BARBE

 

Les Hébreux portaient tous de la barbe sur le menton, mais non pas sur la lèvre d'en haut, ni sur les joues. Moïse leur défend de couper entièrement l'angle, ou l'extrémité de leur barbe (Le 19 :27); c'est-à-dire, de la faire à la manière des Egyptiens, qui ne laissaient qu'un toupet de barbe à l'extrémité du menton, au lieu que les Juifs, encore aujourd'hui, laissent un filet de barbe, depuis le bas de l'oreille jusqu'au menton, où ils ont un bouquet de barbe assez long, ainsi que sur la lèvre d'en bas. Dans leur deuil, ils rasaient entièrement les poils de leurs cheveux et de leur barbe (Esa 15 :2 ; Jer 41 :5 ; 48 :37) et (Bar 6 :30), et négligeaient de faire leur barbe (2Sa 19 :24), c'est-à-dire, de couper ce qui croissait sur la lèvre d'en haut et sur leur joue ; dans les temps de douleur et d'affliction, quelquefois ils s'arrachaient la barbe et les cheveux (Esd 9 :3), comme le pratiquaient les autres nations dans leurs plus fâcheuses disgrâces.

 

Le roi des Ammonites voulant faire insulte aux ambassadeurs de David, leur coupa la moitié de la barbe et la moitié des habits (2Sa 10 :4,5 1Ch 19 :5); c'est-à-dire, qu'il leur coupa la barbe de tout un côté du visage ; et David ne permit pas qu'ils parussent à sa cour, que leur barbe ne fût entièrement revenue.

 

Lorsqu'un lépreux était guéri de sa lèpre (Le 14 :9), il se lavait dans le bain, et rasait tous les poils de son corps, puis rentrait dans le camp ou dans la ville, et sept jours après il se baignait de nouveau avec ses habits, rasait tout son poil, et offrait les sacrifices ordonnés pour sa purification.

 

Les lévites, au jour de leur consécration (Nu 8 :7), se purifiaient par le bain, et en lavaient leur corps et leurs habits, puis se rasaient tous les poils du corps, et offraient ainsi les sacrifices de leur consécration. Voyez ci-après RASER.

 

Quoique les Hébreux eussent grand soin de leur barbe, de la faire d'une certaine manière dans le temps qu'ils n'étaient pas dans le deuil, et, au contraire, de la laisser croître dans le deuil, toutefois je ne remarque pas qu'ils aient eu aucune vénération pour leur barbe. Les Arabes, au contraire, ont tant de respect pour elle, qu'ils la considèrent comme un ornement sacré que Dieu leur a donné pour les distinguer des femmes. Ils ne la rasent jamais, et la laissent croître dès leur première jeunesse; Il n'y ci a point de plus grande infamie pour un homme que de la raser; ils en font un point capital de leur religion, parce que Mahomet ne l'avait jamais rasée. C'est aussi une marque d'autorité et de liberté parmi eux, aussi bien que parmi les Turcs.  Les Persans, qui la rognent et qui la rasent par-dessus la machoire, sont réputés hérétiques. Le rasoir ne passe jamais sur le visage du Grand Seigneur ; tous ceux qui servent dans son sérail, l'ont rasée, pour marque de leur servitude ; ils ne la laissent croître que quand le Sultan les a mis en cette liberté qui leur tient lieu de  récompense et qui est toujours accompagnée de quelque emploi....

 

Les jeunes gens qui ne sont pas mariés peuvent couper leur barbe ; mais quand ils sont mariés, ou dès qu'ils ont un enfant, ils ne la coupent plus, pour marquer qu'ils sont devenus sages et qu'ils ont renoncé aux vanités de la jeunesse, et qu'ils ne songent plus qu'à leur honneur et à leur salut. Lorsqu'ils peignent leur barbe, ils tiennent un mouchoir sur leurs genoux, et ramassent soigneusement les poils qui tombent, et lorsqu'ils en ont ramassé une certaine quantité, ils les plient dans du papier et les portent au cimetière.

 

C'est encore parmi eux une plus grande infamie de couper la barbe à quelqu'un, que parmi nous de donner le fouet et la fleur de lys. Il y a beaucoup de gens en ce pays-là, qui préféreraient la mort à ce genre de supplice...

 

Les femmes baisent la barbe à leurs maris, et les enfants à leurs pères, quand ils viennent les saluer; les hommes se la baisent réciproquement des deux côtés, lorsqu'ils se saluent dans les rues, ou qu'ils arrivent de quelque voyage.... Ils disent que la barbe est la perfection de la face humaine, et qu'elle serait moins défigurée, si au lieu d'avoir coupé la barbe, on en avait coupé le net.... Ils admirent ceux qui ont une belle barbe, et leur portent envie. Voyez, je vous prie, disent-ils, cette barbe; il ne faut que la voir pour croire que c'est un homme de bien. Que si un homme avec une belle barbe fait quelque chose de messéant, ils disent : quel dommage de cette barbet cette barbe est à plaindre. S'ils veulent faire quelque correction, ils diront plusieurs fois : soyez honteux de votre barbe ; la confusion ne tombe-t-elle pas sur votre barbe? S'ils prient quelqu'un, ou ... s'ils font des serments pour nier ou pour affirmer, ils disent : par votre barbe, par la vie de votre barbe, accordez-moi cela ; ou, par votre barbe, cela est, ou n'est pas.  Ils disent encore pour remerciement : Dieu, veuille conserver votre bénite barbe; Dieu veuille verser ses bénédictions sur votre barbe. Et dans les comparaisons: cela vaut mieux que la barbe.

 

Une des principales cérémonies dans les visites sérieuses, est de jeter de l'eau de senteur sûr la barbe, et de la parfumer ensuite avec du bois d'aloès, qui s'attache à cette humidité, et lui donne une odeur agréable, etc. 

 

Ceci est assez semblable à ce qui est dit dans le psaume (Ps CXXXII : 2), que l'onction qui fut répandue sur la tête d'Aaron, coula jusque sur sa barbe et sur le bord de son habit.