BABEL

 

ou BABYLONE

 

Ce terme signifie confusion; et on donna ce nom à la ville et à la province de Babylone, parce qu'à la construction de la tour de Babel, Dieu confondit la langue des hommes qui travaillaient à cet édifice; en sorte qu'ils ne pouvaient plus s'entendre (Ge 11 :7-9). On débite diverses conjectures sur la manière dont s'est faite la confusion des langues à Babel, qui ne sont point de notre sujet. [Voyez néanmoins LANGUES]. On peut voir sur cela les commentateurs, et ce qu'ont écrit sur ce sujet M. Simon dans son Histoire critique de l'ancien Testament, et l'auteur des « Sentiments de quelques théologiens de Hollande », lettre 19. On fixe la construction de la tour de Babel et la confusion des langues vers l'an du monde 1775, et cent vingt ans après le déluge.

 

On croit (Josèphe) que Nemrod, fils de Chus, fut le principal auteur de l'entreprise de la tour de Babel. Il voulait, dit Josèphe, bâtir une tour si élevée qu'elle pût le garantir d'un nouveau déluge, et se mettre en état de venger, même contre Dieu, la mort de ses ancêtres causée par le déluge. Il est difficile de croire qu'il se soit mis une aussi folle imagination dans l'esprit. L'Ecriture (Ge 11 :4-6) dit simplement que les hommes étant partis de l'orient, et étant venus dans la terre de Sennaar, se dirent les uns aux autres : Faisons-nous une ville et une tour dont le Sommet s'élève jusqu'au ciel, et rendons, notre nom célèbre avant que nous soyons dispersés dans toute la terre. Or, le Seigneur, voyant qu'ils avaient commencé cet ouvrage et qu'ils étaient résolus de ne le pas quitter qu'ils ne l'eussent achevé, descendit et confondit leur langage ; en sorte qu'ils furent contraints de se disperser par toute la terre et d'abandonner leur entreprise. [Voyez ARMÉNIE.]

 

On ne sait jusqu'à quelle hauteur cette tour avait été élevée, et tout ce que l'on en trouve dans les auteurs ne mérite aucune créance. Plusieurs ont cru que la tour de Bélus, dont parle Hérodote, et que l'on voyait encore de son temps à Babylone, était la tour de Babel, ou du moins qu'elle avait été bâtie sur les fondements de l'ancienne. Ce dernier sentiment paraît d'autant plus vraisemblable (Il résulte des explorations récemment faites, que le temple de Bélus ne fut point bâti sur les fondements de la tour de Babel, et que ce furent deux monuments différents, et assez éloignés l'un de l'autre. Voyez nos additions aux articles de BABYLONE et de BEL), que cette tour était achevée et avait toute sa hauteur. Elle était composée, dit Hérodote, de huit tours placées l'une sur l'autre, en diminuant toujours en grosseur depuis la première jusqu'à la dernière. Au-dessus de la huitième était le temple de Bélus. Cet auteur ne dit pas quelle était la hauteur de tout l'édifice, mais seulement que la première des huit tours, et celle qui servait comme de base aux sept autres,

avait un stade ou cent cinquante pas en hauteur et en largeur, ou en carré, car son texte n'est pas bien clair. Quelques écrivains croient que c'était là la hauteur de tout l'édifice; et Strabon l'a entendu 'en ce sens. D'autres soutiennent que chacune des huit tours avait un stade, et que tout l'édifice avait huit stades, ou mille pas de hauteur, ce qui parait impossible. Toutefois, saint Jérôme dit, sur le rapport des autres, qu'elle avait quatre mille pas de hauteur. D'autres lui en donnent encore davantage. [Voyez BEL.]

 

Bélus, roi de Babylone, à qui l'on attribua le bâtiment de la tour dont parle Hérodote, a vécu longtemps après Moïse, soit qu'on entende sous ce nom Bélus père de Nirius, ou Bélus fils de Sémiramis. Ussérius ne met Bélus père de Ninus, que sous la judicature de Samgar, vers l'an du monde 1682, de la période Julienne 3392, longtemps après Moïse.

 

Les nouveaux voyageurs varient dans la description qu'ils nous donnent des restes de la tour de Babel. Fabricius dit qu'elle peut avoir environ un mille de tour. Guion dit la même chose. Benjamin, qui est beaucoup plus ancien, dit qu'elle avait deux mille pas de long par les fondements. Le sieur de la Boulaye le Gouz, gentilhomme angevin, qui dit avoir fait un assez long séjour à Babylone ou Bagdad, dit qu'il y a, environ à trois lieues de cette ville, une tour nommée Megara, et située entre l'Euphrate et le Tigre, dans une rase campagne. Cette tour est toute solide en dedans, et ressemble plutôt à une montagne qu'à une tour. Elle a, par le pied, cinq cents pas de circuit, et, comme la pluie et les vents l'ont beaucoup ruinée, elle ne peut avoir de hauteur qu'environ cent trente-huit pieds de roi. Elle est bâtie de briques qui ont quatre doigts d'épaisseur; et, après sept rangs de briques, il y a un rang de paille de trois doigts d'épaisseur, mêlée avec de la poix ou du bitume. Depuis le haut jusqu'en bas, on en compte environ cinquante rangs. On peut voir ce que nous avons dit dans notre Commentaire sur la Genèse, chapitre X v4. Il y a toute apparence que tout ce que l'on raconte de cette tour, excepté ce que l'on en trouve dans l'Ecriture, est fabuleux, et que les restes de quelques tours, que l'on montre dans la Babylonie, ne sont rien moins que les restes de la tour de Babel, mais seulement des débris de l'ancienne Babylone, bâtie par Nabuchodonosor.  [Voyez notre addition à l'article BABYLONE qui suit.]