BAAL-BERITH

 

C'est-à-dire, Seigneur de l'alliance, divinité des Sichémites. Après la mort de Gédéon, les Israélites abandonnèrent le Seigneur, se prostituèrent à l'idolâtrie de Baal et se donnèrent Baal-Bérith pour dieu. Il y avait à Sichem un temple consacré à Baal-Bérith, où ils avaient mis de l'argent en dépôt, qu'ils donnèrent ensuite à Abimélech, fils de Gédéon. Diodore de Sicile parle d'une déesse des Crétois, nommée Britomartis, qui est apparemment la même que Baal-Bérith. Britomartis vient de Marath-Bérith, maîtresse de l'alliance (étymologie plus que forcée).

 

Philon de Biblos dit qu'Elion et Beruth sont deux divinités phéniciennes qui eurent pour fils le ciel, et pour fille la terre. La beauté de ces deux enfants fut cause qu'on donna leur nom au ciel et à la terre que nous voyons. Si l'on pouvait faire quelque fond sur le récit de cet auteur, il ne faudrait pas aller ailleurs chercher l'origine de Baal-Bérith; mais et Porphyre et Sanchoniaton sont aujourd'hui tellement décriés parmi les savants, qu'on n'ose plus les citer, du moins on ne peut faire aucun fond sur leur témoignage.

 

Bochart croit que Bérith pourrait bien être la même que Béroë, fille de Vénus et d'Adonis, que Neptune demanda en mariage et qui fut donnée pour femme à Bacchus, laquelle donna son nom à la ville de Bérith en Phénicie, et en devint ensuite la déesse. C'est la conjecture de Bochart ; car on n'a aucune preuve que la déesse Berith ait été adorée dans cette ville.

 

La manière la plus simple et la plus naturelle d'expliquer le nom de Baal-Bérith est de le prendre en général pour le dieu qui préside aux alliances et aux serments. En ce sens, le vrai Dieu peut être nommé le Dieu de l'alliance ; et si l'Ecriture n'avait pas ajouté le nom de Baal à celui de Bérith, on pourrait l'expliquer du vrai Dieu. Mais les nations les plus barbares, de même que les plus superstitieuses, les plus religieuses et les plus éclairées, ont toujours pris Dieu à témoin de leurs alliances et de leurs serments. Les Grecs avaient leur Jupiter témoin et arbitre des serments : Zeus arkios, et les Latins leur Deus fidius ou Jupiter Pistius, qu'ils regardaient comme le dieu de la bonne foi, qui présidait aux traités et aux alliances ; ils juraient même quelquefois par Jupiter-la-pierre  (Per Jovem lapidem), parce qu'on frappait d'une pierre la victime destinée pour ratifier l'alliance, ou parce qu'on priait Jupiter de précipiter celui qui manquerait à sa parole, comme on jetait du haut du Capitole la pierre que le pontife tenait entre ses mains.