèrent qu'ils avaient trouvé par tous les chemins des hardes et des armes que les Syriens avaient jetées dans leur fuite, pour courir plus vite. Aussitôt que cette nouvelle se fut confirmée, le peuple de Samarie sortit de la ville, et pilla le camp des Syriens. Alors on vit le parfait accomplissement de la prédiction d'Elisée, qui avait dit que la mesure de pure farine ne serait vendue qu'un sicle à la porte de Samarie.

 

L'année suivante, Elisée étant allé du côté de Damas, Ben-adad, qui étaitalors tombé malade; envoya Hazael au devant de l'homme de Dieu avec des présents (2Ro 8 :7,8), afin de savoir de lui s'il relèverait de sa maladie. Hazael partit donc de Damas avec quarante chameaux chargés de présents de tout ce qu'il y avait de plus précieux à Damas, et il dit à Elisée : Ben-adad, roi de Syrie, votre fils, demande s'il pourra relever de sa maladie. Elisée répondit : Allez, dites-lui : Vous guérirez. Mais le Seigneur m'a fait voir qu'il mourra assurément. En même temps, Elisée prédit à Hazael qu'il régnerait lui-même à Damas et qu'il ferait une infinité de maux à Israël. Hazael étant donc de retour à Damas, dit à Ben-adad qu'il recouvrerait la santé; mais, le lendemain, il prit une couverture qu'il trempa dans l'eau, l'étendit sur le visage du roi et l'étouffa. Aussitôt, il se saisit du royaume et régna à Damas, selon la prédiction d'Elisée. Telle fut la fin de Bena-dad.

 

[On a vu, à l'article d'Achab, avec quelle insolence le roi de Syrie, assiégeant Samarie, somma le roi d’Israël de se rendre à sa discrétion, et envoya dire aux assiégés que la poussière de cette capitale ne suffirait pas pour remplir le creux de.la main de ses soldats. Tant de jactance entrait dans les moeurs des monarques de l'Orient.]

 

Nous concevons à peine aujourd'hui, dit un auteur, comment un prince, trois fois repoussé par la main divine, revient trois fois à la charge, et finit par consulter le prophète du Dieu qui l'a confondu; mais aucune histoire n'est plus empreinte que celle de ce Ben-adad de l'idée universelle du paganisme que chaque peuple avait sa divinité particulière, tantôt défavorable, tantôt propice. Toute la crédulité de l'idolâtrie se montre à découvert, dans cet espoir des Syriens que les dieux d’Israël sont des dieux de montagnes, qui ne pourront accorder une victoire en pays de plaine. La superstition a toujours été assez ingénieuse pour promettre des triomphes, et, en cas de besoin, pour expliquer des défaites.

 

La frayeur panique qui disperse l'armée syrienne n'a point obtenu créance parmi les adversaires de l'Ecriture. Ce n'est pas que l'histoire profane n'offre divers exemples tout aussi étranges d'une terreur soudaine et sans fondement, saisissant toute une arniée ; mais ici l'événement est représenté comme un effet immédiat de la puissance divine, et l'on a révoqué en doute comme miraculeux un fait, plus incroyable encore quand il est naturel. A moins de nier la vérité du récit, nous cherchons en vain quelle objection peut arrêter ; rien n'est plus contagieux que la peur, et pourquoi une terreur divine, si l'on ose ainsi parler, le serait-elle moins qu'une épouvante purement humaine?

 

Ce Ben-adad est celui qui a envoyé Naaman à Joram (2Ro V :1), et la lettre de recommandation qu'il lui donne pour le roi d’Israël est remarquable : Dès que ces lettres te seront parvenues, sache que je t'ai envoyé mon serviteur Naaman afin que tu le délivres de sa lèpre. C'est ainsi que cet infidèle ordonne un miracle. Evidemment, Elisée n'était aux yeux de Ben-adad que le mage, le devin de Joram, et devait se tenir prêt à opérer des prodiges à l'ordre de son martre. Le ton que prend le roi de Syrie est celui d'un dominateur envers son vassal, et quelque difficile qu'il soit de fixer l'époque de cet événement, nous croyons devoir le placer quelque temps avant le siége de Samarie. Ben-adad, quoique encore sans victoire, avait certainement la force et le nombre de son côté. Le récit, d'ailleurs, offre des preuves que ces guerres ne sont pas racontées en détail.

 

Nous manquons de données pour juger du caractère de ce prince ; un trait cependant mérite un moment d'attention ; il y a trois guerres dans son histoire et trois fuites; quoique l'art des retraites ait été de tout temps inconnu à la stratégie de l'Orient, Bena-dad, recommençant toujours des guerres qu'il termine en se sauvant, montre combien peu la persistance de la haine et de l'ambition ressemble à la fermeté du vrai courage.

 

Ben-adad se fit, de son vivant, construire un vaste tombeau qui devint un temple ; ses sujets lui décernèrent les honneurs divins. — Voyez l'article suivant et mon Hist. de l'Anc Test., tom. I, p. 361, col. 2. et ailleurs.]

 

 

 

BEN-ADAD III (3)

 

Fils [et successeur) de Hazael (2Ro 13 :3,24,25), dont il a été parlé dans l'article précédent. Joas, roi d’Israël, reprit sur ce Ben-adad tout ce que Hazael avait pris sur Joachas, roi d’Israël, son prédécesseur. Joas le battit par trois fois, et le contraignit de lui rendre tout le pays de delà le Jourdain ; c'est-à-dire, les terres de Gad, de Ruben et de Manassé, que Hazael avait prises sous les règnes précédents.—[Ce troisième Ben-adad est l'Adad VII de Nicolas de Damas. On voit que s'il hérita de la valeur de son père, il n'en eut point l'habileté.]

 

Josèphe donne le nom d'Adad à ces deux derniers princes, que l'Ecriture appelle BenAdad ou fils d'Adad, et il ajoute que les Syriens de Damas ont rendu les honneurs divins au dernier Adad et à Hazael; en considération de leurs bienfaits; et en particulier parce qu'ils avaient orné la ville de Damas par des temples magnifiques. Ils portent chaque jour leurs statues en procession et vantent leur antiquité, quoiqu'ils ne soient nullement anciens et qu'il n'y ait pas onze cents ans depuis leur temps jusqu'au nôtre, dit Josèphe. Mais, selon notre chronologie, depuis la mort du second Ben-adad et le commencement d'Hazael jusqu'à la mort de Jésus-Christ, il n'y a que neuf cent dix-sept ans.