BEEL-SEPHON

 

Les Hébreux étant sortis de l'Egypte, après trois jours de marche, arrivèrent à Béel-séphon, où ils passèrent la mer (Ex 14 :2,9). Béel-séphon était donc près de Clysma, ou Colsum ; car c'est là que les anciens nous disent que les Hébreux passèrent la mer Rouge. Voyez notre Dissertation sur le passage de cette mer, à la tête de l'Exode. On croit que Séphon, ou Zéphon, était une divinité égyptienne, qui donnait le nom à la ville de Béel-séphon. Mais on ne sait pas précisément qui elle était. Séphon en hébreu signifie le septentrion, ou le Caché. Adonis, à l'égard des Egyptiens, était le dieu du septentrion, puisqu'il avait été tué dans le mont Liban, et qu'on l'adorait principalement à Biblos dans la Phénicie. Il était aussi le dieu Caché, et les Egyptiens l'appelaient Thammuz (Eze 8 :14), qui signifie caché; parce que dans ses mystères, on le tenait enfermé comme un mort dans un cercueil, et qu'ensuite on feignait qu'il était ressuscité; ou parce que l'on disait qu'il passait six mois sur la terre avec Vénus, et six mois dans les enfers avec Proserpine. Les Rabbins disent que Béelséphon était une idole ou figure constellée, placée en cet endroit par Pharaon, afin d'arrêter les Hébreux, et les empêcher de sortir du pays. Il y en a qui lui donnent la forme de chien, comme les Egyptiens décrivaient leur dieu Anubis, avec une tête de chien; peut-être afin que ce chien veillât sur cet endroit, et avertît par ses aboiements de l'arrivée des ennemis, et qu'il gardât la côte de la mer Rouge de ce côté là. On dit qu'il était placé là, principalement pour arrêter tous les esclaves qui s'enfuyaient de chez leurs maîtres. Le Targum de Jérusalem assure que toutes les statues des divinités égyptiennes ayant été détruites par l'ange exterminateur, Béel-séphon fut la seule qui résista. Les Egyptiens conçurent par là une grande idée de son pouvoir, et redoublèrent leur dévotion à son égard. Moïse voyant que les peuples y allaient en foule demanda à Pharaon d'y aller aussi avec les Israélites. Pharaon leur en accorda la permission ; mais comme ils étaient occupés à ramasser, sur le rivage de la mer Rouge, les pierres précieuses que le Phison avait apportées dans le Gihon, et qui de ce dernier fleuve étaient passées dans la mer Rouge, et que cette mer avait jetées sur son rivage, Pharaon les surprit comme gens destitués de conseil et tout interdits; il offrit ses sacrifices à Béelséphon, attendant au lendemain à attaquer les Israélites, qu'il croyait que son dieu lui avait livrés entre les mains. Mais pendant ce temps, ils passèrent la mer Rouge et lui échappèrent, et son prétendu dieu Béelséphon ne fut pas capable de le délivrer de la mort. Ce sont là des fables rabiniques indignes de toute créance.

 

M. Basnage croit que Béelzéphon signifie le soleil; zé'phon en hébreu signifie celui qui contemple, comme qui dirait le dieu spéculateur, le soleil, ce grand oeil de la nature, qui connaît, qui voit et qui éclaire toutes choses. Le poëte Ezéchiel cité dans Eusèbe, croit que Béelzéphon était une ville, et la construction du texte de Moïse est très-favorable à ce sentiment. Voyez ci‑après CLYSMA.