ACTES DES APOTRES
Livre canonique du Nouveau Testament, qui contient une grande partie de la vie de saint Pierre et de saint Paul, à commencer à l'ascension du Sauveur jusqu'à l'arrivée de saint Paul à Rome, après qu'il eut appelé à César; c'est-à-dire que ce livre renferme une histoire de vingt-huit ou trente ans. Saint Luc a toujours passé pour auteur des Actes. Après qu'il eut décrit dans son Evangile les actions de Jésus-Christ, il voulut aussi laisser à l'Eglise la vie et les actions des premiers apôtres, et la manière pleine de merveilles dont le Saint-Esprit avait formé l'Eglise que Jésus-Christ avait rachetée de son sang.
OEcuménius appelle les Actes l'Evangile du Saint-Esprit, et saint Chrysostome l'Evangile de la résurrection du Sauveur, ou l'Evangile de Jésus-Christ ressuscité. Nous y voyons dans la vie et dans la prédication des apôtres, la plus grande merveille de la puissance du Saint-Esprit, et dans les premiers fidèles le plus excellent modèle de la vie chrétienne : en sorte que dans cet ouvrage, quoique saint Luc paraisse ne nous raconter qu'une simple histoire, ce divin médecin nous offre autant de remèdes propres à guérir les maladies de notre âme, qu'il nous dit de paroles, selon la pensée de saint Jérôme.
On croit que le principal dessein de saint Luc, dans la composition des Actes, était d'opposer une véritable histoire des apôtres et de la fondation de l'Eglise chrétienne, aux faux Actes et aux fausses histoires que l'on commençait à en répandre dans le monde. L'Eglise a fait un si grand cas de la fidélité et des lumières de ce saint évangéliste, qu'elle a méprisé tous les autres Actes des apôtres que l'on a vus et avant et après lui, pour n'adopter que ceux qu'il avait composés. Nous donnerons ci-après une liste des faux Actes dont les noms sont parvenus jusqu'à nous, car il y en a peu qui se soient conservés entiers.
On ignore le temps précis auquel saint Luc a composé le livre des Actes. On convient qu'il l'écrivit après son Evangile, et qu'il ne l'a pu écrire qu'après les deux ans de séjour que saint Paul fit à Rome dans son premier voyage, c'est-à-dire vers l'an 62 ou 63 de l'ère vulgaire, puisque saint Luc y parle de ce voyage et de ce séjour. Il put l'écrire à Rome même, étant auprès de saint Paul pendant le temps de sa prison, car saint Luc demeura auprès de lui pendant les deux ans qu'il fut à Rome, jusqu'à sa délivrance.
[Quelques auteurs ont prétendu que saint Luc avait écrit les Actes des Apôtres à Alexandrie. Ecoutons sur cette question un docte critique, à l'opinion duquel il est ici difficile et même impossible de ne pas adhérer ; je veux parler de Michaëlis qui, dans son Introduction au Nouveau Testament (tom. III, p. 407), s'exprime en ces termes : « Il est impossible actuellement, dit-il, de décider si l'intervalle écoulé entre la composition de l'Evangile de saint Luc et des Actes des Apôtres a été considérable ou non ; nous ne pouvons pas mieux dire si ces deux ouvrages ont été écrits dans le même lien ou dans des endroits différents, et même, bien que tous les deux soient dédiés à Théophile, nous ne pouvons affirmer qu'ils aient été écrits dans le lieu où résidait Théophile. Il est moins probable encore que les Actes des Apôtres aient été composés à Alexandrie qu'il ne l'est que l'Evangile y ait été écrit ; si l'on pouvait hasarder une conjecture où manquent les preuves historiques, je supposerais plutôt que les Actes ont été écrits à Rome, où saint Luc dit être arrivé avec saint Paul peu avant la fin de son livre (Ac 28 :16)].
Saint Luc écrivit cet ouvrage en grec, son grec est, d'ordinaire plus pur et plus élégant que celui des autres auteurs du Nouveau Testament. Saint Epiphane dit qu ce livre fut traduit par les Ebionites de grec en hébreu, c'est-à-dire en syriaque, qui était la langue commune des Juifs de la Palestine. Mais ces hérétiques les corrompirent, en y mêlant plusieurs faussetés et plusieurs impiétés injurieuses à la mémoire de apôtres.
Saint Jérôme assure qu'un certain prêtre d'Asie ajouta aux vrais Actes le voyages de saint Paul, de sainte Thècle et l'histoire d'un prétendu baptême donné à un lion. Tertullien racontait que saint Jean l'évangéliste ayant convaincu ce prêtre d'avoir altéré la vérité dans ce récit, il s'en excusait, disant qu'il l'avait fait pour l'amour qu'il portait à saint Paul.
