BEEL-ZEBUB

 

dieu Mouche, divinité adorée par ceux d'Accaron. On dispute sur la forme et sur les qualités de ce dieu ridicule. Nous en avons traité assez au long dans la Dissertation sur les divinités des Philistins, imprimée à la tête de notre Commentaire sur le premier livre des Rois, [et insérée dans la Bible de Vence, tom. V. Voyez la seconde partie de cette dissertation, parag. IV]. Béel-zébub, ou comme il est assez souvent appelé dans le grec èt dans le latin, Béel-zébul, ou Béelzébut, avait un temple et un oracle célèbres à Accaron. Ochozias, roi d’Israël, étant tombé de la terrasse de sa maison dans sa salle à manger (2Ro 1 ; 2Ro 2 ; 2Ro 3), et étant dangereusement blessé, envoya consulter Béel-zébub s'il guérirait de sa blessure. Dans le nouveau Testament (Mt 12 :24 Lu 11 :15 Mr 3 :22), Béel-zébub est souvent appelé le prince des démons.

 

Quelques commentateurs veulent que le nom de Béel zébub ne soit pas le vrai: nom de cette divinité, mais que son vrai nom fût Béel-samin, le dieu du ciel, à qui les Hébreux par dérision donnaient le nom de Béel-zébub, le dieu Mouche, ou Béel-zébul, le dieu d'ordure. D'autres croient que l'on donnait au dieu des Accaronites le nom de dieu des mouches, parce qu'il garantissait des mouches ; de même que les Eléens adoraient Jupiter le chasseur de mouches, et que les Romains adoraient Jupiter sous la même qualité. Enfin, d'autres croient qu'on adorait à Accaron la mouche ou l'escarbot, et la figure de cet insecte. C'est l'opinion qui nous paraît la plus certaine. Pline assure que les Egyptiens, si voisins des Philistins, où était Accaron, rendaient des honneurs divins à l'escarbot. On remarque des escarbots dans le tableau d'Isis commenté par Pignorius. L'auteur du livre de la Sagesse (Sag 12 :8,23,24) après avoir dit que Dieu envoya contre les Chananéens et les Amorrhéens des mouches et des guêpes, pour les chasser petit à petit de leur pays, ajoute que Dieu les châtia par les mêmes choses à qui ils rendaient des honneurs divins. Ils adoraient donc des mouches et des guêpes. On dit que l'on trouve des médailles ou cachets antiques, où sont représentés des mouches et des escarbots. On ne sait pas bien pourquoi les Juifs du temps de Jésus-Christ appelaient Béel-zébub le prince des démons.

 

Il y a des auteurs qui croient que le nom d'Achor, divinité qu'on invoquait à Cyrène contre les mouches, vient du dieu d'Accaron, ville où l'on adorait Béelsébub. D'autres croient que le vrai nom que les Philistins donnaient à leur divinité était Béelzébach, dieu du sacrifice, ou Béelzébaoth, dieu des armées, ou Béelzebul, dieu de l'habitation ou du ciel ; et que les Juifs, qui se plaisaient à défigurer les noms des faux dieux et qui se faisaient même un scrupule de les nommer par leur nom (Ps 15 :4 Ex 13 :13), lui donnaient par dérision celui de dieu Mouche ou dieu d'ordure. Le nom de Béelzébuth n'est pas fort éloigné de celui de Béelzébaoth, dieu des armées.

 

Le culte de ce faux dieu devait être encore en réputation du temps du Sauveur, puisque les Juifs l'accusaient de chasser les démons au nom de Béelsébub (Mt 12 :24), prince des démons; c'est-à-dire de Satan, de Lucifer, du chef des anges révoltés, à qui les Juifs du temps de Jésus-Christ, donnaient le nom de Béelsébut ou de Béelsébub. Cela paraît clairement par la réponse et par le raisonnement du Sauveur (Mt 12 :26,27) : Si Satan chasse Satan, son royaume est divisé, et comment pourra-t-il subsister ?

 

On demande quelle est la vraie leçon du texte de saint Matthieu, (Mt XII, 24), si c'est Béelzébub, comme nous lisons dans la Vulgate, ou Béelzébul, comme lisent la plupart des anciens exemplaires grecs et les versions orientales faites sur, le grec ; ou Belsebuth, comme nous prononçons en français. Il est certain que dans les livres hébreux de l'Ancien Testament, on lit toujours Béelzébub (2Ro 1 :2), c'est-à-dire le dieu Mouche ou le dieu de la mouche. Les Septante le traduisent par Baalla-Mouche, et par conséquent ils lisaient Béelzébub. Il y en a qui croient que les originaux du Nouveau-Testament lisaient de même et que les copistes, par ignorance ou par dérision, y ont substitué Béelzébul, le dieu de l'ordure; mais c'est de quoi on n'a aucune preuve. Pour Belzébuth, on voudrait le justifier en disant que c'est le pluriel de Sébub, et que l'on a dit d'abord Béelzébuboth, dieu des mouches, et par abréviation Béelzébuth ; mais on ne peut produire aucun passage où l'on trouve Béelsébuboth au lieu de Béelsebub. On peut voir Bochart, De animal. sacr., p. 2, 1. IV, c. IX ; et Selden, de Diis Syris, Syntag. I, c. VI.