BAISER
Il y a dans le style de l'Ecriture des baisers d'amitié, des baisers d'adoration, d'hommage et de respect, et des baisers de paix et de réconciliation.
[« Le baiser parmi les Arabes nomades, dit M. Léon de Laborde, est non-seulement une manifestation de tendresse, c'est encore une forme d'étiquette, un signe maçonique au moyen duquel ils se reconnaissent de tribu à tribu. — Quand deux troupes d'Arabes se rencontrent, elles s'arrêtent à quelque distancé l'une de l'autre. Un homme se détache de chaque côté, à titre de parlementaire ; ils s'approchent, se tendent la main, se baisent sur les deux joues, ou plutôt en font le simulacre, et, se tenant longtemps par la main, s'adressent des questions sur leur santé et sur leurs intérêts réciproques dans les formules reçues. Lorque Jéthro vient au Sinai à la rencontre de Moïse (Ex 18 :5), ce même cérémonial est observé. [Aaron va par l'ordre de Dieu trouver Moïse; quand il l'aborde, il l'embrasse (Ex 4 :27).] Ici, entre les deux frères, ce baiser était en outre une preuve de leurs bons sentiments.]
Saint Paul parle souvent du baiser de paix. qui était en usage parmi les fidèles, et qu'ils se donnaient même en signe de charité et d'union, dans leurs assemblées publiques de religion (Heb 11 :21) : Salutate invicem in osculo sancto. Nous avons déjà parlé du baiser d’adoration sous le terme ADORER. Joseph étant venu visiter son père Jacob, qui était au lit de la mort, ce bon vieillard baisa le bout du bâton de commandement que portait Joseph. (Ge XLVII, 31 Est V, 2) baise le bout du sceptre du roi Assuérus, par une manière d'hommage et d'adoration. Le Psalmiste (Ps II, 12) nous exhorte à embrasser le Fils de Dieu et à reconnaître son empire. Nous baisons le texte des saints Evangiles, la croix, les saintes reliques, les autels, les vases sacrés, par respect à par une espèce de culte relatif que nous leur rendons. C'est, dans ce même esprit que la pécheresse convertie baisait les pieds du Sauveur, les arrosait de ses larmes et les essuyait avec ses cheveux (Lu 7 :38).
Chez les Juifs on donnait, et on donne peut-être encore, aux mourants et même aux morts un dernier baiser; usage qui existait aussi chez les païens et qui fut suivi par les premiers chrétiens. Les Juifs se font une dévotion d'assister à la mort des gens de bien et des hommes distingués par leur savoir. Ils espèrent en tirer de grands avantages pour leur sanctification, parce qu'il est écrit : Il ne verra point la corruption, lorsqu'il aura vu les sages sortir de ce monde par la mort (Ps 48 :11). L'application du passage n'est nullement juste; mais nous nous contentons d'exposer ici simplement ce quise pratique. Quelques-uns, baisent les mourants; comme pour recueillir leur dernier soupir. L'usage en est ancien car Philon, rapportant les plaintes de Jacob sur la mort imprévue de son fils Joseph, lui fait dire qu'il n'aura pas la consolation de lui fermer les yeux et de lui donner le dernier baiser; et l'Ecriture, dit que Jacob étant mort, Joseph se jeta sur lui et le baisa (Ge 50 :1). Quelques-uns expliquent ces paroles du Deutéronome : Moïse mourut par l'ordre du Seigneur (De 34 :5), ou suivant l'Hébreu, selon la bouche du Seigneur, c'est-à-dire il mourut dans le baiser du Seigneur, comme si Dieu même lui eût donné le baiser de paix, en retirant de lui son âme. On trouve chez les païens les mêmes sentiments et les mêmes pratiques. Ils recevaient l'âme des mourants, en leur donnant le baiser; ils recueillaient leur dernier soupir, en signe de tendresse et d'union.
Les anciens chrétiens et les prêtées mêmes baisaient autrefois les morts en cérémonie ce qui fut ensuite défendu par le concile d'Auxerre.