Le livre des Actes a toujours passé pour canonique dans l'Eglise. Les Marcionites, les Manichéens et quelques autres hérétiques le rejetaient, parce qu'ils y trouvaient leurs erreurs trop distinctement condamnées. Sain Augustin dit que l'Eglise reçoit avec édification cet ouvrage, et qu'elle le lit tous les ans dans l'assemblée des fidèles. Saint Chrysostome se plaint que de son temps ce livre était trop peu connu, et qu'on en négligeait trop la lecture. Pour lui, il en relève fort les avantages, et il prétend avec raison qu'il n'est pas moins utile que l'Evangile.
ACTES DES APÔTRES, APOCRYPRES
Attribués à Abdias, prétendu évêque de Babylone. L'imposteur qui a composé ces Actes, se donne pour un évêque ordonné à Babylone par les apôtres mêmes, lorsqu'ils allaient en Perse. L'ouvrage n'est ni ancien ni authentique; il n'a été connu ni d'Eusèbe, ni de saint Jérôme, ni des autres Pères qui ont vécu avant eux. L'auteur dit qu'il a écrit en grec, et que son ouvrage a été traduit en latin par Jules Africain, qui est lui-même un auteur grec. Il cite Hégésippe, qui a vécu au deuxième siècle de l'Eglise. Enfin, les vies des apôtres qu'il nous donne sont si pleines de fables, que l'on ne peut guère les regarder que comme un roman mal assorti.
ACTES DE SAINT PIERRE
nommés autrement les Courses de saint Pierre, (Periodi Petri), que nous avons encore aujourd'hui sous le nom de « Récognitions de saint Clément », sont beaucoup plus longs qu'ils n'étaient autrefois. C’est un ouvrage rempli de fables et de rêveries, qui viennent originairement de l’école des ébionites.
ACTES DE SAINT PAUL
Furent composés après la mort de cet apôtre, pour suppléer à ce que saint Luc n'avait pas rapporté de ce qu'il avait fait depuis la seconde année de son premier voyage à Rome jusqu'à la fin de sa vie. Ce livre, qui est entièrement perdu, devait être deux fois plus long que le livre canonique des Actes des Apôtres, puisque, dans un manuscrit cité par M. Cotelier, il contenait quatre mille cinq cent soixante lignes ou versets, au lieu que, dans le même manuscrit, le vrai livre des Actes, composé par saint Luc, n'en a que deux mille cinq cents. Eusèbe qui avait vu cet ouvrage, en parle comme d'une pièce supposée et sans autorité.
ACTES DE SAINT JEAN L'ÉVANGÉLISTE
Connus dans saint Epiphane et dans saint Augustin, contenaient des histoires incroyables de ce saint apôtre. Les encratites, les manichéens et les priscillianistes s'en servaient. Il y a apparence que l'auteur de la Synopse attribuée à saint Athanase les cite sous le nom de Voyage de saint Jean. On croit que ce sont ceux que nous avons dans le faux Abdias.
ACTES DE SAINT ANDRÉ
Connus dans saint Augustin, et reçus par les manichéens, étaient différents de ceux que nous avons aujourd'hui sous le nom des prêtres d'Achaïe. Les manichéens, les encratites, les apotactiques, se servaient des Actes apocryphes de saint André. Voyez saint Epiphane, Hérésie 61 et 63.
ACTES DE SAINT THOMAS
Saint Augustin en cite quelque chose. Il dit que les manichéens s'en servaient particulièrement. On en trouve une partie dans la vie de saint Thomas écrite par le faux Abdias. M. Simon croit avoir trouvé ces anciens Actes de saint Thomas sous le nom de Voyages, Periodi sancti apostoli Thomoe, dans un manuscrit grec de la bibliothèque du roi de France, numéro 1832. Il en donne quelques fragments dans ses observations sur le texte et les versions du Nouveau Testament.
ACTES DE SAINT PHILIPPE
C'était un ouvrage dont se servaient les gnostiques. Le pape Gélase les mit au rang des apocryphes. Anastase Sinaïte nous en a conservé un fragment dans son ouvrage des trois carêmes, publié par M. Cotelier, dans ses Monuments de l'église grecque, tome III, p. 4.28.
ACTES DE SAINT MATTHIAS
On a prétendu que les Juifs avaient tenu pendant longtemps cachés les actes originaux de la vie et de la mort de saint Matthias, écrits en hébreu, et qu'un religieux de l'abbaye de saint Matthias de Trèves, les ayant tirés de leurs mains, les fit traduire eu latin et les publia: Mais les critiques ne les tiennent pas pour vrais ni pour authentiques. Il y a apparence que les Juifs abusèrent de la bonne foi et de la simplicité de celui à qui ils les communiquèrent.